mardi 18 décembre 2012
BIGG JUS - Machines that make civilization fun
Ca fait longtemps que Bigg Jus n'a pas fait un sourire, le type visiblement ne rigole plus du tout, surtout pas avec son audience. On connaissait le mec assez agressif et plutôt belliqueux sur son projet NMS, mais sa haine totale et l'anéantissement intégral de votre tolérance auditive semblait surtout réservé à ce duo. Sur ces albums solo, Jus avait été plus sympathique dans la forme (pas dans le fond), notamment avec son dernier en date, Poor People's Day, publié il y a déjà 7 ans, qu'on pouvait rapprocher, dans la démarche, de certains travaux de Dumile. 7 ans de silence (quelques shows CoFlow distillés ici et là) et le voilà qu'il se pose lourdement avec un album massif, sombre, chaotique. La surenchère de samples et de bruits, le chaos des boucles et des distortions en tout genre, Jus produit comme Public Enemy le faisait jadis sur "Fear of a black planet". En plus guerrier, en moins concret. Les beats ici ne répondent plus forcément au rythme hip hop, ils sont cinglants et précis, s'abattent sur les samples coupés à la machette, s'énervent comme chez Adlib, charley digital hystérique et roulement de glitchs. Les sons de cors sont nombreux, se mariant parfaitement avec sa pochette. Casus belli. Ultra engagé, Jus utilise sa voix comme un élément instrumentale, chantant en fond, sans se soucier de la moindre justesse, rappe de sa voix planquée dans le mix, enfouie. Forcément, le disque d'Ingleton sort à peu près au même moment que celui de son frère de guerre, El-P. Et la comparaison marque une nette différence. Si Meline produit une musique également tendue, elle est une sorte de super production, clinquante. Bigg passe pour le crust en comparaison. Rien ne brille, si ce n'est le talent de l'homme pour produire une musique complexe et revêche. Mais il se dégage une trajectoire étonnamment proche, celle d'une musique qui, s'inscrivant profondément dans le hip hop, se nourrit probablement plus aujourd'hui des sons électroniques et d'une dynamique rock que d'un héritage traditionnellement plus chaud. D'une méchanceté et d'une noirceur remarquable, cet album (Mush et Laitdbac pour l'europe, bravo à eux) tasse méchamment la boîte crânienne.
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