lundi 20 décembre 2010
EARTH-Bureaucratic desire for extra capsular extraction
Magnifique initiative de Southern Lord, probablement en quête de quelques centimes, qui sort pour la première fois l'ensemble des premières sessions d'enregistrement de Dylan Carlson- surtout que la sortie du disque colle parfaitement avec ma volonté de mettre la main sur une version honorable de "German Dental Work", superbement repris pas Khanate. Au tout début du groupe, Carlson finance lui-même l'enregistrement de son jeune groupe, Earth, et s'offre pour 300$ quelques jours au studio Smegma. Le line up est alors constitué de Dave Harwell et Joe Preston, tous deux à la basse, accompagnant Carlson (le seul membre encore présent dans le groupe) et sa boite à rythme. Si on retient l'éternel "2", les sessions Smegma n'en sont pas moins importantes et mémorables, contenant, si ce n'est du rythme en plus, l'ensemble des éléments qui modèleront la musique du groupe dans sa première incarnation tout comme la scène doom/drone aujourd'hui grouillante de formations. 7 morceaux étalé sur 2 disques vinyles (ou un cd) retrace l'histoire. La musique de Carlson est essentiellement basé sur la lenteur et la répétition, s'articulant autour de concepts fumeux (le diabète puis la chirurgie oculaire pour la pochette, quelques références littéraires obscures toujours bon genre quand on cause metal pour les textes et les titres). Le temps nous permet de voir que la musique d' Earth, peu évidente de prime abord, a tout de même pris une quinzaine d'année pour prendre racine au sein d'une scène, et de germer pour faire des petits. Seul Joe Preston, pourtant parti rapidement, semble malgré tout avoir capté l'importance de cette musique. Si la flemme auditive ferait rapidement un lien avec Godflesh, alors en train de s'exciter outre atlantique, "Bureaucratic" n'a pourtant rien à voir. Carlson n'a pas du tout un jeu similaire à celui de Broadrick, son jeu est un blues fermenté, sourd et assourdissant, presque crêmeux tant il est asphyxiant. La guitare n'est pas abandonnée à ses larsens, elle est en permanence conviée à grogner. Si l'album qui réuni donc enfin l'ensemble des morceaux -jusqu'à présent disséminés entre un premier album amputé chez Sub Pop et un live réédité- ne semble alors pas disposer de charmes, Carlson a su convaincre pourtant des gens d'y adhérer: Kelly Canary, chanteuse des très obscurs Dickless (un 7" au compteur) vient hurler sur deux morceaux, alors qu'un certain Kurt Cobain, ami très proche du guitariste , vient marmonner quelques incompréhensibles paroles sur ces mêmes morceaux. Si les morceaux vocaux sont plutôt expéditifs sur le disque, "Bureaucratic" est largement composé de morceaux longs voir interminables. La répétition de Carlson et sa troupe atteignant un paroxysme usant sur "Ouroboros is broken". A la suite, résonne le très teigneux et fascinant German Dental Work, brutal agression du riff entêtant et gluant. Suivront un album devenu culte, et une poignée d'autres disques jusqu'à une première pause, achevée par un disque hommage au casting effrayant: Broadrick, Sunn O))) (logique), Autechre, O'Rourke, Mogwai, relançant la carrière de Carlson orientant sa musique vers une folk/americana venimeuse.
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