Le bleu comme couleur du vide, le bleu en contraste avec le blanc, représentant surtout la mer et le ciel, par symbole, donc pas grand chose. Associations d'idées manquantes, abstraction pure, le bleu comme un élément clinique. "La vie se trouve ailleurs". Les lignes continues se superposent, en couches, jamais trop pleines, fières d'une linéarité additive. Un bleu à la Reich, plutôt Steve, axé sur l'itération de lignes brisées, avec en arrière plan ce piano entêtant.
Mais là où la pulsation était un prémice du futur mélange électronique, chez ce bleu là, l'electronique est un prémice de la future pulsation. Les armes sont différentes, le combat est clairement opposé. La digestion des contemporains leur permet d'orner leur rock. Alors c'est peut être là le péché mignon. L'ornementation à outrance. Pour ce premier jet, ils n'ont pas fait dans l'étron. Réfléchi dans les moindres recoins, les choix soniques ont été largement travaillés. Minutieux et surement pas minus(ieux) dans le labeur, bleu peut se targuer de quelque chose de clairement soigné. Pourtant, cette production irréprochable se file vers des contrées plus assumées lorsqu'avance l'animal. Bleu se livre au fil des morceaux. Leur temps temps temps temps temps est le single, agrémenté d'un clip vidéo magnifique, et cette façon stakhanoviste de jouer se délie petit à petit, vers quelque chose de plus personnel, plus fin et plus bas ventral. Soniquement parlant, ils jouent la carte de l'apocalypse bruitiste avec une attitude révérencieuse (l'hommage à Pierre Henry joue cartes sur table). Brumeuses est un brulôt complètement maitrisé, où le son gagne à être plus qu'indécent, où le piano n'est plus qu'une abstraction vivante, où bleu s'éloigne de la côte pour livrer un paysage désolé, proche d'un fennesz dernière période, où la batterie de manu (pas le malin) se fait moins retenue, moins cymbalistique, plus martiale.
Clairement l'effort peut être salué pour ce premier jet, entre dégueulis sonore soigné, sorte de vomis dans une soirée rallye, entouré de bons intellectuels. Bleu est passé à côté d'un effort sigur rosien passe partout, laminé par la baverie mièvre qui aurait pu en découler. Mais la qualité des choix, des ambiances, l'envie de bien faire, de maraver le rotary musical, pousse loin le bouchon d'une esthétique contemporaine qui prend aux trippes. Les choix des chants, du format, des contrées visuelles s'impose aisément.
Bleu l'a trés bien compris. Le duo a envie d'en découdre avec leur fascination pour la musique contemporaine, les écrits qui en découlent, les associations de malfaiteurs artistiques où tout s'accorde: visuels, écrits, et sons.
En didascalie l'attitude à adopter: déconnecter myspace (où leur démo est en libre téléchargement (içi), arrêter de squatter les channels intellectualisants, et continuer leur quète d'absolu artistique, sans aucune frontière, cette fois ci dans des prestations live debridées.
Car c'est là bas qu'on les attend, et que quelque chose d'encore plus prenant se passera.
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