Ecouter Comity aujourd'hui me replonge immédiatement vers une période pas si lointaine, celle des concerts à 4€ dans les salles les plus crasseuses de Paris, de l'oppulence de groupes pillant le "Hardcore Chaotique" de Converge et de Breach, des distros, d'une époque où tout le monde n'avait pas un tatoo colossal sur le bras, et tutti quanti. Vieux con? Je ne pense pas, tout ce folklore doit encore exister, mais les scènes changent, et les gens vieillissent me direz vous. Breach, Bloodlet, Coalesce, Botch se sont à peu près tous séparé entre 2002 et 2004, leur influence s'est évaporée, le "sludge" et le "post hardcore" sont passés par là.
Le rapport avec Comity? En fait, ce qui me replonge là dedans, c'est ce vinyle gris marbré (un ancien truc courant) et les titres de Andy Warhol sucks. Quelle bonne idée de gravé sur un seul 12" l'ensemble des morceaux que je n'ai jamais posssédé auparavant. Sans connaitre réellement les morceaux de cette face, ils me sont bien sur familier, dû au nombre de fois où j'ai vu le groupe sur scène dans ces eaux là. Il manque les hurlements de tout le groupe sur la petite pauses de 4 temps au tout début du premier morceau il me semble. Bref, Comity sur cet EP était arrivé, je pense, au bout de sa formule et de ses tics musicaux, notamment dans le jeu de guitare très caractéristique. On passe donc assez rapidement sur cette face pas désagréable, pour "complétiste"- ces morceaux étaient disponible sur la version US du premier album du groupe.
Je crois me souvenir que mon collègue avait parlé, peut-être pas dans ses pages, de l'album qui suivit, et qu'il l'avait apprécié: à juste titre. Le groupe a fait un bon qualitatif dans sa composition remarquable. Moins hystérique, plus réfléchie, Comity propose depuis son second album une musique plus singulière, difficilement rattachable à d'autres formations. Avec ce "You left us here...", premièrement sorti en CD et qui suivit un split qui n'en fut pas un, la maitrise du son du groupe est extraordinaire: la batterie occupe une place acoustique profonde et naturelle, là où les guitares jouent sur une limite ténue entre le son clair et distordu. Une longue plage, densément composée, présente un groupe qui en marge de toute scène, aujourd'hui n'a pas peur de prendre de vrais risques pour imposer sa personnalité. Les critiques sur le manque d'évènement dans ce disques ont été nombreuses, mais force est de constater que Comity construit sa musique comme aucun autre, tout en tension et en développement. Une écriture musicale brillante et audacieuse qui, bien sur, peut décontenancer. Le seul point noir au tableau: avec la rigueur musicale, l'ensemble est tout de même bien verbeux.
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