jeudi 30 juin 2011

ATARI TEENAGE RIOT- Is this hyperreal?

Plaisir coupable de l'été, je sens une curiosité adolescente se concrétiser en ce mois de juin. Je me souviens d' Atari Teenage Riot prenant en otage tous les journaux musicaux en été 99, à l'occasion de la sortie de leur album "60 seconds wipeout". Rage, Rock'n'Folk et ainsi de suite. Tout cela me semblait certes amusant mais vain, et se dire politiser à excès me paraissait un peu facile pour justifier une crétinerie musicale discutable. Je me contentais de quelques morceaux éparpillés sur des samplers, des cassettes, des CDr et des BOF. Depuis j'ai découvert Alec Empire dans d'autres configurations, et certaines valent largement le détour. On mentionnera rapidement Low On Ice, son disque de jazz moderne, sa collaboration avec Techno Animal, celle avec Merzbow, son dernier solo ou son mix pour Staubgold.
ATR s'était éteint avec le décès du MC historique du groupe, Carl Crack, et la séparation avec Hanin Elias semblait déjà bien entamée (cf. les interviews récents). C'est donc avec sa muse Nic Endo, maîtresse du bruit qu'il réactive ATR, complété par Cx Kidtronik, signé chez Stones Throw et responsable de quelques coups fumant avec Reznor et Saul Williams. Dès les premières secondes, pas d'erreur, Atari Teenage Riot sonne comme il y a 10 piges et la formule "tr 909, sample de guitare, hurlements" reste la même. Plus débile que subversif, de fait. Mais Empire, seul rescapé de la formation première s'est acharné à faire sonner ce disque comme si il avait 15 ans, alors le charme désuet et gentiment balisé du champs d'action fonctionne correctement, jusqu'à ce final totalement grossier au refrain qui ressemble à un chant de stade de foot. Pourtant, entre les premières mesures type Rave Party glauque en Bavière et le final de supporter, malgré quelques coup de BaR digne d'une animation de fête foraine et des samples de guitares parfois aussi charmants qu'une démo bontempi, l'album s'égare parfois dans une sorte de chaos obscur et instable où Endo semble tiré le tout vers le haut- à l'image de la pochette: le groupe semble s'éloigner de son visuel pochette en .gif et ninja hystérique pour quelque chose d'un poil plus sobre, sinon de plus esthétique. De timides mélodies esquissées ici et là, guidées par la voix de la dame permettent au disque de surnager au delà de sa vulgarité pour offrir quelques moments brillants. Une sorte de musique compacte mais opaque se forme, et les pauses et accalmies viennent enrichir le tout. Musique inepte, certes, mais pas totalement stérile. Plaisir coupable jusqu'au bout.

mardi 28 juin 2011

TYLER, THE CREATOR- Goblin

Consécration ? Ou implosion du buzz qui aura gonflé jusqu'à l'excès ? Tyler se fait donc publier par XL, label glorieux de l'époque rave hardcore qui signe depuis le début du millénaire pleins d'autres choses, pour assurer la première sortie physique d' OFWGKTA. La formule n'a pas changé depuis son premier album dispo gratuitement. Tyler, tête pensante et première star du posse fait un hip hop minimal et monodoigt. Plus simple. Mais il se débrouille, et on se laisse prendre par ses instrus aux beats anguleux, à ses sons de films gores pour ado, à ses basses carnivores mais creuses. De sa voix si singulière (seulement 20 piges), il baigne dans les eaux d'un rap glaviotant entre provocation gratuite à punch line décisives et regrets d'adulescent. La force de Tyler, et il l'a bien compris, c'est que son discours séduit bien au delà du raisonnable. L' OPA sauvage a marché, les mecs peuvent clamer que le fric est secondaire, c'est déjà la guerre dans les rédactions, sur les blogs. Odd Future évolution ou révolution ? Un mix des deux. Evolution car le son gentiment niais qui tourne en rotation lourde sur les ondes se prend un coup de pompe au cul. Le hip hop teigneux se déploie. Révolution car on aura beau prendre ce disque dans tous les sens, il n'apporte strictement RIEN de nouveau. De Sensational à NORE, de Gravediggaz à Mr Dead, ressortez vos Wu et vos Wordsound, repassez vous vos Neptunes, vos Can Ox, écoutez attentivement, sérieusement, tout est déjà là. Un beau 360°. Et la grande faiblesse de ce premier disque véritable se révèle lamentablement: Tyler a trop tiré sur la corde et on arrive péniblement à la moitié de l'album, exténué pas ses poussives extensions, et on remarque qu'il en reste tout autant à se taper. L'album s'étire, en devient écoeurant, éreintant. Alors tout le monde se prosterne devant le posse mais ce premier coup se plante. Et c'est peut-être en s'injectant homéopathiquement les 3 morceaux de l'édition bonus -sur un cd à part- qu'on arrive à apprécier dans son ensemble un disque entier de Tyler.

lundi 27 juin 2011

Insidious de James Wan

Insidious est un film postmoderne par excellence, jusque dans ses pires défauts. Le productif James Wan, à l'origine de la franchise trashporn Saw dont il a brillamment réalisé le premier épisode continue son exploration du cinéma d'épouvante des années 50 et 60 avec cette histoire de maison (ou d'enfant?) hantée. On l'avait déjà remarqué dans l'essai passé inaperçu Dead Silence où il mélangeait son amour des poupées (clin d'oeil à celle de jigsaw) et des brumes inquiétantes. Si Dead Silence n'a rencontré aucun succès, tant critique que public, il a tout de même permis à Wan de prendre très rapidement le large et de briser (en partie) le lien qui l'unit à Saw. Il en fut de même pour son compère, Darren Lynn Bousman qui rendît (mal) hommage à The Rocky Horror Picture Show une fois débouté de Saw avec Repo (un échec lui aussi).

Bref, tout ça pour dire que Insidious est un ouvrage postmoderne complet. Comme nous venons de le dire, il s'inscrit dans la lignée des films citations ou des films hommages, qui lorgne vers quelques classiques en s'en accaparant les codes pour mieux les transcender. On retrouve ainsi du Poltergeit et des ambiances à la Carpenter. On ne peut pas non plus s’empêcher de penser à La maison du diable de Robert Wise (pour ceux qui ont vu l'horrible remake qu'est Hantise, ceci est l'original) ou encore à La malédiction, film culte de Richard Donner. Wan aime les portes qui claquent et qui grincent, les bruits oppressants de balancier (la pendule, le métronome, le cheval à bascule), les enfants qui errent seuls la nuit, les fantômes et les diables velus à sabots... Tout cela rend la première partie du film particulièrement réussie et parfois un tantinet prétentieuse (lorsque les auteurs se citent eux même ça fait mauvais genre: la tête de jigsaw sur le tableau...).

Seulement il y a de mauvais versants à cette tendance artistique. Que Wan verse parfois dans le mélodrame familial passe encore, les codes narratifs hollywoodiens ont tellement éreintés les quelques irréductibles qui les haïssaient qu'on a fini par faire semblant de s'en accommoder. Mais qu'il se refuse à porter son film avec sérieux est bien plus dérangeant. A mi parcours, se rendant certainement compte que la fin du film virerait au grand guignol, Wan saborde le sérieux et convoque une autoparodie mal venue et indélicate. Le charme est dès lors rompu et il est difficile de rester apeuré devant ce qui suit. Deux guignols tendance geek rigolo débarquent dans la maison avec leur attirail et se chipouille le moignon pour savoir lequel est le plus utile à la résolution de l'histoire... On s'en serait passé.

Cette parodie est d'autant plus ennuyeuse que jusqu'à son intervention, on était saisi par l'effroi et les effets particulièrement réussis du réalisateur. Malheureusement, il est plus aisé de saborder un ton que de le tenir jusqu'à son terme. Ring par exemple, d'Hideo Nakata: pas une concession au burlesque, pas un soubresaut comique déplacé, rien qu'une peur glaciale qui s'installe lentement jusqu'à son apothéose finale. Autre exemple, The Horseman de Steven Kastrissios: une violence froide, très premier degré, sans répit, sans décalage, un film frontal et dur au corps. Des films qui s'assument quoi et qui ne reculent pas devant le genre auquel ils se frottent. C'est ce qu'on aurait voulu voir dans Insidious.

mardi 21 juin 2011

UNSANE, Maroquinerie

En première partie, un duo guitare/batterie qui joue un rock noise hystérique, par deux mecs qu'on imagine bien se refiler les disques Skin Graft jusqu'a écoeurement et qui jouent dans le public et non sur scène. Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ?"Lightning bolt" ? Comment oses-tu, fumier ?

Depuis leur reformation en 2003, je ne crois pas avoir raté un seul des passages d' Unsane à Paris. Pourtant c'est seulement la troisième fois que le trio se pointe en formation "comme sur le disque" depuis 8 ans. Will Sharff de Keelhaul s'en est allé, et le basseux de Cop Shoot Cop aussi, laissant place aux seuls Unsane, les vrais, ceux qui empestent le New York pur jus et qui incarne une autre image de la ville, celle urbaine et sale, loin des groupes en tees trop courts et aux coupes de cheveux Woodstock. Je ne pensais pourtant pas revoir un jour Unsane au complet sur scène, entre les projets des uns (Celan, Pigs, Cutthroats 9, Paradise Club et Storm of light -merci, Vinnie s'est tiré de ce guet apen malsain) et l'éloignement géographique (Mexique, Berlin...) rendant une hypothétique suite à l'aventure assez incertaine. Peut-être la toute dernière tournée, ceci dit. Qui sait ?

Spencer semble assez statique sur scène, mais il n'oublie pas de remplir un grand saut de fluides corporels, à ce niveau là, c'est de l'art et en plus c'est syndical. Le seul membre d'origine du groupe a troqué son frigo d'ampli contre deux petits combos Fender, le même truc redoutable qui équipe aussi son camarade d'Oxbow ou encore KK Null avec Zeni Geva: approuvé par la crême du bruit rock'n'roll "worldwide". Peut-être aussi que c'est plus simple à trimballer tous les 3 mois entre Berlin et Brooklyn. Du coup, avec son équipement aussi impressionnant qu'un groupe amateur à la fête de la musique, il prend en traître. Quand il ne tord pas son manche (?) il gratte et c'est baveux qu'il dégomme quelques paires d'oreilles.

Curran est donc de retour. On l'avait aperçu avec Porn, nous rassurant sur l'état de son visa, aussi sur son approche de la 4 cordes. Si son absence est moins remarquable que celle de Signorelli, Curran prouve qu'il est au même titre que ses deux compères une partie de l'identité "Unsane". Sans l'un des trois, le groupe n'est plus le même. On vient voir le trio, on les regarde tous les trois mettre le public à mal. Pas de leader, pas de personnalité qui se dégage, mais 3 bonhommes au charisme et à la présence incroyable. Outre sa voix bien différente de Spencer (et qui mène un des meilleurs morceaux d' Occupational Hazard), son jeu est lourd et granuleux, sale mais précis. Curran tient la basse pour le groupe depuis le troisième LP, et même en dernière recrue, on espère que personne ne viendra lui prendre sa place sur un éventuel future enregistrement. Ce soir les 4 cordes vibrent comme chez personne d'autre, teigneuses et rouillées, appuyant salement sur l'intestin.

Vincent Signorelli a posé son dermographe et est sortit de sa dernière terre d'accueil, le Mexique, pour tourner avec son posse. Le doyen est toujours un des batteurs les plus impressionnant que j'ai pu voir, pas le meilleur technicien mais un de ces joueurs au feeling improbable et décourageant pour des tonnes de batteur. Entouré de Curran et Spencer, il semble apte à fendre de la cymbale de sa gestuelle ample et serrée.
Unsane peut donc enfin défendre à sa juste valeur Visqueen, comme le souhaitait Spencer, peut-être un des tous meilleurs albums du groupe. Et en glissant les vieilleries au milieu et un enchaînement Scrape/Get off my back impeccable en fin de set, le trio crache à la gueule du public qu'il est maitre ès noise, patron du groove 'made in NYC', et que comme les autres grands du genre, il reste indétrônable- même quand le mec aux lumières n'a jamais été aussi mauvais (ou bourré) que ce soir.

jeudi 16 juin 2011

MELVINS-Sugar Daddy live

Il est un peu plus de 2 heures du matin, et je lis quelques trucs dans la presse musicale qui m'amusent. Tout ça n'a pas grande importance, mais en fond, comme une réponse tacite à ces sentences définitives les Melvins jouent Senile animal et Nude with Boots sur un live officiel. Réponse à l'introuvable live d' Amrep , ou complément au Houdini Live, à toi de voir. Ipecac publie cet album qui ne présente pas grand intérêt sauf pour les quelques égarés au portefeuille sensible. Toshi, avec qui Crover s'amuse dans Altamont et qui enregistre les Melvins depuis quelques années maintenant s'occupe de la prise et du traitement en proposant un son étrangement mat mais justifié, collant avec la lourdeur des toms et des guitares granuleuses. L'exécution est bien sur parfaite parce que les Melvins sont devenus de bons techniciens, contre toute attente. Comme d'habitude, Mackie Osborne a réalisé un emballage très réussi, même si on aurait apprécié plus de photos du concert puisque le photographe est gracieusement remercié dans le livret. Reste à savoir si après l'album de remixs, le live, et 3 albums sensiblement identiques, les Melvins vont à nouveau se renouveller lors d'un prochain essai spectaculaire (cf. Pigs of roman empire, Bootlicker, Colossus of destiny...).

dimanche 12 juin 2011

Suicide Vs Scorn

Un petit aparté estivant avec la collaboration du stylo d'un collègue qui se prête au jeu d'un parallèle entre deux choses qui n'avaient pas forcément à être accolés, mais qui au final ont bien le mérite de cohabiter sur un même article. Des liens de parenté évidents, les grands pères et les tontons d'un mouvement mais aussi une approche du live qui justifie à elle seule l'existence de cet article. Deux mornifles, dans un genre différent, par Daminou donc, que l'on remercie de nous faire partager. Explications et impressions:



Suicide en concert, (Barcelone, Primavera Sound, 26/05/2011)
c'est Martin Rev qui balance des boucles de 2 ou 4 notes, hyper répétitives et qui par dessus nous assomme avec une sorte de chaos sonore, on le voit faire n'imorte quoi sur son synthé, on est à la limite de la cacophonie. A côté de ca, on a un Alan Vega, limite grabataire, sorte de trisomique autiste qui hurle des insanité dans son micro, qui peut à peine se déplacer mais qui pourtant à une présence incroyable. Ils jouent leur premier album, on reconnait pas grand chose, mais ca ne nous empêche pas d'en prendre véritablement plein la gueule. Certains fuient le concert en se bouchant les oreilles. Il faut reconnaitre que pour un concert en extérieur le volume sonore est hallucinant. Mais se faire défoncer les oreilles ne nous fait pas peur, on est en transe, hypnotisés par cette musique. On danse sur place, sans bouger, à la limite de la crise d'épilepsie. Suicide en live c'est véritablement un viol sonore, et à la fin on est épuisés, laminés, mais on en redemande.

Scorn en concert, (Toulouse, Bikini, 09/06/2011)
c'est Mick Harris derrière des machines et un Mac qui envoit des nappes sonores noisy, industrielles, proche du dark ambient. Par dessus, des basses hyper fortes qui nous font véritablement trembler de l'interieur. On sent les vibrations se déplacer à l'intérieur de nous. Il nous transporte véritablement en ajoutant une alternance de percu très froide et de gros beat bien lourd, bien chaud. Cette musique relativement lente, nous hypnotise, on commence un voyage vers l'inconnu, on pense au début que cela va être un aller simple pour l'enfer, puis assez rapidement on se retrouve sur un nuage (peut être bien radioactif). Le son de Harris est cotonneux, on pensait se faire agresser, mais pas du tout, on est simplement hypnotisé, une nouvelle fois en transe, mais d'une manière très différente, on danse, on bouge sur les rythmes lents mais bondissants et résonnants dans nos têtes.
On part vers l'inconnu, se perdant dans ces nombreuses sonorités industrielles. Harris en véritable chef d'orchestre numérique, nous sert de guide pour ce voyage au centre de nous même. On le suit volontier, on ne sait pas où l'on va, mais peu importe, la destination n'a aucune importance, ce voyage là se suffit à lui même. Magique.

L'enfance Rouge - Bar Bari

On l'avait mentionné lors de la sortie récente du split entre Nicolas Dick et Binaire, les disques de plomb enchainent les jolies sorties entre collaborations inédites et réeditions à la gloire du format vinyle. Bar Bari n'est pas un vrai nouvel album de l'enfance rouge. D'abord, l'album était déjà sorti en version cd sur un autre label. Mais surtout, Bar Bari mis à part son morceau d'ouverture est constitué de versions remaniées du précédent (et plus qu'atypique) album Trapani, composé en compagnie d'une troupe d'instruments orientaux qui avait permis à ce trio de toucher à des paysages entre avant rock et world music au sein de leur noise rock ecorché. Ces versions sont en réalité des versions plus classiques du groupe d'origine. Elles sont le squelette décharné de Trapani qui aurait été composé à trois, comme par le passé. Il en ressort ainsi des versions presques méconaissables (peut être à part la petite mort, bien différente) et bien plus distordues, qui forment un tout nouvel album mettant en exergue cette ambiance littéraire, cette alchimie des sonorités lourdes pour faire voyager l'auditeur et y intercaler leur amour des mots (quelque soit la langue utilisée). Un groupe pourtant bien français dans le fond, mais inspiré par quantités de courant rock des années 90's, prenant presque la forme d'un collectif artistique politisé. Des morceaux parfois fascinants, aux climax bien agencés s'enchainent sur ce double dix pouces de toute beauté, à l'artwork encore une fois réussi. Marrant d'entendre dire de la part d'un des musiciens du groupe que le format vinyle est pourri, que le format cd l'est aussi (en moins encombrant) et que mieux vaut profiter d'un bon mp3 (cherchez l'erreur). En attendant, l'initiative des disques de plomb est encore une fois impec. Un bon disque, pour un bel objet, tout ca en vinyle, ou comment enchainer les perles sur un catalogue. Les disques de plomb

jeudi 9 juin 2011

THE PRODIGY- World's on fire CD/DVD

Voilà, dans la toute dernière ligne droite avant de se terrer dans son studio, Howlett accompagné de ses beaux gosses se plante. En soi, cet objet tient plutôt la route avec un son très correct, une performance honnête ( Big Ad nous a conté ce concert ici) et une exécution remarquable (ceux qui ont déjà vu le groupe sur scène le savent, Howlett est un pro de la ligne de clavier bourrée de fausses notes qu'il aime rajouter en live, et pour MK, visiblement, il avait révisé car aucun son ne semble vraiment inadapté. On se souviendra qu'il fut pianiste avant toute chose).
Mais voilà, sur un concert évènement, le groupe avait proposé une set list plutôt bien foutue. Et de ce concert, il ne reste pratiquement que les morceaux du dernier album, et les "gros" tubes. Les deux seules audaces de ce concert conservées sont "Everybody in the place" et surtout "Weather Experience" morceau clé du premier album, écourté mais imposant. Et pour être cohérent avec moi-même, pour une fois, je ne vois pas l'intérêt de ne proposer qu'une copie du dernier album, puisque celui ci est à mon sens le plus proche de leurs concerts. Quand on connaît les morceaux écartés, on reste sceptiques: Charly (?!), Mindfields (le fait est que pour celui ci, il était évident que le groupe n'allait pas le laisser puisqu'ils se sont plantés le grand soir), Poison ( ?!!!), No Good (?!?), Diesel Power (?!????) et enfin World's On fire, a mon humble avis une des meilleurs ouvertures de concert possible, au même titre que l'excellent Wake Up Call sur la tournée de 2004 qui étrangement, donne son nom au disque. La seule réjouissance sera, de fait, d'avoir une version presque officielle du Thunder live, dubstepisé et gonflé aux hormones sur disque.
Et le DVD ? Et bien il est tout aussi décevant. La presse anglaise a plutôt fait de bons retours sur le film (lors de projections en salles...) pourtant le montage hystérique fait vite mal au crane, et voir les gens dans la foule faire une concours de trogne possédé et de danses embrassantes n'arrange pas le truc. On preferera presque les bonus. Ou le live à Brixton de 97 sorti en 2005. Un film usant en somme, et un peu vain. N'ayant pas vu la version Blu ray, je ne peux rien certifier mais la version DVD n'est pas franchement convaincante du point de vue qualité, l'image y est crade. Du coup, ce package reste "intéressant" pour les fans, pour les curieux et pour ceux qui n'ont jamais vu le groupe en concert et qui aimeraient se faire une idée. Hormis pour ces quelques gens, cette sortie est déconcertante.

vendredi 3 juin 2011

Primavera Sound 2011

Troisième édition du festival barcelonais pour moi, aprés un an de hiatus boudeur face à une programmation plus fluokids et pitchfork que de coutume, cette année paraissait chargée. Changement de sponsor de bière, pour une programmation toujours à double tranchant, le festival pouvait à la fois faire le bonheur de l'avide lecteur de la dernière tendance rock pop, comme celui du vieux briscard deconnecté de l'actu depuis pas mal de temps. Et c'est un peu vers le premier visage du festival que la première journée commence avec un concert de blank dogs assez festif, dans une veine années 80, boite à rythmes et claviers sur fond de madchester un peu sombre, rappelant aussi bien joy division que indochine, dans des morceaux plutot fédérateurs. Premier concert attendu, celui de Seefeel, qui a composé un album remarqué par chez nous. Un concert en apesanteur, bien différent de l'image disque plus austère et nordique du groupe. Des basses chaloupées en puissance, à la limite du dub, sur une batterie rappelant le dernier Scorn sur lesquelles se greffent arpèges de guitare et nappes en tous genres. Un concert surprenant, complétement vivant et fragile. On rate les Emeralds et Salem (ahah qui avait envie de les voir déjà?) avec le crew pour se diriger dans le premier trou du festival et écouter PIL (public image limited donc). Etre fan c'est une chose (ridicule qui plus est?) mais profiter de ce spectacle grand guignolesque criant à l'authenticité (comme le suprême NTM) et au non appat du gain avec un rotten qui en fait des tonnes possède quand même son charme. Un petite excursion pour rater la fin de Oneohtrix Point Never (qui avait l'air ,magique, et surtout un des groupes que je tenais absolument à voir dans ce fest, toujours des sacrifices à faire donc) qui semblait perché là haut loin dans les contrées visuelles de ses installations soniques pas loin de Ben frost. Le moment de la soirée où le crew se sépare est sur le croisement Grinderman/Glenn Branca Ensemble. Je m'apréte donc à prendre ma mornifle sur ce parrain des musiques lourdes, cet eveque de la distortion, de la no wave, le papa de Neurosis, mais aussi de Sonic Youth et de la scène 90. On est loin d'être décu, avec ce qui ressemble au meilleur concert du festival. Une musique lourde, une ascension sans fin vers des contrées arides portées par cet ensemble de 5 guitares electriques, une basse et une batterie. Un sérieux et une application loin de toute pose, pour ces musiciens qui écoutent sans faille le chef Glenn, porté par sa musique, plié en deux par le poids de ses envolées qui retombent dans un magma sonore bouillant. Une grande expérience, et surement un des plus gros étonnements ded mes expériences live. La première soirée se termine sur une des tête d'affiche du festival donc: Suicide performant le premier LP en entier. Autant sur disque Suicide est dansant, gentil, amoureux et plein de mélodies, autant les deux martiens en concert sont des guerriers et nous balancent une bouillie sonore méchante, sur le fond des vociférations du boiteux Alan Vega qui abuse et son echo. Ils jouent fort, trés fort, et les claviers sont des murs du son qui rendent quasiment tout méconaissables pour insister sur le côté violent de cet LP. Du coup, on réecoute son disque avec une toute autre oreille.Un viol collectif, orchestré par deux barjos.
Dans les festivals il y a toujours un jour à blanc, et c'était le deuxième. Beaucoup de groupes pop sans saveurs (ou avec saveur, mais qui jouaient en même temps que d'autre choses), et beaucoup de blancs nous font donc passer à côté (avec ou sans regret) de The national, Battles et consorts. Gros moment de la soirée donc sur Pere Ubu qui interprete the Moderne dances (son meilleur album?) et nous explique qu'iul agrémente son set de quelques singles vu que l'album était vraiment le minimum syndical en durée. Un set blues arraché, post punk lancinant, dub dans certaines rythmiques révelent un pere ubu plus que touchant en conteur arraché, qui sirote sa flasque entre quelques anecdotes. On comprend un peu la musique d'oxbow, dans cette façon d'instaurer une ambiance sinistre dans le n'importe quoi, et de nous emporter au gré des maugréments de sa voix raclée. Il n'est pas sting, il le dit lui même, et s'il avait été sting, sting aurait été différent. Un grand moment de ce festival donc, pour ce qui est un groupe qui reste à part dans cette dynastie des années 80, un mélange de The fall, Oxbow et Tom waits. On finit la soirée sur Kode 9 qui interpréte un set de Burial, chouette moment ravagé par ces voix (oui, les mêmes que l'on entend sur Untrue).

Dernier jour, et une grosse journée, qui commence par une organisation désastreuse qui nous fait rater John Cale car en intérieur. On aurait pu nous prévenir qu'il fallait réserver par email. Du coup on ère sans but, entre Warpaint (qui restera le concert le plus désagréable vu à ce jour pour mes oreilles), une minute de Yuck (qu'est ce que c'est que cet immondice?) et la débil, combo espagnol qui mélange Tortoise et Savage republic intercalé entre deux monologues à la Léo ferré. Vient le moment d'Einsturzende Neubauten, un des concerts marquants de ce festival. Marquant pour deux choses. La première c'est que Blixa a vraiment l'air de cette vieille charogne imbue d'elle même, n'hésitant pas à nous vendre des clés USB contenant le concert du soir, dans une attitude mégalo au possible. La deuxième, c'est que Neubauten en 2011 présente toujours un grand interêt, surtout sur cette tournée des Strategies against architecture IV, compilation que j'ai plutot apprecié. Si Neubautent est clairement moins frontal, le groupe est aussi beaucoup plus raffiné dans ses climax et ses tensions soniques. Certains passages sont carrément grisants et l'utilisation de certains objets dans une formation orientée plus rock donne du corps à la musique. Même constat que pour Branca, la musique prend même une sacré ampleur lorsque les musiciens se permettent quelques envolées bruitistes (toujours gérées bien entendu, n'oublions pas que ce sont des vieux). On appréciera moins les quelques passages chantés longuets un peu inutiles (surtout en anglais). Un saut à Pj Harvey le temps de me faire renverser l'equivalent d'une pinte de bière sur le t shirt par une demoiselle enervée de ne pas pouvoir se trouver au premier rang avant de renoncer, sans aucun regret à écouter cette bouillie pop sous morphine bien rébarbative. Quelques mouvements pour entendre un peu de garage sur Davila 666, rater le Jon spencer Blues explosions (et oui....deuxième regret) pour me diriger devant les Swans. Les swans sur disque en 2011, c'est franchement pas trés grisant. Un peu de folk, quelques lourdeurs, beaucoup de chant, pas mal de mélodies et quelques riffs sur des percus, on en avait parlé, le retour ne m'enchantait pas forcément. Grand mal m'en a pris. Les swans sur scène, ce sont les même qu'avant, loin des angels of light. Gira ne chante presque pas ou presque. Il se contente d'orchestrer en grand manitou le déluge sonore et les mantra de percussion, de guitares et de basse tout en nous décrochant le coeur dans certains passages épiques. Rois de la répétition, de la musique à fort volume, des gros riffs et des distortions envolées, les incursions noisy en deviennent salvatrices. Même les morceaux reconnus du dernier album (no words no thoughts ou eden prison) en deviennent des mantras religieux qui sont la suite exacte de cop. Gifle. Fin du festival plus festive avec les black angels aussi sérieux que sur disque, copie conforme de leurs morceaux qui marchent d'ailleurs aussi bien, professionnels dans leur mixture post punk 60's mais surtout Odd future (merci collègue) en seul concert hip hop du fest qui valait plus que le détour tellement on aurait cru voir le wu tang première période devant nos yeux. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'ils nous gratifient d'une reprise du crew précedemment cité, au cours d'un set qui termine en grand n'importe quoi a capella, avec la moitié su public sur scène avec pour mot d'ordre de tout sacager. Poum!