lundi 12 novembre 2012

NUMBERS NOT NAMES, SOLE - Glazart, Paris

Le prix des disques monte de manière inquiétante, les rançons demandées pour accéder à une salle de concert suivant la même direction, il est plus qu'agréable de voir que le Glazart et l'orga de cette soirée ont pris le risque de proposer un plateau sérieux pour une entrée à 5€. Mais faut croire que si c'est pas plus du double les gens ne se bougent plus... C'est à un glazart au deux-tiers vide que les deux formations de cette soirée vont se confronter. Logique imparable: si c'est pas assez cher, les consommateurs sont méfiants. Ou alors le fait qu'on soit un dimanche clôturant une paire de semaines de vacances, férié, de surcroît, joue à ce point sur la faible fréquentation ? Pourtant je me souviens parfaitement avoir vu Sole dans cette même salle il y a 5 ans (ou un truc dans le genre) avec son Skyrider Band et l'audience était nettement plus importante. Tristesse totale donc dans cette salle où l'on entends les semelles de godasse de Crescent Moon frotter le sol entre deux morceaux.
Numbers Not Names, on en parlait au printemps dernier, est un des nouveaux projets d'Oktopus (Dälek), d'Alexei Casselle (ledit "Crescent Moon", de Kill The Vultures), de Chris Cole (Manyfingers) et de Jean Michel Pires (NLF 3) chapeauté et publié par Ici D'Ailleurs (regardez l'EPK dispo sur les pages du groupe, très instructif et plutôt alléchant). L'EP était très bon, l'album est magnifique, on y reviendra. On n'était pas spécialement inquiet pour le passage live: Oktopus sait occuper l'espace, même reclus derrière ses machines, tout comme la présence de 2 batteries est rarement synonyme d'un décor inutile (cf. Tortoise ou, oui, encore, les Melvins). La lourdeur et la crasse qu'on attendait du son live de la formation sont bien présentes. Infra basses remuant le bas-ventre, murs de bruit blanc décapant les feuilles, le terrain de jeux est connu et ne déçoit pas. Là où le projet surprend, c'est logiquement dans son approche rythmique. Evitant les évidences, les deux batteurs jouent sur deux partitions qui se répondent vaguement, tout en disposant d'un espace conséquent. On sent que les deux batteurs ne sont pas à l'étroit et se permettent de suivre le schéma directeur tout en étant libre d'amener sonorités et roulements comme bon leur semble. Devant, Alexei Moon Casselle s'approprie totalement la scène et même l'absence de public, investit le moindre mot, la moindre phrase d'une conviction rageuse. C'est pratiquement l'album complet qui y passe -contre toute attente: nous n'attendions qu'une première partie- laissant la salle admirative devant un set dense, impressionnant au vu du peu de concerts que le groupe a dans les pattes -2 ou 3, le groupe étant la veille à l'excellente programmation du Riddim Collision (grand retour de 2nd GEN, mais aussi The BUG, Death Grips...) pour ouvrir sa tournée.

Derrière, la salle se vide légèrement pour le set de Sole, qui semble abandonné de tous (pas de DJ, plus de Skyrider Band, ses albums ne sont même plus signés Anticon - pourtant son propre label, mais le type a claqué la porte en 2010) et qui aura du mal a captiver la foule avec son hip hop ultra politisé et investit de sa mission. C'était déjà l'idée qui m'était resté en tête après le set avec tout son groupe, à savoir que le mec est visiblement sur-investit dans ses paroles et met un excès de conviction dans son interprétation. Lançant seul, ce soir, ses propres instrus à l'aide son laptop, cet excellent MC (technique/flow irréprochable) se démène sur scène pour défendre ses vieux morceaux et ses plus récents (un peu moins audacieux que par le passé, mais toujours extrêmement bien produit). Un peu dommage de voir une salle si peu rempli alors que le type a récolté d'excellents papiers du temps de l'âge d'or de son label-tendance lourde, visiblement, si on se souvient du concert de Sensational en mai dernier: le hip hop indé ne fait pas recette.

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