Tool est surement l'énigme musicale des années 90. Aboutissement d'un groupe rock à son apogée, Aenima est surement leur meilleur album, qui synthétise l'énigme qu'est ce groupe. Groupe qui crée à lui seule la critique, plus pour sa musique que son activité extra musicale (et c'est rare dans la dynastie rock), qui s'illustre par sa discrétion autant que par son humour. A la fois intellectualisé et bardé d'humour et de second degré, le groupe ne s'illustre pas par une discographie prolifique. Le précédent disque était clairement marqué par le poids des années 90, grunge s'il en est, ayant à lui tout seul tué un genre encore dans l'oeuf, fer de lance d'un rock alternatif lourd, collégues de certains Rage against the machine, Faith No more ou d'autres groupes ayant écrit une partie du rock lourd moderne ou la fusion libérée est devenue l'instigatrice du fameux genre néo métal qui ravagera les Etats unis, puis le reste du monde.
Pourtant le groupe reste à milles lieues de ces considérations là. Adam Jones, diplomé de cinéma rencontre l'écrivain Ronald P Vincent, branleur philosophe notoire qui se porte en fer de lance de la lachrimologie. Synthése religieuse en clair, cette philosophie traumatisa le jeune guitariste en le faisant s'interroger sur certaines questions spirituelles. La lachrimologie est en quelque sorte l'histoire de la vie (oui, comme dans le roi lion), qui ne jure que par les douleurs physiques et morales pour comprendre le sens de la vie et pouvoir avancer. Adam Jones fonde alors avec Maynard Keenan, et Dany carey (rencontré par l'intermédiaire de Tom Morello) l'outil pour comprendre cette philosophie: Tool. Sauf que la Lachrymologie n'existe pas, et ce fameux auteur non plus!Aenima voit le remplacement de la paul d'amour pour Justin Chancellor à la basse. Mais aenima voit aussi une coupure nette dans la discographie du groupe. Les musiciens s'isolent dans un chateau des Pyrénées pour composer ce lavement de l'âme (Anima et Enema, âme et lavement en latin).
Aenima bénéficie surement d'un des sons les plus justes possiblement entendus. Au gré de morceaux toujours accessibles, toujours dans une optique de rock lourd, le groupe distille une quantité d'influences invraissemblables pour orner son offrande. Le plus fascinant c'est que ce genre de disques, au dela de l'adulation qu'il a crée chez les fans, est surtout un sans faute de goût que l'on cerne au gré de ses errements musicaux. A chaque période musicale fréquentée, une pépite de plus permet de cerner certains des apparats du disque. Alors il n'est pas forcément interessant de s'attarder sur les attributs progressifs, qui sont les arguments les plus utilisés par les détracteurs, nous rabachant qu' Aenima est un disque de progressif pour les nuls, et que techniquement il n'a rien de fascinant, les accord de Jones étant même presque néo métal. Forcément c'est là le tour de force d'un des groupes les plus intelligents existants. Sans jamais ennuyer, sans jamais sombrer dans la manipulation ou la démonstration, le groupe délivre des morceaux labyrinthiques où l'on ne se perd jamais. Le groupe joue avec un but clair, sait où il va et sait où il nous emmène. Rien que ce postulat prouve à lui seul la qualité du produit délivré. Combien de groupes au final se perdent dans leurs propres errances intellectuelles ou musicales. Aenima est maitrisé de bout en bout, ne laisse jamais s'égarer la consistance du sujet. Les thématiques mystiques abordées, les paroles souvent trés justes et intelligentes, les engagements distillés au cours de la durée de l'album n'en font jamais de trop et restent accolés à un humour trés juste, pas forcément fin, trés personnel, mais surtout trés freak. Car c'est sans compter sur la personnalité perchée d'un Maynard James keenan qui mérite clairement les compliments lus partout sur sa voix. Cet homme s'amuse, mais sait garder son sérieux, et n'en rajoute jamais.
Aenima c'est un peu tout ça, un disque qui permet de synthétiser quantités de musiques expérimentales, quantité de thématiques spirituelles pour servir un côté accessible. Aenima c'est la justesse totale d'un son, de rythmiques au service de morceaux labyrinthiques qui ne perdent jamais l'essentiel. Là où beaucoup de groupes s'essayent à en faire autant, Aenima arrive à rester lourd, tout en étant plannant, arrive à composer fin, tout en jouant simple, nous fait le tour de force de livrer consistant et jamais fatiguant. Aenima est le premier disque où Tool sublimera son genre, avant de livrer deux suites tout aussi intéressantes, mais jamais aussi captivantes de A à Z. Lateralus est peut être encore moins proche de ses racines rock, peut être encore plus musicalement ouvert, mais péchera par son son moins affuté que sur Aenima là où 10000 days rattrapera ce coté là en y perdant une cohérence essentielle au style.
Finalement, quand on voit le sérieux du groupe à avoir réussi à rester intègre et intact, en ayant une démarche purement artistique, en délivrant au compte goutte ses informations, pour ne se centrer que sur l'essence même de leur art, on trouve cela encore plus fascinant.
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1 commentaire:
Belle entrée en matière pour 2010...
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