En première partie, un duo guitare/batterie qui joue un rock noise hystérique, par deux mecs qu'on imagine bien se refiler les disques Skin Graft jusqu'a écoeurement et qui jouent dans le public et non sur scène. Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ?"Lightning bolt" ? Comment oses-tu, fumier ?
Depuis leur reformation en 2003, je ne crois pas avoir raté un seul des passages d' Unsane à Paris. Pourtant c'est seulement la troisième fois que le trio se pointe en formation "comme sur le disque" depuis 8 ans. Will Sharff de Keelhaul s'en est allé, et le basseux de Cop Shoot Cop aussi, laissant place aux seuls Unsane, les vrais, ceux qui empestent le New York pur jus et qui incarne une autre image de la ville, celle urbaine et sale, loin des groupes en tees trop courts et aux coupes de cheveux Woodstock. Je ne pensais pourtant pas revoir un jour Unsane au complet sur scène, entre les projets des uns (Celan, Pigs, Cutthroats 9, Paradise Club et Storm of light -merci, Vinnie s'est tiré de ce guet apen malsain) et l'éloignement géographique (Mexique, Berlin...) rendant une hypothétique suite à l'aventure assez incertaine. Peut-être la toute dernière tournée, ceci dit. Qui sait ?
Spencer semble assez statique sur scène, mais il n'oublie pas de remplir un grand saut de fluides corporels, à ce niveau là, c'est de l'art et en plus c'est syndical. Le seul membre d'origine du groupe a troqué son frigo d'ampli contre deux petits combos Fender, le même truc redoutable qui équipe aussi son camarade d'Oxbow ou encore KK Null avec Zeni Geva: approuvé par la crême du bruit rock'n'roll "worldwide". Peut-être aussi que c'est plus simple à trimballer tous les 3 mois entre Berlin et Brooklyn. Du coup, avec son équipement aussi impressionnant qu'un groupe amateur à la fête de la musique, il prend en traître. Quand il ne tord pas son manche (?) il gratte et c'est baveux qu'il dégomme quelques paires d'oreilles.
Curran est donc de retour. On l'avait aperçu avec Porn, nous rassurant sur l'état de son visa, aussi sur son approche de la 4 cordes. Si son absence est moins remarquable que celle de Signorelli, Curran prouve qu'il est au même titre que ses deux compères une partie de l'identité "Unsane". Sans l'un des trois, le groupe n'est plus le même. On vient voir le trio, on les regarde tous les trois mettre le public à mal. Pas de leader, pas de personnalité qui se dégage, mais 3 bonhommes au charisme et à la présence incroyable. Outre sa voix bien différente de Spencer (et qui mène un des meilleurs morceaux d' Occupational Hazard), son jeu est lourd et granuleux, sale mais précis. Curran tient la basse pour le groupe depuis le troisième LP, et même en dernière recrue, on espère que personne ne viendra lui prendre sa place sur un éventuel future enregistrement. Ce soir les 4 cordes vibrent comme chez personne d'autre, teigneuses et rouillées, appuyant salement sur l'intestin.
Vincent Signorelli a posé son dermographe et est sortit de sa dernière terre d'accueil, le Mexique, pour tourner avec son posse. Le doyen est toujours un des batteurs les plus impressionnant que j'ai pu voir, pas le meilleur technicien mais un de ces joueurs au feeling improbable et décourageant pour des tonnes de batteur. Entouré de Curran et Spencer, il semble apte à fendre de la cymbale de sa gestuelle ample et serrée.
Unsane peut donc enfin défendre à sa juste valeur Visqueen, comme le souhaitait Spencer, peut-être un des tous meilleurs albums du groupe. Et en glissant les vieilleries au milieu et un enchaînement Scrape/Get off my back impeccable en fin de set, le trio crache à la gueule du public qu'il est maitre ès noise, patron du groove 'made in NYC', et que comme les autres grands du genre, il reste indétrônable- même quand le mec aux lumières n'a jamais été aussi mauvais (ou bourré) que ce soir.
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