Finalement, il est sorti. Et si le disque a longtemps été retardé, il n'a pas trainé: à peine un mois entre l'annonce de sa sortie avec date précise et la date de disponibilité. Les Beastie boys ont fait les choses vite et bien, comme pour rattraper 2 années de merde. Vu qu'on risque de s'étaler un peu, on va tout de suite aller à l'essentiel: cet album est une réussite. Rendez- vous en bas de page pour les pressés.
En 2009, les Beastie boys s'apprêtent à sortir Hot sauce Committee Part. 1, qui sous entend une "part. 2", effectivement prévu pour le printemps 2011. Le principe est simple: après Hello Nasty (98), les Beastie se sont rendus compte que leur album était alors bien trop important, et refusent dorénavant de s'aventurer dans un album trop long et pire, un double disque. Donc le choix est fait d'étaler sur 2 sorties à 2 ans d'intervalle. Hot Sauce, premier du nom est présenté à la presse, le trio assure un peu de promo, notamment en France où le groupe participe à un shooting photo dans les rues de Paris (disponible sur le net). Dans la foulée, "Too Many Rappers", se fait entendre sur le net, sur scène (quelques concerts sont d'ailleurs donné dont un peu glorieux où le groupe peine à rentrer Sabotage en rappel), suivi de Pop the balloon (pour un jeu vidéo), ou encore "Lee Major comes again" disponible sur quelques 7" gentiment distribués sur l'édition collector de "Check Your Head". La presse est assez claire: l'album semble dense, loin de "To the 5 boroughs" et ces extraits ont tendance à le prouver. En rentrant de promo pourtant, tout se plante, comme l'avion de la pochette de leur premier album: Adam Yauch découvre qu'il est atteint d'un cancer au niveau de la gorge, et tous les projets du groupe sont avortés jusqu'à nouvel ordre- si ce n'est la sortie du 12" de Too Many rappers, comprenant une apparition de Nas (cf. la chronique ici).
2010 s'avère relativement calme pour le trio, MCA semble suivre un traitement qui lui permet progressivement d'envisager l'avenir. Début 2011, la machine s'accélère. Des photos d'un trio d'acteur (Elijah Wood, Seth Rogen, Danny McBride) habillé exactement comme les Beastie Boys dans la vidéo de "You gotta fight for your right (to party)", premier tube/clip débile du groupe en 86 laissent entendre qu'une version "revisited" va être projetée au festival de Sundance. La vidéo est en fait un court métrage de 30 minute, stupide et affichant un casting colossal (Will Ferrell, Susan Sarandon, Steve Buscemi, Laura Dern, Orlando Bloom, Krinsten Dunst, Chloë Sevigny... entre autre). La vidéo est réalisé par MCA, qui se fait un énorme plaisir en conviant tout le monde, et faisant figurer les 3 déguisé en flics, alors qu'au fond du décor, comme un signe de ce qui vient ensuite, l'échoppe "Paul's Boutique" est reproduite.
La première question est d'une tristesse assez incroyable, sous entendant qu'un groupe qui n'a jamais particulièrement fauté avec un album médiocre (encore que je me souviens parfaitement de mon énorme déception à la première écoute de To The 5 boroughs, le 15 juin 2004) ne peut, finalement, continuer éternellement sans fatiguer son public, essentiellement constitué de trentenaire ayant saigné les disques du groupe dans les années 90. Les Beastie Boys n'ont jamais fait d'album vraiment faible, et n'ont surtout jamais fait de grosse erreur, ou de faute de gout. La fin des années 90 aurait permis au groupe de venir se servir dans le bain "fusion" mais le trio n'a jamais cédé à aucune mode, continuant à faire sa propre mixture. Et c'est sur ce point que l'interrogation du renouvellement peut également être plié: dans les années 90, les Beastie Boys étaient les créateurs de mode et de tendance. Combien de magazine aujourd'hui doivent beaucoup à Grand Royal ? Combien de groupes sont passés par Grand Royal (le label) ou se réclament d'une façon ou d'une autre du trio ? Combien de marque de fringue doivent leur statut à X large ? Les Beastie Boys ont été un moteur de la culture populaire des années 90, et ce , sans jamais faire la moindre concession. Le besoin de se renouveller apparait de toute évidence complètement stérile, de plus, au regard de leur carrière. Reprenons: En 86, ils sont le premier groupe de l'histoire du rap à arriver en tête des charts avec leur premier album. En 89, ils sont parmi les premiers groupes (De La Soul au même moment, et Public Enemy arrive dans peu de temps) à élever le sampling au rang d'art et à ce titre, l'abstract hip hop, le trip hop et la musique électronique en générale tout comme le hip hop au sens très large leur doivent énormément- influence allant ainsi de Dj Shadow à NERD en digressant du coté des Chemical Brothers. Ils sont aussi parmi les premiers à se payer un procès pour les mêmes raisons. En 92, ils sont un des premiers groupes de rap à se produire sur scène avec de véritables instruments (on y reviendra lors d'une chronique de Check Your Head), chose assimilé par la suite aussi bien par les Roots que par Cypress Hill. En 94, ils s'engagent à reverser l'ensemble des droits d'auteurs de certains morceaux de leur nouvel album (ill communication) à une association pour le Tibet, Milarepa, fondé par MCA. En 2000, ils inventent l'utilisation moderne du DVD en étant le premier groupe à proposer un système de multi angle et de changement de bande sonore sur la quasi intégralité de leur clip. En 2006, ils révolutionnent le concert filmé en proposant à 50 personnes du public de capturer eux-même le film.
Alors pourquoi font ils encore de la musique ? Tout simplement parce que ces 3 là ont dépassé le simple stade de "groupe", ils sont juste 3 potes qui produisent de la musique quand ils ont le temps. Et ils n'ont pas besoin de se renouveller puisqu'ils sont perpétuellement en train d'inventer. Personne ne fait de la musique comme eux, ils n'ont pas de pairs. Ils font du Beastie Boys, ils sont seuls. Ni plus ni moins.
Les 3 se font un malin plaisir à se retrouver derrière le micro, 7 ans après leur dernier album totalement rap. Les textes sont toujours un mélange foutraque de private joke, d'ego trip 15ème degré, de références télé et d'obsessions pour la bouffe. Horovitz, Diamond et Yauch ont également choisi de reprendre une formule qui avait vu le jour sur Check Your Head (cf. So Watcha Want, Stand Together...) et qui avait trouvé toute son ampleur sur Ill Com (cf... tout l'album mais surtout "All right Hear this" ou sur "the scoop") et qui avait trouvé ses derniers rebonds sur Hello nasty ( "Electrify" ): les voix sont à nouveau traffiquées, maltraitées, gavées de reverb et de distortions. Le trio affiche plus que jamais son identité à travers ses choix de production, chose qu'ils ont toujours faite, mais qui aujourd'hui trouve un écho différent à l'heure où certain essaient de voir où va le groupe. Ils prouvent tout au long de ces titres qu'ils ne vont nulle part puisqu'ils avancent sur un terrain où ils sont seuls, où personne ne peut les y attendre et que eux seuls dicteront la suite.
6 commentaires:
Quelle chronique...
J'avoue être passé complètement à côté de ce groupe.
A te lire, c'est une grave erreur.
Je vais essayer d'y remédier.
Quoi qu'il en soit, félicitation pour l'exercice de style, chroniquer et raconter l'histoire des Beastie Boys sans ennuyer le lecteur.
Bien ouej bro,
Damien
Merci, un jour (peut-être) on fera un dossier complet, avec les 8 albums et les maxis/ep les plus mémorables...
Purée. En ce qui me concerne, a part Say It c'est le méga bide.
C'est quoi cette police taille 18?
Corrigé pour la police.
Damo, épouse moi!!!
La version analogique tourne sur ma platine depuis quelques heures. Du lourd, la prod est au top, les accents Beastie à l'ancienne font plaisir (revenir des anciennes sonorités sans s'autoparodier est un exploit).
Un grand moment!!!!
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