vendredi 3 juin 2011

Primavera Sound 2011

Troisième édition du festival barcelonais pour moi, aprés un an de hiatus boudeur face à une programmation plus fluokids et pitchfork que de coutume, cette année paraissait chargée. Changement de sponsor de bière, pour une programmation toujours à double tranchant, le festival pouvait à la fois faire le bonheur de l'avide lecteur de la dernière tendance rock pop, comme celui du vieux briscard deconnecté de l'actu depuis pas mal de temps. Et c'est un peu vers le premier visage du festival que la première journée commence avec un concert de blank dogs assez festif, dans une veine années 80, boite à rythmes et claviers sur fond de madchester un peu sombre, rappelant aussi bien joy division que indochine, dans des morceaux plutot fédérateurs. Premier concert attendu, celui de Seefeel, qui a composé un album remarqué par chez nous. Un concert en apesanteur, bien différent de l'image disque plus austère et nordique du groupe. Des basses chaloupées en puissance, à la limite du dub, sur une batterie rappelant le dernier Scorn sur lesquelles se greffent arpèges de guitare et nappes en tous genres. Un concert surprenant, complétement vivant et fragile. On rate les Emeralds et Salem (ahah qui avait envie de les voir déjà?) avec le crew pour se diriger dans le premier trou du festival et écouter PIL (public image limited donc). Etre fan c'est une chose (ridicule qui plus est?) mais profiter de ce spectacle grand guignolesque criant à l'authenticité (comme le suprême NTM) et au non appat du gain avec un rotten qui en fait des tonnes possède quand même son charme. Un petite excursion pour rater la fin de Oneohtrix Point Never (qui avait l'air ,magique, et surtout un des groupes que je tenais absolument à voir dans ce fest, toujours des sacrifices à faire donc) qui semblait perché là haut loin dans les contrées visuelles de ses installations soniques pas loin de Ben frost. Le moment de la soirée où le crew se sépare est sur le croisement Grinderman/Glenn Branca Ensemble. Je m'apréte donc à prendre ma mornifle sur ce parrain des musiques lourdes, cet eveque de la distortion, de la no wave, le papa de Neurosis, mais aussi de Sonic Youth et de la scène 90. On est loin d'être décu, avec ce qui ressemble au meilleur concert du festival. Une musique lourde, une ascension sans fin vers des contrées arides portées par cet ensemble de 5 guitares electriques, une basse et une batterie. Un sérieux et une application loin de toute pose, pour ces musiciens qui écoutent sans faille le chef Glenn, porté par sa musique, plié en deux par le poids de ses envolées qui retombent dans un magma sonore bouillant. Une grande expérience, et surement un des plus gros étonnements ded mes expériences live. La première soirée se termine sur une des tête d'affiche du festival donc: Suicide performant le premier LP en entier. Autant sur disque Suicide est dansant, gentil, amoureux et plein de mélodies, autant les deux martiens en concert sont des guerriers et nous balancent une bouillie sonore méchante, sur le fond des vociférations du boiteux Alan Vega qui abuse et son echo. Ils jouent fort, trés fort, et les claviers sont des murs du son qui rendent quasiment tout méconaissables pour insister sur le côté violent de cet LP. Du coup, on réecoute son disque avec une toute autre oreille.Un viol collectif, orchestré par deux barjos.
Dans les festivals il y a toujours un jour à blanc, et c'était le deuxième. Beaucoup de groupes pop sans saveurs (ou avec saveur, mais qui jouaient en même temps que d'autre choses), et beaucoup de blancs nous font donc passer à côté (avec ou sans regret) de The national, Battles et consorts. Gros moment de la soirée donc sur Pere Ubu qui interprete the Moderne dances (son meilleur album?) et nous explique qu'iul agrémente son set de quelques singles vu que l'album était vraiment le minimum syndical en durée. Un set blues arraché, post punk lancinant, dub dans certaines rythmiques révelent un pere ubu plus que touchant en conteur arraché, qui sirote sa flasque entre quelques anecdotes. On comprend un peu la musique d'oxbow, dans cette façon d'instaurer une ambiance sinistre dans le n'importe quoi, et de nous emporter au gré des maugréments de sa voix raclée. Il n'est pas sting, il le dit lui même, et s'il avait été sting, sting aurait été différent. Un grand moment de ce festival donc, pour ce qui est un groupe qui reste à part dans cette dynastie des années 80, un mélange de The fall, Oxbow et Tom waits. On finit la soirée sur Kode 9 qui interpréte un set de Burial, chouette moment ravagé par ces voix (oui, les mêmes que l'on entend sur Untrue).

Dernier jour, et une grosse journée, qui commence par une organisation désastreuse qui nous fait rater John Cale car en intérieur. On aurait pu nous prévenir qu'il fallait réserver par email. Du coup on ère sans but, entre Warpaint (qui restera le concert le plus désagréable vu à ce jour pour mes oreilles), une minute de Yuck (qu'est ce que c'est que cet immondice?) et la débil, combo espagnol qui mélange Tortoise et Savage republic intercalé entre deux monologues à la Léo ferré. Vient le moment d'Einsturzende Neubauten, un des concerts marquants de ce festival. Marquant pour deux choses. La première c'est que Blixa a vraiment l'air de cette vieille charogne imbue d'elle même, n'hésitant pas à nous vendre des clés USB contenant le concert du soir, dans une attitude mégalo au possible. La deuxième, c'est que Neubauten en 2011 présente toujours un grand interêt, surtout sur cette tournée des Strategies against architecture IV, compilation que j'ai plutot apprecié. Si Neubautent est clairement moins frontal, le groupe est aussi beaucoup plus raffiné dans ses climax et ses tensions soniques. Certains passages sont carrément grisants et l'utilisation de certains objets dans une formation orientée plus rock donne du corps à la musique. Même constat que pour Branca, la musique prend même une sacré ampleur lorsque les musiciens se permettent quelques envolées bruitistes (toujours gérées bien entendu, n'oublions pas que ce sont des vieux). On appréciera moins les quelques passages chantés longuets un peu inutiles (surtout en anglais). Un saut à Pj Harvey le temps de me faire renverser l'equivalent d'une pinte de bière sur le t shirt par une demoiselle enervée de ne pas pouvoir se trouver au premier rang avant de renoncer, sans aucun regret à écouter cette bouillie pop sous morphine bien rébarbative. Quelques mouvements pour entendre un peu de garage sur Davila 666, rater le Jon spencer Blues explosions (et oui....deuxième regret) pour me diriger devant les Swans. Les swans sur disque en 2011, c'est franchement pas trés grisant. Un peu de folk, quelques lourdeurs, beaucoup de chant, pas mal de mélodies et quelques riffs sur des percus, on en avait parlé, le retour ne m'enchantait pas forcément. Grand mal m'en a pris. Les swans sur scène, ce sont les même qu'avant, loin des angels of light. Gira ne chante presque pas ou presque. Il se contente d'orchestrer en grand manitou le déluge sonore et les mantra de percussion, de guitares et de basse tout en nous décrochant le coeur dans certains passages épiques. Rois de la répétition, de la musique à fort volume, des gros riffs et des distortions envolées, les incursions noisy en deviennent salvatrices. Même les morceaux reconnus du dernier album (no words no thoughts ou eden prison) en deviennent des mantras religieux qui sont la suite exacte de cop. Gifle. Fin du festival plus festive avec les black angels aussi sérieux que sur disque, copie conforme de leurs morceaux qui marchent d'ailleurs aussi bien, professionnels dans leur mixture post punk 60's mais surtout Odd future (merci collègue) en seul concert hip hop du fest qui valait plus que le détour tellement on aurait cru voir le wu tang première période devant nos yeux. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'ils nous gratifient d'une reprise du crew précedemment cité, au cours d'un set qui termine en grand n'importe quoi a capella, avec la moitié su public sur scène avec pour mot d'ordre de tout sacager. Poum!

Aucun commentaire: