mercredi 3 octobre 2012
SWANS - The Seer
10 ans à jouer de la guitare acoustique dans Angels of Light, on ne pensait pas qu'une fois de retour dans son gang d'origine Michael Gira serait aussi prolifique. Après un premier album sympathique mais pas indispensable, Mike et sa bande ressortent déjà une suite. Ceux qui ont vu les Swans sur scène savent à quoi s'en tenir: Gira et ses potes ne sont pas là pour se marrer, ni pour faire les troubadours quinquas en dernière tournée mode nostalgique. Non, les mecs sont là pour te souiller, avec une classe apparente mais qui disparaît bien vite quand les amplis rentrent en fusion. Qui a déjà croisé le regard traumatisant de Norman Westberg comprendra - les yeux de reptiles du bonhomme en auront tétanisé quelques uns, quant il affichait une sérénité quasi suspecte, les bras croisés attendant que sa partition le sollicite. Une musique de véritables truands (le prix du disque est un premier indice), celle qui à chaque plan tentera de te plier les deux genoux dans le mauvais sens, produite par des types en chemise et en stetson. Visuellement, les mecs ont déjà misé sur un truc étrange, une sorte de chat à la dentition humaine, dont le blair sort de nulle part, montrant fièrement son anus de l'autre côté. Les cygnes t'emmerdent. Musicalement, probablement pour offrir ce qui se rapprocherait le plus de ses prestations, le groupe a choisi un moyen singulier: l'usure de son auditoire. Après un retour relativement classique, Gira et ses potes ont décidé de publier un album qui vous laminera par sa densité excessive et ses morceaux d'une longueur redoutable. On prend son temps, peut-être même un peu trop. Entre ses attaques fougueuses de free noise, ses aplats americana et ses longs développements psychédéliques, c'est souvent entre le quart d'heure et la demi heure que les mecs semblent s'épanouir, aussi bien dans l'exercice de la surenchère que dans la création d'espace, via ses passages à vide, hypnotiques, où les guitares semblent seules. Et pour un album boursouflé par sa longueur, quoi de mieux que d'inviter la moitié de la planète à jouer dessus ? Akron Family, Karen O (je dois concéder que même si je n'aime Yeah Yeah Yeahs, les morceaux sur lesquels cette jeune femme vient brailler sont toujours des réussites -cf. Millenium), Ben Frost (où ?), Low, Bill Rieflin et même Jarboe, créditée quelque part mais quasi-inaudible, c'est tout l'univers Swans/Young Gods étendu qui se bouscule sur la production des patrons. Alors boursouflé certes, mais soigné et passionnant. Bien que long, on termine The Seer avec l'impression d'avoir ingéré du bon Swans, celui de Children of God, celui de Great Annihilator, bref, celui qui est en forme, et qui s'avère efficace et prolixe.
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2 commentaires:
C'est exactement ça. Un très bon disque d'une reformation à laquelle je n'y croyais pas vraiment.
perso, je lui aurais collé ta chronique du XX
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