mardi 20 avril 2010
Lorn - Nothing Else VS Stern - Digital Bless
Imaginez que dans la famille lambda, les deux rejetons s'appellent Lorn et Stern. Deux frères du même age, deux frères qui fréquentent le même lycée, et qui se détestent royalement. Là ou Stern est le rejeton adoré/detesté (rayer la mention inutile) à l'aise dans ses baskets, beau gosse, bien sappé, toujours populaire dans la classe, au milieu des événements, organisateur de soirées, Lorn est le frère mal aimé, renfermé et mal dans sa peau, avec un gros problème de confiance en lui. A leur majorité, leurs parents leur ont pourtant acheté des machines, pour qu'ils puissent s'adonner à une de leur passion: la musique. Alors les deux frères se divisaient le temps de composition. L'un l'utilisait la journée, au bord de sa piscine, lorsqu'il invitait ses amis, pour les faire danser, les faire sourire. De temps en temps il les utilisait en soirée, car tous ses chers potes le conviaient aux soirées où il devenait l'élément essentiel, à passer ses quelques disques, réarranger quelques beats et surtout créer le buzz au sein de son crew. Lorn, à l'inverse était plus parcimonieux, n'avait pas d'amis à faire danser, n'avait pas de soirées où se dresser fièrement sur le promontoire. Il oeuvrait en artisan, seul chez lui, lorsque son tendre frère lui laissait les machines et qu'il avait enfin accès à ce saint graal. C'est dans ces moments là qu'il s'est familiarisé avec les techniques, qu'il a enfin pu obtenir un rendu musical de toutes ses écoutes attentives de ses artistes préférés. Lui écoutait de la musique sombre, qui lui allait si bien, musique dans laquelle il recherchait son exutoire, musiques parfois maussade, souvent largement expérimentale mais aussi musiques où le son était l'élément numéro un. Il s'essayait à l'exercice du sample, tapi autour de ses machines, essayant quantités de collages à priori fous. Accoler tous ses fascinations hip hop old school, cette science du beat, associer toutes ses musiques électroniques déviantes, noires, accoler le néoclassique, deconstruire ses rythmes et insister sur la force du son qui porte une mélodie, tel était son labeur. Stern, lui gagnait en succès d'estime, écumant les fêtes, et finit par s'acheter son propre matos, pour pouvoir le trimbaler où il voulait, et surtout pouvoir balancer encore plus la sauce, comme il aimait à se vanter. Sa fascination à lui était beaucoup plus terre à terre, les ondes radio, le succès et voir les gens s'éclater devant lui, bouger leur cul. D'ailleurs les choses étaient bien parties pour lui, avec quelques collaborations au côté d'artistes qui partagaient les mêmes ambitions, et son podium de DJ lui collait de plus en plus à la peau. Lorn lui n'était pas loin de concrétiser son objectif laborieux, pour lequel il oeuvrait depuis tout ce temps: sortir son premier disque, arriver à livrer un format cohérent, où les parties se suivent, les morceaux s'enchainent dans une cohérence sonique. Stern en faisait fi, et se moquait de son frère, en lui expliquant que mieux valait collectionner les singles, les maxis et les remix, que c'était à base de sorties rapides qu'il arriverait à avoir un nom dans ce monde de la musique électronique. C'est d'ailleurs cette année que Stern vient de sortir son premier long format, qui ressemble effectivement à une collection de singles, sonorités paquito (oui, ce jeu de bof sudiste à base de pastis où les participants s'assoient entre les jambes de celui de derrière pour former une chaine et chanter à la gloire de cet alcool jaune), musique pour piscine remplies de blondes, et tournée des boites à la clé. Il s'en félicite. Lorn lui a réalisé son rêve, et exorcise ses démons dans un disque sans concessions, sans détours, d'une grosse trentaine de minutes (son grand dadet de frère lui s'en tire avec un disque indigeste de quasiment une heure), avec sonorités mélancoliques qui se collent à des gros kicks et où grosses nappes déambulent pour salir sa mélodie. Un idéal presque Warpien, sans pour autant sombrer dans l'electro arty, d'une immediateté inimaginable pour ce petit autiste, sorte de joyau electronique noir taillé pour les dancefloors à zombies, où l'apreté du son n'aurait d'égal que sa limpidité. Grandiloquance des mélodies cotoient grosses phases qui tappent et l'intelligence des morceaux fait que les thèmes sont suffisamment solides pour être repris. Ses morceaux toujours lourds savent se faire doux, à l'image de ce cherry Moon plein de nostalgie, onirique qui rappelle la souffrance de sa jeunesse. Des deux frères vous savez lequel choisir.
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1 commentaire:
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