lundi 15 avril 2013

Warm Bodies de Jonathan Levine

Il y avait dans Warm Bodies, quelque chose de potentiellement culte, quelque chose qui aurait pu transcender à la fois les genres (horreur et comédie) et les âges. Unir pourquoi pas, une génération nourrit aux films de Romero et qui a vu lentement péricliter le zombie de mort vivant révolutionnaire à contaminé réactionnaire, à une autre plus geek, plus inconséquente, qui fanfaronne devant les Paranormal Activity et drague sur Twilight. Bref, un film synchrétique, capable d'initier une voie à Hollywood, une voie comme il n'en existe plus...

En cela, le choix du réalisateur Jonathan Levine est loin d'être une mauvaise idée. Il s'est déjà fait les dents sur le saignant Tous les garçons aiment Mandy Lane et s'est clairement glissé dans la vague Apatow en faisant ronronner Seth Rogen et Joseph Gordon Levitt dans 50/50, buddy movie sympathique mais loin d'être détonnant, autour du cancer. Un réalisateur polyvalent, jeune et pas trop mauvais, bien ancré dans son temps, bercé de culture pop et de références 90's. 

Mais un réalisateur sans surprise. Et pas génial scénariste. Son histoire d'amour entre un zombie et une humaine encore saine s'avère d'une fainéantise à couper le souffle. Warm Bodies s'ouvre pourtant sur quelque chose d'assez convaincant : sans voix dans le monde, nous ne partageons les pensées de R (Nicholas Hoult) qu'à travers sa voix off. L'introduction lui est consacrée, elle dépouille les us et coutumes d'un zombie de l'ère nouvelle, entre cannibalisme intransigeant, grognement au comptoir de l'aéroport et errance diurne. La nuit, notre épouvantail à capuche se réfugie dans son avion et écoute des vinyl... Bah ouais, notre petit zombie est un produit anachronique qui cultive une certaine nostalgie douce et prévisible à souhait. 

Comme tout réalisateur qui souhaite se démarquer des produits culturels low cost à gros budget, Levine cherche des racines, ancre son personnage dans un passé culturel glorieux, un avant qui avait du sens. Ce petit coin de verdure joue incroyablement sur les clichés, les clichés musicaux bien évidemment. R écoute Bob Dylan bien sûr (plus "révolté symbolique" tu meurs), mais aussi Bruce Springsteen, Scorpions ou Guns N' Roses... Rien d'inattendu, rien de miraculeux. Levine subit les lois du marketing, de la mode, et tente des ponts improbables, avec M83 (???) ou encore Bon Iver. Ici, là bas, hier, maintenant, ceci, cela... Peu importe à vrai dire qu'il y ait une quelconque cohérence, une quelconque filiation : il fallait brasser large. Le seul absent de cette BO qu'on pourrait appeler "révoltés d'hier, endormis d'aujourd'hui", c'est David Bowie, tant Levine joue sur une ressemblance physique un peu louche entre Hoult maquillé et Ziggy Stardust...

Brasser large jusque dans l'humour donc, et dans la simplicité du récit, qui multiplie les raccourcis et balaye d'un tour de main les difficultés comme les incohérences. Ainsi, notre petit R se met à parler comme tout le monde au bout de 25min de film, alors que cette incapacité aurait pu regorger de miracles scénaristiques limpides et jubilatoires. Nos deux amoureux font un tour en voiture sur les pistes de l'aéroport... Question : pourquoi n'en profitent-ils pas pour se casser de ce trou de zombies affamés ? 

Warm Bodies échoue à faire le lien, à rénover un genre zombie qui passe pour éculer et une comédie qui cherche trop la facilité, même quand elle veut à tout pris à se démarquer de "la comédie de maman". La séquence clin d'oeil à Pretty Woman, aussi éloquente soit-elle, n'a fait hurler de rire ni ma mère, ni moi d'ailleurs... Le film de Levine manque d'audace à tous les niveaux. Trop pop pour être irrévérencieux, trop fun pour être incorrect, trop chaste pour être piquant. Il est en fait, le produit que l'on pouvait attendre d'un réalisateur de cette nouvelle génération qui déboulent à Hollywood : un mashup inconséquent qui cherche la drôlerie et le clin d'oeil à tout pris, au dépend du symbole, au dépend du contenu. Si vous voulez voir une comédie romantique de zombies un peu plus remuante, chercher Otto de Bruce La Bruce... Ca au moins, ça a du mordant...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ancré (pas encré)

Anonyme a dit…

ballait (balaye)