L’autre jour j’ai fait ce rêve étrange, où j’étais un poisson, seul vestige vivant d’un monde où tout aurait disparu, et surtout l’humanité. Une humanité détruite par son manque de sensibilité, par son manque d’altruisme. Et ma malédiction était de contempler cette apocalypse biblique, où la terre aurait été recouverte d’eau, et où j’étais condamné à errer sans fin dans ma mer mondiale. Un poisson doué de raison en quelque sorte. Poisson avec ses propres préoccupations, qui consiste tout d’abord en sa survie (qui inclut se nourrir, ne pas servir de nourriture et aussi mais surtout procréation). Pourtant, je portais encore en moi les mémoires passées de mes illustres ainés de la race humaine. Comme un fil cloué dans un mur, et aboutissant exactement là où je me trouvais, le fil de l’histoire. En remontant ce fil, on comprenait pourquoi, en cet instant précis, l’eau avait recouvert la surface de la terre, et aucune espèce n’était capable de dominer l’autre ou d’évoluer vers quelque chose de plus consistant et surtout élaboré. Un poisson. Un poisson qui nage, qui flotte, qui erre sans but réel, plus guidé par son instinct que par une réelle finalité. Un poisson pourtant habité d’une conscience, rempli d’interrogations, suivant ce fil intégré dans une réalité en trois dimensions pour comprendre le passé, le présent, le futur comme des variables intégrées dans un satanée équation collective.
Au réveil, je n’étais pas un poisson, mais le premier homme. Je ressentais un mal de tête épuisant doublé d’une peur bleue du rêve que j’avais fait. Moi, le premier homme, qui devait engendrer une dynastie d’humains je portais le poids du futur en moi, la conséquence d’un échec aussi cuisant entrevu dans ce rêve prophétique. La paralysie me gagnait, j’essayais de retrouver ce fil rouge qui guidait nos existences. Je cherchais de l’aide pour pouvoir être assisté dans cette quête d’absolu. Mais j’étais seul et je devais assumer. A force de sonder et de chercher l’impossible, par peur d’agir et d’être le principal acteur d’une fin annoncée, j’ai préféré m’endormir, recroquevillé sur moi même en position foetale.
Au réveil, tournait ce Dilate, dans ma sono, fracas résonnant de rock drogué, de musique non évolutive mélangeant toutes sortes d’influences pour livrer un rock bruitiste, fait de couches de guitares (acoustiques, électriques, couplées de pédales d’effets) se superposant, s’additionnant pour finalement s’entrecroiser et exploser dans des crissements aigus bruitistes. Les mélodies sont une fausse excuse pour jouer la répétition, pour étirer les morceaux sans fin et faire rentrer l’auditeur dans une sorte de mer sonique psychédélique. Quelques incantations vocales ça et là, gémissements incontrôlés sorte d’échos aux feedbacks des amplis qui couinent. Le son sait aussi se faire plus sec, bien plus rêche pour revenir dans le flux de la mélodie de base. Non tempo, soutenu par une rythmique sous morphine, perdue dans les tréfonds de la wah wah qui ne s’est jamais mieux appelée qu’aujourd’hui la Cry baby (cry). Et après il y en a qui osent les comparer à Mogwai…
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3 commentaires:
oui, oui, j'arrive ...
Tu verras quand tous les Bardo vont tomber les uns après les autres!
J'aimais bien celui là quand j'ai découvert, mais je crois que j'ai fait overdose de bardo pond. Ceci dit, le pire reste le side project que les mecs ont sorti chez Important records qui est affreux. Baikal je crois bien ...
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