Il est mille et une beautés dans le visage d'un enfant que Kore-Eda a, par une science de l'image incandescente, le talent de saisir à chaque plan. I Wish raconte la relation qu'entretiennent deux frères suite à la séparation de leurs parents. L'un est resté avec sa mère, l'autre est parti avec le père. Leur seul lien, c'est ce coup de fil qu'ils se donnent, toujours le même jour de la semaine, après la natation. Le plus grand nourrit l'espoir d'une réunification. Le plus jeune, a du mal à cacher à son frère que ce n'est pas ce qu'il souhaite, mais que pour autant, il ne veut que le meilleur pour son frère, qu'il l'aime quand même.
Kore-Eda saisit la candeur et la fraîcheur des rêves d'enfants, seuls capables de soulever des montagnes, de dépasser l'impossible. Ses deux gamins s'éloignent des stéréotypes scabreux, rappelant la malice ou la pudeur du petit garçon accompagné par Kitano dans Kikujiro No Natsu. Il dresse également le portrait d'une société japonaise qui change, irrémédiablement, tout en continuant à vivre sous la menace permanente des éléments naturels. Comme si les nouvelles générations apportaient leur lot de vitalité sous la houlette tantôt ravageuse, tantôt grandiose, d'une tradition millénaire.
Elle est aussi là, la force de Kore-Eda. Capable d'inscrire son cinéma dans la droite lignée d'un maître comme Ozu et de prendre les chemins de traverse que lui montre ses charmants bambins. Ainsi délaisse-t-il quelque peu ses plans fixes si travaillés, qu'il avait tant exploité dans Still Walking pour prendre l'air, gambader, se disperser. Entre la sagesse ancestrale et la vitalité soudaine d'une enfance imprévisible.
On pourrait croire que I Wish n'a pas de mérite à magnifier les aspirations de l'enfance. Mais loin de se contenter de réaliser les rêves impossibles de gamins aux visages d'ange, il les fait également grandir, plus vite que leurs parents. Face aux éléments intangibles, face à l'histoire qu'ils ne maîtrisent pas, les enfants prennent des responsabilités d'adultes et assument les rêves que leurs parents n'ont pas voulus enterrer. C'est ainsi que Kore-Eda voit l'avenir, entre les mains d'enfants aux rêves joyeux, capables d'un altruisme forcené et d'une raison à toute épreuve. Un bien bel ouvrage, touchant et superbe.
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