vendredi 16 mars 2012

TRENT REZNOR & ATTICUS ROSS-The Girl With The Dragon Tattoo

En attendant de remettre sur pied NIN (on l'avait dit, et visiblement ça se confirme: le groupe ne restera pas mort bien longtemps), Reznor et son fidèle acolyte Ross re-signent pour Fincher une BO. De mémoire, c'est la première fois que Fincher reconduit une équipe pour signer deux fois de suite la musique de ses métrages- et peut-être d'avantage si la trilogie se réalise. Et il paraît difficile de l'accuser de se planter, puisque les disques enregistrés sont bons.
Le duo a été particulièrement ambitieux (ou alors totalement laxiste en prévision, justement, des 2 suites probables) sur ce projet puisqu'ils ont enregistré une somme considérable de morceaux, s'étalant sur un triple album. L'objet s'ouvre et se ferme sur deux reprises: la première est une version d' Immigrant Song (Led Zeppelin) chantée par l'efficace Karen O (Yeah yeah Yeah), qui illustre l'hallucinante et très visuelle séquence d'ouverture comme l'a souligné Mr Cinéma, alors que la conclusion est une reprise de Bryan Ferry, interprétée officiellement par How To Destroy Angels, c'est à dire miaulée et maniérée par Mme Reznor. On passera rapidement sur ces deux morceaux insignifiants, pour se concentrer donc sur ce qui se trouve au milieu de ses deux extrémités -vite oubliées- et faisant, heureusement, le gros de l'oeuvre.
On sait que Reznor est un homme qui s'applique, qui s'est construit un studio solide, rempli de machines incroyables, et qui s'avère même être un homme de goût lorsqu'il sait s'écarter de son rock pour stade millimétré. On songe forcément à sa proximité avec Coil lorsque son association avec le producteur Ross (qui avait notamment travaillé avec Bomb the Bass dans les années 90 en signant une partie des beats de l'album Clear) donne des résultats comme Perihelion- pour n'en citer qu'un. Fond synthétique dense alors que des souvenirs de notes semblent s'effondrer aléatoirement autour. L'association des deux s'inscrit dans la continuité parfaite du travail précédemment fourni, Social Network. La partition remplit le cahier des charges. L'audience est mené dans un tunnel de morceaux, de petites représentations sonores basées sur le climat, l'ambiance. Et Fincher a été formel puisqu'ayant proposé au duo d'être juste "froid". L'exercice de style plait au duo. Les obsessions au piano de Reznor se repercutent dans sa quête du son synthétique. Ils y mèlent ainsi une trame électronique franche et parfois discrète à un ensemble plus organique, traditionnel. De fait, les codes de la bande originale moderne sont scrupuleusement respectés. Mais les deux savent cependant être pertinent tout en restant dans le cadre- si on excepte la longueur du disque, finalement.
Ross et Reznor ont articulé leur partition sur le mariage des pianos, des sonorités métalliques, des cordes et autres sonorités acoustiques avec l'armada de synthétiseur et d'effets en tout genre. Le Swarmatron, synthé à ruban qui a largement été utilisé sur Social Network mène encore la danse sur quelques titres. L'impression de chute, d'instabilité mais aussi d'un bourdonnement effrayant se distingue à plusieurs reprises. Les nappes de claviers, d'une épaisseur et d'une propreté remarquables accompagnent les sons cristallins et les cordes légèrement pincées. L'illustration sonore du film est impeccable: entre la tradition de l'exercice, et l'opression climatique conduite par les machines. Et là où l'album s'avère réussie, c'est que si en accompagnement du film il est à sa place, il ne manque pas d'intérêt sans son support d'origine. Même sa longueur excessive n'est pas un point négatif. Reznor y développe thèmes et motifs progressivement, pour parfois déboucher sur des morceaux au rythme tribal et aux guitares saturés bienvenus (A thousand details, Oraculum et ses claquements secs...). Le Reznor de studio, méticuleux , et bien accompagné par Ross signe une réussite, publiée sur le cultissime label Mute, comme une sorte de refuge légitime pour le leader de feu (plus pour longtemps) NIN.

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