Au pays des groupes que l’on préférerait détester, The Horrors arrive dans le peloton de tête. On les avait laissés sur un Strange House plus qu’honorable, carrément recommandable, avec une influence post punk/death rock bien enlevée, sorte de Cramps moderne dans toute la maitrise de son art qui enchainait les tubes les uns après les autres. Pourtant, on avait envie de le détester ce petit second. Rien que pour son artwork, pompé outrageusement sur un des disques fondateurs de la musique moderne : Pornography. Mais aussi pour les influences, pour le buzz médiatique qui se créait autour, pour le côté nouvelle sensation alternative du moment et le statut que le groupe semblait se créer. On crevait d’envie de prendre ce disque et de pouvoir dire « ils me la feront pas à moi ». Pourtant ce serait une grossière erreur, et rejoindre les rangs des suiveurs qui brandissent ce disque comme la nouvelle sensation rock est de rigueur. Alors oui, il y a des influences plus que consensuelles tout au long de l’effort. On pense bien évidemment à Joy Division pour ces vocaux écorchés et graves, pour ces intonations bien anglaises qui sentent la banlieue industrielle en friche. On a envie de les conspuer pour ces influences soi disant shoegaze en plein milieu d’un revival qui n’en peut plus d’irriter et de fatiguer. On crèverait d’envie de les accoler à tous ces groupes insipides type Deerhunter ou the Pain machin pure at heart. Pourtant quelque chose se passe clairement à l’écoute de cet effort. Cette sensation d’avoir à faire à quelque chose de dissonant dans le bon sens du terme, de novateur dans la digestion boulimique d’influences consensuelles. A aucun moment le groupe se la joue A Place to Bury Strangers, en balançant des distorsions mélodiques visant à rappeler les grandes heures de Loveless. Les distorsions sont fines, jouées en partenariat avec un feeling mélodique un brin prétentieux, mais toujours bien senties et à deux doigts de la cassure. La rythmique se veut binaire et monolithique, itérative et appuyée par une basse lancinante. Les tubes se succèdent et quelque chose sent le rouillé, comme sur Pornography d’ailleurs, qui reste l’effort le plus sournois et le plus insidieux que les années 80 nous ont livré. On est loin de ce disque bien entendu, car ce disque a déjà été composé il y a bien longtemps, mais on sent l’hommage à plein nez, et on apprécie le geste. Puis quelque chose est immédiat mais reste quand même. Peut être la patte de Barrows de Portishead qui livre une production ou il pose son nom (certains claviers me rappellent Third, notamment sur Sea Within a Sea, brulot krautrock qui se transforme en hymne électronique mais aussi cette frappe sèche de batterie fait écho aux récents travaux du sieur). Effectivement, ça sent le réchauffé à plein nez, mais on reste happé par l’essai passionnant de bout en bout, alternant hymnes et sonorités déjantées. Du coup, The Horrors devient encore plus le groupe que l’on aimerait détester, le groupe de vingtenaires arrivistes en The qui vient d’angleterre. Pas tout de suite que l’on pourra leur chier dessus.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
si tu cherches un The bien frigide sur qui te défouler sans être emmerdé, checke These New Puritans
Ouais horrible ce groupe, leurs deux livraisons m'ont remarquablemenet fait chier
Du petit lait ce disque, mais en effet "Sea wihtin a Sea" c'est un peu le "extended mix" de "The Rip" de Third.
Enregistrer un commentaire