jeudi 28 octobre 2010
SCORN- Refuse, Start Fires
J'ai eu une légère crainte quand j'ai compris comment était confectionné le nouvel album de Mick Harris. Après le départ de Bullen, Harris avait tenu les rênes seul, fièrement pendant 15 ans. Stealth avait enfoncé le clou quant au propos de Mick, puisqu'il signait l'album le plus brutal de sa production, bien plus dévastateur et tortionnaire que les disques de Napalm Death sur lesquels il a rigoureusement cogné, et bien plus perturbant que les plus sombres morceaux improvisés de Painkiller. L'ajout d'un batteur m'inquiétait car je pensais que la mixture aurait des allures de production anticon, c'est à dire vidant quelque peu la sève toxique des productions de Scorn, en les adoucissant. Le mixage electronique/ Batterie live n'a pas toujours fait bon ménage, donnant parfois un grain charmeur qui supporte mal le temps.
Le premier contact avec l'album est avant tout visuel: de mémoire, sans vérification, je crois que Mick Harris n'avait pas humanisé son univers visuel depuis Gyral. Aujourd'hui se dresse un homme peint, torse nu, couvert d'un casque qui lui couvre la moitié de son visage. Couplé au nom de l'album, l'heure est à la guerre chez Harris. Lorsque le disque joue les premières secondes, le doute s'envole: Harris reste sur la progression naturel qu'il a entamé depuis Greetings From birmingham, affinant sa formule tout en renforçant sa production. L'impression tenace, largement éloquente depuis le live sur VIVO, d'un traumatisme sonore venant fendre l'air ambient demeure, prend encore de l'ampleur ici. Chaque coup est une déflagration qui abime le climat sonore, et le fait un peu plus sombrer à chaque mesure. Harris est un homme teigneux, ses boites à rythme ne peuvent pas dire le contraire. Les basses sont toujours ces agressions mécaniques et chaudes qui ébouillantes l'oreille, tandis que derrière, comme chez ses nombreux camarades anglais, le son s'entasse, s'épaissit, composé de larsens, de sons accidentels, de drones, d'inquiétantes résonnances. Puis vient le second temps, celui de la collaboration avec le batteur, le même qui visiblement était un de ses proches du temps de Napalm Death et batteur de Meathook Seed, si je ne m'abuse. Bref, un grindeux. A eux deux, ils tissent une musique qu'on ne pensait jamais entendre de la part de Scorn, et pourtant totalement cohérente et légitime: du dub, du vrai. Harris n'a jamais caché son admiration pour le reggae et le dub, mais la filiation n'était pas des plus évidente (même si réelle). Harris se livre donc à l'exercice, et en sort d'importantes plages d'un dub massif, sombre, malade. Harris s'avère un magistrale producteur, il sait mettre en évidence un jeu lourd mais aéré, l'articule à merveille avec ses machines et ses basses. La dynamique de l'album est est exemplaire. Et la mixture fait effet: Harris signe un album d'une noirceur éreintante mais remarquable. Opressant, l'album ne permet le repos, créée une tension permanente qui met en alerte. Les passages plus soutenues rythmiquement prennent du corps, constrastant avec la sérénité malsaine importé par la présence d'un réel batteur. Harris est arrivé à surpasser sa production précédente, en atteignant ce qui semble être, à nouveau, un paroxysme cr'éatif éblouissant, tout en proposant un album noir, méchant, troublant, faisant passé bien des tentatives similaires pour des jeux de fillettes.
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