mercredi 27 août 2008

Savage republic - 1938

Le retour de Savage republic sur Neurot aura finalement pris la forme d'un album l'année passée avec ce 1938. L'ep Siam avait posé les bases d'un groupe conservant les mêmes envies et la même esthétique. Toujours tracassés par les mêmes thématiques, avec la crise des nations, la chute de l'humain et la décadence de la société, le groupe martèle toujours autant le meme genre de rythmiques plombées aux influences tribales. Toujours plus mélodique et processionaire, Savage Republic livre certainement un retour inattendu en trés grande pompe sur cd, voire peut être trop grande pompe. Tout d'abord les morceaux repris de l'ep Siam ont eu droit à une production lègérement différente qui leur enlève un peu de leur luminosité et les transforme en morceaux plus morbides. On se rapproche souvent de l'esthetique instrumentale d'un Ceremonial quitté de tout espoir se degageant de certaines mélodies épiques. L'apogée se situe d'ailleurs dans un morceau central (Caravan) d'un gros quart d'heure complétement prenant, ou un violon plaintif se mèle a une rythmique pesante de basse et a des claquements tribaux. Peu à peu le voile se lève pour mieux se déchirer dans ce morceau de bravoure anthologique.
Ensuite, le tout paraît moins inspiré comme si disque était un peu trop long, et que l'on aurait gagné à retirer certaines longueurs superflues dans des morceaux qui s'éparpillent trop. Le niveau final reste tout de même trés elevé, et ce retour permet de contextualiser l'évolution des musiques martiales et tribales, permet de comprendre la fascination de groupes comme Neurosis pour cet aspect lourd du son, mais tout le temps fin et mélodique.
Finalement, le groupe aurait gagné à livrer un album plus court, même si cette collection de morceaux finaux moins cohérents (mis à part un Peking et un Marshall Vito majestueux) est surtout pretexte à tourner, et a répondre au réel défi que le groupe se lance: le live, là où l'aspect processionaire se dévoile entièrement dans une incantation quasi religieuse. C'est là bas que l'on se donne rendez vous...(espérons pour ceux comme moi qui ont raté leur passage à Lyon.)

OCTAVIUS-Audio noir


Plus noir encore. Non, encore plus. C'est mieux... ou pas. Vous pensiez avoir tout entendu? Etre venu à bout de tout et de tous? Même en hip hop? Détrompez vous, de toute évidence vous n'aviez jamais écouté ça. Octavius, William Marshall de son vrai nom a ramené dans son laboratoire un certain nombre de carcasses, de bout de viandes désolidarisé de leur corps, puis en a fait une mixture unique (un pre millenium par ici, un bout de consummed par là, une pointe de 2nd annual report, un zeste d'absence, une touche d'irony is...). Le bruit et l'entrail industrielle; l'écorce même du hip hop et les structures instables, imprévisibles; les beats ralentis, concassés et le mur du son grandeur nature. Sous l'épaisse nappe de feedback vous entendez une voix au loin se débattre, à moins que vous ne l'ayez juste rêvée, ou esperée. Non, Octavius ne posera que trop peu sa voix sur son squelette instrumental. Le reste, vous l'imaginez. Les claviers stellaires arrivent. Une pause? hors de question. La séquence rythmique qui suit vient de toute façon laminer le travail en finesse sur le son juste avant. Flottant et labyrinthique, ils sombrent. Comme le reste. Tout se déstructure, se dérobe au fur et à mesure. Un cauchemard serait beau, en comparaison. Vous cherchiez un passage régulier pour comprendre, pour vous reprendre? Impossible. Tout est redécoupé, remonté, comme si la structure même du morceau se réorganisait à chaque écoute, ou au fur et à mesure que vous avancez. Les sons se remontent d'eux-même, prennent la forme d'un escalier en colimasson. Vous sentez la fin du morceau proche, une repsiration possible? Non. La boite à rythme vous bave dessus, et la voix, rare, intervient et vous pointe du doigt. Vous n'aviez pourtant rien fait. Mais maintenant, ça ne sert à rien de regretter. Sombre chef d'oeuvre.

THE BUG- london zoo


Personellement et peut-être à tort, j'ai un peu décroché de tout ce que faisait la paire Broadrick/Martin depuis le dernier Curse of golden vampire, album extrèmiste, voir un peu trop pour le commun des mortels. La brutalité avait trouvé là son maitre, qui ironie du sort, était composé à moitié d'un de ses pères puisque Broadrick pouvait déja fièrement avoir le titre d'inventeur du grindcore avec deux potes (façon de parler) à lui. Moins opressant que son travail pour TA ou GOD, il signait en 2003 l'act radicale qui allait aussi, bizarrement, signer la fin de l'alliance avec son compatriote Kevin Martin, le réel cerveau derrière GOD, ICE, et auteur sous le blaze du BUG de quelques disques obscurs mais brillants ( sic) tel tapping the conversation qui n'était pas si éloigné de certaines aventure Techno Animal-ienne. Passionné par le dubstep alors naissant dont il sera reconnu comme un des papes (au même titre que Mick Harris, reprenez la chronique de MBM...) et de Ragga, dancehall qu'il a largement développé dans ses récents travaux en trouvant refuge chez Coldcut, Martin a "radicalement" changé de cap. Et puis il y'a des endroits où la magie opère et où l'on se laisse tenter par l'impossible. Donc act. Pour une raison qui échappe à toute logique (si ce n'est celle de la curiosité justifié par un nom connu et apprécié), j'ai finalement acquis ce dernier album de Martin. Passé le premier aspect ragga un peu brut et peu familier (quoique de toute évidence on ne pourra repprocher à Martin un certain opportunisme, puisqu'il conviait déja toastie taylor sur le second LP d'Ice dès 98!!!) l'album se révèle être une petite réussite. Martin semble injecter dans ses morceaux ouvertement dub moderne une dose quasi industrielle de musique, au rythmique tout en reverb et travaillée à l'extrême. Il se permet même sur certains morceaux de transformer ces titres en purs tests sonores comme sur "too much pain " où il travail, comme à l'époque de TA sur la superposition de couches saturées. Sur Freak freak ou prison dart ses compositions prennent toute leur ampleur avec parfois un soutient vocale judicieux et pertinent. You and me tout en ambiance et en non dit est aussi une réussite. Un album audacieux que l'ancien auditoire de Martin aurait tendance à bouder, et qui pourtant aurait tout à y gagner. D'autant plus que le sieur a de beaux projets: King midas sound semble prometteur, et de source sûre, Curse of golden vampire est sur la voix de la résurrection.

BOREDOMS- super roots 9


Y'aurait-il besoin d'écrire des kilos de lignes pour dire que ce disque est juste un poil chiant? Sérieusement? Malgré une bonne intention, cette nouvelle extention à base de racines démontre que tout ceci peut s'avérer vite fatigant. Sur une seule longue plage prise live fin 2004, eYe et son posse de batteur enracine sa cavalcade rythmique autour d'une phrase éthérée assurée par une chorale d'une vingtaine de chanteurs. Quelques sons de synthés de l'espace et autre clochettes de noël viennent entretenir le tout. A quand un nouvel album?

lundi 25 août 2008

TRICKY-Knowle west boy


J'ai essayé de commencer cette possible chronique du nouvel effort du Kid de 1001 manières. Impossible de trouver le mot juste, d'aborder de manière décisive l'album... alors prenons le comme son géniteur l'a conçu: un disque de plus. Après un silence de 5 ans (une éternité en musique de nos jours), Adrian Thaws, une des icones le splus étranges et emblématiques des années 90, cet autiste musicale car piètre musicien,mauvais chanteur, mais excellent parolier (à mon sens), oreille géniale et suicidaire du son se remet sur la route du biz. Album du retour? Retour de quoi? Faut-il encore espérer que tricky replonge dans sa depression, celle qui a donnée coups sur coups 4 chef d'oeuvres de la musique? Ou juste que celui ci soit capable d'enregistrer un disque? Car même si Adrian a souvent déçu, il a toujours été gracié par une certaine indulgence face à ses non-exploits. Blowback a eu de gentils retours en 2001 (et puis la tournée qui a suivi était excellente, admettons le!) et vulnérable a eu aussi de bons papiers , bien qu'il s'agissait d'une vision de la pop californienne très bubble gum (mais comme toujours avec tricky, pervertie, californienne dans le sens lourde et bancale, comme si Lynch réalisait un épisode de Buffy). Pourtant ils n'étaient pas bons, ces disques. Knowle west boy est surprenant. Tricky a pris le temps de produire son disque, le gonfle de centaines d'idées, de trouvailles, de sons quasi inesperés. Les rythmiques fantomatiques de Joseph, les claviers très typé FSOL de Bacative, ce plombant past mistake qu'il avait dévoilé timidement lors du fameux concert à la maroquinerie en janvier dernier... Le disque sonne lourd, se coupe, surprend et même si il se panne royalement sur ces morceaux raggae ou encore ces tentatives plus uptempo dans lesquels, définitivement, il n'excèle pas. Mais son disque sonne. Lourd. Enfin. Et l'audace a repris sa place. Brillament. Un titre comme veronika est à retenir. Bien. Etrange, bancale, pas mauvais, pas excellent, le Kid a signer la suite logique et la plus direct à maxinquaye en 10 ans. Une compilation foutraque d'une producteur qui n'en fait qu'à sa tête. Ecoutez-le, au moins une fois. Avec vos deux oreilles (et confirmez moi qu'il a samplé portishead dans les toutes premières secondes de council estate!!!).

TODD- loose lips sink ships


Le revival noise qui sévit depuis 2-3 ans nous a fait connaitre de grand groupe et Todd est en haut du panier. Plus sauvage, plus raw, plus rock, plus bourru, plus bourrin que tous les autres réunis, Todd pratique une noise sludgy agressive et expeditive depuis 2 albums et son excroissance Shit&shine nous ravit régulièrement de ses sorties toutes plus barrées les unes que les autres. Les cintrés anglais ressortent ces jours-ci leur premier EP de 2003 pour tous ceux qui ne l'auraient pas choppé lors de sa sortie. En 5 titres expeditifs, todd pose les bases de son style qui prendra toute son envergure sur leur deuxième et dernier LP à ce jour, comes to your house. Guitares massives en forme de déclaration de guerre, section rythmique type "ça joue velu" et clavier ridiculement présent sur des vocaux et des samples qui fleurent bon l'amour et le printemps. Et la fin de demander "what the fuck have you done"? Recommandé!

LUSTMORD-[other]


Immersif et habité. Ouais, c'est ça. Un peu longuet aussi. Dommage, le nouvel effort de Lustmord n'est pas aussi bon que ce que le papier aurait pu laisser entendre. Parce qu'en plus, il en a de la chance le bonhomme d'avoir une telle liste de pote. T'imagines les discussions au pub du coin ? "Tu fais quoi cette semaine?"; "Oh, y'a Adam qui passe mardi et Buzz en fin de semaine". Bref, doit faire ses preuves. En plus il a récemment prouvé qu'avec un beat par-ci, par-là, il était capable de choses formidables. Sic. Ah oui, et j'aimerais bien qu'on m'explique quel est le gland qui a trouvé ca esthétique de coller un énorme LUSTMORD typo blanche sur une pochett noire?!

Ø- Oleva


La moitié de Pansonic qui ne ressemble pas à un mauvais sosie de Brad Pitt roumain sous cocaine qui anime le stand fromage à auchan sort un album dans une discretion absolue, surtout au vue du foin fait pour le précédent disque du duo qui a été retardé d'au moins 6 mois et annoncé avec moults retards. A croire que Sähkö rds a moins de mal que blast first avec Pansonic. Et cet album de Mika Vainio sous le blaze "Ø" est une réussite. Moins digitale que le son du duo, légèrement plus organique et basé sur l'efficacité du rythme vainio déploie allegrement son propre son sur l'heure que dure l'enregistrement. N'allez pas croire qu'on est tout de même proche d'un scorn des débuts. Non, on sent qu'on est de toute évidence chez les finlandais. Mais l'amour du rythme semble prédominé chez Vainio plus que chez l'hydre à deux têtes qui semblent portée plus sur l'ambiances et le développement de longs climats. Le son est aussi plus épais, enrichi de vastes nappes analogiques. Mais aussi plus doux. Les agressions distordues typique du duo sont ici absentes, pour se rapprocher d'une musicalité étonnament plus chaleureuse. Serein ou du moins faussement serein, comme semble le montrer la pochette. Et puis en troisième plage se cache la pépite du disque. Ø reprend un thème de waters, set the controls to the heart of the Sun-titre légèrement modifié- avec son propre langage. Et la tournée ou l'influence de TG -voir coil- sur le finlandais porte ses fruits sur cette longue plage progressive de 6 minutes où rythmiques discrètes et basses synthétiques s'entrecroisent brillament sur cette phrase obsédante. la seconde moitié du disque semble plus contemplative, et il faut attendre la dernière plage pour que le rythme cardiaque remonte à grand coup de basse. Du beau boulot!

THE COOL KIDS- the bake sale


2007 s'est caractérisée par le manque de grosses sorties en hip hop et excepté quelques bons disques (sage fancis? EL-P ?) l'année précédente fût un long desert hip hop. 2008 ne s'avère pas être franchement différent mais les cool kids s'avèrent être peut-être le grand coup de frais de l'année au même titre que clipse deux ans plus tôt. D'ailleurs il y'aurait plus d'une similitude entre les deux albums. Les cool kids jouent sur le même terrain que les frêres de Clipse, à savoir un hip hop lourd, riche en basse, aux rythmiques drum-machines, et aux sons élastiques. Il y'a même plus d'une allusion aux beastie boys que les gars semblent avoir grassement écoutés et pourraient se poser comme un mélange entre le trio de NYC et le crew de Pharell tant la proximité avec N*E*R*D* semble éloquente. Notons quand même que dans le gimmick des cool kids de chicago, on est quand même éloigné de l'aspect cailleras réhabilités de Clipse. Ce premier album du combo américain est recommandable, et chapeau à XL qui a flairé le bon coup en signant ces gaziers au flow paresseux mais efficace.

BONNIE PRINCE BILLY- lie down in the light


Le vieux jambon continue d'être productif en lachant un 3ème disque pour cette année, mais premier long pour cette année en 8. Dès le premier morceau, on pourrait croire que ce disque se décroche de l'approche folk pure de l'américain pour s'orienter vers des contrées plus pop. Et le dernier morceaux de boucler la boucle d'un album qui semble plus concis, avec clavier cheap et tout le toutim. Entre ces deux extrémitées, Oldham, le photographe anonymement le plus connu du post rock a fait sombrer son navire chatoyant pop de la première chanson dans les abysses de son folk habité où sa voix fragile guide timidement les oreilles distraites. L'ochestration est dépouillée mais il garde sa dernière compagne de la chanson depuis son précédent LP. UN disque comme la maison de grand-mère: de campagne.

dimanche 24 août 2008

MINSK-the ritual fires of abandonment


Au tout début des années 90, Tool et Faith no more avaient considérablement secoués le rock et le metal en y apportant tout un attirail de nouveaux éléments. Dans la décénnie qui a suivi, de nombreux groupes se sont illustrés dans leur médiocrités à reprendre les apports de ces deux groupes, tout en étant incapable d'en donner une version personnelle pertinente sinon amoindrie par un manque d'inventivitée ainsi qu'une obsession pour les aspects les plus faciles à digérer de la dialectique Patton/Keenan. Bref, le mal-être, la critique acerbe, le tout sur des musiques novatrices car empruntant à différents éléments (le funk, le metal, la pop pour les uns, la musique industrielle, le rock progressif pour les autres) et un son inédit étaient les marques de fabrique de ces groupes qui se sont fait piller par des formations qui ont pris chère à vouloir mimer leurs idoles. Etonnament, les années 2000 sont biens plus clémentes avec les formations qui ont pourtant les même tics désagéables que les groupes de néo metal-plagier la facilité. Alors qu'il était de bon ton de dire du mal de ces braves américains en survet', il n'en est pas de même pour tous ces groupes qui pillent l'héritage d'un tool ou d'un neurosis (qui pourtant s'est formé avant FNM et les premiers, mais pour qui l'influence aura mis le triple du temps à faire son effet). Minsk est de ceux là. Les bons petits gars jouent bien, composent proprement leur morceaux, mais tout est ça est tellement convenu et cliché, sans aucune prise de risque que ca en devient vulgaire. Les morceaux aux longs climats qui se développent sur des rythmiques tribales, les visuels psychédéliques, voix claires et textes vaporeux, les nappes de claviers bienvenues: tout est là pour vous rappeler que peu de groupes s'en sortent vraiment à cet exercice et qu'avoir acheté un synthé ne fait pas de vous un groupe interessant car vous y développez des "ambiances". Oui, minsk a sorti un "faux", impersonnel et vulgaire, maladroit et opportuniste.

mardi 12 août 2008

THE PRODIGY- more music for the jilted generation


Album cultissime chez les anglais, chauvins comme des français après une coupe du monde gagnée (ça n'arrive qu'une fois), Prodigy est une gloire nationale et chaque réapparition, même foireuse, est toujours perçue comme une célébration d'un héros. Et précisément, y'a de quoi. L'engouement outre manche pour les re-édition de ce second LP des gars de l'essex est justifiable tant ce disque et ce groupe ont secoué en profondeur l'Angleterre et représente une pierre angulaire de la culture anglaise (et plus) des 20 dernières années. Etonnament, ce n'est pas le disque au crabe qu'on celebrera encore et encore, mais bel et bien ce poussiéreux album aux sons datés et datables (?) mais à la construction remarquable.

Jilted generation seul album politiquement marqué d'un groupe qui ne s'arrêtera pas là pour les scandales (parfois malencontreux, comme cette pochette représentant un voiture écrasée pour l'hypothétique "Smack my bitch up" Ep qui devait sortir fin aout 97, je vous laisse chercher dans vos mémoires ce qui s'est passé à cette époque et qui empêcha la sortie de ce maxi) qui s'oppose fermement au criminal justice (loi anglaise visant à interdire les rassemblements de jeunes autour de musiques répétitives, Autechre a aussi réalisé un audacieux EP à ce sujet), en revitalisant une scène rave totalement fermée sur elle même après que Liam Howlett, dégouté de cette dernière ait découvert le rock lors d'un voyage aux USA. Prodigy signe en 94 son deuxième album et un chef d'oeuvre absolu de la musique électronique. Certes, l'écoute actuelle, avec 14 ans dans les dents, ne rend pas justice au disque. Mais le travail titanesque de Howlett, l'âme et seul maitre de l'hydre à 4 têtes va boulverser la musique moderne. Clairement envisagé sous un angle vengeur et agressif, Howlett après avoir lancé un morceau obscur en white label, anonymement à quelques DJs influents à Londres qui le diffuseront largement en soirée, ré-habilite son groupe sur les pistes de danse les plus obscures après que son groupe ait été accusé d'avoir tué les raves avec "Charly" ( "did charly kills rave parties?" titrait la presse) quelques années plus tôt. L'album s'ouvre sur le constat que désormais, il ne sera fait aucun cadeaux, "I've decided to take my work back underground... to stop to falling into the wrong hands" et le beat vengeur, haineux de "break and enter" d'ouvrir le disque. 7 titres durant, Howlett qui réalise presque seul son disque, se sert allègrement dans le repertoire rock (en usant du Pop Will Eat Itself sur son "their law") et pillonne allègrement l'euro dance alors montante qu'il ridiculise en empruntant les gimmicks pour les noyer dans sa cathédrale rythmique. Car là est la force de Liam Howlett. Il est un créateur rythmique hors pair, un savant sculpteur de beats "rouleaux compresseurs", efficaces et inimitables. Personne ne dresse de murs de batteries comme lui. Il utilise son amour du hip hop pour en dessiner les grandes lignes puis les gonfles d'attributs uniques, dont il a seul le secret. Bien des suiveurs s'y casseront les dents, mais de sa trempe il reste le seul. Son autre force c'est son unique approche des claviers. En reprenant les machines de tout bon studio qui se respect alors (101, 303, Minimoog, Jupiter et autre), il utilise ses claviers comme des instruments rythmiques ou comme des guitares, leur donnant des riffs et lignes inédites, sans jamais se faciliter la tâche. Si l'aspect premier de Prodigy est remarquable par ses énormes basses et ses beats puissants, c'est dans le détail de la confection que le travail devient splendide.

Le 7eme morceau se pose comme une sorte de résumé de l'album : la première partie de "the heat" est composé d'un gimmick electro-rave totalement écrasant pour finalement se transformer en une sorte de monstres méconaissable, Howlett déformant un peu plus son jouet au fil des cassures. La fin du morceau ressemble à une oeuvre de dance mauvais goût et boîteuse où les voix sont coupées, n'ayant plus le droit à la parole. Et la suite du disque de reprendre le schéma du morceau. La pépite du disque est d'ailleurs juste après. "Poison" est un morceau complexe dans son approche tant il sort de toute définition musicale. Impossible à décrire, il faut écouter ce morceau au moins une fois. Prodigy redéfini sa musique ici avec un nouveau vocabulaire, fait ingurgiter de force à sa musique une dose d'inconnue, de territoires soniques jamais foulés jusque là. Le hip hop primaire, couplé à quelques phrases malaxées par les effets-ou pas- croisent le fer avec une base dub et industrielle obsédante et novatrice. Après deux replongées rave, Howlett conclue son disque avec une trilogie audacieuse et magnifique qui clôt le disque en résumant ce qu'il sait faire. Il y détourne ses influences, transforme la matière sonore et lui donne un aspect charmeur englué dans une vase haineuse et dangereuse. Aussi, après avoir transformé son groupe sur disque, il va le transcender sur scène, et c'est bien cela que le second disque de cette riche re-édition va démontrer.

Quiconque a dèja vu Prodigy sur scène sait de quoi il en retourne : probablement une des plus respectables bêtes de scène encore en activité, un monstre qui sur son passage écrase tout. L'aspect mad max-esque de sa musique en devient terrifiant, Howlett laissant place par dessus sa complexe architecture à un groupe sauvage accompagné de deux éructeurs dont le plus surprenant n'est clairement pas Keith Flint, ex-double crêtes emblématique des années 90 mais bel et bien son compère, Maxim, vosciférant colosse transformant la scène en réel ring où tous les coups sont permis. Deux morceaux tirés d'un show pour Radio 1 mémorable ouvre les bonus. Le trio ( Leeroy Thornhill étant partit au début du siècle) y réinterpréte deux classiques, "poison" et "voodoo people" qui samplait nirvana se voient rajeunir par la force des choses. Même traitement pour break and enter qui redevient ce morceau d'ouverture tapageur, tiré des lives de la Brixton academy fin 2005 où Prodigy fêtait son anthologie. Après encore une bonus live avec du public cette fois, le groupe pose sur disque un ensemble de face B pas toutes extraordinaires, même si on saluera le remix soigné des Chemical Brothers (qui s'appeleaient encore les Dust Brothers à l'époque) ou "scienide", complément idéale et poisseux au Poison tiré du maxi du même nom.

Voilà donc l'occasion idéale de célébrer un disque qui a bien entendu vieilli, mais qui réveillera chez les adeptes bien des souvenirs tant ce disque parle non pas pour une génération mais bien pour une époque entière. Et même si le groupe est depuis tombé dans bien des pièges maladroits, il n'en reste pas moins une série de classiques morceaux essentiels, et surtout, le premier long jet historique de la techno - qui n'était pas qu'une compilation de 12" indigestes passé la demi heure - pour ne pas dire LE premier album.

SHIT & SHINE- Küss mich, meine Liebe


Mine de rien, ce groupe va finir comme emblématique de ce site puisque nous en sommes déjà à la troisième chronique les concernant. Si le combo de furieux, frêre siamois et déviant de Todd (qui n'est déja pas le plus "straight" dans la famille) avait imposé sur ses précédents disques une formule bruyante d'un rock noise abrasif couplée à une série de contraintes techniques propres, le groupe explore ici de nouveaux territoires sonores. A sa mixture originelle, il faudra désormais ajouté les influences electroniques et industrielles de manière plus importante. Il est dès lors possible de dresser un parallèle avec la paire Broadrick/ Martin tant ce (deja) nouvel opus semble croiser son rock a des sonorités plus proches de techno animal ou même curse of golden vampire. Et l'aspect "un plan= un morceau" prend ici une toute autre dimension. Les instruments traditionnels sont passés avec sauvagerie dans les pédales de distortions et les samplers pour arriver à cette agressive et magmatique confiture sonore qui détruira tout bon sens auditif. Alternant ainsi passages plus posés, comme si vous êtiez enfermé dans une cave à écouter au loin un vieux disque de hip hop ou en pleine répétition digi-grind core, shit & shine assoupli encore plus son approche de la musicale pour offrir une série de morceaux différents mais cohérents. On saluera même entre deux salves la prestation de Pete Simonelli d'Enablers.

BORIS- Smile


Le trio Nippon a montré à maintes reprises sa capacité à ré-orienter sa musique, renouvellant son vocable à chaque enregistrement. Pink montrait cela dit ses premières limites tant le disque semblait foutraque, pour ne pas dire foutage de gueule tant celui-ci montrait un groupe qui ne semblait plus en avoir grand chose à foutre (production totalement aléatoire d'un morceau à un autre, tournée rock'n'roll où rien n'était franchement en place). Tout ceci avait son petit charme mais ce smile aurait très bien put se limiter aux deux titres du 7" sortie plus tôt cette année. Car il ne faut pas mentir, c'est bien l'ennui la seule chose qui ressort à l'écoute de ce poussif album- voir gravelleux, tant il semble hors de propos avec ses sonorités passées et ses longueurs usantes. Gardez vos sous!

samedi 2 août 2008

ONE DAY AS A LION- One day as a lion EP


Curieusement, c'est après un long hiatus verbeux et seulement après la reformation de RATM que Zach de la Rocha sort une ébauche de son nouveau projet. Etrange choix que celui-ci. 5 titres livrés ici, tout chaud voir brûlant. Pas de doutes, dès les premières secondes, l'ex Inside Out est reconnaissable et identifiable, n'en déplaise à ses nombreux suiveurs ( vous vous rappelez de ce groupe appelé REVEILLE?). Mieux encore, Zach de la Rocha démontre ici avec brio qu'il est un bon parolier et même un excellent MC-toujours politisé, le nom du groupe est tiré d'un graffiti qui dit qu'il vaut mieux vivre un seul jour comme un lion qu'une vie comme un mouton. Car de nombreux jeunes gens s'essayent au micro en esperant qu'avec une pauvre rhyme mal placée, on peut faire illusion. La voix de RATM s'élève bien au dessus des autres ici avec ses textes riches et bien construit, refusant toujours la facilité verbale. Pas seul pour autant puisqu'accompagné de Jon Theodore, premier batteur de Mars Volta (place qu'il alterna au début avec Blake Flemming de Dazzling Killmen pour la note) ainsi que de HIM (sic), de trans am ou encore will Oldham, le genre de mec au pedigré toujours bienvenue et qui accessoirement sait taper ses fûts. Etonnament, la formule est assez interessante et on pourrait presque y voir un nouveau sous-genre musicale, le premier jet d'un genre novateur-même si à l'écoute, il ne semble rien d'inédit. Car le duo a décider de ne pas gaver sa musique d'une surproduction au niveau des sons et textures, évitant samples et épais claviers, pour privilégier le jeux très libre et rock de la batterie, accompagné d'un clavier faisant office de ligne directrice quant aux mélodies (type son analogiques mono où De la Rocha, responsable des machines joueraient surtout sur les variations de filtres) et prenant aussi en charge la basse. La musique en est donc extrêmement dépouillée, minimale mais riche, évoquant une sorte de Suicide du futur ou encore un Pansonic organique avec une production massive, mixée par Mario C -you can't front on that- dont je n'avais pas vu le nom sur une pochette depuis des lustres. Le défaut du disque se trouve aussi dans cette limite imposée: le son obsédant du clavier ne varie jamais, comme si le groupe faisait une fixation monomaniaque sur ce son qui en devient dictatorial. Mais sur un court disque, le résultat est plus que satisfaisant.

DÄLEK vs IFWHEN - Hear less/No good trying


En 10 ans d'existence, Dälek a pris son rythme de croisière et est aussi productif qu'un petit groupe de Hardcore en multipliant les sorties en tout genre, tous formats confondus. Et avant le prochain album ou encore des disques prévus depuis des lustres (cf. la chronique de deadverse massive plus bas), voici le nouveau chapitre du groupe du New Jersey. Ils s'opposent aux braves gens d'Ifwhen qui posent ici un morceau d'ouverture très "80's", avec ses guitares lointaines et son beat typé TR 909 passé à la reverb. Cocteau twins du début couplé au cure. De l'autre coté, Dälek ne prend pas la peine de causer le moindre verbe et développe sur une plage un thème vaporeux au rythme très instables, mais comme d'habitude avec Oktopus, reconnaissable entre mille. Enfin voila: pas leur meilleur disque, rien à signaler.