Commence aujourd'hui mon bilan 2010, en forme d'hommage rétrospectif aux derniers travaux de Peter Christopherson, aka Sleazy. L'homme s'est éteint cette année, dans son lit, en Thailande, sans mot dire de plus. 2010 se résume en majorité par cet événement d'une grande tristesse pour le monde musical. Le parcours de Sleazy, on ne le trace plus, de Throbbing Gristle à Coil en ligne de mire. Pour célébrer la fin d'un des personnages les plus influents de la scène musicale, ou du moins l'un des plus fascinants dans son parcours artistique, les prochains articles se centreront sur la fin de carrière de Sleazy, ses nouveaux projets et ses nouvelles fascinations. On en était resté sur ''The New Backwards'' de Coil, véritable travail de nécromancien de Christopherson et Danny Hyde. Soisong, ou l'une des nouvelles incarnations de Sleazy. Dans son dernier billet, Stockton revenait rapidement sur la récente compilation de COH et nous parlait des travaux du leader de COH, Ivan Pavlov, aux côtés de Christopherson justement. L'erreur principale de mon collègue occasionnel, c'est qu'il avait envie de pouvoir jeter une oreille sur les disques de Soisong, laissant entendre qu'aucun n'était sorti. Actuellement (et surement pour longtemps vu les circonstances nécrologiques), Soisong a composé un EP et un album. Un album dont il est question ici, donc. Mystérieux avant tout, le projet Soisong est aux antipodes du projet Coil sur la fin de carrière (les boites de dvd avec peignoir et savons vendues 300 dollars) et du projet throbbing gristle (les totems incrustés dans part two the endless not, dont le totem en or). Soisong semble profiter d'une aura bien plus apaisée et nager à contre courant en livrant un objet en tous points impeccable. Livré dans son sachet de preuve dont il faut extraire l'origami et l'ouvrir pour tirer un objet en forme de sarcophage où les deux gaziers apparaissent déguisés en femmes. Un disque octogonal, qui résistera donc à ma chaine HIFI qui n'accepte malheureusement que les disques de format normaux et qui me forcera à l'insérer dans mon ordinateur plus coutumier de ce genre de méfaits. On parcourt rapidement l'objet et les messieurs nous invitent à nous rendre sur www.soisong.com (''for more information use the album title as a key''), pour trouver des infos. Malheureusement, je bloque sur la laideur du site web en question, peux actuellement contempler des photos de Sleazy en vacances ou terminer sur un bête shop en ligne. J'ai beau taper mon titre code d'album dans tous les sens, le message d'erreur s'inscrit indéfiniment. Pour les photos de l'objet, un bon monsieur de l'internet s'est collé à la tâche avant moi, je lui volerais donc ses jolis clichés qui permettent d'imaginer l'objet (voir à la fin). Au delà de l'objet, Soisong est une rencontre artistique complète qui semble sur cet octogone atteindre des sphères de cohérence insoupçonnées. Sleazy apporte sa maitrise des couches sonores, son choix des ambiances feutrées et mélodiques et s'occupe aussi des vocaux donc, étape importante dans sa vie artistique postérieure à la mort de John Balance. Ivan Pavlov est crédité comme le maître des instruments, et la part belle est faite aux instruments jazzy sur ces couches sonores. Un piano trituré jusqu'à créer des fantômes, des cuivres, des lignes de basse agencées de manière à faire résonner de légères instrumentations électroniques. Soisong présente une entité beaucoup plus organique, beaucoup moins pesante que les projets respectifs des deux musiciens. L'espace sonore est parfois laissé en pâture au silence, et le poids des mélodies se fait donc d'autant plus marquant. Cet octogone bénéficie aussi de sa chaude production bien plus jazz qui renforce le sentiment de choix artistique. Les machines semblent être un outil plus qu'un vecteur, un outil de perfectionnisme sonique avant de devenir un être à part entière dans la composition. Les phrasés mélodiques semblent être repris puis éparpillés au cours des morceaux, laissant la liberté aux instruments de jouer. Jouer certes, mais souvent séparément, et le son est à l'épure. Jamais de rencontre cacophonique au seins des morceaux, où de penchants agressifs ou dark, soisong donne vie à des morceaux simples et directs. Au niveau des voix, Sleazy semble donner de plus en plus d'importance à la création de ses programmes et à la déconstruction et à la déshumanisation de vocaux enfantins. Il en ressort une impression robotisée accentuée par la manière qu'a Soisong de composer, avec quelque chose de binaire. Mention spéciale à la plus rythmée Dtorumi, qui donne un élan à un disque contemplatif, mais pourtant étrangement vivant. Soisong était une nouvelle étape dans la création de Sleazy, un bol d'air frais dans une discographie plus que chargée. Ce projet permettait à son son de s'enrichir de la présence d'un multi-instrumentaliste capable d'apporter cette vision organique et chaleureuse à la science du son que possédait Sleazy. Un pas en avant, un objet étrange, une collaboration fructueuse. Bon vent à toi Sleazy.
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