mardi 2 juin 2009

Sonic Youth - L'apogée stylistique et commerciale

Sonic Youth - Sister (1987)

Le tournant marqué par Evol était bien une sommation. Un avertissement. Le groupe est un groupe de rock n roll, un groupe de scéne, un groupe de tubes. Sister est un peu son réservoir à tubes, son disque bardé de mélodies cinglantes toutes plus efficaces les unes que les autres. La machine Thurston Moore livre riff sur riff, la rythmique se fait toujours aussi lancinante et les echapées bruitistes de plus en plus maitrisées. Chaque morceau recèle un orgasme caché au gré de mélodies triturées jusqu'àplus faim. Mais Sister va plus loin en proposant un son bien plus incisif, où les guitares proposent un vrai plan d'appui au reste. Steve shelley pose ses marques avec un son de batterie tout en retenu, jamais envahissant. Véritable passage à tabac vocal, Lee depuis evol possède ses propres compositions. Régal rock n roll, massacre tubesque du début à la fin. La simplicité apparente du format cache un côté bien vicieux, les guitares envolées laissent place à un aspect plannant et les guitares se répondent plus qu'elles ne combattent. Mais Sister c'est aussi la fin de la collaboration avec SST, du aux problèmes de non paiement et à l'arrivée sur Enigma.

Sonic youth - Daydream Nation (1988)

Arrivée tonitruante d'ailleurs, pour livrer le plus gros brûlot rock n roll du groupe, le disque le plus long aussi, double album d'une cohérence impressionante. Sister était la collection de tubes, Daydream nation gardera ce feeling mélodique et cette énergie rock n roll pour revenir à quelque chose de plus unitaire, comme á l'époque bad moon rising. L'ambiance à son apogée, sorte d'enchainement vers un but commun rageur, complétement sublimé par une production où le larsen est roi, où chaque déraillement, où chaque entrée de riff sonne comme un poing dans ta gueule. Sorte de tornade sonique, rempli de psychédélisme qui ne fatigue jamais mais monte en puissance pour arriver à une trilogie finale menée de main de maître Daydream nation reste bardé de tubes, qui prennent leur sens ál'écoute du précédent. Thurston et Lee jouent vite, bien et déroulent des compositions fleuves s'enroulant sur elles mêmes, bardé d'idées et remplies d'ambiance différentes. La rythmique enveloppe le tout, bardée d'effet, tel un cocon protecteur pour des riffeurs en transe. Tornade sonique surement car se cachent une montagne de détails subtils, rendant le disque hypnotique de bout en bout, sans jamais sombrer dans le bruitisme le plus imbécile. Daydream nation est surement l'apogée de cette epoque rock n roll et rageuse, où la haine s'incarnera par un riffing efficace et des rythmes binaires de Steve shelley. Onirisme dégouté, fatigué et las, Daydream nation va plus loin que le nihilisme punk passé en crachant ses brulots anti rêve américain, pourri par la crasse d'une ville New yorkaise décadente, mais encore nourri d'un idéalisme adolescent (Candle).

Sonic Youth - Goo (1990)

Idéalisme adolescent qui s'incarne par la signature sur une major, Geffen Records. Branle le bas de combat chez les fans hardcore qui ne comprennnent pas ce revirement de situation, et ce retournement de chemise. Apogée commerciale donc avec un album suivant les traces de ses prédécesseurs. Album rock n roll culte, pourtant en deça des précédents. Le groupe n'a d'ailleurs jamais aimé le son sur ce disque et lui préférait ses démos qu'il réeditera l'année d'aprés puis joindra en 2005 à une édition deluxe. Ce disque ne présente pas d'avancée immense, mais serait le petit frêre d'un sister se voulant plus "cool", plus posé. C'est d'ailleurs le disque le plus apaisé du groupe pour le moment, qui comporte une esthetique rock classique, trés tubesque, beaucoup moins vicieux que les précédents opus et que son grand frêre daydream nation. Steve Shelley marque son empreinte sur un disque où il varie son jeu, délaissant la binarité des précédents opus et les guitares savent se faire plus plannantes tout en gardant leur côté insidieux distordu sur des morceaux de bravoure tels Mote. PLus insouciant, mais tout de même sacrément efficace, Goo restera un disque plus stable d'un groupe en pleine expansion, surement moins risqué mais rempli de tubes.

Sonic Youth - Dirty (1992)

Tubes noise rock d'ailleurs. C'est un peu le crédo de Dirty, qui suit l'évolution plantée par Goo, en s'offrant un son bien plus incisif et adéquat. En quelque sorte Dirty est la suite de Goo, en laissant les erreurs de côté et en se payant le luxe de jouer de manière plus aérée et aérienne à certains moments. Plannant sans pour en devenir chiant, les escapades émotionnelles (theresa sound's world) atteignent des sommets. Plus dosé, plus maitrisé, mais aussi plus noisy dans son approche, moins calibré vers le tube, plus basé sur la trituration d'un riff, Dirty trouve le mélange parfait amorcé depuis le brulot daydream nation, en faisant la nique à toute une scéne noise rock/grunge en pleine éclosion commerciale. Toujours un temps d'avance, et cette loyauté underground incarnée par la présence de Ian Mckaye (minor threat, fugazi) sur Youth against fascism, SOnic Youth passe encore un cap.

Sonic Youth - Experimental Jet set, trash and no star (1994)

Etonnant. Car si Sonic Youth était arrivé à son apogée commerciale, avec des albums au son plus lissés et au style moins extrême, avec cet album ils remettent en cause toute cette avancée pour dérouter encore. On le savait bien qu'il fallait les attendre là où ils ne seraient pas. Un disque bien plus varié, plus aventurier, plus novateur, surement plus arty donc, qui renoue avec la tradition du groupe à ingérer d'éléments d'autres scénes dans son propre rock et à digérer ces éléments dans un son novateur. Ici, les guitares passent à la moulinette un nouveau groove lancinant, déglinguent des tubes dans des disrtotions asphyxiantes et jouent même rythmiquement de manière plus jazz. On voit là toute l'importance de Steve Shelley souvent relegué au second plan par les trois autres showman(woman) mais qui prend son importance en studio sur l'apport des rythmiques. Imagerie punk DIY (ouais n'abusons quand même pas), sonorités plus aventureuse, morceaux plus sexuels et dejantés, cet EJSTANS reste un pas énorme de franchi et une nique impressionante au major qui s'attendait surement à une suite aux lissés goo et au tubesque dirty.

Sonic Youth - Washing Machine (1995)

EJSTANS n'était sûrement pas un coup dans le vide dans une discographie commençant à être fournie. Sa suite sera encore plus bancale, avec un côté je m'en foutiste jamais atteint, où Kim gordon jouera encore plus de guitares pour arriver à former une presque formation de trois guitares, une batterie. Éloignement des racines punk, pour livrer un faux album de pop bancal, insidieux et remplis de clins d'oeil, sorte de pot pourri stylistique où les jeux de sons se font rois, où le moindre tube possède quelque chose de tellement bancal qu'il n'en sera jamais réellement un. Puis Washing machine c'est aussi l'apogée d'un songwriting qui n'a plus à faire ses preuves, où le tube pop ultime se transforme en déluge noise plus chaotique que jamais, mais à la fois ambiant (the diamond sea) et où le choix sonore se fait limpide. Disque trompeur, à la fois facile d'accés et limpide, il annonce une nouvelle ère du groupe qui deviendra le plus grand composeur de pop songs qui n'en seront jamais moderne. Le tournant se fait içi.

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