Les hasards de l'histoire ou bien ceux d'une résurgence conservatrice ? Pourquoi faire un film sur Margaret Thatcher aujourd'hui, à l'heure où l'ultralibéralisme qu'elle a toujours défendue se débat pour protéger sa légitimité, tente de convaincre encore et toujours, avec plus de hargne et de virulence que jamais, qu'il est le seul système naturel pour l'épanouissement des ambitions humaines ? The Iron Lady se détourne très profondément de cette question ou du moins, feint de le faire et s'élance sur un parti pris scénaristique qui n'a rien en commun avec le caractère trempé de la vieille dame qu'il est censé nous dépeindre.
Il fallait s'y attendre, à l'instar de La Conquête qui narrait dans un mimétisme absurde l'ascension de Sarkozy, The Iron Lady est loin d'être un brûlot politique. Il est encore moins une analyse de l'Angleterre des années 80. La réalisatrice Phyllida Lloyd a choisi de voir la vie de Thatcher à travers le regard de la vieille dame sénile et malade qu'elle est aujourd'hui et d'exhumer ses souvenirs de jeunesse et de pouvoir. Et c'est un bien regrettable angle d'attaque, aux antipodes de l'histoire de cette femme.
Ni enquête à charge, ni hagiographie dégoûtante, le film cultive une laideur tant intellectuelle que formelle. Redoutant peut-être de froisser quelques bourgeoises mal dégrossies qu'elle avait séduit avec son infâme Mamma Mia !, Lloyd adopte un regard concupiscent et particulièrement impudique, cherchant vainement à agripper la compassion du spectateur. Sa Thatcher est une grand-mère qui perd la boule, encore traumatisée par la perte de son mari pourtant mort il y a des années de cela. Ce prisme de la folie douce et hallucinatoire rend les séquences de souvenir particulièrement irréalistes, non pas dans le sens où elles apparaîtraient comme non conforme à l'idée que l'on s'en fait, mais comme relevant d'un anachronisme perpétuel et d'une tendancieuse manie de ne pas vouloir faire du cinéma. Car, disons-le, en refusant toute analyse sociale, politique ou culturelle de l'Angleterre que Thatcher à traverser et du personnage même, Lloyd refuse le cinéma et le confine à une impuissance politique indécente.
Pourquoi ce refus de l'engagement et de l'analyse ? Que montre t-elle ? La construction d'une jeune fille d'épicier qui rentre à Oxford et s'éprend pour la cause conservatrice? A peine. Et par quel moyen ? D'ignobles flash back qui refusent d'entrer dans la complexité d'une vie, qui refusent de s'interroger réellement sur les processus sociaux et introspectifs de cette femme. Lloyd est piégée dans un scénario qui cherche à tout pris la compassion déplacée pour une personne qui mérite bien mieux que cet acharnement sentimentaliste, qui, par les actes et les engagements qu'elle a eu, mérite qu'on décortique les politiques qu'elle a défendues, la façon dont elle les a menées, la terreur qu'elle a fait régner, le monde qu'elle a contribué à instaurer.
The Iron Lady passe à côté de tout cela. Ni féministe, ni antiféministe, ni travailliste ni conservateur, ni élogieux ni incendiaire, ni politique ni désintéressé. A force d'empiler les "ni", cette biographique très vilainement montée (et aux cadres très approximatifs) finit par ressembler à tout ce que son personnage principal n'est pas (et tout ce qu'il n'a pas voulu être ) : un consensus mou qui refuse de dire sa vérité et louvoie sournoisement dans les abîmes fangeux de l'incohérence esthétique, politique et cinématographique.
Il fallait s'y attendre, à l'instar de La Conquête qui narrait dans un mimétisme absurde l'ascension de Sarkozy, The Iron Lady est loin d'être un brûlot politique. Il est encore moins une analyse de l'Angleterre des années 80. La réalisatrice Phyllida Lloyd a choisi de voir la vie de Thatcher à travers le regard de la vieille dame sénile et malade qu'elle est aujourd'hui et d'exhumer ses souvenirs de jeunesse et de pouvoir. Et c'est un bien regrettable angle d'attaque, aux antipodes de l'histoire de cette femme.
Ni enquête à charge, ni hagiographie dégoûtante, le film cultive une laideur tant intellectuelle que formelle. Redoutant peut-être de froisser quelques bourgeoises mal dégrossies qu'elle avait séduit avec son infâme Mamma Mia !, Lloyd adopte un regard concupiscent et particulièrement impudique, cherchant vainement à agripper la compassion du spectateur. Sa Thatcher est une grand-mère qui perd la boule, encore traumatisée par la perte de son mari pourtant mort il y a des années de cela. Ce prisme de la folie douce et hallucinatoire rend les séquences de souvenir particulièrement irréalistes, non pas dans le sens où elles apparaîtraient comme non conforme à l'idée que l'on s'en fait, mais comme relevant d'un anachronisme perpétuel et d'une tendancieuse manie de ne pas vouloir faire du cinéma. Car, disons-le, en refusant toute analyse sociale, politique ou culturelle de l'Angleterre que Thatcher à traverser et du personnage même, Lloyd refuse le cinéma et le confine à une impuissance politique indécente.
Pourquoi ce refus de l'engagement et de l'analyse ? Que montre t-elle ? La construction d'une jeune fille d'épicier qui rentre à Oxford et s'éprend pour la cause conservatrice? A peine. Et par quel moyen ? D'ignobles flash back qui refusent d'entrer dans la complexité d'une vie, qui refusent de s'interroger réellement sur les processus sociaux et introspectifs de cette femme. Lloyd est piégée dans un scénario qui cherche à tout pris la compassion déplacée pour une personne qui mérite bien mieux que cet acharnement sentimentaliste, qui, par les actes et les engagements qu'elle a eu, mérite qu'on décortique les politiques qu'elle a défendues, la façon dont elle les a menées, la terreur qu'elle a fait régner, le monde qu'elle a contribué à instaurer.
The Iron Lady passe à côté de tout cela. Ni féministe, ni antiféministe, ni travailliste ni conservateur, ni élogieux ni incendiaire, ni politique ni désintéressé. A force d'empiler les "ni", cette biographique très vilainement montée (et aux cadres très approximatifs) finit par ressembler à tout ce que son personnage principal n'est pas (et tout ce qu'il n'a pas voulu être ) : un consensus mou qui refuse de dire sa vérité et louvoie sournoisement dans les abîmes fangeux de l'incohérence esthétique, politique et cinématographique.
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