Dans l'esprit malade des journalistes de télé, l'été est le terrain d'une guerre presque centenaire qui remonterait au Front Populaire. Elle opposerait "juillettistes", ceux qui aiment prendre le risque de savonner leur 2 semaines de congés payés sous la pluie en Bretagne, et "aoûtiens", peureux et friqués qui préfèrent l'aridité Andalouse. Bref, une guerre de stéréotypes qui occupe les premières pages de JT pendant que Bachar El Assad s'éclate au tir à la carabine dans cette belle fête foraine qu'est le Moyen Orient...
A l'heure pour moi de partir en vacances (ni en Espagne, ni en Armorique, ni au Moyen Orient), un petit point rapide et incomplet sur quelques dernières sorties à ne pas rater ou, comme le dit le Canard Enchainé, "qu'on peut voir à la rigueur". Au programme donc, J'ai rencontré le diable, Submarine, Un amour de jeunesse et Deep End.
J'ai rencontré le diable est très certainement le film le plus abouti du réalisateur sud coréen Kim Jee Woon. Mettant en scène deux acteurs géniaux (l'immense Choi Mon-sik vu dans Old Boy et le sémillant Lee Byun-hun, un habitué des films de Kim, vu notamment dans A Bittersweet Life), le film raconte la vengeance d'un flic dont la femme a été tué par un psychopathe. Loin de devenir le vigilant avide de justice qu'est par exemple Harry Brown dont j'avais déjà parlé ici, le personnage de Lee est contraint et forcé de devenir l'égale du "diable" pour assouvir sa soif de vengeance. Pour atteindre les cimes de la souffrance, il pourchasse sans relâche son adversaire en l'empêchant à chaque étape, de jouir des femmes qu'il voudrait tuer. Film absolu à la noirceur et à la violence rare, J'ai rencontré le diable est un thriller palpitant et sauvage, parcourant les paysages coréens une lame dans la bouche et du sang sur les grolles. Il consacre Kim Jee-woon au sommet du cinéma asiatique, lui qui avait déjà montré son adaptation à différents genres, s'approprie littéralement celui-ci et en livre sa version ultime, insurmontable.
Submarine est lui le premier long métrage du réalisateur Richard Ayoade, cantonné au clip jusqu'alors. Oliver est un jeune garçon amoureux de Jordana et soucieux de la santé du couple de ses parents. Mais quand on a quinze ans, comment être amoureux sans être niais? Comment passer le cap de la sexualité active ou encore, comment sauver une union parentale qui bat de l'aile? L'originalité de Submarine tient plus dans sa forme que dans le fond. Des errements et des questionnement de l'adolescence, toujours traités avec finesses, Ayoade tire autant de clip pop, parfois mis bout à bout avec un certain manque d'audace, mais aux savoureuses couleurs et au dialogues piquants. Le film vaut surtout pour la musique mélancolique d'Alex Turner (Arctic Monkeys et The Last Shadow Puppets) et pour le jeune Craig Robert (20 ans IRL et non 15), à qui la rondeur du regard devrait ouvrir quelques portes.
Submarine est lui le premier long métrage du réalisateur Richard Ayoade, cantonné au clip jusqu'alors. Oliver est un jeune garçon amoureux de Jordana et soucieux de la santé du couple de ses parents. Mais quand on a quinze ans, comment être amoureux sans être niais? Comment passer le cap de la sexualité active ou encore, comment sauver une union parentale qui bat de l'aile? L'originalité de Submarine tient plus dans sa forme que dans le fond. Des errements et des questionnement de l'adolescence, toujours traités avec finesses, Ayoade tire autant de clip pop, parfois mis bout à bout avec un certain manque d'audace, mais aux savoureuses couleurs et au dialogues piquants. Le film vaut surtout pour la musique mélancolique d'Alex Turner (Arctic Monkeys et The Last Shadow Puppets) et pour le jeune Craig Robert (20 ans IRL et non 15), à qui la rondeur du regard devrait ouvrir quelques portes.
L'amour adolescent, je m'en rends compte, est véritablement le fil conducteur de ce mashup cinétique car mis à part le film de Kim Jee-woon, les trois suivants abordent cette même thématique. Mia Hansen-Love livre avec Un amour de jeunesse une variation autobiographique qui tend vers le cinéma d'Eric Rohmer et sa série des Contes. Tempo lent, bavard et contemplations estivales: une douceur atypique ce dégage de cette histoire d'amour portée par la jolie Lola Créton et le charmant Sebastian Urzendowski. Avec une économie d'effets dramatiques, Hansen-Love arrive à un résultat plutôt convaincant: elle évite les crises de larmes, les cris au profit des douleurs profondes, des jeux de regards et des silences naturels.
Enfin, quoi de mieux qu'un retour aux sources du film adolescent pour aborder le genre? C'est possible avec la ressortie des premiers films de Jerzy Skolimowski (auteur de Essential Killing cette année) dont notamment, l'introuvable Deep End, magnifique film pop de 1970 qui voit, dans un Londres acidulé, un ado de 15 ans s'enticher d'une jeune femme de 20. Le film est fabriqué autour de deux personnages très forts: d'un côté un jeune garçon pudique qui découvre la force du sentiment amoureux mais aussi l'effroi face à l'attitude de Milf tentaculaires; de l'autre une fille, à la rousseur hypnotique, qui se joue des sentiments du garçon sans savoir vraiment de quoi il est capable. De fortes images à la beauté restituée, croquant la nudité, la cruauté des jeux, la naïveté qui s'efface au fur et à mesure qui l'initiation prend forme. Un très bel essai. Vous l'aurez compris, l'été sera adolescent ou ne le sera pas...
Enfin, quoi de mieux qu'un retour aux sources du film adolescent pour aborder le genre? C'est possible avec la ressortie des premiers films de Jerzy Skolimowski (auteur de Essential Killing cette année) dont notamment, l'introuvable Deep End, magnifique film pop de 1970 qui voit, dans un Londres acidulé, un ado de 15 ans s'enticher d'une jeune femme de 20. Le film est fabriqué autour de deux personnages très forts: d'un côté un jeune garçon pudique qui découvre la force du sentiment amoureux mais aussi l'effroi face à l'attitude de Milf tentaculaires; de l'autre une fille, à la rousseur hypnotique, qui se joue des sentiments du garçon sans savoir vraiment de quoi il est capable. De fortes images à la beauté restituée, croquant la nudité, la cruauté des jeux, la naïveté qui s'efface au fur et à mesure qui l'initiation prend forme. Un très bel essai. Vous l'aurez compris, l'été sera adolescent ou ne le sera pas...
1 commentaire:
Excellent papier, comme d'habitude.
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