jeudi 26 février 2009

DÄLEK- Gutter tactics


Eloquente fusion entre le passé bruyant d'absence et l'accalmie déprimante du language abandonné, le duo du New Jersey revient donc avec ce nouvel album qui avait été envisagé par Oktopus comme "black sabbath meets early TG". Ce gutter tactics pourrait être vu comme l'union logique des deux précéents opus du groupe, sauf qu'à mon sens, il dispose d'autre chose. Ce nouveau disque est probablement l'album le plus hip hop du groupe depuis "from filthy tongue..." c'est à dire depuis des lustres. Précédemment, le groupe avait poussé jusqu'à un paroxysme de brutalité sonique la violence du son pour finalement aller plus en profondeur dans le sens de sa musique, allant droit à l'introspection que le silence du MC pouvait laisser alors prendre forme. En un mot comme en cent, Dälek est revenu vers plus de concision, si bien que ce disque passe le temps d'un claquement de doigts, pourtant frolant les 50 minutes. Je me rappel avoir lu après leur passage au batofar une chronique où le rédacteur parlait d'un batofar qui semblait se concasser de l'intérieur dûe aux coups de boutoirs industriels du duo. Gutter tactics sera l'enfoncement du clou fatal, car la formation pousse ici sa formule dans une étonnante configuration. Les morceaux cuvée 2009 semblent bénéficier de l'accalmie précédente (exit les gimmicks "samples de cors"), pourtant il est évident qu'au bout des trois gros quarts d'heure que dure le disque, on en ressort le cerveau compressé. Gutter tactic est peut être le disque le plus bruyant du duo, bien plus lourd, pesant dans ses sonorités que ce que la formation américaine nous avait habitué jusque là. La péniche ne se concasse plus, elle a tout bonnement coulé. Les multiples couches de sons empilés (en plus de la voix, ici réel instrument de terreur démultiplié jusqu'a l'impression d'être face à une armée complète) par Oktopus sont sourdes, sournoises même. L'impression d'être pris dans une piège sonore, l'impossibilité d'en sortir. Mieux encore, au coeur de cet album résonne le morceau le plus industriel (rythmé) que le groupe ait jamais produit, l'impressionnant "los macheteros", qui est en fait qu'un simple appel avant le final de l'apocalypse, "atypical stereotype" qui ressemble plus à une énorme couche de bave metallique vous passant dessus. Puisqu'on parle bien de hip hop, outre cette concision tout fraîche, c'est à travers l'étonnant "2012" que Will et Alap signent un grand morceau de hip hop classique, une sorte de RZA-like version traumatisé. Sans oublier le visuel où tags en tout genre viennent se terrer derrière le visuel de Romano. Réussite totale, inutil de préciser, même si les deux compères ont visiblement déja une idée de la suite, conférant à ce disque un arrière gôut de transition. En attendant mieux?

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