Lorsqu'on connaît la carrière du monsieur, on se demande bien ce qui a pu le pousser à faire un film comme The Green Hornet. Selon ses propres dires, ce serait pour se faire pardonner auprès de son fils d'être un homme trop pris par son travail... Pourquoi pas, après tout. Si papa peut s'amuser tout en travaillant et en se faisant pardonner par son fiston, il n'y a pas de raison de se priver d'une telle opportunité.
The Green Hornet est, dès le départ, un ovni dans le genre du film de "super héros" qui s'émancipe (un peu trop peut-être, Cf. la bande annonce de Thor ou de Green Lantern...) sur les écrans depuis le début des années 2000. Tout d'abord parce qu'ici personne n'a vraiment de super pouvoirs. Ok, Kato est capable de ralentir le temps quand il saute en l'air pour donner un fulguro-coup-de-pied dans le nez du méchant, mais bon, c'est pas franchement grandiose. D'autre part parce que l'adaptation portée sur grand écran par Jay Chou et Seth Rogen joue sur un paradoxe que Hollywood commence à bien aimer: la révolte de l'anti-héros brimé en manque de reconnaissance et qui se découvre une vocation de défenseur des opprimés.
De surcroît, le duo central repose lui aussi sur un antagonisme original puisque le sous fifre asiatique est plus connu que le riche héritier grassouillet. Et surtout il est bien meilleur en castagne, en gadget, en intelligence pure etc. Bref, tout un tas de bonnes choses qui brouille un peu les codes d'une industrie éprouvante pour les méninges et pour les créateurs comme Gondry.
Tout cela offre une place immense aux acteurs. Tout l'intérêt du scénario écrit par Seth Rogen est de mettre en avant de jouissifs échanges verbaux entre les différents personnages, leur laissant de grandes latitudes comiques. Dommage peut être que l'humour de Rogen s'affadissent à la longue par la répétition quasi mécanique du potache adulescent mais la petite tension gay qui se trame entre les deux zigotos est particulièrement bien vue. Dommage également que le scénario ne propose pas à Waltz de faire autre chose qu'une imitation pataude de son personnage d'officier nazi dans Inglorious Basterds.
Gondry lui, évite tant bien que mal les écueils de la grosse production classique. Chiche en effets spéciaux, préférant coûte que coûte les effets de plateau aux rajouts de postproduction, il se concentre sur le cadrage très propre de ses acteurs et sur leurs volubiles pérégrinations. Ca se bagarre, ça explose, certes, mais avec économie. Jusqu'à la dernière demi heure. Voulant visiblement rentrer dans son cahier des charges, le réalisateur français en rajoute des tonnes en multipliant des effets de manche qui s'épuisent et s'annulent les uns après les autres.
On en sort assez désemparé. The Green Hornet répond aux attentes des plus indulgents mais laisse pantois ceux qui espéraient un peu plus d'esprit. Le scénario balourd et trop centré sur Rogen (qui n'en mérite pourtant pas tant) saborde la psychologie des seconds rôles. On rît beaucoup mais sans arriver à distinguer le rire franc du rire putassier, voire indigné. Et puis reste le problème de la 3D. Inutile au possible, elle n'offre aucune valeur ajoutée à un film suffisamment spectaculaire pour ça... Du coup on n'est pas tout à fait certain que Gondry se fasse pardonner par son fils...
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