mercredi 10 février 2010
KING MIDAS SOUND- Waiting for you
La première collaboration entre Robinson et Martin remonte, à ma connaissance, au maxi Dead man's curse de Techno Animal, en 2001. Sur un seul morceau, Robinson posait ses versets sur les rythmiques assommantes du duo Broadrick/Martin, donnant au morceau des allures de course poursuite où la paire tentait d'écraser systématiquement chaque apparition vocale du "poête", le tout enrobé dans ses sonorités cristallines et distordus que tissait l'entité. Depuis, Robinson est devenu un proche de Martin, insufflant un peu de repos au milieu des albums de The Bug (pressure et london zoo) entre deux missives de rude boy. Malgré le succès du dernier Bug en date, on pourrait croire que Martin fait désormais la part des choses: d'un coté ses prods les plus dance hall ouvertement présentés chez Razor X, et ses aspirations plus mélodiques chez King Midas Sound, dont voici enfin le premier album.
Si certains indices n'étaient pas présent pour nous contredire, on pourrait penser que Martin à changer. Si on songe aux premiers disques de God, ou que l'on réécoute 16-17 auquel il avait largement participé en plus de signer le projet sur son feu (et néanmoins excellent) label Pathological on ne peut que constater le parcours. Après deux maxis (chroniqués ici) et des apparitions chez Soul Jazz (Box of dub, ce qui est assez normal puisque Martin doit passer pas mal d'heure à arpenter els rayons de Sounds Of Universe a Londres, le magasin du label) un mix pour le webzine FACT nous dévoilait un Kevin qui mixait du Reggae à du Sade tout en douceur. Les temps changent.
Waiting For You donc, premier album attendu, promis depuis longtemps, passant d'une énigmatique page Myspace il y'a une paire d'année et des échos d'avertis parlant du prochain Maxinquaye, à l'objet, enfin. Pour que la présentation soit complète, il faut également parler de la dernière pièce du Puzzle selon les dires du géniteur: Hitomi, chanteuse de dance hall énervée qui appliquait sa voix sur un inédit signé Black Chow sur la compil des 5 ans d'Hyperdub (également chroniqué ici). Embarqué dans les périples du duo, elle permet à la paire d'envisager une fin pour ce projet de longue haleine- et de signer l'artwork.
Waiting For You est un album qui promettait beaucoup de par un casting impeccable, cohérent, et grace à ses teasers soigneusement distillés jusque là. Au final, l'album n'apporte pas de réelles surprises car il est parfaitement dans la lignée de ce qui était attendu. Pas décevant, non, mais sans révélation pour qui a suivi l'affaire depuis le début. Martin a produit de toute pièce un écrin magnifique, subtil d'une musique qui semble brasser tout ce qu'a pu faire de plus délicat l'Angleterre depuis les 3 dernières décénnies. Sur des ambiances pluvieuses, fantômatiques, les rythmiques gavées d'échos transpercent de leur aura noir les tunnels de basses. Robinson transforme sa voix pour lui donner des résonnances féminines, hybrides. Sa partition se complète parfaitement avec les apparitions trop rares de la troisième tête. Parfois, Robinson reprend sa voix de lecteur et donc plonge dans une ambiance plus grave le déja sombre navire KMS. Car King Midas Sound ressemble à un énorme navire qui sombre, chaque morceaux étant une pièce de plus innondée, ou encore à un labyrinth couvert, duquel on ne voit jamais la sortie. Malgré la douceur de la musique, jamais le son n'est relaxant. Rares sont les fragments de musique qui semblent rappeler qu'il existe encore une part d'humanité dans le "piège" KMS. Qu'il s'agisse des basses glaciales, ou encore de son banjo qui résonne sur Lost, tout semble pointer du doigt une présence disparue. Mais au delà de l'asphyxie sonore, l'album sonne étonnament urbain, et son lieu de conception- Londres- n'est pas étranger au résultat. A écouter la nuit, un casque solidement fixé sur le crane, le son au maximum, si possible dehors, tant qu'il fait froid.
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2 commentaires:
tafdac avec la dernière phrase ; du tout avec celle qui dit que ça oppresse et ne relaxe pas - je dois être un poisson ...
OUé, je comprends: je peux dormir sur du ANB sans problème. Mais je veux dire, c'est pas mielleux comme musique, c'est pas vraiment doux en somme. C'est très nuageux comme musique.
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