mardi 21 juillet 2009

YOUNG WIDOWS/MELT BANANA-split 7"


Young widows est un peu LE groupe récent de noise rock qui plait, tout le monde trouve ça bon, probablement à juste titre car sur scène c'est loin d'être mauvais. Le dernier album dont on a parlé ici a eu de bons retours partout, et l'omniprésence de YW se concrétise encore un peu plus avec une série de split, 4 au total avec différentes formations. Celui qui nous interesse oppose donc la formation américaine a Melt Banana. N'ayant pas grand chose à faire de Pelican, et n'ayant pas vu les deux autres (Bonnie Prince Billy, probablement bon, et my disco dont j'ignore tout), on ne traitera donc que du deuxième volet. Face YW: un rock noise tout en tension avec sa batterie qui dresse une dense texture continue sur les quelques minutes que dure le morceau. De l'autre, Melt Banana offre son premier signe de vie discographique depuis 2 ans. Hélas, pas trop de surprise à l'écoute, MxBx semble désormais loin de son noise survitaminé, sa musique ayant plus à voir avec une pop dévergondée à la deerhoof (quel raccourci!) qu'avec la transe épiléptique de ses débuts. Ca demeure quand même du MxBx presque pur jus finalement, tant le groupe arrange n'importe quel aspect de la musique à sa sauce reconnaissable.

lundi 13 juillet 2009

Nonstop - J'ai rien compris mais je suis d'accord

Frédo c'est ton meilleur pote. Malheureusement pour toi (ou pour lui visiblement), il est en hôpital psychiatrique. Alors tu le visites de temps en temps. A chaque fois, il te raconte des histoires. Toi, tu t'empresses de les noter, car tu veux les méditer à la maison. Et t'as raison, parceque tu comprends pas grand chose à ce qu'il raconte. Déblaterrer des abérrations, énumerer de manière cohérente. Le problème avec ton pote Frédo, c'est qu'il est fou, et lui il le sait, il l'assume. Alors il déconne avec, rebondit avec les mots, joue avec ton cerveau. A chaque fois que tu ressors de ces visites, c'est un peu la fanfare dans ton crâne. Une fanfare hallucinée, à la gloire du retournement cérébral. Les boucles électro bondissent, reviennent en boomerang, tapent sur un beat qui lui même écrase des riffs de guitare (à parier qu'il y a Serge de Noir désir la dessous...). Ca virevolte, le ton qui avale des cigales, dans ton cerveau en maillot de bain. T'as plus qu'à te rhabiller d'ailleurs. Puis les premières visites, elles t'emmerdent un peu. Il te présente ses potes: Flipper le dauphin, Carlos et ses chemises hawaïennes, R2D2 le robot cuistot expert en brochettes. Frédo c'est un garnement. Après, il tisse des histoires dessus, il a le don de t'embrouiller. Déjà que cette fanfare te ravage le crâne, si en plus il faut disséquer ce qu'il essaye de te dire... Alors ouais, au début il parle mais tu l'écoutes pas. Puis peu à peu c'est l'hypnose, ses talents de conteur t'ouvrent l'apétit. Tu mélanges un peu tout d'ailleurs. Une histoire de batman qui mangeait une ostie, ou de marathon dans les orties... Enfin, tu sais plus trés bien. Mais quand les mots, le message commence à devenir insistant, tu commences à comprendre que c'est sûrement pas Frédo le fou, mais toi, eux. Frédo, il apelle appelle au secours, sous son côté cynique branleur. Frédo, il te met en garde. Frédo, il te propoe d'inverser le miroir pour voir les choses dans le bon sens. De suite, tes visites elles deviennent moins drôles. T'as un peu peur quand tu vas le voir. T'essayes de le calmer, de le rassurer, mais au fond c'est toi qui finis par appeler à l'aide. Parceque t'es paumé, parceque t'as peur, parceque ca te file la nausée de réalisme. Parceque comme l'étranger de Camus qui comprend pas trop ce qu'il lui arrive, comme Céline, comme Ionesco, toutes ces absurdités sont des gros molards et finissent par te mettre d'accord. D'accord pour réaliser, pour assimiler que c'est pas drôle, que c'est pas un divertissement, pas un match de foot, pas un grand spectacle. C'est la télé nationale présentée par des castors cannibales, c'est ta famille bâillonée et sodomisée en direct devant toi. Ton pote Frédo, il va plus loin que son pote ado Michniak, il va plus loin que ses oncles maboules Diabologum. Il a vraiment tué quelque chose, qui n'est même plus de l'art, et quand bien même ça en serait, on s'en foutrait. Ton pote Frédo, il t'a fait prendre conscience que c'est toi qui es à l'hôpital, et eux. Et tu veux des frites avec, connard?

mercredi 8 juillet 2009

Deftones - White Pony

Tout le monde s'est retrouvé face à ce poney blanc au moins une fois dans sa vie. D'accord, ce n'est en effet pas un gage de qualité. Pourtant elle est bien présente car ce disque représente le tournant d'un groupe prodige qui a anticipé sa propre mort en donnant une suite à un Around the fur pas forcément exempt de tout reproche. White Pony est surement le moment où Deftones, groupe de fans divergents: entre un guitariste coreux qui assume son côté néométalleux, "je joue sur une 7 cordes et je droppe mes accords pour etre plus lourd", un chanteur fasciné par la scéne new wave et les musiques plannantes, un batteur plus accro aux musiques cérébrales ou alambiquées, et le tout formant une belle bande de branleurs defoncés; arrive à faire du deftones. Alors oui, ça donne la sensation d'être accouché dans la douleur, surement pour converger vers un point d'accord pas forcément évident, mais aussi et surtout car ces types là sont les plus gros fatigués de l'histoire des studios. La magie opère, le feeling dépasse l'etiquette et les influences sont sagement dispersées et digérées. C'est aussi l'apport indéniable de franck delgado, poseur d'ambiances essentielles au deftones post white pony, joueur de textures de génie et allongeur d'inspirations soniques. C'est aussi Abe qui affirme enfin son sens du jeu, sa frappe nette mais plannante, aérienne et cyclonique. C'est par dessus un Moreno flottant sur un disque de manière plus qu'inspirée, posant des textures vocales qui restent avec les nappes de delgado les rassembleurs premiers du groupe. On passera outre le besoin de Carpenter de jouer ses riffs typiques, qui restent tout de même plus durcissants que dans les efforts précédents.
White Pony c'est aussi des morceaux d'une rare puissance, je pense au feat de Maynard (rien que ça) sur Passenger, à l'épique Pink maggit, à l'étrange teenager. Deftones est un groupe de rock,la droite lignée des Smashing pumpkins, l'héritier de la beauté simple,de la séduction immédiate. Depuis ce disque le groupe n'aplus rien à se prouver, à chercher. Deftones c'est l'ado qui tombe amoureux alors qu'elle est déjà partie, la souffrance du vide surpassée par un paquet d'idéaux, la croyance en l'avenir toujours sur la brêche, des surdoués bien cultivées...qui livrent avec white pony leur manifeste. Beauté romantique, écrin surprenant. A ne pas refouler sous pretexte que c'est ton passé, tout comme mellon collie and the infinite sadness, ce disque est encore là, et la suite le prouve.

NIN-zenith


Reznor, grand depressif devant l'eternel (ou devant sa console de mix, au choix) postait un message sur son blog, à peine arrivé sur le vieux continent: "Is it bad that I want to go home already after one show in Europe?". Sacré Trent, tout pour la déconne. Serein, le public. Je ne sais pas pourquoi, mais autant j'aime NIN sur disque, autant ce groupe ne m'a jamais intrigué sur scène au point de payer la rançon quémander pour aller voir le show de mes propres yeux. Aussi, si je suis admiratif de Reznor producteur, chercheur de sonorités, passioné de musique, hôte de Coil pour apes of naple ou de tapeworm, je suis moins friand de son rock body buildé ultra calibré sur scène, de ses paroles niaises à en crever, et des poses H&M pour les photos promos (je sursaute à chaque fois que j'ouvre with teeth, mais vu que je l'ouvre pas souvent l'arrêt cardiaque ne me guette pas encore). Bref, tournée d'adieu, ou du moins "la dernière avant un hiatus indéfini" (comprendre: "dans 5 ans maxi je remets ça"), je me décide à le voir, car comme dirait l'autre, vaut mieux avoir des regrets pour des choses qu'on a faites que pour des choses qu'on a pas réalisées.

Mew en première partie, je n'en verrais qu'un ou deux morceaux et tant mieux, car c'est particulièrement laborieux, voir mou, comme quoi leur blaze leur va bien (désolé).

Bon, NIN, pile à l'heure: Le concert commence sur somewhat damaged et ça enchaine sur terrible lie. Le son est surpuissant, précis, et tout le monde bouge bien. Le concert débandera pas pendant tout le set. Reznor est un performer assez impressionant, il se démène sur scène comme un jeunot qu'il n'est pourtant plus vraiment, saute dans tous les sens, traverse la scène en long, en large et en travers, transpire comme un goret (il rentre dans le concours avec Steve Austin et Chris Spencer) et surtout, chante impeccablement bien. Toujours juste, comme son pote Maynard, pas une note de travers, sa voix de quasi-bluesman est puissante et n'en fout pas une seule à coté. Les exécutants derrière sont composés d'un basseux, d'un guitariste avec une paire de moufettes collées dans la chevelure (Robin Fink) et d'un batteur à la précision redoutable. Si NIN avait opté pour des écrans récemment, voilà que ceux-ci sont totalement absents pour cette tournée, laissant place à d'énormes rangées de spots au plafond et à des lights aveuglant en fond de scène, maculant l'espace de jeux des musiciens de couleurs franches et omniprésentes lors d'explosions instrumentales. Le fait est que ce show ultra calibré m'a profondément ennuyé passé la première demi-heure. Un peu comme ISIS, tout semble très calculé, très préparé (et c'est normal) mais je ne peux pas m'empêcher de trouver le temps long et de rire des situations les plus ridicules du concert: Hop, Reznor invite tout le monde à taper dans ses mains, fait des petits "hey!" en rythme, laisse un pseudo acappela sur Hurt, le sacre de l'adorateur absolu où il est interdit de ne pas être pétri d'émotion. Les fans féminines sont en transe - je me remémore les fanatiques de Jackson qui tombaient dans les vappes pendant "heal the world"- pendant que Reznor perd sa voix en fin de phrase, acteur studio certifié. Le batteur à même droit à son aniversaire(21 ans, le bougre, soit un an de plus que ...NIN) avec strip teaseuse déja entamées (la femme de Reznor? Mariqueen Maandig?) avec gateaux sur le groin et enchainement avec la suite. La setlist s'articule majoritarement sur downward spirale, broken et fragile, laissant de coté tout ce qui suit with teeth, et donc year zero (seul l'excecrable survivalism survit) ou presque. Je ne suis pas forcément preneur de ce rock pour stades, même si j'apprécie beaucoup l'exécution parfaite de la mer, un de mes morceaux préférés, le tout orchestré par des samples omniprésents que personne sur scène ne lance. Si notre Johnny avait 20 piges de moins et vivait aux USA, probablement qu'il s'appelerait Trent. Les fans sont ressortis heureux. C'est déja ça.

lundi 6 juillet 2009

Sonic Youth - The eternal

Un joli cassage de collection. Un joli "t'aurais mieux fait d'acheter le vynil". Un joli "on a changé de structure, ça se voit même dans ton étagère". Vous l'aurez compris, les disques qui se veulent le remplacant du vynil ça me gave, surtout quand c'est un Sonic youth. Pourtant l'artwork est vraiment loin d'être dégueu, un peu fouilli, mais pas moche. Une sorte de pot pourri de différentes versions artistiques, du tableau sea monster tronant au milieu comme sur la galette, thématique récurrente d'un album axé sur l'eau, la vie flottant comme un bateau (leaky lifeboat) au désert gris angoissant ou tronent les montres (pour le coup pas du tout flottantes, bien imposantes comme des épées de damocles sur la tête de vieux dinosaures, en passant par les enfantins délires au crayon de couleur, dignes de gosses de 2/3 ans.
Cohérent finalement. Ils tremblent les Sonic youth. Parceque même lorsque la musique n'est qu'un hobbie, et que tu n'as plus rien a te prouver ni à toi même, ni à ton public, ça doit foutre les jetons de s'aventurer en studio quand on s'appelle Ranaldo,Moore, shelley et Gordon (plus maintenant Ibold, ex Pavement, pote de route de Gordon dans son groupe de poufiasses survoltés). Et ya pas de quoi finalement. Car c'est lorsqu'on les a les moins que ça se passe le mieux. Et lorsque l'on ne cherche plus à contenter qui que ce soit, si ce n'est soit même. Car Sonic Youth ne contentera jamais tout le monde, entre les râleurs qui les ont lâchés il y a bien longtemps, ceux qui les ont recupérés sur le carreau, ou encore ceux qui disent que ce groupe ne sert tout bonnement à rien, les seuls qui ont raison sont les gamins qui vivent dans le sein de ces musiciens qui ont révolutionné la musique rock.
Enfantin, puéril, mais tellement alambiqué et adulte, tellement protéiforme, plein d'humour, plein de gaieté, sautillant, punk, enlevé mais grave. The eternal est rempli de riff ténus et teigneux, un brin tenace sur la longueur, made in thurston, le métalleux refoulé de la bande, plein de mélodies toutes plus enchanteresses les unes que les autres, de distortion savamment agencée, de structures eclatées, de passage de micro à trois, de copulation rythmique a quatre, de délire sonique tous seuls et accompagnées, de pop song writing inspiré. The eternal c'est un peu ce bric à brac tellement bien rangé, tellement limpide, tellement évident, d'entrée, mais encore plus sur la longue.
C'est aussi et surtout cet enfant dans ce corps d'adulte, ce doux rêveur qui nous parle comptines et espoirs avec une voix sexuelle orgasmique (et oui, Kim Gordon devrait definitivement chanter plus, Massage the history le prouve, she's the one, c'est elle qui porte la culotte). The eternal est définitivement ni la suite, ni le retour, ni la boucle, ni le renouveau, c'est un disque de rock n roll, qui n'irrite pas par sa perfection, qui ne déborde jamais par son trop plein, qui reste assez pop pour ne pas réediter, mais pas assez pour ne pas réediter, qui reste assez punk pour pas réediter, mais pas trop pour ne pas réediter.... vous m'aurez compris non?
The eternal c'est le truc que t'attendais pas là, qui ouvre juste grand ta bouche pour en tirer le plus grand sourire béat que t'ais tiré depuis... Chrome dreams II de Neil Young? Ouais, c'est un peu ça.