Un festival pour riches en herbe. Au milieu des champs luxembourgeois, une seule journée (pour que les enfants puissent rentrer dormir à la maison, et que maman ne soit pas trop inquiète, on salue l'initiative). Une affiche consensuelle ne pouvait qu'attirer votre serviteur consensuel par excellence. On arrive donc en enfer à l'heure du repas. L'enfer, c'est le cas. Aucune zone d'ombre, un seul point d'eau pour je ne sais combien de festivaliers, la bière aussi chère que les burgers, l'eau aussi chère ou presque que la bière. Canicule.
C'est dans ces conditions que l'on va s'assoir sur inborn, groupe de rock luxembourgeois qui délivre une version chiante des arctic monkeys déjà chiants. Anesthésiés par la chaleur, le groupe ne nous sortira de la torpeur que lorsque certaines limites techniques de la scène pointent leur nez. Les jacks crépitent, les voix s'évaporent et le son se transforme rapidement en bouillie aigue. Inquiétant vu que Deftones jouera sur la même scène. On se dirige donc vers la scène principale pour déguster le set de Biffy clyro, présentés comme les nouveaux Nirvana (sic!). Point de Nirvana ici mais une soupe metalcore emocore à tendance riffs alambiqués sur un chanteur égérie qui en fait des tonnes. La prestation sera tout de même rythmée par un groupe qui maitrise les conditions et la scène et aura au moins reçu l'aprobation d'un public qui lui est clairement dévoué même dans les pires moments pop/folk débarquant sans crier gare.
Canicule oblige, ce sera impossible de continuer à rester assis ou debout au soleil, de peur de rester scotché quelques jours avec une bonne insolation. C'est de l'entrée (seul endroit qui offrait la possibilité de se couvrir) que l'on "écoutera" le set de Jan delay, sorte d'entertainer allemand qui se délecte avec sa soupe electro pop putassière reprenant du missy elliott comme du britney spears pour faire danser les foules. Pitoyable. Je me dirige donc rapidement sur l'autre scène pour apercevoir quelques morceaux de Ghinzu, qui a le mérite de ne pas autant ennuyer que Muse sur disque, et qui sont clairement des fans. Version belge du rock anglais qui s'y croit, piano, guitares, riffs, voix atypique. Le groupe livrait tout de même un set bien carré et excellait même dans les moments les plus noisy.
On ne finira pourtant pas le set car Gossip s'organisait sur la scène principale. Gossip ou la hype du moment, la version homosexuelle des Strokes? En tout cas le groupe s'est retrouvé propulsé au devant de la scène avec ses deux derniers albums, et ses disques ne sont pas forcément dégoutants. Le groupe n'est pas la bète de scène attendue, et le set prend du temps à se mettre en place et à gagner en énergie. Le guitariste/machiniste est le réel coeur du groupe, et n'en rajoute aucunement là ou sa frontwoman en fait des tonnes (et emmerde carrément dans son humour passablement laid et sa provoc à deux balles). Il se centre sur sa musique, et la puissance du son. Le bassiste avait l'air cool, genre faux clone de Bloc party tout sourire et sa/son (à determiner) collègue à la batterie est par contre assez phénoménale dans le rôle de tenir la baraque. Car Gossip est avant tout rythmique et son rock bien moderne et dansant dans cette veine hype actuelle se déroule sur scène comme sur cd: sans aucun accroc. La voix est sans atteindre aucun sommet bien sympathique, remplie d'influences soul mais manque de souffle tout au long du concert ce qui la force à remplir des vides entre morceaux intersidéraux avec des vannes foireuses pour respirer un peu (en étant méchant, on pourrait signifier que son poids n'aide pas dans la réalisation d'une prestation sans accroc).
Gros trou noir de la journée, on a le choix entre se farcir Paramore, qui semblait attirer majorité du public quinzenaire (étonant!) puis Kasabian. Ce sera donc une longue pause hydratante, puis la recherche d'un coin d'ombre pour une sorte de sieste en attendant que Deftones installe son matos sur la scène. Et pour une fois une quelconque pression et attente se fait sentir dans ce fest. Le public s'attroupe devant la scène avec une envie palpable et sa diversité est d'ailleurs étonnante. Vieux et plus jeune (voire trés jeunes!) se précipitent vers les devants de la scène.
Première claque donc, avec cette sensation que Deftones est au sommet de son art scénique. Adrenaline est remis au gout du jour, mais sans prétention de fadasse retour aux sources. La tension est énorme, les morceaux s'enchainent sans aucune pause, CHino est dans une forme dantesque et Delgado est encore plus essentiel sur scène que sur disque. Derrière, Cunnigham malmène ses futs comme s'il leur en voulait. Entre Around the fur, Adrenaline, Minerva de l'éponyme, et les morceaux de Diamond eyes bien meilleurs que sur cd, on appreciera par dessus tout ce Passenger (White Pony) majestueux, étonnant de spontanéité. Un son carré, des mélodies madeleine, une puissance de frappe démentielle, un show urgent et un final sur 7 words plus que nostalgique. Le show que l'on attendait même pas d'eux. A noter que juste devant moi s'étaient réunis les types bourrés et galvanisés par une prestation metal, qui s'amusaient dans le pit à casser des nez.
Après cette prestation, plus trop d'envie jusqu'au concert final donc, et c'est en se dirigeant vers le stand de nourriture que le grand écran relate la prestation de 30 seconds to mars. Vous souvenez vous de ce groupe? Un frontman qui titille votre petite amie, une musique qui titille vos enfants (si c'est votre petite amie, changez la), un acteur inside pour des monuments cinématographique ou télévisuels (Angela 15 ans ou Requiem for a dream !!!), voila la tête d'affiche tant attendue. Jared Leto est tout sauf un type humble, et rien ne peut l'ébranler dans sa conviction que sa prestation est sans tâche, tout comme sa musique. On assistera à un déballage de discours tous aussi fascinants les uns que les autres, remplis de fucking amazing et people now fucking jump. Peu de morceaux à l'arrivée mais la sensation d'avoir rencontré un type aussi génial que la musique de son groupe. Voix fausse, rock soit disant lourd et cybernétique, mélodies absentes, feeling aussi, si la musique du futur ressemble à 30STM, j'en resterai là. Il se payera même le luxe d'inviter le meilleur chanteur de rock à ses yeux, Chino Moreno pour une minute d'une haute intensité.
Une fois dégagé le phénomène de cirque, les enfants couchés, les fellations backstage qui devaient pleuvoir, le festival a enfin gagné une vraie tension. L'attente de Prodigy. Car au final si j'étais là, c'était pour enfin remédier au mal principal de ma vie musicale: l'absence de show de prodigy dont nous peuplons tant le blog d'articles. Plus d'une heure à patienter, en espérant que la place choisie sera suffisament proche des hostilités et suffisament loin (à comprendre, pas dans le tas des types qui n'en peuvent plus et t'empechent de savourer une prestation).
Prodigy est la guerre. Un concert de prodigy parle pour tous leurs disques à la fois, les enterre tous et n'y gagnerait même pas à durer plus longtemps. Cette sensation d'avoir assisté à quelque chose de mémorable, à l'essence même d'un show, d'un concert ou d'un evenement musical. Des types qui revisitent leurs propres morceaux avec une puissance de feu, qui se permettent une liberté instrumentale et une énegie purement rock, voire punk pour une musique à la base électronique. Prodigy va au dela de toutes les barrières, et ses deux frontman ont chacun leur rôle prédéfini. Là où les deux premiers sont des chauffeurs de salle sans précédent (Maxim et Keith Flint), qui veulent voir leurs warriors se maraver la gueule au son de leurs assauts musicaux l'autre (Liam Howlett) est un chef d'orchestre jamais vu dans ce type de musique qui choisit la direction de son set avec une précision hors du commun et l'oriente de manière à achever le travail de son collègue. Exit AONO donc, qui sera definitivement l'album maudit bien en dessous d'une discographie sans précédents, pour se concentrer sur l'esprit de la rave music dont ils sont les modeleurs. Le dernier album se veut dans cet esprit total, et les morceaux déjà dantesques sur cd prennent ici une toute autre ampleur. On entame sur un World's on fire pas trop retravaillé puis le marathon s'enchaine. Si les frontmen parlent beaucoup, communiquent et manient le public à leurs caprices, c'est toujours sur fond musical et visuel epileptique qui donne cette sensation de ne rien comprendre à l'expérience à laquelle on assiste. Breathe (en version classique d'ailleurs) ouvre le bal d'un Omen d'ores et déjà culte,d'un warrior's dance rappelant No good sur Experience, puis les Prodigy reprennnent quantités de leurs classiques : Poison, Vodoo people, Smack my bitch up, même le beat principal de Diesel Power. Thunder du dernier album est retravaillée dans une version dubstep d'une lourdeur implacable, rappelant les travaux de Mick Harris en encore plus cauchemardesque. Prodigy en concert est un des seuls groupes de musique électronique (Atari teenage riot se targue de jouer sur le même terrain, sic) à être capable d'allier une démence guerrière et une maitrise instrumentale totale. Le groupe s'enquille un rappel se terminant par outer space en clin d'oeil aux fans, premier réel tube les ayant propulsé là où ils sont. Un show d'une rare puissance, qui fait passer les groupes de rock pour des sous tanches molles, les groupes de metal pour des vieux beaufs, les groupes de punk pour des fantomes, et la musique électronique pour un truc scéniquement chiant, deux laptop de guise. Une expérience à part qui remet définitivement les pendules à l'heure. A bientot.
PS: On remercie Kyros et sa grande taille pour les photos, et vous pouvez cliquer dessus pour les agrandir (content de l'apprendre!)
PS2: Un bonus cadeau (Merci à Narya):
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3 commentaires:
Pour avoir vu Deftones récemment. Il est vrai que leur set est à un niveau inattendu. Aillant été bluffé, autant par la prestation vocale de Chino que leur son hyper incisif, Deftones mérite vraiment leur place de leader du new metal.
Ludal
Dommange d'être fan de drum & bass et de se barrer avant Pendulum ;)
Je ne peux qu'être okay sur ton avis sur 30secondstomars qui nous avait pourtant sorti un grand premier album avant de sombrer dans le kikoolol boutonneux :-(
Je serais tout de même un peu moins dur envers Biffy Clyro qui use plus de subtilité qu'il n'y parrait...
Je me suis barré avant Pendulum car j'étais chauffeur et que j'avais 4/5h de route, un peu crevé. Mais oui j'aurais bien vu Pendulum. Je dois avoir un coté elitiste aussi ou je trouvais ma soirée accomplie suite à Prdigy.
Sur Biffy Clyro je me suis clairement fait chier par contre, vraiment pas ma tasse de thé.
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