jeudi 15 mars 2012

PORTER RICKS- Biokinetics

Mission de sauvetage nécessaire réussie pour Type, qui se colle à la réédition du mythique premier "album" de Porter Ricks, disparu des bacs à disque et renégocier à prix d'or sur le net depuis fort longtemps. "Album" en terme discutable car les morceaux présentés sur ce double LP sont plus la somme du travail du duo qu'un projet composé en tant que tel. Porter Ricks est un projet mythique de dub techno pensé et mené par Andy Mellwig (également occupé au sein d' EAR ou avec un membre de Monolake, également fondateur d' Ableton) et Tomas Köner, ayant ainsi fait avec cet enregistrement les belles heures de Chain Reaction (sous label de Basic Chanel). Si la première édition dudit objet était dans un classieux boitier métallique semblant rescapé d'un vieux film de SF, Type accorde cette sortie à son catalogue et ré-encartonne le tout en posant en couverture un paysage lointain et incertain. Deux albums et une collaboration avec Techno Animal et ce fut plié: Porter Ricks jeta assez rapidement l'éponge après avoir enregistré parmi les albums les plus influents et importants de leur époque.
Chez eux, une obsession devient assez vite évidente: l'eau. Est-ce d'ailleurs pour ça que Porter Ricks tient son nom d'un personnage de la série TV Flipper ? Probable. Outre les titres (nautical dub...), c'est l'impression d'immersion aquatique qui prédomine la musique produite par la paire et le traitement des échos et résonances. Lointaines, dégardées, mais lumineuses et confortables. Porter Ricks joue avec les impressions auditives, les va-et-vients de vagues synthétiques, les oscillations du son et les passages de rythme. Sur le premier mouvement "Biokinetics 1", le son s'apparente à un épais sable entourant la tête de l'auditeur, s'imposant avec force au milieu du sound design soigné. Sa suite est composé d'un beat à la profondeur troublante et assailli par des battements éloignés rempli d'un écho pesant. Ce second mouvement rappel légèrement l'exercice de style que constitua Salt Marie Celeste, sorte de cauchemar ambient naval produit par Nurse With Wound. L'effet d'omniprésence de l'élément aquatique est également renforcé par les magnifiques nappes qui habillent les différents morceaux. Epaisses et lourdes, elles dessinent au sein des non mélodies des éclairs d'une grande beauté. Les claviers y paraissent alors analogiques et instables. Leur traitement fait songer aux impressions soniques conceptualisées par Boards Of Canada pour illustrer leur couleurs et photos vintages. Les basses, infras, sourdes et lourdes sont les reines de l'album, même si elles sont parfois muettes. Elles se font élastiques et obsédantes pour la cloture de l'album sur Nautical Zone, conduit par des sonorités de bulles digitales et un début de mélodie aux claviers dubs lointains. Un morceau de conclusion qui, de manière surprenante, semble résumé l'ensemble des thèmes et évocations sonores mises en avant jusque là. Une nouvelle édition donc bienvenu d'un classique inépuisable.

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