jeudi 12 juillet 2012

COMITY - The journey is over now

J'ai jamais saisi pourquoi Comity générait deux types de réactions aussi distincts- soit les gens adorent, soit les gens méprisent la formation parisienne. Que le mec qui n'écoute pas ce genre de bruits orchestrés ne soit pas sensible aux compositions des gars, je peux comprendre. Mais des types qui s'ingurgitent du Neurosis en boucle, du Thou, du Dillinger sans se rendre compte qu'ils sont pris pour des idiots ("hey mec, j'ai changé une note sur un vieux morceau, on en fait un album ?") et s'offrent le luxe de mépriser Comity, oui, il y a un truc qui m'échappe. Pour une simple et bonne raison: Comity est un des rares groupes à avoir, tout simplement, des idées. Certes, c'est peut-être plus un groupe de musique pour musiciens me rétorquerez vous et vous n'aurez probablement pas tort. Mais quelle tristesse de voir donc un groupe qui s'acharne à créer des choses un peu ambitieuses, avec des références autre que Cioran/Nietzsche/Fight Club, cherchant à stimuler leur auditoire, tel un Kubrick hystérique, gavant sa musique, ses visuels et ses textes de références, d'éléments définitivement à part dans l'univers grosse guitare/crâne/pas content. La preuve absolu c'est que Comity est peut-être le seul groupe français à avoir fait des petits depuis Kickback et avec Blut Aus Nord (sur l'ancien label de ces derniers d'ailleurs).

Alors oui, l'ensemble des chroniques pour ce petit dernier (gatefold LP+CD joliment publié par Throatruiner Rds, activiste passionné, appliqué et dévoué) sont dans l'ensemble plutôt bonnes voir élogieuses. Et à vrai dire c'est justifié. Parce que Comity continue de faire sa bouillasse selon ses propres critères, en évoluant logiquement tout en restant reconnaissables. On remarquera quand même que l'audace du précédent disque s'est légèrement diluée, le groupe revenant vers des développements plus francs, où la tension est peut-être moins vénéneuse. Mais c'est largement contrasté par les quelques nouveautés intégrées dans le gouffre de chaos sonore ambiant. Premier élément, l'apport d'autres voix. Thomas n'est plus seul à gueuler dans le groupe, il se fait épauler par ses guitaristes de camarades. De fait, Comity reste extrêmement verbeux, bavard, et l'apport d'autres voix renforcent cet aspect, en plus d'offrir des voix moins singulières- désolé du rapprochement mais oui, ça me fait davantage songer aux trucs type Hydrahead maintenant comme Old Man Gloom/Zozobra. Puis c'est l'apport d'une guitare slide qui se distingue. Les deux guitaristes sont loin d'être manchots ou de jouer du post-hardcore, remettant en jeux les logiques de l'utilisation de la guitare dans leur domaine. Ils ont par exemple depuis longtemps cessé de miser sur les distortions excessives, préférant des saturations légères, ne mettant plus le son de la guitare au centre de la composition, mais en privilégiant le jeu de celle-ci. Subtile nuance, offrant au son un aspect légèrement blues (non, il n'est pas question d'affiliation avec le blues ici- ça ne joue pas comme Morello mais comme Fripp), renforcé par la slide. Mais ça tricotte toujours bien, riffant avec intelligence: contre temps, question/réponse, pause, arpèges, les 6 cordes sont reines chez Comity et elle sont traitées avec amour. Et puis au milieu du disque, un morceau (finalement court) très calme, mais à la lourdeur palpable, tout en guitares acoustiques, traversé de bruits blancs et de parasites, et impérialement mené par une batterie au son profond et imposant. Pourtant, on se répète, mais Comity demeure ce groupe si caractéristique, on reconnait ses élans pithiatiques, ses cassures délicates. Mais toujours audacieux, aventureux même.

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