Le trio de Sacto se retrouve dans le même cas que Tyler l'an dernier: coiffé au poteau. Quand Goblin sortait, l'album décevait forcément de par sa longueur excessive et le manque de fraicheur suite à l'album dispo en téléchargement gratuit de l'année d'avant. Mais de l'autre côté, un petit groupe, un trio californien créait la surprise avec une mixtape (enfin en émettant l'hypothèse que ce terme ait encore un sens- on parle ici de mp3) faisant l'unanimité - enfin chez ceux aptes à s'enquiller les beuglements bovins du psychopathe sur samples de hardcore et beats électro simplissimes et teigneux... c'esst à dire pas chez tout le monde non plus. Death Grips donc après avoir surpris tout son monde promet deux albums pour 2012 et le premier des deux à peine sorti que le groupe se prend une volée de bois vert par une large partie de sa potentielle audience. Mais y a quoi en fait sur ce disque ?
Déjà, saluons tout de même les deux coups marketing que Death grips- tout comme Odd Future- ont réussi à imposer: une promo basé sur des clips fait dans le garage avec des budgets dérisoirs, un matraquage web malin et une promo basé sur le bouche à oreille. Death Grips reste fidèle à sa marque de fabrique malgré la signature chez Sony/Epic. Hein ? Epic qu'on pensait crevé depuis Korn publie donc sur une major un projet aussi crade et boiteux que Death Grips - le boss de Sony leur racontant que leur son lui rappelle Witney Houston (pour l'impact). Les trois mecs remixent Björk, sont vénérés par le-webzine-qui-porte-le-même-nom-qu'un-disque -de-Clutch, bref, ils sont partout et bien intégrés dans le jeu. La bonne blague. Bon, on saluera pas l'annulation de leur tournée ce printemps en laissant tout le monde (orga) dans la merde sans explications. Premier véritable album, The Money Store fait suite à Exmilitary, et en est logiquement la continuation. Certains ont remarqué moins de samples, on dira surtout qu'il n'y a pas de samples de rock cette fois. Sinon c'est la suite exact: de l'électronique agressive, qualifié de hip hop qui n'en est franchement pas, mené par un batteur qui ne joue pas de batterie (concept) et surtout incarné par une vitrine beuglante et baveuse, MC Ride. MC est ici donc à considérer dans son sens premier: le mec n'est pas un rappeur, il éructe ses paroles jusqu'à l'essoufflement, plus proche de la performance punk que d'un truc se rapprochant de près ou de loin du rap. On songe plus souvent à GG Allin, à Rollins qu'à Q-Tip (exemple de mauvaise foi). Ou à ODB. A la rigueur. En somme on est dans un hip hop dans le sens Bambataa-esque: on fait avec n'importe quoi. Et c'est exactement ça, au résultat: il se passe n'importe quoi.
Si le disque prend cher, c'est parce qu'à vouloir être usant, il part dans tous les sens, allant chercher les pires idées possibles et imaginables. Hustle Bones joue avec la limite du bon goût en propulsant l'auditeur dans un délire de gabber à la yaourtière, comme si un rescapé de Bum Fight vous hurlait dessus, perdu dans une salle d'arcade un soir de fête en plein Akihabara. Punk Weight joue sur le sample usant de voix pitché, tic et tac nucléaire et hystérique. Mais sur Lost Boys on tombe dans le son pesant de machines aux nappes dégradées et ondulantes. The Fever fait penser à un piège audio dans une rampe de lancement type "rollercoaster", et on arrive à trouver le titre entraînant un peu pute I've Seen Footage plutôt bien branlé avec son aspect un peu crétin et probablement imbibé. Mais que ce soit dans les réussites, les étalages mauvais goût ou dans l'échec totale Death grips arrive à rester toujours dans une urgence qui rend le disque, bien que perpétuellement agressif et débile, toujours concis.
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