mercredi 21 mars 2012

UNSANE- Wreck

20 piges qu' Unsane envoi la purée en gros maintenant dans les oreilles d'assemblées que l'on saluera autant pour leur endurance auditive que pour leur résistance aux douches buccales assurées par Mr Spencer en live, le non-chef glaviotant du trio mythique de New York. Non-chef car la force du groupe depuis la moitié des années 90, c'est de s'être imposé comme un trio, où chaque membre est aussi important qu'un autre. Les absences des uns et des autres l'ont démontré à plusieurs reprises: Unsane sans Curran, c'est pas Unsane, et Unsane sans Signorelli, c'est encore moins Unsane. Pourtant, Unsane, c'est Unsane depuis "Unsane", le premier LP d'Unsane en 91-duquel groupe il ne reste que Spencer.
On s'étonne tout de même que le trou d'activité du groupe soit aussi important: 5 ans depuis le dernier album en date, le magnifique Visqueen. C'est à dire que même quand le groupe s'est séparé en 2000, il a été silencieux moins longtemps (même si de fait, il y a 7 ans qui sépare le dernier LP d'alors avec l'album du grand retour). A vrai dire la pérennité du groupe a même été sévèrement remise en question quand Spencer s'installa en Allemagne et se pointa avec Celan, en assurant qu'il n'y avait absolument aucun plan avec le trio. Un EP digital et une série de concerts l'été dernier nous permettaient tout de même d'y croire à nouveau.
C'est Alternative Tentacle qui se charge de publier ce nouvel enregistrement, et on ne peut que féliciter le groupe de n'afficher que les plus prestigieux labels rock à son actif: Amphetamine Reptile, Man's Ruin, City Slang, Matador, Relapse, Ipecac, Sub Pop... Carte de visite impeccable. Jello signe donc les patrons du noise rock made in NYC pour un album impeccable. Impeccable car on retrouve Unsane comme on les a quitté. Et à vrai dire, ce q'on finirait presque par redouter chez Unsane, c'est un changement brut... encore que. Parce que nouveauté, Unsane s'est ouvert (plus que la main) pour ce nouvel album. Un morceau à la construction presque retenu, que certains désignent déjà comme un héritage de Celan se place directement en seconde position. Choc. Le monde change. Mais c'est presque un épopée mélodique, progressive qui s'offre à nous. Devant le talent, on s'incline, tout simplement. Sur l'autre face, deux autres surprises. La première est une reprise de Flipper qui conclue l'album. Si le groupe a toujours clamé son admiration pour le hardcore, le morceau, ne faisant pas tache, marque une réelle rupture dans le déroulement de l'album. On sent que ça ne riff pas comme d'habitude chez Spencer, tout comme on sent Signorelli se laisser aller à plus d'évidence. La véritable surprise de l'album s'appelle Stuck. Pour la première fois de son histoire sur album, si ce n'est l'introduction d'Alleged il y a 17 ans, Unsane se... calme. Spencer chante, et la guitare se fait tout en slide. Un blues grave et impérial. On s'incline, encore, devant la densité, tandis que Curran conduit de sa grosse basse cet improbable morceau, même quand la voix de Spencer semble se barrer. Pas d'autotune. Mais croire qu'Unsane n'enclenchera pas sa pédale RAT est une erreur et le morceau se termine comme un (grand) classique du groupe. Rat, d'ailleurs, c'est le morceau d'ouverture. Parce qu'il faut parler des autres morceaux, ceux qui ne sont pas hors norme. Et si on mentionnait le premier LP du groupe plus haut, c'est aussi à lui qu'on viendra se référer pour saisir une partie des morceaux Unsane pur jus de ce nouvel album. Rat semble une version moderne des premiers enregitrements: on sait que Signorelli est un patron de la rythmique aux toms, et des percussions tribales- d'ailleurs, sa participation aux Swans est créditée ainsi, il n'a jamais été mentionné en tant que batteur. Les trois semblent s'éloigner d'une formule plus traditionnelle de leur musique, moins 4/4 qui s'était vigoureusement imposée depuis Scattered, Smothered & Covered. La logique est maintenue sur Roach, ou sur Metropolis. De l'autre coté, on conserve le Unsane direct, qui tâche salement avec Curran qui tronçonne de la buche comme un goret à coups de 4 cordes malsaines (goret qu'il s'avère aussi incarner à la perfection quand il prend le micro), Signorelli qui frappe avec grâce et lourdeur en même temps (l'animal !!) le tout taillé dans les riffs les plus remarquables, les arpèges épiques (Pigeon) ou l'harmonica dégueulasse. 10 titres pour un album ramassé, mais sans fautes, qui présente encore Unsane comme les glorieux empereurs du rock sale, étouffant et qui fait toujours la différence à l'arrivée grâce à une alchimie des trois, un savoir faire et une intensité magistrale, au milieu d'une production qui peine à aligner des sorties convenables. Un très grand Unsane.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

oui un très grand album. pour faire une comparaison;un nouvel UNSANE c'est un peu comme un nouveau ZENIGEVA (qui partagent avec eux un relatif anonymat malgré des sorties chez Public Bath/Alternative tentacles ou Neurot...). toujours le même plaisir de se retrouver en terrain connu face à des 'vieux" routiers du riff et de la castagne noise. à coup sûr un des albums de l'année. kelloid

Damodafoca a dit…

Vrai pour Zeni Geva. Fessée sur scène ! Mais ça fait... 12 ans qu'ils n'ont rien sorti ??

On en avait parlé ici: http://beyondthenoize.blogspot.fr/2009/04/zeni-geva-pan.html

Anonyme a dit…

rien de bien neuf pour ZG c'est vrai. 2 live (indispensables) et Total castration qui vient juste d'être remasterisé par KK Null mais juste dispo en digital. impatience!!! remarques quand ils reviendront ils remettrons les pendules à l'heure...