vendredi 23 avril 2010

AUTECHRE-Oversteps


Comme pour mieux écraser les modes, ce nom énigmatique n'en est presque pas un cette fois. Presque. La tête haute, Booth et Brown ont envoyés leur compilations de bouts de musique qu'ils enveloppent tous les deux ans dans un colis à destination de Warp...qui transforme en album. Singulièrement identique, chaque fois différent, Autechre sort l'antithèse absolu de Untilted, mais aussi de Quaristice et pose une porte d'entrée vers autre chose, définitivement. Ceux-ci étaient des travaux stylistiques, écartant l'ordinateur de l'équation, et proposant peut-être une vision encore plus poussé de la déshumanisation du "son". Geek dans l'âme, les deux faux-frêres n'ont pas rebranché leur matériel mais ont dépoussiéré leurs portables. Et exercice de style ici encore, comme si l'évidence ne pouvait exister. Oversteps avec son nom qui semble déclarer la guerre est un album presque organique, comme une exploration lente d'un corps musical, chaque plage pouvant servir de visionnage d'un organe sous tous ses aspects. Clinique, assurément. Mais pas uniquement. La pochette donne un indice de taille: les Designers Republic ont humanisé, pour la première fois depuis une éternité, l'iconographie Autechre. Abstraction, un cercle décliné en autant de fois que nécessaire (les pochettes sont différentes selon le support, et chaque volet/représentation n'est jamais identique à la précédente, comme leurs disques, en somme. D'ailleurs, ici est présenté le visuel de l' impeccable édition vinylique, bien plus appétissante que le CD) avec toutes les imperfections liées à une telle représentation. La machine s'efface. Une résonnance à "Monolith & Dimension"? On se rappellera qu' Autechre a remixé Earth, voilà 5 ans déja. Car le duo, à l'instar de beaucoup de formations importante de la musique électronique possède de bien nombreuses obsessions commune avec ses pairs: De Meat Beat Manifesto à Public Enemy, de Kool Keith à 808 State en passant par Mantronix ou le Wu tang, Autechre est typiquement un groupe anglais qui naquit à la charnière 80's/90's. Mais leur spécificité est aussi d'avoir une autre obsession, récurrente, permanente, érintante peut-être même pour ces admiratifs: Coil. Et jamais, il me semble, la musique de Booth & Brown ne s'est approché d'aussi près de certaines pousses de l'arbre multiforme Coil. L'absence de rythme sur de nombreuses plages facilitant le rapprochement, tant la luxuriances des claviers parfois stellaires, progressifs, résonnants ramène à cet autre duo. Mais encore une fois, Autechre est tout aussi pluriel, mais dans son propre langage. Certaines références plus proche du Hip Hop et de l'électronique "dansante" viennent parfois enrichir le propos, le diversifier. Entre rythmiques simples et basses omniprésentes- il y'a d'ailleurs longtemps que le groupe n'a pas affirmé la présence de basses aussi imposantes- rien n'enferme Autechre dans une monotonie d'exécution. Le propos est relativement à l'accalmie, mais la qualité du rendu est inestimable.

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