"- Ca m'a beaucoup fait penser à La Guerre des Mondes.
- Oui et puis à Avatar aussi, surtout avec cette couleur bleue super intense..."
Quand on sort de Skyline, les yeux bouffis par une heure et demie de lamentation, c'est le genre de choses qu'on ne s'attend pas à ouïr, le genre de propos qu'on n'imagine pas une seule seconde entendre... Vous me demanderez peut-être pourquoi je me suis engagé dans ce marasme qui s'annonçait avec évidence aux vues de la bande-annonce assez pathétique que les frères Strause avaient préalablement pondue. Vous m'en voudrez même d'avoir préféré aller voir Skyline et d'en chier avec difficulté une chronique alors qu'à la même heure j'aurais pu (dû) aller voir le film de Banksy...
Oui mais voilà, dernier vendredi avant Noël, Schwarzenegger vous dirait que c'est un peu la Course au jouet... Quelques heures à galérer dans les couloirs bondés de Châtelet, à se faire bousculer dans les rayons de la Fnac pour en ressortir le sourire aux lèvres, deux films de Murnau (L'Aurore et City Girl) et un coffret d'Eisenstein en poche. Bref, après cette frénésie, emportée par ces achats hautement louables et quelques autres, je me rendis compte que j'avais fini mon "magasinage" trop tôt. Hop, on embarque pour l'UGC le plus proche et vous connaissez la suite: la fainéantise intellectuelle l'emportant sur l'envie de lire des sous-titres (oui, je me dégoûte en écrivant ces mots...) je me suis engouffré dans la salle numéro trois, au milieu d'une foule énorme (très majoritairement masculine) ne se doutant certainement pas de ce qu'elle allait voir...
Toutefois, on constatera (avec effarement) que tout le monde n'est pas sorti de la salle dans le même état lymphatique que moi. Skyline n'est pas le premier sévisse cinématographique des frères Strause. Ces deux post-adolescents immatures ont déjà livré le brillantissime Alien vs. Predator - Requiem. Rien que ça. Plus sérieusement, à la base, ce sont tout de même deux spécialistes des effets spéciaux, détenteurs d'énormes studios à L.A, ayant collaboré sur de très nombreuses productions à très gros budget et notamment sur le dernier film de James Cameron, Avatar.
C'est le moment où vous faites l'analogie entre la dernière phrase du précédent paragraphe et les deux phrases d'introduction. On peut effectivement se demander s'il n'y a pas un peu d'Avatar là dedans, au moins au niveau des effets spéciaux. Je vous coupe tout de suite, la comparaison n'est même pas imaginable. Skyline est l'histoire de deux couples qui se retrouvent dans l'appartement chicos de l'un d'eux à Los Angeles. La nuit, des extraterrestres envoient des lumières bleues un peu louches partout dans la ville et au petit matin, ils commencent leur invasion, enlevant tous les habitants de la ville pour leur voler leur cerveau et se reproduire...
Moins qu'un simple film d'envahisseur un brin démagogique et légèrement propagandiste comme peuvent l'être ceux de Roland Emmerich, Skyline n'est qu'un dépotoir de dialogues risibles et un manifeste de plus de l'omnipotente culture bling-bling. La quasi totalité de l'action prend lieu dans l'appartement d'un des frères Strause, qu'il a gracieusement prêté pour l'occasion, un superbe loft surplombant la ville. On y arrive en grosse voiture, on jouit d'une vue magnifique sur la marina, on fait des fêtes très alcoolisées sur le balcon, on trompe sa femme parce qu'on est un beau gosse musclé qui ne sait pas tenir sa quéquette... Bref, rajoutons à cela une mise en abyme nombriliste qui nous pousse à nous demander si le film des Strause n'a pas un petit côté autobiographique et on atteint les limites intellectuelles du film.
Passons aux limites techniques maintenant. Les deux frangins se sont cassés le cul à démarcher des investisseurs sans passer par une major, pour des soucis "artistiques" paraît-il. En découle un plus petit budget mais une "liberté" totale. Le petit budget on le ressent très vite avec une qualité visuelle estampillée "Dessous de Palm Beach". Parce qu'ils sont rebelles, ils se sont dit qu'ils allaient tourné l'invasion en plein jour, ce qui ne rend rien. Parce qu'ils sont des as des effets spéciaux, ils se sont dit qu'ils allaient faire des aliens bien léchés, ce qui, sur les plans larges, ressemble à un jeu vidéo des années 90. Et puis tant qu'à faire, blinder le creux du scénario par des scènes d'action d’anthologie. Ceux qui verront la scène de l'avion qui s'écrase à la fin rigoleront certainement très fort...
Bref, peut-être suis-je en train de tirer sur une ambulance... Ma foi, c'est même certain. Mais il est assez intrigant tout de même de voir deux mecs se dépatouiller comme des cinglés pour vendre un tel projet, se bouger au Festival de Berlin avec une démo pour attirer les investisseurs, en trouver et pondre quelque chose d'aussi vilain. Parce que c'est vilain. Des acteurs aux lumières, des dialogues aux 900 effets visuels, tout est vilain. Ce qui l'est assurément encore plus c'est qu'un film pareil, sans aucun enjeu scénaristique, mais vraiment pas le moindre (spoiler: et qu'on ne me fasse pas passer les 2 minutes où Elaine apprend à Jarod qu'elle est enceinte pour un enjeu !!) puisse d'une part, avoir été écrit et d'autre part, finir par être comparé à Avatar... Bref, l'abrutissante fin du film laisse à penser aux spectateurs qu'il y aura une suite. Et pour cause, la suite a été mise en chantier avant même la mise sur le marché du présent épisode... L'enfer est donc un gouffre sans fin si tant est qu'on choisisse d'y tomber.
Pas dégoûté du cinéma pour un sou, j'ai illico filé au Forum des images pour une séance salvatrice, histoire d'absoudre ce péché de fainéantise. Et c'est avec un autre péché, celui de la chaire, que j'obtins le pardon : Un chant d'amour, magnifique film de Jean Genet, réalisé en 1950 et censuré durant 25 ans, me rappela aux douces mélodies du cinéma...
5 commentaires:
Est-ce que ca vaut la scène où le requin saute pour chopper un avion en plein vol dans "Mega shark vs Giant Octopus" ??
Dire que tu aurais pu aller voir le bansky.
AHAHAH
Assurément non, ça ne vaut pas la scène du requin qui bouffe un pont ou qui choppe un avion en plein vol dans "Mega Shark vs Giant Octopus". Cependant la scène ubuesque du crash d'avion (en fait il se fait descendre par les aliens, fonce tout droit sur le toit de l'immeuble où sont Jarod et Elaine, on pense qu'il va se crasher sur eux mais non!!! L'aile de l'avion heurte le toit ce qui fait rebondir l'avion juste au dessus de leur tête et s'écraser dans le méchant alien juste à côté... La salle était hilare...
Pour le Banksy... j'avoue, la honte quand même :(
P'tain j'suis bourré ou quoi? J'ai même pas fait une phrase correcte... Sous le choc certainement. Tout ça pour dire que cette putain de scène vaut quand même son pesant de cacahuètes.
Cauchemardesque. Et ce héros... Rien que la barbichette de tarlouze, j'ai cru que le film allait avoir un coté Starship Troopers. Mais même pas... C'est de la merde... :(
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