mardi 23 novembre 2010
ANBB: Alva Noto & Blixa Bargeld - Mimikry
L'ep qui avait précédé cet album était un manifeste de la musique concrète et électronique moderne, réalisée par deux de ses maîtres passés et futurs. Le thème ayant déjà été développé sur la chronique du maxi en question, venons en directement au contenu de cette sortie double LP. On se demande d'abord dans quel sens ont germé les idées. Connaissant la propension de Blixa Bargeld (Einsturzende Neubauten, Nick Cave and the Bad seeds) à improviser et à apprécier la composition fleuve au cours du live, et la minutie d'alva noto dans le choix de ses sonorités, et de la confection d'objets toujours plus originaux, on pourrait se demander quel a été le processus de composition de ces deux apparemment opposés modes de travail. L'ouverture du disque semble être la réponse à cette question. Cette fois ci, Alva Noto semble agencer des phases musicales pré digérées en divisant de courtes sessions et en les accolant avec une cohérence abstraite poignante. Cela commence sur un cri, et un lourd morceau divisé en mouvements qui termine sur quelques notes de pianos. Blixa se pose en maître de cérémonie avec sa voix rauque et permet aux sonorités de Noto de s'envoler et d'atteindre des sphères d'abstraction encore plus passionnantes. On sent encore cette dualité entre les envies modernes d'un Blixa Bargeld qui tend à rendre sa musique de plus en plus sacrée et fragile contre un Alva Noto qui éreinte d'assauts power electronics (la boucle de once again typée Haus Arafna), de glitchs et de musique concrète entourés de passages ambiant réhaussant l'aspect étouffant de sa musique. Deux chansons de l'EP sont reprises et deux autres se retrouvent ici en version alternative, ce qui dispense clairement de l'achat de l'EP pour les retardataires et tend surement à enrager les fidèles de Raster Noton qui trouveront ici six nouvelles compositions. ANBB semble rechercher une expérience sonique totale, à travers l'agencement des mots de Bargeld, de répétitions de sons et d'isolation sonore. La répercussion du son est chaleureuse avec une acoustique étrangement chaude pour un travail de chez Noton et certaines couches sonores typées drones se transforment en de réelles atmosphères oppressantes de part leur présence physique. Bargeld permet à Noto (au grand dam de certains) d'humaniser sa musique tout en renouant avec les origines de la musique industrielle. Comme si Neubauten recevait un lifting de la part de l'élève. La variété des climats fait de Mimikry une sorte de rétrospective hommage à tout un pan de la musique expérimentale, en livrant un disque old school terriblement modernisé. Fascinant autant que repoussant.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire