vendredi 16 octobre 2009

YOUTH:KILL - 21


Le 21 est un bar sympathique de Paris, où s'organise de temps en temps des concerts plutôt hip hop de qualité, avec une absence de scène assez amusante et l'obligation d'un niveau sonore faible, ce qui l'est nettement moins (amusant). Fin 2007, il s'y était produit le très bon concert de Thavius Beck et Subtitle (plus une tripoté de loulous dont la femme de Dj VADIM en "première partie", Yara Bravo) à titre d'exemple.

Youth:Kill est le duo formé par K-the-I??? et Walter Gross. On a déja parlé du premier à l'occasion de son dernier effort sur Mush, l'an passé. Le second est un discret fabriquant de beats à base de samples, qui crée une musique hybride, une sorte de hip hop experimental et progressif ou les samples évoluent en permanence, au même titre que la structure de ses morceaux, de ses ambiances et ses climats. Le gazier n'a sorti que très peu de disques, tous très confidentiels, mais il avait offert il y'a quelques temps un disque fort complexe mais magnifique chez Hip Hop core (=> gØØgle).

Mine de rien, sans première partie, les deux compères vont occuper l'espace sonore pendant presque 3 heures. Walter Gross commence seul, derrière le bar. Sa musique me semble plus limpide, plus évolutive et progressive que le disque que je connaissais. Le chaos est ici avant tout sonore et les structures sont moins accidentées. Mais la musique n'en est pas simple pour autant. Les beats sont dépitchés, lourds et grassouillets, tandis que les samples se superposent pour amener à une construction sonore proche du travail d'Oktopus ou de Tenshun -avec qui il partage un disque- riche en saturations et en strates détériorées. Parfois, Gross interromp ses morceaux pour lancer un sample de pure hip hop, lui aussi revu à la baisse avec les flow qui se démènent dans le grave, tout semble se perdre dans la lenteur, avant de repartir dans une cascade d'agressions complexement tissée par le beat maker. Il se permet même de faire évoluer en permanence ses morceaux, en modifiant et improvisant le rythme sur une base qui se boucle, en triturant les samples.

K-the-I??? entame ensuite un set en solo et instrumental à son tour, et la musique semble plus proche de celle de Beck, plus dans la forme que dans le fond. Bien moins électronique que la musique distillée par Adlib, le MC propose ici une musique plus proche de Prefuse ou d'Edan sur the beauty and the beat: habité de samples d'une époque révolue, la musique résonne comme un hymne à la gloire d'un renouveau psychédélique. Plus monolithique, la musique me rappel énormément le travail de The avalanches, mais la folie du sample à tout va largement maitrisée.

Puis le duo se forme (ou le second prend le micro) et exécute les morceaux qu'ils ont composés et traffiqués ensemble, en laissant place aussi à quelques morceaux de l'album avec Thavius Beck ou Gross s'efface pour laisse K-the-I??? s'époumoner seul. Concert excellent, mais le manque d'un volume sonore digne de ce nom empêche de s'immerger complètement dans l'univers dense et bruyant dessiné par Gross. Dommage.
ps: Si vous avez l'impression de ne rien voir sur la photo, c'est normal.

Aucun commentaire: