samedi 31 juillet 2010

Kito Sounds (CKK001)

Le voilà le premier objet de Chez Kito Kat, le CKK001, là où tout a commencé. Tout d'abord un collectif d'artistes vibrant pour les mêmes choses et le signifiant de manière singulière ("on a pas le même maillot on a la même passion" dixit Frédo Roman). Cette première compil est aussi un instantané des premiers objectifs de Chez Kito kat, une sorte de premier cahier des charges avec le lancement d'une tradition qui va marquer la structure: la parution de compilations parsemées au cours des autres sorties, compilations qui sont en fait un grand sac où le label se permet de jouer la carte des collaborations et projets one shot, qui parfois auront une suite. C'est aussi pour les artistes gravitant dans leur galaxie l'occasion rêvée pour livrer quelques bribes de son solo, de compositions sorties nulle part ailleurs ou de projets n'ayant pas pu voir le jour sur format plus long. Des morceaux de derrière les fagots, mais aussi les premières vélléités de certains projets qui seront concus pour durer.
Dr geo pour commencer, la moitié de Twin Pricks, une partie de Meny Hellkin, mais aussi un ancien Dead for a minute livre ici un morceau trés Radiohead pour entamer la session, dans une sorte de rock electro acoustique avec une voix se rapprochant dangeureusement de Thom Yorke. Gros tube réhaussé par une teinte mélancolique feutrée.
Barclau (crédité Barlau à l'intérieur, héhé) est si je ne me trompe pas un des Thirteen Dead trees, et navigue toujours dans cette folk trés américaine avec flutes et autres joyeusetés paysannes bien senties.
De l'électrique au magnétique nous indique l'intitulé, dans son fourreau encore en manque d'identité, premier objet fragile où l'on sent les balbutiements et le manque de confiance en eux (beaucoup plus assumé par la suite et surtout avec une identité visuelle beaucoup plus marquée sur les objets). Calque qui met en transparence un artwork sommaire, le logo du chat n'étant pas encore celui que nous connaissons actuellement, nous imaginons la nostalgie des créateurs de l'objet qui fabriquaient leur premier objet ici.
C'est zéro degré, sorti du Kit Corporation (autre label messin) qui continue avec un morceau toujours dans cette veine rock electronique mélancolique onirique, qui ne m'en secoue ni l'une ni l'autre de mon coté.
De tekooptehuuren (sic, cette langue flamande me poursuit: à acheter à louer si mes capacités ne me font pas défaut) sont une réelle inspiration pour les twin pricks, pop rock avec jolies mélodies, alternances vocales et répétitions de phrasés plus acoustique sonore trés marquée.
Chat blanc records (decidemment c'est une fixette dans le groupe) prète Millimetrik pour un morceau qui pêche un peu par son manque d'ampleur sonique, mais qui lance une deuxième dynamique à la compil qui livre aussi ses morceaux les plus électroniques et les plus réussis.
On commence par Blistakuntz, ènième projet de Christophe Biache, un des trois kito crew, le fan ultime de boards of canada, qui forme 50% de Komparce, mais aussi de Diaporama, qui est aussi Mr Bios et qui est accompagné ici par son partenaire de diaporama et son partenaire de Komparce. Komparce meets diaporama pour faire simple. Spoutnik est aussi un morceau fantastique, avec gros kick rythmique qui s'envole et qui se dévide sur des voix incantatoires. Diaporama me rappelle un peu trop yann tiersen (berk) pour son coté franchouillard un peu intello (peut être le choix vocal) mais surtout par ses cordes un peu grandiloquantes. Dommage car derrière se profile une jolie nappe. Le morceau réduit par son plus simple apparat aurait peut être mieux rendu. Samuel lui se colle à sa version d'Apocalypse Now avec ce monologue de willard sur Saigon, personnage au coeur des eaux troubles sur une musique bien opressante à base d'une grosse nappe tournoyante envoutante rejointe par un gros kick rythmique. Dog Bless you est decidemment un projet fascinant. Le Morceau de mr Bios est une longue montée électronique onirique parsemé de détails avec rythmes feutrés et ajouts instrumentaux en tous genres. La bonus track est une collaboration de Dog Bless you pour un morceau cosmique des maisons (quelle justesse dans le choix des productions d'ailleurs) qui s'envole clairement vers de jolies contrées.
Pour terminer Where is the architect et Tsukimono livrent deux morceaux trés ambiant, l'un à coup de cordes l'autre à coup de paysage plus epuré pour des morceaux à l'esthétique trés moderne.
Un premier objet sold out (en téléchargement libre içi d'ailleurs http://chezkitokat.com/welcome/Cat1.html), encore timoré sur les choix visuels, mais à l'identité musicale dèjà bien affirmée. (Chez Kito Kat)

jeudi 29 juillet 2010

RUSSELL HASWELL- Value+Bonus


La haine totale. Non, en fait c'est faux, ça c'est plutôt réservé à ses lives expéditifs et punitifs (cf. première partie d'Autechre cet hiver). Jusque là, je n'avais mis la main que sur l'imposant live disponible chez Mego de Mr Haswell, et on était loin de la folie sonore pure qui se dégage des performances scéniques délivré par notre homme. Ce Value+Bonus commence doucement, presque comme un album sourd d'ambient subtile. Puis le ton monte au fur et à mesure. La seconde moitié de l'album s'engouffre dans une noise terrible et psychédélique, qui fait méchamment tourner la tête quand écouté à un volume décent, avec les meubles qui se déplacent et tutti quanti. Violence, qui se clot sur un live ou les applaudissement timides sont relancés par une salve. La gratuité est le fort de Haswell. Le second disque est beaucoup plus anecdotique et n'a de bonus que le nom, en aucun cas ça n'en fait une valeur. En sortant de cette longue écoute, on réalise que le bougre doit largement être responsable de l'album "minidisc" du collectif anonyme (?!) Gescom.

UNKLE-Where did the night fall


C'est très marrant parce que ce disque s'est fait sauvagement charcuté par tout un tas de critiques, comme si c'était franchement mauvais. En soi, ça ne l'est pas. La vérité, c'est que si vous avez choppé la version collector, alors vous êtes bien plus marqué par le visuel que par la musique: Lavelle a encore conçu un objet extrêmement soigné, et bien plus appréciable que le précédent album qui était impossible à extirper de sa boite. Du coup, on en oublie que c'est avant tout un groupe qui a connu de multiples mutation et qui aujourd'hui n'a plus grand chose a voir avec U.N.K.L.E. qui avait sorti ce disque qui veillit très mal avec un tas d'invité, tous des gendres idéaux pour la mélomane qui sommeille en chaque ménagère de plus de 50 ans. Et entre ce premier album au relent hip hop un peu interessant y'a 10 ans et cette livraison, c'est tout un monde qui sépare les deux oeuvres. Définitivement, ce disque ne mérite pas de se faire lapider sur le blog public. A moins qu'être totalement neutre et oubliable soit une bonne raison pour attiser la haine du clavier AZERTY du vile chroniqueur. Une jolie boi-boite, mais soyons plein de bons sens: seuls les fans auront déboursé pour la box collector.

ACTRESS-Splazsh


Si on était en 1970, on trouverait ce disque totalement fou avec ses rythmiques syncopés, et ses claviers de films d'horreurs italiens. Si on était en 1980, on trouverait ce disque assez marrant mais pas sérieux dans sa production vulgaire où les fréquences se bouffent les unes aux autres et avec ce morceau tiré des films de Carpenter. Si on était dans les années 90, on trouverait ce disque franchement louche avec ses claviers 8bits et ce morceau en plein milieu qui ressemble à un hommage à Jarre qui ferait un jam avec les Chemical Brothers. Si on était en 2000, on trouverait ça totalement affreux avec ses sonorités cheaps et ce morceau un peu pute qui imite Krafwerk. On est en 2010 et tout le monde trouve ça génial avec ce morceau qui rappel le Krautrock de Cluster.

Pilöt - Mother

On nous les vend avec pleins d'adjectifs fous (comme quoi les textes des boites promos sont bien foutus!), Sonic Youth meets des percussions apaches. Je cherche toujours le côté apache dans les percussions, pire je cherche d'abord le sens du mot apache accolé avec le mot percussion. Ce disque m'a surtout fait découvrir qu' Harmonia Mundi faisait aussi de la distribution de disques, et pas seulement de tristes boutiques qui sentent la névrose de rangement à plein nez (et les prix plus qu'élévés).
Tout ça pour dire que je m'attendais pas vraiment à ce sur quoi je tombe en insérant la galette dans le lecteur. Bien m'en a pourtant pris surtout en ces chaleurs estivales car Pilöt est suffisament chaleureux pour me faire sortir de chez moi, suffisament venimeux pour me faire rester et suffisament frais et sucré pour combler mes besoins de thé glacé. Pas vraiment de Sonic youth là dedans, plutot une version epileptique de Gossip sans les influences soul qui insisterait plus sur les rythmiques. Une version de Gossip sans le coté cantatrice castratrice mais avec de vraies couilles de garçon manqué, avec un chant trés instrumental (à la vive les amfêtes pour faire simple).
Pilöt enchaine tubes sur tubes, on se prend à se secouer sur ces rythmiques epilptiques, ce son carré et sans rien qui dépasse et ces morceaux à la Mi ami version soirée familiale. Puis vient un chesse cake un peu en dessous où le groupe joue la carte d'un mid tempo passablement foireux, avec une montée bancale et un chant cette fois ci trés Kimg gordon (pas pour déplaire). On continue ce ventre mou sur un Wedding feutré, un whiteman cabaret, un colonel moutarde presque Olivia Ruiz et un sonic bluesy qui s'envole un peu sur la fin.
Gros passage à vide de milieu de disque donc, qui se relève sur un zéro qui joue la carte de l'incursion noisy de manière réussie, véritable pont vers le fantastique final Apache (on a compris d'où sortait ce mot!) qui renoue avec le pilon rythmique et l'aisance mélodique et tubesque du groupe. Dommage donc que le pilöt automatique soit enclenché au milieu d'un disque qui perd en impact et en cohérence là où la portée des chansons les plus directes est bien plus grande. (iris Music) http://www.myspace.com/00pilot

mercredi 28 juillet 2010

Giuseppe Ielasi - Aix

Si ce billet ne s'était pas effacé trois fois de suite il aurait surement été plus complet. Mais critiquer un disque aussi volatile que celui ci fait que chaque billet en devient différent. C'est aussi cela qui est fascinant, que la musique à l'image de son artwork soit finalement une déclinaison de visions des mêmes sons où l'impression d'un flou artistique à base de juxtaposition extrème se fait plus fort avec le disque qui avance. Aix car le compositeur a crée ce disque par chez nous, à Aix en Provence, dans un parti pris artistique plus que fascinant, bien que pas forcément novateur. Les sons s'additionnent par couche, et les boucles se superposent de manière à créer une répétition pleine de brouillard où l'entité finale n'a rien à voir avec les pièces prises une par une. Ielasi developpe une alchimie lors de ces morceaux à priori remplis de rien, d'un minimalisme concret. Cette sensation que 1+1=3, par le savoir faire de son créateur, et là où ces sonorités parfois nauséabondes, parfois insipides sont mises en boucle, le traitement en devient foncièrement différent. Les ingrédients de cette réussite sautent aux yeux. D'abord le son. La production est claustrophobe et donne cette sensation de ricocher contre les murs d'une pièce minuscule, ce qui crée une sorte de symétrie qui en vient à faire des rappels de sonorités. Deuxièmement, le choix des rythmes qui animent ces boucles sont jazzy, et sont en parfaite corrélation avec cette production feutrée. Pour finir, le parti pris artistique est respecté et la mission est réussie. ielasi nous prouve qu'une succession d'images peut créer à elle seule son sens selon la manière dont on les agence.
Musicalement vous me direz? Ielasi copule largement avec les disques de Coil les plus feutrés et les plus répétitifs. Imaginez une sorte de mélange de leur période time machines avec l'apaisement des sonorités des music to play in the dark. Un disque qui remplit ce cahier des charges existe d'ailleurs: Astral Disaster. C'est aussi un des tous meilleurs Coil. Rajoutez à cela un souffle plus contemporain, beaucoup plus plannant et parfois dansant, et vous obtenez un objet inatendu qui se place au sommet de vos disques de chevet nocturnes.

mardi 27 juillet 2010

Sons of Frida - The Bulgarian LP

Sons of Frida font tout tous seuls. Pour la musique on passera. Mais cette affirmation semble aller du site web réduit à son plus simple apparat jusqu'à la distribution, la promotion et autres. A l'arrivée, c'est un joli objet qui nous arrive dans les mains, quatrième objet sorti par le groupe depuis 2004. Six ans c'est à la fois rien du tout pour un groupe estampillé rock, comme ça peut aussi paraitre une eternité lorsqu'on roule sa bosse tout seul et que l'on lutte avec acharnement pour pouvoir tourner et distribuer sa musique.
The Bulgarian LP c'est un peu le disque que Sonic Youth aurait sorti un jour s'il n'avait pas perdu tout le mordant et tout le côté incisif de sa musique (depuis Gooc compris?). Sons of frida c'est du rock vaguement noisy, avec des accords alambiqués dans des sonorités non habituelles, avec envolées dans le riffing, rythmique post punk parfois qui pilonne, échappées mélodiques et vocaux sur la brêche. C'est surtout 7 tubes (6, si on enlève un morceau court de cuivres à la Underground de Kusturica) enchainés sans temps mort, avec l'énergie du desespoir qui s'envole petit à petit. Les gaziers s'entichent d'un son juste, où la rythmique supplante le reste et où les escapades bruitistes dans les guitares n'en deviennent jamais cacophoniques (question de but recherché, noisy ne veut pas dire Todd). The Bulgarian LP est tout d'abord une collection de riff limpides et lumineux, de mélodies entrainantes.
Sonic Youth qui jouerait avec les tripes et qui aurait retrouvé sa jeunesse sonique joueraient dans la même cour de récré que ce bulgarian LP. Pour l'instant, Sons of frida les enterre.
Pour cloturer l'album, un morceau ethéré d'une dizaine de minutes qui ne va nulle part, où les guitares s'entrelacent pour mieux se jouer des tours et terminer dans une orgie d'amplis et un déluge sonore. Magique. http://www.myspace.com/sonsoffrida

vendredi 23 juillet 2010

JFX Studio Session - Figure One

On parlait de la fameuse RTATZ et de son studio chez Jarring Effect. C'est dans celui ci que se sont réunis encore une fois les musiciens gravitant autour du label lyonnais. Les musiciens en question: encore une fois le sud Africain Ben Sharpa, cette fois ci l'ami Oddatee (dont l'album récent est plus que conseillé) et pour finir... Picore. Cela faisait belle lurette qu'on avait pas entendu parler de ces gaziers là, après un hélium du peuple à part, entre influences industrielles et trip hop largement teinté de dub à la Ez3kiel. Et cette fois ci, leur retour discographique se fait dans une fascination pour le hip hop bien senti. Ils permettent aux mc's de s'exprimer sur des instrus opressantes, dans le plus pur style qui a faconné leurs disques, bardés de diverses influences. Proprement cinématographiques, ces quelques notes de guitares et ces quantités d'instruments sont mis au profit de boucles lancinantes et aquatiques.
L'alchimie entre les Mc's (notamment Sharpa et Oddateee) est décoiffante, l'un ayant une soif de vitesse pour déblatérer toutes ces attaques la où l'autre livre un flow narcotique classieux et tendu. Trois réelles pièces donc, dont on appréciera Stormy minds pour son côté sirroco musical, pompe aspirante gavé d'une rythmique bien lourde. Ces ambiances vont bien à Picore, qui expriment là toute une partie de leurs amours musicaux, en créant des paysages à la....Dälek. D'ailleurs le guitariste de Picore appuyait le Mc et Oktopus dans leur dernière tournée, ce qui accentue les dires.
On zappera l'a capella de Times were tragics, sorte de battle hip hop ereintant de longueur mais on insistera sur le morceau de cette collaboration inédite: Times were Tragics, poussé par un Oddateee dans une forme magistrale. Oddatee en a toujours gros sur la patate, et cette ambiance de fin du monde que lui concocte Picore est d'une lourdeur aussi asphyxiante que son strip tease de l'âme sans pause. Must Have. (Jarring Effect)

mardi 20 juillet 2010

AUTECHRE-Move of ten


Autechre retourne dans une période que je pensais ne jamais (re)vivre: celle d'une productivité intense, où le groupe mêle albums et maxis qui n'en sont pas, à savoir de véritables albums déguisés (ep7, par exemple). Correction après un album déstabilisant ou décevant? Certainement pas. Oversteps restera probablement comme un des très grands albums du duo, une de ces oeuvres inattendues qui mettent des années à éclore dans l'oreille du novice comme de l'habitué. Le fonctionnement qu'Autechre a mis au point depuis plusieurs années est chamboulé. Après la livraison d'un album au label, le groupe se fait discrétion en terminant sa tournée. Comme un coup dans le dos, ae promet un "ep" (10 titres et 47 minutes, 2X12") sans annonce préalable: le titre est connu, le visuel terminé, la date d'atterrissage déterminée. Habitude des 2, Move of ten sera une antithèse d'Oversteps. Mieux encore, Move of ten sera une antithèse d'Autechre, sa propre contradiction, qu'il s'offre lui même. Un coup de fusil dans le pied? Non, la juste logique des choses quand on regarde de plus près, peut-être. Oversteps était (du moins à mon sens) leur album le plus Coil-esque, celui qui célebrait l'influence du duo sur le duo. Le cercle imparfait et jamais identique de la pochette laisse place à une version méticuleusement mathématique, graphique sans être humaine. La réponse aux concerts brutaux de l'hiver? Non, juste un écho. Et le rappel qu'Autechre s'est toujours senti investit par la musique qui fait danser, et d'un autre amour musical, d'un autre grand respect, pour des contemporains et qui plus est des camarades de label: LFO. Le rythme reprend donc légitimement ses droits. Il frappe et surtout, se fait remarquablement régulier. Les cassures ne sont plus dans les sons granuleux formant le rythme, la paire fait désormais ses accidents dans la mélodie, tandis que les séquenceurs abattent machinalement des rythmiques. Un kick sur du 4/4 (No border). La base. Par dessus, perlent encore les sonorités glaciales et étrangères, d'Amber à Quaristice, qui ont façonnées le son Ae depuis 20 ans. Par dessous, les basses, poisseuses, épaisses mais toujours restreintes à leur espace. Production fine et précise, rien n'empiète. Pourtant, à l'évidence, la partition est riche de plusieurs intervenants. Sur "Nth Dafusederb" Autechre devient méconnaissable. Dans un bain de samples de flutes lointaines, ou du moins ce qui s'y apparente, surnage un mur de bruit blanc qui en devient étouffant, le rythme qui ne cesse de se boucler s'en trouve tout de même malmené. Comme si Booth & Brown noyait du Boards of Canada époque premier album dans un bain de Pansonic. Deuxième "album" en moins de 6 mois, deuxième coup de maitre. La concurrence se prend une double ration dans la douleur. En fin d'album le rythme s'esquinte, voir disparait, et les complexes mélodies instables se font plus insistantes. Comme bouclant la boucle, Autechre entame son silence. Et l'on constate en y regardant de plus près, qu'à nouveau, ce cercle sur la pochette n'est pas si mécanique, si machinale.

GUILTY SIMPSON-OJ Simpson


Le teaser que fut le premier volet des medicine show n'avait pas révéler au plus juste ce que l'album final allait être. Parce qu'après quelques mois, le produit est achevé et présenté, et l'écart entre une mix tape sympathique et l'album est colossal. Madlib signe pour la première fois la totalité d'un album de Guilty Simpson, et se montre inspiré comme rarement depuis Madvillain. Plutôt que de trancher dans un surplus de samples et de boucles, Jackson a décidé de ne rien sacrifier mais de découper sauvagement son plan, faisant de l'album un dense, peut-être même trop dense, parcours sonore. Les micros morceaux s'enchainent, allant piocher autant du coté d'un hip hop massif que classique, s'éloignant sur des essais soul ou rock ou obscurs. L'album est un massif hermétique, insultant. Verbeux aussi, car malgré les très nombreuses interludes, Simpson raconte de trucs, tout le temps. Même sur un beat éclair, il trouve le temps de caler un maximum de phrases. Rendement optimum. Dans sa globalité et en première approche, ce LP est âpre et difficile à encaisser. Trop d'infos, trop de sons. Mais la persévérance en fait un disque (2xLP) passionnant et qu'on devine inépuisable. Moins fou que Madvillain, Jackson déploie l'album qui se fait la réponse la plus directe et audacieuse à son précédent chef d'oeuvre, qui commençait à boxer seul dans sa catégorie. Une épreuve, mais qui se mérite.

vendredi 16 juillet 2010

Secondhand sureshots


Double disque disponible pour quelques euros, Secondhands sureshots est un agréable petit documentaire ( 30') accompagné de sa bande son. Le projet est sympathique: donner 5$ à quatre beatmaker de Los Angeles avec une mission: acheter des disques, et composer chacun un morceau uniquement basé sur les samples tirés de cette chasse. On suit Nobody, beatmaker psyché en pat'd'eph', Daedelus, icone du hip-hop-prise-de-tête-indé-hype-en-2005-obsolète-5-ans-plus-tard-instrumental, Ras G, spécialiste du hip hop interstellaire et proche de Flying Lotus, et J Rocc, DJ omniprésent du posse Stones Throw, proche de Madlib et toujours en vadrouille au 4 coins de la terre (et surtout à Paris, j'ai l'impression de le voir tous les 15 jours à l'affiche de la Bellevilloise) dépuiller les bacs des disquaires de LA, dégoter d'improbables disques (majhoritairement soul/funk et Streisand-esque). Chez eux, ils découpent, arrangent empilent, malaxent la cire noir, chacun à leur manière (certains font ça dans les règles de l'art, sampler et à l'oeil, d'autres utilisent le précieux ordinateur...), pour proposer un seul et unique morceau. A la fin, chacun se rencontre, se concerte et écoute les résultats. Satisfaction générale, congratulations. Les mecs qui gèrent le projet pressent le tout sur 4 vinyles uniques, qui une fois assemblé forment la pochette finale, avec un certificat d'authenticité qui est remis à chacun. Les 4 beatmakers vont ensuite dans le magasin d'origine de leur fouille, et dissimulent l'objet unique dans les bacs à vinyles du dealer. Projet sympathique donc, et documentaire agréable, pour la somme demandé, seconhand sureshots et un bon moment à passer devant son dvd. Recommandé.

DEVO-Something for everybody


Finalement, le groupe de papy est de retour en mode studio, ce qui n'était pas forcément évident quand, après les avoir vu sur scène, on constatait que Devo excellait à proposer constamment ces même vieux morceaux, ceux qui sont capables de faire sautiller frénétiquement même les plus rigoureux anti-festifs. 20 ans sont passé depuis le dernier album studio, 20 ans à se reformer, se séparer, ou exister de manière ponctuelle. A la fin des années 90, ils proposaient un morceau studio, surprise, sur la BO de South Park, logique imparable mais coup d'un soir sans lendemain. Reformation durable et certifiée par quelques tournées (rappel toi la villette sonique) courant 2000, l'annonce d'un nouvel album se dessina plus rapidement que prévu. Devo en studio avait largement perdu de sa superbe aux yeux des critiques qui n'y voyaient plus la fraicheur et la pertinence. Shout et ses petits frêres ne séduisaient plus autant que Freedom Of choice. 20 ans de trous, et la moitié d'une discographie à réparer. C'était le pari.
Ce que les amateurs de rock auront guetter rapidement, c'est l'embrigadement de Josh Freese. On l'avait déja vu taper les peaux de chèvre synthétiques en vrai, on ne pouvait que rêver de son implication dans la compisition des représentants de la Devolution. Pourtant, c'est à se demander si sa frappe a réellement été mise à contribution. Le son de batterie est la plupart du temps électronique, précise et mécanique... De là à penser qu'il a largement été secondé par une boite à rythme, il n'ya qu'un pas. On annonçait aussi Santigold, nouvelle égérie du rock mongolo alternatif (muse de Devo, Beastie boys...) à la prod, ce qu'elle n'effectue que sur un morceau au final. En fait, tout est dans le titre: y'en a pour tout le monde: les fans qui s'y retrouveront sur quelques morceaux, les fans de rock sautillant/pénibles y verront du génie, et d'autres salueront quelques passages de bravour au clavier. Mais on pourra aussi pointer du doigt des passages pas si loin d'un Benny Benassi, et des morceaux franchement faibles, tout simplement. Ce qui ressort de cet album, c'est que Devo court après ce qu'il a créer, et semble plus souvent s'imiter que se transcender. Au milieu de quelques réussites, on a l'impression de voir le groupe se parodier et chercher à convaincre via une formule qu'il a mis au point il y'a plus de 30 piges, mais qui a été pillé par d'autres, et qui a défaut de faire mieux ont tout simplement rendu tout cela un brin vulgaire.

Cadence Weapon - Sharks & Speech Debelle - Better Days

Toujours dans cette optique Hip hop moderne, salissant les flows avec des sonorités électroniques, voire complétement spatiales (on pense au dernier Antipop Consortium), Cadence Weapons balance en 4 minutes refrain envolé se frottant à des couplets crades, avec basse groovy puis basse salie. La formule marche divinement d'ailleurs et son électronique crado offre un écrin parfait à son flow lassé. Vu la lourdeur et la saleté des basses distordues, on s'attendait en voyant "dirty version" à quelque chose d'encore plus massif voire noise, te collant une mornifle d'infrabasses. Pourtant la dirty version est en fait une version beaucoup moins massive
du morceau, bien plus électronique d'ailleurs, où la voix se pose en contre poids total face aux sonorités foutraques.
A l'inverse Speech Debelle joue dans une cour largement moins artificielle et cette londonienne vise à faire passer un message d'un hip hop beaucoup moins bardé d'effets. Sur
better Days, les instruments sont foncièrement rock, avec cette guitare acoustique, ces quelques notes parsemées et cette batterie qui cogne drolement bien. Le flow de Speech Debelle (c'est une femme, pour enlever tous les doutes) est intelligible et se rapproche parfois dans les sensations que procurait Illmatic de Nas, version européenne. La musique est foncièrement pessimiste, les mélodies entetantes (guitares de Where do we go?) sont le support des paroles dites conscientes de la demoiselle, peignant un tableau de sa propre vie. Quelque chose de foncièrement adolescent donc, que l'étalage de desespoir sur mélodies tristes, mais à part deux trois violons en trop, les deux morceaux du maxi (declinés en radio edit tronqué comme à l'accoutumé et en version instrumentale pour Better days) sont efficaces. Il manque encore un peu de mordant à cette demoiselle pour que l'angleterre ait leur Casey. (Big Dada)

jeudi 15 juillet 2010

Les yeux de la tête - Nerf

Si on vous parle d'un trio basse/batterie/saxophone, qu'est ce qui vous vient le plus immédiatement a l'esprit? Painkiller. Avec leur nom typé Ska/chanson française, leur artwork qui rappelle un peu les hurlements de léo et la promo qui atteste "entre jazz et rock" ils étaient mal barrés. Pourtant c'est plutôt du côté du supergroupe Mick Harris, Bill Laswell, John Zorn qu'il faudra chercher pour une affiliation brute et débile. Les yeux de la tête voulaient à la base faire des reprises de Zappa. C'est tout à leur honneur. Mais Nerf rassure immediatement. Nerf est une syncope, les doigts dans la prise. Epileptique et chaloupée, leur musique ne laisse pas vraiment de temps mort et nous embarque dans une nausée musicale complétement maitrisée. Là où la batterie tappe fort, dans une production albiniesque des maisons, la basse arrange à elle seule les phrases mélodiques cycliques et redondants. Ca groove et ça swingue, pendant que le saxophone construit à lui seul les ambiances filmesques qu'il détruit aussitot. Il sautille et s'éteint dans des soubresauts électriques. Feutré comme déjanté, l'instrument se permet de visiter bien plus de contrées que celui de Zorn. J'espère ne pas être le seul à penser que dans Painkiller, c'est d'ailleurs cet instrument là qui pêche le plus de par sa redondance, Zorn ayant pour habitude d'incessants couinements qui peuvent irriter à la longue. Ici il est à la fois un accompagnement, un catalyseur de violence, un souffleur de calme et un moteur de lyrisme bienvenu. Des morceaux à la durée courte, qui n'aboutissent au final sur rien. Ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage pour y arriver, et c'est là ou excellent les yeux de la tête, dans cette façon de jouer avec nos nerfs, et de nous perdre dans des compositions aussi efficaces qu'elles peuvent paraitre sans queue ni tête. Redoutable album qui permet de jeter un pavé dans la mare de cette scène noise rock mathy qui commence à largement tourner en rond (pneu et ses comparses). (Head Records, Rude Awakening)

mercredi 14 juillet 2010

MADLIB MEDICINE SHOW #6: The Brain Wreck Show

On arrive déjà a mi parcours du défi Madlib –un disque par mois, on le rappel- et le constat est plutôt bon : depuis le 4ème volume, la qualité est franchement au rendez-vous. Les objets sont de plus en plus soignés, complets. Outre cette pochette qui amusera la caissière de votre dealer de dr…disques, l’intérieur est encore plein d’illustrations et gavé de textes accompagnant l’audition rigoureuse de ce disque. Ce volume est dédié au rock, au psyché, au prog et au « hard » des années 60-70 que Jackson a accumulé dans sa fameuse pile de 4 tonnes. Prise de risque, on sait que même si les fanatiques de Stones Throw ne sont pas limités dans leur écoute, le public hip hop a parfois quelque réticences à s’engager dans un disque « rock ». Considération sotte passée, reste cette compilation fort agréable qui a des allures de volume supplémentaire d’une collection Finder Keeper.

lundi 12 juillet 2010

Woven hand - The Threshingfloor

David Edwards est un artiste fascinant. Depuis le premier disque de 16 Horsepower jusqu'à aujourd'hui il mène sa barque musicale là où il veut. Il fait sensiblement la même chose à chaque fois, tout en le faisant sonner differemment. Les influences restent les mêmes, comme si le gazier habitait dans sa campagne américaine, qu'aucune actualité musicale ne le touchait et qu'au final il se repassait inlassablement ses vieux vynils poussiéreux. Ses vynils de country, de folk, d'americana, mais aussi de quelques canons de post punk et de new wave. C'est pourtant faux, David Edwards bouge, tourne avec ses groupes, vient même nous visiter dans notre vieille Europe, et doit donc obligatoirement faire des rencontres. Mais rien ne fera basculer sa vision et son parcours. Un parcours qui semble tout tracé, qui semble savoir où il va qu'importe ce qu'il se passe. David Edwards ne politise pas son discours, sa musique. Il ne la salit pas avec les modes passagères. Sa musique est religieuse, et ce depuis le tout début. Woven Hand est la dernière incarnation de la vision de cet homme, de ce shaman moderne. Rien de bien différent que sur Mosaic, qui était l'apogée de l'art de Woven Hand. Rien de bien différent donc, mais pourtant chaque morceau laisse une trace indélébile dans nos oreilles et dans notre coeur. Un message de spiritualité, gravement nostalgique et sacré. Woven hand a la foi. The Threshingfloor est cette musique de bouseux qui ont appris à croire et à exprimer leur penchant. Cherchez la spiritualité où vous le souhaitez. Il n'y a de Dieu que là où on veut bien le trouver. C'est là le but d'une expérience mystique d'ailleurs. La terre d'où l'on vient, le respect pour cette nature qui nous entoure, et qui est la présence de Dieu ici bas.
Encore et toujours un artwork cartonné pas forcément compréhensible mais fascinant, ces choeurs poignants, ces intonations d'une rare justesse, ce langage parfois incompréhensible. The Threshingfloor respire, c'est un être vivant qui s'exprime, au travers de sa folk mystique et apaisée. Les tourments de 16 Horsepower ont lègérement disparu. Woven Hand a trouvé sa voie, et ce grace à la voix et David Edwards, souffle divin sur une musique désolée. Quand Edwards chante, ce sont 10 chants qui s'expriment à la fois. Une production, des effets, jamais je ne comprendrais d'où provient cette sensation mais ce n'est pas un mais dix Edwards qui te cernent de toute part. Aucune fausse note, aucun passage à vide sur cette musique du coeur, qui atteint des moments de grâce palpables, notamment sur behind your breath. La vérité est dans cette musique, fascinante et à la fois si simple. Ca n'est d'ailleurs pas pour rien que Woven Hand reprend cette fois ci non pas Joy Division mais Truth de New order, présente sur Movement, le premier disque postérieur à la mort de Ian Curtis. Froide et clinique, Woven hand lui redonne un corps qu'elle ne possédait pas, fantomatique morceau sur lequel plannait la mort d'un être cher. The Threshingfloor est une force, un levier. Son principal artisan est un prophète.

samedi 10 juillet 2010

R;Zatz - Vagina Rush EP

R;Zatz, j'ai mis une paye à comprendre ce blaze. Finalement il confirme que le but d'un blaze est de prendre un mot français compliqué et de le hacher de façon à le rendre illisible. Essayez de le prononcer devant votre miroir, vous verrez tout prend son sens. Derrière ce blaze pourri se cache une demoiselle. La demoiselle en charge du studio Jarring effect d'ailleurs. Celle qui a vu passer des groupes tous aussi talentueux les uns que les autres et qui a masterisé leurs disques. De lautre côté, elle s'essaye à une carrière artistique. Cet Ep est donc la conclusion de certains travaux de la demoiselle (plus facile à tapper que R;Zatz) aux côtés d'artistes la rejoignant dans son antre. Premier constat, elle semble marquée par son statut de femelle. Oui, on force le trait de caractère car elle le revendique, et que si jamais elle finissait par lire ces lignes (bien lui en prendrait!), elle pourrait peut être laisser un commentaire houleux pour protéger la gente féminine. Vagina Rush, pourquoi pas. En tout cas le titre est évocateur, et a le mérite de faire sourire tout comme angoisser. Vous visualisez un peu un rush de vagins vous?
Musicalement, on oscille entre une fascination pour le hip hop assumée et un amour non renié pour les musiques planantes. Le hip hop d'abord, avec quantités d'invités de grands noms. On citera Ben Sharpa, qui est decidemment partout dernièrement, High Tone notamment, avec un flow rageur et desespéré, qui en veut à la terre entière, et qui réalise ici une prestation assez hallucinante. On a aussi droit à K-The-I, en vaurien échappé de Big Dada, toujours dans les bons coups et dans les associations musicales étonanntes. Pour finir la voix de la demoiselle (on suppose que c'est elle) est trés plannante, aux limites du phrasé parlé à consonnance dub, une version réussie de la copine de Zenzile (Complétez les trous, ça m'interesse pas).
Les productions, et c'est là où la demoiselle fait des miracles oscillent entre destructions hip hop et phrasés mélodiques proches du trip hop, avec des incursions noisy volées à Picore, comme si elle s'était abreuvée des sonorités variées des gaziers passés dans son studio. Le premier morceau est un tube comme rarement il s'en fait, avec une mélodie douce et vengeresse sur des beats enfumés, kick basse ronronnant et le kit rythmique qui fait des siennes. On aurait bien vu Oddateee se greffer là dessus, lui et son mal être qui n'en finit plus.
Puisqu'elle semble insister dessus, on va en rajouter une couche aussi, et il semblerait que sa touche féminine, son vagin, rushe le disque de sa sensibilité. A l'arrivée, un excellent ep pour une touche des machines proprement juste. En espérant qu'elle fasse la vaiselle. (Jarring Effect)

vendredi 9 juillet 2010

E1000 - Your Elephant Training Program EP (CKK009)

Votre programme d'entrainement pour les éléphants. Ceux que vous possédez chez vous. Ceux qui ne captent que la lourdeur des basses. Apprenez lui à faire pleins de choses savoureuses: sauter chez vous, faire un moonwalk, balancer l'arrière train, aller en boite de nuit et saturer le dancefloor. E1000 (à prononcer i one thousand pour éviter les blagues pourries en soirée) vient du Quebec et est une des découvertes et coup de coeur lors du voyage d'un Kito Kat là bas. E1000 se proclame Dubstep, et c'est loin d'être couillu de nos jours. Pourtant c'est au fond ce qui lui sied le mieux. Pas d'apparats ou de fausses etiquettes, Emile (et oui, la fameuse blague que l'on m'a sortie, se reconnaitra qui voudra, n'est pas loin de la réalité) Gauthier joue des rythmes et des basses au cours de cet EP. Premièrement edité en 2009 sur un label qui m'est inconnu (les ondes carrés), Chez Kito kat le réedite pour les francophones de par ce continent là. Forcément les jeux de basses fréquences et de rythmes lourds ne sont pas des plus originaux, mais bizarrement, E1000 s'entiche d'une etiquette visqueuse un peu collante qui ne lui sied pas forcément si bien que cela. En effet, les moments de gloire de son EP sont dans ce contraste qui jalonne sa musique, entre nappes synthétiques trés froides et typées electronica, aux limites du psychédélisme même (cold silence) et raclage de parquet pour rendre le tout plus chaleureux. On est pas si loin des musiques dub electroniques à la française d'ailleurs, quittées de toute humanité et de tout ce coté roots qui la rend si ennuyeuse. Imaginez Mick Harris sur son dernier album (mon collègue en reparlera surement, mais c'est un disque qui s'intègre parfaitement dans son époque tout en revendiquant le leg dont il est le fondateur) qui se serait fasciné un peu plus pour les mélodies. Emile Gauthier a l'humour en plus, cette touche débilo mongoloide qui enlève toute le sérieux en trop d'une musique beaucoup moins intellectuelle que certains veulent bien nous le faire croire. Là ou sa musique est pleine d'intelligence, où ses beats sont clairement agencés de manière savante, où ses mélodies et ses rares envolées oniriques sont placées dans un but clair, son artwork est déphasé, tout comme ces samples d'elephant nous rappelant ce pourquoi nous sommes là (Rebellion Dance). Le premier tube immédiat reste before, after, now, déjà présent sur la compil Kito Sounds 2 et déjà une première sommation de ce dont était capable le bonhomme. Le deuxième, mais surtout le morceau imparable, du genre à se le passer en boucle jusqu'a ce que galette ne chauffe trop est ce timetotalk tout en finesse: tempo lent, raclage de beat qui ne cesse de tourner, deux notes boisées et nappe chatoyante qui s'envole par dessus. La magie opère au travers des savants allers retours. Une petite demi heure au quebec, là où la musique festive est différente, tellement plus intelligente. Dommage que parfois le son manque de profondeur et sonne un peu trop numérique. Gageons que la prochaine sortie gagnera en épaisseur et nous écrasera les dents sur le carrelage. (Chez Kito Kat)

jeudi 8 juillet 2010

Two Fingers - That Girl

Two Fingers est la rencontre d'Amon Tobin et de Joe Chapman, alias doubleclick. Amon Tobin, lassé de ses musiques électroniques pour fumeurs de joints fan de ciné cybernétique veut ici donner une base électronique à un hip hop. Le projet a pris jour en Angleterre, chose qui ne se sent à priori pas à l'écoute de ce maxi, bien plus festif dans les arrangements sonores que la grisaille habituelle. Certes, les thématiques abordées dans ce morceau sont typiquement urbaine (une demoiselle qui aime dépenser argent, temps et efforts dans la prise de pastilles?), mais le tout sonne presque dancehall par moment, et le radio edit n'est qu'un piètre aperçu de la force de frappe de ce morceau qui se dévoile entiérement dans sa version album. Apreté et rugosité des rythmiques se cognent face à des claviers festifs et cuivrés. Les vocaux de Sway (invité pour l'occasion) rebondissent sur la musique et se bardent de différents apparâts, en modulant vitesse et intonations. Two Fingers est une version hip hop salie par les beats électroniques voire dubstep ou grime. Aucune trace ici des influences sonores d'Amon Tobin qui se révèle être un producteur caméléon. Le premier remix, réalisé par Spor est une version Dubstep (Big beat avec des basses dantesques?) du morceau, bien plus axé sur les riffs et les variations rythmiques. Passé la première moitié trés anglaise et conventionnelle, la deuxième partie du morceau accèlère dans une version Rave (à la Prodigy époque Music for the jilted generation) complètement folle, où les beats combattent des claviers ethérées et insectoides en fond. Folie. Ce remix vaut à lui tout seul l'acquisition du maxi, tube électronique 90's improbable. Pour terminer, un remix 8bit de High Rankin, assez indigeste. (Big Dada)

mercredi 7 juillet 2010

Deftones - Diamond Eyes

Mon collègue parlait de ces albums avec une histoire récemment. Deftones en auraient pas mal à raconter. On a la sensation que chaque album postérieur à White Pony a été acouché dans une douleur extrème, comme retiré de leur géniteur agonisant. Deftones meurt pour renaitre à chaque album. Si le précédent disque était marqué par les tensions internes d'un groupe se dirigeant dans des directions opposées, d'un groupe conservé intact depuis sa création il y a 20 ans (et c'est assez rare pour pouvoir le signaler), celui ci a vu un groupe qui au contraire s'est resoudé comme jamais. Resoudé grâce à un évenement qui leur a surement fait se rendre compte de la beauté de pouvoir jouer avec des vieux amis depuis si longtemps et de vivre de cette passion: l'accident de Chi Cheng, leur illustre bassiste. Le groupe avait quasiment bouclé l'écriture d'Eros qui selon leurs dires finira par sortir (et on est bien curieux de l'entendre). Pourtant lorsque leur ami de toujours a sombré dans le coma, c'est par réaction face à cet accident qu'ils ont décidé de se reprendre en main et de composer un tout nouveau disque, en s'entourant de Sergio vega (Quicksand) à la basse. Une réelle cure de jouvence. Lassé de rabacher les non sens tel que "plus lourd que celui d'avant", "retour aux sources", Deftones compose cette fois ci dans l'urgence, avec une énergie débridée et une envie palpable de faire ce qu'ils ont toujours fait: un rock lourd et mélodique. Un rock teinté des grosses guitares de Carpenter (jusqu'ou ira t'il dans le nombre de cordes? sic) qui se veut une synthése de ce qu'ils aiment: le métal, le rock des années 80, le hip hop, la new wave, les belles chansons. Jamais on aurait pensé entendre un disque si frais de la part d'un groupe qui nous donne la sensation depuis 10 ans que chaque disque sera le dernier. Quarante minutes carrées sans aucun temps mort, mis à part peut être un rocket states un peu lassant, un disque direct en forme de bloc où rien ne parait s'extirper lors des premières écoutes. Deftones épuré au maximum, sur un livret tout noir et blanc où seules les paroles sont écrites et en dessous des remerciements un "Chi, we missed you dearly in the making of this record, you're in our minds always, hope to talk with you again soon, buddy, Love, Chino, Steph, Frank and Abe." Des morceaux pleins d'optimisme, romantiques à souhait, toujours dans cette veine Smashing pumpkins rencontre Will haven avec leur patte unique. Un disque en forme d'espoir cathartique, comme si composer leur avait été nécessaire là où par le passé ils avaient pu nous donner la sensation de garder en vie l'entité par nostalgie et par obligation. Deftones était devenu la corvée de ces cinq types et aujourd'hui, Diamond eyes débarque de manière inespérée, en insufflant un second souffle à un groupe qui finalement a su tirer artistiquement le meilleur de ce qui leur est arrivé. Abe Cunningham surclasse de sa batterie l'album, sa frappe se fait toujours fantastique, à la fois dure et envolée, dans un style unique; Frank Delgado est définitivement "M. tient la barraque du son deftones" avec ses samples parsemés intelligemment qui réhaussent la majorité des morceaux sans jamais envahir l'espace sonore des autres musiciens. Chino n'a finalement peut être jamais aussi bien chanté, ou a du moins retrouvé une envie et une fluidité dans son art, chose que l'on croyait perdue et à jamais reservée aux disques de Team Sleep (ne pas oublier que le précédent disque avait été pour lui un calvaire et ses lignes de chant ont failli ne jamais voir le jour). Diamond eyes possède cette étincelle et cette alchimie qui rend ce groupe unique. Du coup, maintenant on attend le réveil de Chi, la sortie d'Eros, et on se prend à recroire au futur pour ce groupe.

mardi 6 juillet 2010

Psychotic Reactions Vol 1

öfÖ Am est un groupe qui fait beaucoup parler de lui dernièrement, que ce soit rapport aux tournées mais aussi avec leur investissement dans la scène française. Leur initiative est à saluer. A leur manière ils militent pour ce qui leur tient à coeur. Le sujet du jour donc: le rock lourd, car c'est bien ce qui les tient en vie. La restriction du sujet du jour: la scène française. C'est en partenariat avec Head Records d'abord (decidemment très en vue au niveau des sorties françaises interessantes du moment dans le milieu rock: Microfilm et Café Flesh en tête) et moultes autres associations qui les soutiennent quasiment toutes inconnues, sauf Metalolgie (j'ai un passé/passif avec eux). Psychotic Reactions se veut fédérateur et surtout une sorte de lancement de quantités de projets autour de cette compilation. A l'heure où cet article paraitra, certains seront d'ailleurs déjà passés, avec des concerts en forme de mini festival. Bien entendu, jamais les 20 acteurs de cette compil ne seront réunis. On parle de 17 formations françaises à tendance rock lourd et 3 américaines, dont le fameux nom de Karma to Burn. Quoi de mieux comme projecteur pour ce joli projet que LA formation la plus en vue du moment, dont tout le monde parle comme des messies du stoner rock. Jamais ecouté par chez moi avant leur morceau d'ailleurs, insipide qui plus est. Peut être pas la meilleure prise de contact, mais la dernière. Ca sera aussi la seule ronchonnerie du jour, car cette compilation est une belle initiative comme on les aime par ici, qu'elle présente une cohérence à toute épreuve et que dans cet amas de lourdeur hard rock/stoner/grunge ressortent quelques morceaux des mieux sentis. Première claque donc avec los disidentes del Sucio Motel, mélange entre Nirvana (les vocaux du début) et un son desert qui passe crême dans les enceintes. Mélodie qui roule, rythmique qui déroule, autant dire que c'est le genre de morceau rock qui va là où on les aimerait plus souvent. Mudweiser interpelle. J'en entends parler depuis des lustres, depuis leurs premiers concerts à Montpellier, avant même leur première sortie physique. Reuno de Lofofora en chanteur redneck sur un groupe typé stoner! Je n'y croyais pas, pourtant c'est le cas. Ca parle de cocaine, et bien que ça n'égale pas Lemmy, ça groove terriblement. Decidemment cette reconversion est étonnante et foudroyante.
café Flesh aussi m'interpellait, et à raison. Leur version noisy epileptique et eructée, à fleur de peau et de toms est impressionante. Leur présence sur cette compil est d'ailleurs plus une forme de soutien plus qu'une réelle affiliation à un mouvement quelconque. Café Flesh éreinte et joue avec les tempi autant que les mélodies sont fines et déglingués. Du coup l'album passera dans mes filets.
Ofo Am ou les instigateurs du projet sont les disciples de Kyuss (les choses se passent à Montpellier decidemment!). Dans la mélodie comme dans le son. Un peu trop d'ailleurs. Vu que ça faisait longtemps que j'en avais pas taté, leur morceau qui carbure (il y a une satané coupure d'un millième de seconde qui m'empeche de savourer le changement rythmique, c'est pareil sur votre version?) devient une tragédie dans mes enceintes. Putain de tube.
Dismo a le mérite de sortir de la torpeur qui s'installait quelque peu (pour quelqu'un qui n'écoute plus trop de musiques lourdes, s'enfiler 20 titres de hard n'est plus de tout repos). Un morceau aux limites du hardcore avec un break fantastique qui me rappelle au mieux One Eyed God Prophecy au pire Kickback. Riffs entetant, lourdeur implacable, vocaux hurlés, miam.
Mars Red Sky pour le dernier morceau français renoue avec les ambitions initiales sabathiennes, dans une veine doom trad des maisons. Même si le prochain Jex Thoth sera excellent, ca vous empeche pas de tater ce morceau.
Le mot de la fin c'est qu'on ridiculise les 3 ricains (même Year Long disaster sur lequel pignole se passe ne convainc pas), qu'on livre pleins de tubes, que le projet sent bon, que je suis sur qu'il y a énormément de chics types la dedans, et que les titres en orange surlignés gras sont illisibles. Plus d'infos sur www.stonerrock.fr (Head Records)

lundi 5 juillet 2010

RAMMELZEE (1960-2010)

On est pas franchement coutumier de la rubrique hommage, mais cette fois-ci, c'est un bout de légende, un vrai, qui est parti. Et pourtant, Rammelzee ne fait pas parti des icônes fulgurantes comme Jay Reatard mais plutôt de ces artistes de l'ombre comme Steve Reid (pour prendre deux absents de l'année). Et encore. Rammelzee est de ces gens qui sont en permanence là, qui ont contribué dès le début à une histoire mais qui n'ont jamais pris un coup de projecteur sur le front. Rammelzee était au tout début du hip hop, sous toutes ces formes, et il a opéré depuis la fin des années 70 en sortant de timides disques de musique folles, électroniques, inclassables, ou en participant parfois à des projets d'envergure, comme le fameux album de Material où Laswell s'était entouré de la crême du hip hop indépendant. Bref, un homme sans visage pour qui, malgré ça, tous les artistes qui savent, ont une pensé (cf. ne serait-ce que le site de Stones Throw). A tel point d'ailleurs que presque aucune photos de lui ne le montre à visage découvert (il y'en a), mais plutôt masqué par son affreux déguisement. Un Tetsuo du hip hop. Pour voir son visage, on consultera le livre de Martha Cooper qui retrace les premières heures du hip hop ("Hip Hop Files") où il apparait, notamment avec son frêre ou avec son posse de breakers. Et on constatera amérement, qu'à la prochaine édition du livre, Rammelzee sera inclus dans la section "RIP" à la fin de l'ouvrage, côtoyant à nouveau ses paires, de Keith Hearing à Jam Master Jay en passant par Jean Michel Basquiat.

Andy Statman & David Grisman - Songs of our fathers

Une musique qui a traversé les âges comme les pays, qui a vibré au coeur d'un peuple, qui les a fait vivre, qui leur a donné de l'espoir comme les a fait danser, une musique dont les mélodies semble être millénaires et ne vieilliront jamais. C'est le but de ce disque, les chansons de nos pères, celles qui ont bercé nos oreilles, celles qui nous ont fait grandir musicalement et celles qui nous ont empli le coeur de joie dans les pires moments. Andy Statman et David Grisman sont des mandolinistes de talent, issus d'une scène bluegrass destinée à se perpétuer en cercle plus que fermé, scène consanguine au peu d'air et de renouveau. Statman est d'ailleurs l'èleve de grisman, en vieux roublard de la scène. Ce qu'ils essayent de faire vivre au travers de ce disque, ce sont les melodies d'une tradition juive, de la musique klezmer. Celle ci est d'ailleurs un moyen de retrouver la spiritualité, en somme comme toute musique religieuse. La musique klezmer est d'autant plus chargée en héritage du fait que c'est la musique de voyageurs, un gros melting pot entre musique de l'est, musiques tziganes et tradition originelle. Une musique ou violons se mèlent aux clarinettes dans des melodies souvent d'une rare beauté, se faisant un plaisir d'accentuer la tristesse des mélodies tout en accélérant le tempo. Si on ajoute aux deux joueurs de mandoline le talent à la clarinette de Statman, quelques basses, un tuba pour plomber l'ambiance et quelques violons qui couinent, on obtient une fidèle image de ce qu'est cette musique chargée de pouvoir mystique et de tristesse sans fond. L'hommage est brillant, fait par de bons musiciens, et le plaisir qui se ressent à l'écoute est directement proportionnel à celui qu'ils ont du avoir à la jouer. Songs of our fathers est la musique pour les gens desespérés, la musique qui chante la lourdeur de leur coeur, la musique pour les exilés, pour ceux qui souffrent. C'est surtout une musique qui gonfle le coeur de ces laissés pour compte et qui leur permet de trouver un second souffle. Comme elle l'a fait pour ses compositeurs finalement.