Reznor avait lancé un concept novateur il y a quelques années : l'auto-split (ou la scission avec lui-même, mais ça, ce n'est ni de lui, ni de moi). Reznor=NIN. Donc quand le "groupe" est sensé raccrocher en 2009 on n'y croit pas une seconde. Depuis sa carrière est partie dans deux versions se répondant logiquement. Une première, sorte d'épouvantail des clous de 9 pouces, mené avec sa femme qui ne laissera qu'un vague souvenir aux auditeurs. De l'autre, un boulot de metteur en son pour Fincher débouchant sur deux bandes originales fabuleuses, passionnantes. Bref, comme prévu, au bout de quelques années le projet reprend forme, convie anciens (Fink, Cortini, Belew de King Crimson qui, on me signale dans l'oreillette, jouait déjà sur le LP de 94) et nouveaux (Eustis de Telefon Tel-Aviv et Puscifer, Avery de Jane's Addiction qui mettra les voiles rapidement...) pour produire une suite à Slip, dernier enregistrement jusque là.
Même si Reznor me fait rire en tant que musicien de rock (ses lives, "Slip", justement, ou "With Teeth") j'admire toujours autant l'homme de studio. Ses deux scores et How To Destroy Angels semblent avoir été des moyens de continuer les explorations électroniques qui sous-tendaient Downward Spiral et Fragile et qui menaient Year Zero et Ghost. Hesitation Marks est quelque part par là : à la croisée de ses productions les plus intéressantes. L'héritage d'une quête de sons électroniques, de sculptures sonores issus de longues sessions où les rares guitares se cherchent une place au milieu des cables de synthés modulaires et des potards de bécanes analogiques est au coeur de l'album. Si chronologiquement cet enregistrement se situe à la suite d'un album rock, il est stylistiquement la suite de Year Zero ou même de Downward Spirale, le glorieux chef d'oeuvre - l'univers graphique en est d'ailleurs très proche, puisque résultant du travail de Russell Mills dans les deux cas, et qui m'évoque les oeuvres de Dave McKean. Il reprend du dernier une concision et une efficacité alors qu'il reprend la méthodologie du premier. Le tout en définitivement plus pop, gentil. Hormis le morceau niais jusque dans ses accords de guitare que forme "everything" cette accessibilité n'est pourtant jamais repoussante. Entre ses nombreuses couches de sons s'empilant les unes sur les autres pour créer des murs digitaux redoutables, ses rythmiques concassées se faisant comme des réponses au rythmes globalement plus dansant (find my way), NIN revient avec un album d'artisans soigneux. Avec son casting impeccable Hesitation Marks est un album solide et auquel on s'attache sans difficulté : le travail de Reznor et de sa bande est minutieux, foisonnant, passionnant. Et si on ejecte bel et bien un morceau, la seule ombre au tableau est peut-être le manque d'innovation sur les voix. A avoir trop délégué cette tâche, on pourrait penser que Trent a copié/collé ses lignes de chant d'un morceau à l'autre par manque de moivation. L'impression de l'entendre geindre de la même façon devenant alors usant au fur et à mesure que le disque avance.
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3 commentaires:
Ahem, Belew et un mec de Jane's Addiction (Perkins je crois) avaient participé à The Downward Spiral, déjà.
Putain tu dis complètement vrai. Correction, merci !
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