
vendredi 30 décembre 2011
BLACK FACE- S/T 7"

vendredi 23 décembre 2011
PUSCIFER- Conditions of my parole

Puscifer revient avec son deuxième véritable album, alors que les admirateurs attendaient plus un nouveau Tool, voir même un nouvel enregistrement d' A Perfect Circle, pusique ressuscité contre toute attente. MJK a visiblement poussé le jeu du beauf américain de base jusqu'au bout avec cette nouvelle fournée, les clips et visuels promos/pochette allant dans la continuité de Cuntry Boner. On y voit un Keenan ventripotent, moustachu et coiffé d'un mulet de champion dans sa caravane ou en prison. Technique marketing pour faire fuir le metalleux ? On se souvient de son goût pour les costumes affreux, de sa volonté presque maladive à garder l'anonymat (même si pour la première fois de sa carrière, il apparaît sur la pochette d'un de ses albums) et de cette anecdote qui veut qu'un soir, en sortant d'une séance de ciné avec Adam Jones, celui ci se fait abordé par une poignée de fanatiques de Tool une fois séparé de son camarade qui lui demandent l'air ébahis "tu connais le guitariste de Tool ?", n'ayant alors pas été identifié comme le chanteur du quatuor par la horde.
Coté casting, encore une grosse sélection: épaulé par Carina Round sur la plupart des morceaux, il convie également son fils Devo à jouer sur un morceau (contrebasse), Josh Eustis de Telefon TelAviv aux claviers et à la programmation, Tim Alexander, Gil Sharone de Dillinger Escape Plan ainsi que Jon Theodore de One Day As A Lion et Mars Volta à la batterie, Alessandro Cortini de NIN au Buchla (synthé modulaire ésotérique) et Juliette Commagere au chant qui avait largement contribué à la première tournée live du groupe. Et cette fois, le surplus d'invités ne débouchent pas que sur une grosse blague assortie de quelques bons morceaux, mais plutôt d'un disque étonnamment réussi. Ce Puscifer ressemble au disque de pop indus que Perfect Circle n'a jamais enregistré. A la production massive s'ajoute une série de morceaux sérieux, imparables. Dynamiques et intelligentes, les compositions voient Maynard chanter de son impressionnante voix sur des chansons toutes arrangées avec soin, offrant une puissance et une rigueur qu'on ignorait de la part de ce projet. C'est la grande force de ce second album: plutôt que de récolter des ébauches et idées en tout genre, ce nouveau disque se compose de chansons, d'un réel travail d'écriture et couplé à un souci du détail et de la création inventive. On saluera particulièrement les apports de Mitchell, Eustis et Cortini aux claviers, venant truffer ici et là les chansons de trouvailles sonores, de petits sons étranges apportant une dimension nouvelle aux compositions sans aller ni dans la facilité ni dans le dépotoir à sons. Tous se plient au jeu de l'orchestre, personne ne vient faire de la figuration en faisant mumuse, mais sert un projet musicale qui se tient de bout en bout. Le tout, en quelques 12 morceaux et en totale inadéquation avec l'emballage, se présente comme un disque de pop rock malin et créatif, disposant d'une insoupçonnable puissance.
mercredi 21 décembre 2011
MOBB DEEP- Black Cocaine

mardi 20 décembre 2011
KICKBACK-Et le diable rit avec nous

Et le diable rit avec nous chante la mélodie et l'amour de bout en bout, on en vient à regretter qu'il ne se soit pas nommé "accolade dans les coquelicots". Logiquement, il se pose comme la suite logique et inévitable de No Surrender (d'ailleurs la pochette reprend le visuel de la première page du livret de l'album précédent), qui avait vu une mutation de la musique du groupe tout en asseyant paradoxalement son identité. Kickback ne ressemble plus qu'à lui même, et son affirmation dégueule de chaque note, chaque coup, chaque hurlements. Certain se précipitèrent pour affirmer un virage black, et si il faut relativiser cette affirmation, la musique du groupe s'est noirci, s'est méchamment salie avec l'arrivée de l'architecte du riff en chef, tête pensante de Diapsiquir. Mais cette suite, expéditive (une grosse demi heure), entame aussi un virage qui semble s'éloigner du groove omniprésent depuis Cornered. Le triple K s'est associé pour ce nouvel enregistrement à un batteur plus sobre que précédemment, et le rythme en devient moins chargé, perdant au passage une dose de groove. Le son des 10 morceaux va d'ailleurs dans ce sens. La production est tranchante, sèche, agressive, et ne déborde pas de basses, manquant légèrement de rondeur. Et le diable rit avec nous est le disque le plus froid de Kickback, le plus austère, et a des allures de punk vénéneux. Une agression glaciale d'une demi heure, remuant dans le crâne puis se retirant sans prévenir. Ce constat serait cependant renforcé sans les deux reprises finales cloturant l'album- une des Geto Boys et une seconde des Brainbombs. On se penchera surtout sur celle des Geto Boys, la plus surprenante. Pendant quelques minutes, Kickback multiplie les sons inédits dans leur mixtures: passages presque claires, samples, saturations absentes pour respirer, mais mixé au denses sonorités âpre de la production. Le rythme est assuré par une BaR, elle aussi glaciale et monomaniaque, puis la reprise se finit sur une longue sortie calme et noire, larsen de machines ravagées.
vendredi 16 décembre 2011
THE WASHINGTONIANS-Severed Heads

L'influence Benümb me semble moins parlante pour ce nouveau disque, le son y étant moins magmatique, respirant davantage et les Washingtonians jouant définitivement une musique plus entrainante, possèdant un coté aussi terriblement festif. De fait, le groupe me semble aujourd'hui jouer dans la cour hardcore (ou grind, à vrai dire on s'en tape) comme Entombed joue du death: en y incluant une dose évidente de rock'n'roll et de groove. Sans redéfinir les contours de musiques sauvages et ultra balisés, les 4 jouent avec cette conviction poisseuse et cette énergie impeccablement gérée: chaque break, chaque mesure, chaque plan semble bannir la molesse, même quand ils calment sévèrement le jeu. Techniquement, les membres semblent tous en place, et le travail rythmique est remarquables: entre blasts et ralentissement, chaque coup à l'air teigneux, ça rouste dans tous les coins, cymbales en guerre et peaux de chèvres en ruine. Fait(devenu) rarissime, la voix possède un vrai grain singulier, qui n'est pas sans rappeler Scott Angelacos, hurleur possédé de Bloodlet, Hope & Suicide et désormais dans Junior Bruce. Au bout des courses, le groupe distord complètement sa musique sur deux titres totalement opposés: un morceaux ou tout y est lent et écrasant, puis une dernière rafale tout en vitesse ramassée en quelques secondes. Le dernier titre fait une dernière fois les comptes avant de fermer la porte, mais celui d'avant permet au disque de se reposer et de montrer que si le genre lourd et lent est en surpoids grâce à un nombre de groupes incalculables tentant leur chance dans ce style, il reste un exercice souvent convainquant quand il est est (bien) exécuté par des gens dont ce n'est pas la spécialité. On se souvient d'ailleurs de Cephalic Carnage qui assurait totalement dans ce genre de tentatives. Un Severed Heads soigné de bout en bout, qui se finit comme il se découvre: en imposant une taloche qui rend heureux.
mardi 6 décembre 2011
TOM WAITS- Bad As ME

La famille Waits se fait fidèle lorsque le maître passe en studio: Brennan soutient encore son étrange mari dans ses délires, alors que le fiston se pose derrière la batterie de manière plus importante que jadis puisqu'il frappe sur une bonne partie des titres. Ribot est un fidèle, un habitué tout comme Claypool, toujours présent lorsqu'il peut passer quelques notes de sa 4 cordes mutante au patron du cabaret. Pour la photo, on notera également la présence de Flea, qui prouve encore que les mecs des Red Hot ne sont jamais aussi bons que losqu'ils s'évadent de leur machine à remplir du stade, et également celle plus surprenante et pourtant plus légitime de Keith Richards. On en oublie beaucoup d'autres.
Bad As ME ne porte donc pas vraiment bien son titre. Le cinglé effrayant du blues déglingué ne sort pas ses visages les plus terrifiants, laissant ça au premier tiers d'Orphans ou de Real Gone. Il n'est pourtant pas dans le registre d'un bluesman sobre: la voix mutante continue de se transformer d'une pièce l'autre, et c'est le grain qui assure le fil rouge de l'album; mais sans habitudes, l'auditeur pourrait s'y perdre: Waits est multiple... en plus d'être ravagé. L'instrument vocale de Waits est si complexe et fascinant qu'il pourrait écrire des paroles totalement déplorables qu'on s'en contenterait. Mais en plus d'insulter les cordes vocales de dizaines de troubadours en lichen, il les humilie en s'imposant encore comme un brillant parolier.
Et puis Waits à la classe mais aussi les façons des bruts. Il vous attrape violemment par le bras et vous force à le suivre dans ses déboires de poètes aux carnets sales et aux notes éparses, amenant cohérence dans la folie, la diversité dans sa vision musicale. Blues bâtard ici, folk triste par là, rock poisseux plus loin. Un traversée plurielle du bilan MMXI, entre incantation au rythmiques de bidons rouillés, guitares aux cordes saignantes, orgues enroués et confession plus intime sans importuner les artisans vicieux exécutant les délires et requêtes du taulier. Fanfare macabre et fin de spectacle, ambiance alcoolique pour l'amour de la bonne goutte plutôt que l'opulence du baril. A l'image de sa discographie.
lundi 28 novembre 2011
KING MIDAS SOUND- Without you

mercredi 16 novembre 2011
ROLY PORTER- Aftertime

Ici le rythme tel qu'il est généralement connu est totalement banni, et n'apparait qu'en lambeau, malmené via quelques samples tentant de s'incruster dans le bain ambiant. Règne en maître la distortion, le seul élément identifiable et permanent, prenant l'auditeur et le plongeant dans une cuve de ses plus belles et soignées émanations. Grasses ou subtiles, graves ou cristallines, elles sont déclinées sous plusieurs formes et se rencontrent en produisant un signal résiduel omniprésent et cannibale. Porter semble pointer du doigt une musique électronique qui se régénère dans sa propre origine, celle de la musique industrielle. Une illustration sonique de l'ouroboros, qui après avoir tenté l'extirpation via le battement ne peut se résoudre qu'à retourner à sa nature: celle de l'exploration de l'oscillateur, de ses déclinaisons et de la recherche constante du son. Viennent alors se mêler à la transe arythmique les voix, les violons, les claviers et percussions traditionnelles, délivrées au compte-goutte, ricochant dans la cuve. Quelques nappes analogiques (ou virtuelles) s'emparent du premier plan pour lui donner brillance comme quelques passages quasi Vangelis-ien, mais l'ensemble reste cet étouffement noise de basses massives et fuzz crépitant.
Au milieu des Machinefabriek et autre Ben Frost, hébergé chez Emptyset, Porter s'en sort avec les honneurs, surfant sur le courant très en vogue et plutôt intéressant -pour le moment- de la distortion soignée et mélodieuse (?); "post-industrielle" néanmoins courtoise et qui derrière quelques agressions reste loin de la méchanceté et probablement de la pérennité des ancêtres.
vendredi 11 novembre 2011
Les harmonies Werckmeister de Béla Tarr

Le cinéma de Béla Tarr n'est pas pour les dépressifs. Il n'est pas non plus pour ceux qui trouvent la lenteur anxiogène et le silence ennuyeux. De Family Nest (1977) à L'homme de Londres (2007), il y a 30 ans d'un cinéma terriblement ambitieux et homogène, à la continuité fantastique, à l'âpreté rarement égalée, à l'exigence hors norme. Béla Tarr ne transige sur rien. Il ordonne l'espace, il construit le temps, il impose le silence et donne des visages à l'épouvantable et au sordide.
Entre Familiy Nest et L'homme de Londres il y a donc Damnation en 1987, premier volet d'un triptyque qui trouve son apothéose en Satantango en 1994, film magistral de plus de 7 heures et s'achève en 2000 donc avec Les harmonies Werckmeister qui nous raconte l'histoire de Valushka, jeune homme serviable et un brin naïf, fasciné par une énorme baleine qu'un forain exhibe dans la ville où commence à gronder une insurrection ouvrière.
Béla Tarr ne situe jamais ses récits. On sait que nous sommes en Hongrie mais nous ne savons jamais à quelle époque, ni s'il s'agit d'événements réels. Ce qui transpire, c'est la désolante situation sociale d'un pays qui sort du giron stalinien et s'avance vers le capitalisme. La peur au ventre. Le désordre est partout, tant dans les têtes que dans le corps social dispersé, démembré. La tension s'étale, dans de très longs plans-séquence qui sont la marque de fabrique du cinéaste.
Dans la droite lignée de Miklos Jancso, illustre cinéaste hongrois avec qui il a travaillé à ses débuts, Tarr donne toute sa place au silence et au temps. Son cinéma est indissociable d'une certaine idée peu à la mode aujourd'hui: le processus prime sur l'instant. Béla Tarr se fiche bien de saisir un fragment, un instantané. Il veut que l'on vive avec, que l'on partage les hivers glacés, que l'on boive la même soupe, que l'on battent le même pavé, ensemble, longuement, humainement. De nouvelles sensations émergent. Comme lorsqu'il filme cette marche d'ouvriers qui vont saccager un hôpital: des visages se découvrent, la lutte prend une forme vivante. La masse n'est plus une masse mais une somme d'individus unis qui s'avance, dans le même silence, dans la même cadence. La lumière illumine ces tristes têtes fatiguées et l'on tâte alors l'intensité, la puissance de la révolte, la détermination d'un tout.
En rétablissant un temps humain par de très longs plans-séquences (qui dépassent pour la plupart la dizaine de minutes), Béla Tarr change aussi notre conception de l'espace au cinéma. C'est bien souvent le reproche que l'on fait à un film lent: "ça bouge pas"... Ici c'est tout le contraire. Obstinément, Tarr construit chaque plan avec la même minutie. Chaque mouvement est calculé, chaque déplacement pensé et articulé pour donner à chacune des séquences une vitalité et un sens. Ne pas comprendre sens comme direction, non, même si direction il y a forcément puisque Tarr nous emmène, nous trimballe avec une science éblouissante du mouvement, du geste, mais sens comme signification, comme question. Le mouvement fait naître la réflexion et c'est elle qui dirige l'intrigue.
C'est la richesse d'un cinéaste unique qui va bientôt disparaître. Son dernier film, Le cheval de Turin, vient d'être couronné de l'Ours d'Argent à Berlin. Béla Tarr a annoncé qu'il serait le dernier. Parce qu'il estime que le public ne veut plus voir de film comme ceux qu'il fait. Parce que les dernières lois du Fidesz de Viktor Orban sur le financement du cinéma rendent les choses encore plus difficiles. Béla Tarr est un grand sensible, un réalisateur fragile qui a toujours beaucoup lutté pour produire ce qu'il pensait être un cinéma ambitieux. La politique culturelle hongroise enterre très certainement l'un des plus grands cinéastes du pays.
mardi 8 novembre 2011
BRUTAL TRUTH-End time

jeudi 3 novembre 2011
MELVINS- Glazart.
Sinon que dire, si ce n'est qu'il fut compliqué de savoir s'il était possible de ramener de quoi faire des photos, que la réponse fut "non", alors que pleins de gens ont passé sans soucis la sécu avec de petits appareils. Je suis définitivement trop bien élevé - même si Gtok/Gtko m'a affirmé trop tard que c'était jouable, merci quand même. En résulte quelques documents visuels saisis sur le vif d'une qualité médiocre avec un système élaboré de téléphone cellulaire à multiples fonctions, qu'un de mes camarades eût la gentillesse de me nantir.
Mentionnons aussi qu'il faisait une chaleur absolument infernale; qu'il est également impossible de voir quoi que ce soit dans cette salle si les 2 premiers rangs (soit 27 personnes au maximm) ne sont plus disponibles; que les Melvins jouaient ce soir à 6 (Deux batteurs, basse, guitare, sécu à gauche, sécu à droite) et parfois même à 7-pour être honnête, mentionnons tout de même que c'était le chaos devant et que les batteries étaient trés avancées; et que bien qu'on ait croisé Dave Curran (et aussi les mecs de Big biz dans un resto coréen mais ça, on s'en carre), pas de Porn ce soir (enfin, je sais pas ce que vous faites chez vous après les concerts, moi...) mais Françoise Massacre de Noise mag a poussé quelques disques. Mais pour avoir souvent rêvé de ces soirées "Melvins & Friends" organisées outre-Atlantique pour Halloween, on aurait eu tout de même tort de se priver.
lundi 31 octobre 2011
CODY SIMPSON - Coast to Coast

Cody Simpson donc. Des milliers de kilomètres le sépare de son comparse et aîné canadien (Justin est de trois ans son aîné, un monde vous comprenez). Pourtant les deux créatures semi-extraterrestres ont toutes les deux été découvertes sur le net, "grâce" à leur clip aguicheur et à leur minois de pré-ado tout droit sortis d'un camp d'émasculation pour jeune aryen dépressif. Le sourire large comme une pagaye, le regard aussi pénétrant qu'un couteau suisse dans une brique, le casque d'Albator ou de Mireille Mathieu (au choix)... La panoplie complète du parfait petit Playmobil de la musique expérimentale dodécaphonique et arythmique quoi.
Ah les opérateurs de musique en streaming ont parfois de riches idées. Ils savent que j'aime écouter de la grande musique pop, des trucs comme The Soft Pink Truth, The Horrors ou Kim Fowley (j'suis un peu innocent en zik moi...) alors ils m'offrent sur un plateau le dernier album du platiné surfeur de la grande barrière de Corail. Cody Simpson, né le 11 janvier 1997, "chanteur et surfeur australien" dit sa page wiki. Presque dix ans nous séparent. Un univers aussi. Une certaine idée de la vie. Mais il finira par se poser des questions lui aussi lorsqu'il écrira son autobiographie comme son pote Bieber. Parce que oui, Justin a déjà son autobio, très humble cela dit: De mon premier pas vers l'éternité: mon histoire, disponible chez Michel Lafon. Ca doit valoir son pesant de cacahuètes...
Bref. J'écoute ce Coast to Coast qui quitte le Golfe de Carpentarie pour aller à la conquête de l'Amérique. Je me déhanche nonchalamment sur la balade hivernale Not Just You, m'extasie devant ce p'tit gars au nez raboté qui arrive à serrer des filles qui ont bien dix ans de plus que lui (en tout cas le maquillage les y aide). Je m'enthousiasme comme une midinette sur On My Mind et ce jeune minet qui tombe amoureux d'une photographie (ça me rappelle mes cours sur le Nosferatu de Murnau d'ailleurs, merci Cody) et qui fait des gros check à son pote le vendeur de télévision... Je brûle et salive sur All My Day, morceau en carton où le jeune homme gesticule dans tous les sens sur des chorégraphies de Mia Frye mais peine à se remettre la mèche. Et puis mes oreilles prennent soudain feu lorsqu'il entonne son sémillant iYiYi (prononcer aïe-aïe-aïe-aïe) en duo avec le rappeur subversif Flo Rida.
J'en suis tellement tombé amoureux que j'ai fini par ne plus distinguer les différences pourtant notables entre toutes ces mélopées enrobées de vaseline (appelée aussi gelée de pétrole).Il m'aura fallu une deuxième écoute, avec les clips sous les yeux pour comprendre l'ampleur du plagia qu'il m'était donné de voir. L'escamoteur de kangourou est en train de siphonner par le fond le marché des 8-15 ans que son pote l'emmancheur de caribou détenait jusque là. Au final, cet enfer ne m'aura pas permis de résoudre l'insoluble dilemme cornélien: est-ce pire d'infantiliser les mimiques et les gestuelles des adultes ou bien de faire des thématiques de pré-ado des paradigmes visants à régir la vie sentimentale d'adultes en perpétuelle dépression identitaire? Sur ce, joyeux Halloween.
The Roost de Ti West

Si vous organisez une soirée posée chez vous et qu'au lieu de mettre une playlist d'ambiance glauque qui ressasse les mêmes thèmes de l'horreur depuis 40 piges (ce qui revient à comparer la musique de l'Exorciste à Alexandrie Alexandra de Claude François en gros) vous aviez l'intention d'être original et de mettre en fond sonore et visuel un film inintéressant, fauché mais que personne n'a vu et qui rentre dans les critères "Halloweenesques" (cette phrase est interminable), The Roost est pour vous.
Déjà parce que personne n'aura besoin de réellement faire attention à l'intrigue: de jeunes gens se rendent à un mariage. Ils ont une panne de voiture en rase campagne et sont kidnappés dans une ferme sordide. Là ils se font attaqués par une bande de chauve-souris zombie-carnivores et par leurs victimes zombies qui reviennent pour le plaisir du pays de l'Oncle Entre-les-Morts. Autant dire qu'entre deux saucisses cocktail, un léger coup d'oeil-sourcil relevé à ce drôle de récit en fera sourire quelques uns.
A signaler que le film marche aussi si vous êtes en mode "potes de bar", bière, masques de Jason et pop corn en prime. Faudra juste le mettre en amuse gueule pendant la première pizza pour éviter que vous ne vous endormiez. Ti West, avec ce premier film, ne brillait pas franchement dans sa maîtrise du rythme de la terreur. En découle de longues séquences atones et lentes, loin d'être extatiques.
Si vous organisez une projection dans une grange par contre, ça peut être super stylé. Surtout quand on sait que, celle qui est utilisée dans le film, est la même qui servit à Hitchcock pour Pas de Printemps pour Marnie en 1964. Les fans apprécieront.
The Roost n'est pas si vilain que ça. Disons surtout que son budget (50 000$) ne l'a pas forcément aidé. Argument qui ne tient pas tout à fait au regard des effets produits par les sous-productions Paranormal Activity et Blair Witch Project. Mais le premier film de Ti West (qui a réalisé la suite de Cabin Fever) ne joue pas dans la même cour. Il est clairement une séquelle d'un certain cinéma bis des 50's (voire d'un certain cinéma bis mexicain des 50's) dans son côté théâtre de Guignol mais aussi un héritage trash molasson mais volontaire des premiers slashers comme Massacre à la tronçonneuse qu'on aurait mixé avec le Bats de Louis Morneau. Si bien qu'au final, on est loin d'avoir boudé son plaisir.
vendredi 28 octobre 2011
UMBERTO-Prophecy of the black widow

jeudi 27 octobre 2011
CYPRESS HILL- III Temples of boom

Au milieu se situe ce troisième album, peut-être le moins remarquable du groupe puisque celui ci n'est pas rempli de classiques (comme Black Sunday qui propose quasiment un tube tous les 2 titres), mais également celui qui se situe le plus hors du temps et hors de toute époque comme l'a pourtant fait (inconsciemment ?) Muggs sur tous ses autres disques. L'équilibre au sein du groupe semble alors relativement fragile: Sen Dog n'est pas le plus présent (il ne l'était déjà plus depuis le précédent) et s'absente de son crew pour aller s'amuser avec SX10. Lors d'un passage à NPA, Muggs laissera même ses platines à un autre pour venir poser sa voix directement avec B Real, l'homme à la voix de canard la plus reconnaissable du monde du hip hop. Le groupe s'offre de plus en plus, également, les services d'Eric Bobo, fils de Willie Bobo, mythique percussionniste de jazz, à qui les Beastie Boys avaient largement rendu hommage avec le titre "son of neckbone", sur Ill Communication auquel participa junior. Membre de Cypress depuis 94, il assura la tournée Check Your Head et enregistra Ill Com et Hello Nasty avec le trio New Yorkais, avant de s'investir pleinement dans le groupe californien lorsque celui ci décidera de franchir le pas et de s'équiper de véritables instruments sous l'influence-entre autre- des Beastie, justement.
Temples of Boom est surtout l'album le plus sombre de Cypress Hill. Muggs a progressé dans sa composition et sa production s'améliore remarquablement- non pas qu'il fut mauvais jusque là. Mais sa musique gagne en finesse, et ce troisième album est probablement son oeuvre la plus maitrisée. Ses basses sont légèrement moins agressives que précédemment mais aussi plus profondes, venant créer une tension lourde sur des passages plus contrastés, plus calmes. En fait, ce calme est une mise en son d'une certaine idée du macabre, plus ouvertement illustré ici qu'auparavant. Muggs flirt avec le blues poisseux plutôt qu'avec le funk festif, la soul glauque et dégradée et sample même du reggae (Barrington Levy). Temples Of Boom est également à cheval avec le psychédélisme, samplant cithares et violons, métallophones et guitares, passés dans les effets, bouclés sauvagement, s'imposant au coeur des beats et des basses. Muggerud invite aussi LE groupe qui est dans tous les esprit à l'époque: Wu Tang pose pour Cypress avec rien de moins que le chef, RZA, et un de ses MC, U-God. Riggs co-produit un morceau à mi chemin entre les 2 entités, Killa Hill Niggas, où ses obsessions pour les sons pillés et méconnaissables épousent la passion sonore du morbide des cannabiques latinos. Entre ces explorations sous psychotropes (illusions) et dérives psychés (Boom biddy bye bye), Cypress produit également deux morceaux d'une méchanceté sonore incroyables: "No rest for the Wicked" et "Locotes". Le premier est un règlement de compte avec Ice Cube (Muggs avait produit un morceau pour le gars intitulé "Wicked") que le groupe accuse de vol, véritable sous-thème de l'album (cf. le sample de Pulp Fiction, mais aussi d'autres morceaux comme celui avec RZA), sur un beat sec et puissant, la production étant limite minimale, comme pour rendre le propos plus claire, net. Le second est tout aussi teigneux, mais à l'ambiance urbaine et nocturne, alors que Bobo assure quelques percussions brillamment distillées avec discrétion, un exemple parfait du "Less is More" musical: en quelques coups de congas, Bobo habille avec un minimalisme remarquable cette excursion belliqueuse.
Constitué de 15 morceaux et interludes réussis et d'aucune faiblesse, Temples Of Boom est un des plus remarquables enregistrements de Cypress Hill. Certains préfèreront Black Sunday, tandis que par honnêteté, d'autres n'oublieront pas "IV". "III" est au milieu mais demeure une référence pour le groupe, qui aujourd'hui semble incapable de renouer avec ses grandes heures. Temples Of Boom est la preuve que le groupe, lorsqu'il prend le temps d'affiner son propos et sa production est capable de grands disques, allant bien au delà d'un simple cadre Hip Hop West Coast ou horrorcore: une référence du hip hop, sorti, en toute coïncidence, un 31 octobre (1995).
mercredi 26 octobre 2011
THE RESIDENTS- Freak Show

Bien entendu, une écoute sommaire des Residents ne révèle rien, si ce n'est une bande de sociopathes se plongeant depuis 40 ans dans un anonymat obsessionnel et jouant une musique à la limite du kitch total et un peu vain, faisant penser aux genres de musique qu'on écoutait quand on était tout petit, voir à la Salsa du démon, sorte d'opéras étranges et nimbés de mystère. Freak Show est d'autant plus étrange aujourd'hui qu'il se situe au moment où la formation, encore ancrée dans les années 80 décide de se tourner de plus en plus vers le multimédia (3D, CD Rom...) et la musique électronique. C'est la foire aux claviers MIDI, aux sons FM, aux boites à rythmes bontempi. Freak Show est cependant un pur Residents: musique carnavalesque désintégrée, pianos totalement détruits essayant de jouer quelques accords mélodieux, rythmiques élémentaires surgissant au milieu de choeurs féminins, conteur Allemand articulant les morceaux et autres évidences propres à cette bande de furieux. Et puis cette voix. Celui qui n'aurait pas d'oeil à la place de la tête mais un crâne noir serait le vocaliste, ici présenté comme un écolier dans les visuels. La voix, toujours cette voix, immuable, identique avant et depuis, surgit de temps en temps, chante au centre du manège malsain, donnant parfois la réplique à une invitée féminine. Visuellement, les Residents ont soigné cette énième édition (celle de 2006), avec en plus d'un DVD cadeau, quatre histoires dessinées, dont une par Savage Pencil (Edwin Pouncey, collaborateur de Wire et de Dodgem Logic), ainsi qu'une autre par le grand Brian Bolland. Maintenant, si vous devez vous rendre à une soirée bon enfant, vous pouvez toujours tenter de passer ce Freak Show (ou un autre à vrai dire) pour saccager l'ambiance... ou pour révéler quelques problèmes psychologiques chez vos proches.
lundi 24 octobre 2011
New York City Inferno de Jacques Scandelari

L'histoire est simple mais c'est déjà peu banal pour ceux qui n'ont pas connu cette époque, d'avoir un porno avec une histoire. Jérôme est amoureux de Paul qui est parti à New York. Celui-ci dans sa dernière lettre lui dit qu'il ne reviendra jamais à Paris. Jérôme décide alors de se rendre sur place pour retrouver son amant.
New York City Inferno a pour lui ce qu'aucun des pornos actuels n'est capable de fournir. Il ne s'agit pas simplement de faire bander mollement mais plutôt de poser des questions. Le film est en cela terriblement politique, incroyablement drôle, quasiment documentaire et, ce qui ne gâche rien, il est puissamment cinématographique.
Politique, cela va sans dire. Réaliser un film porno homo dans les années 70, c'est déjà un fait d'arme. Mais NYCI ne se contente pas simplement du geste. Il y porte la réflexion qui va avec à travers le biais scénaristique des lettres de Paul dans lesquelles il raconte les différences entre les deux villes et pourquoi il préfère continuer à vivre son homosexualité de l'autre côté de l'Atlantique.
Drôle, c'est indéniable. Quel porno se permet aujourd'hui d'insérer de déconcertants plans sur un chat pendant une partie de jambes en l'air, fait des panneaux sur des graffitis "Fuck" pendant une fellation dans un hangar ou habille ses protagonistes de vison ridicule? Quel porno utilise des chansons de Village People comme BO? Aucun, car le porno d'aujourd'hui n'a plus aucun second degré. NYCI ne se prend pas au sérieux, il a d'autres atouts. Il invite d'une part à réfléchir sur le combat homosexuel pour sa reconnaissance tout en se moquant des convenances orgasmiques.
Documentaire car le film se transforme souvent en une véritable plongée dans le NY gay de l'époque. Ses rues, ses cabarets, ses cruising incongrus (les quais du port industriel), ses backrooms... Il est aussi un témoignage sur des pratiques sexuelles qui sont devenues aujourd'hui mythiques, héritage affirmé des fantasmes de Kenneth Anger, de Jean Genet et de son Querelle (les pissotières par exemple).
Cinématographique enfin car NYCI n'est pas un vilain cliché froid à la lumière blanche clinique et sans âme. Il est brûlant, maladroit, déviant, imaginatif. Il multiplie les panneaux, propose un montage astucieux qui alterne intelligemment des scènes de off drôle (la séquence chez le tatoueur) et des scènes de sexe entre poilus-moustachus qui restent insondables pour les poilophobes modernes.
Pourquoi j'écris un billet là dessus, alors que c'est le mois spécial Halloween? NYCI ne s'achève pas par hasard sur un Inferno torride, presque satanique. Il s'achève dans une backroom quasiment démoniaque où l'on circule en caméra portée entre des bouffeurs de cul et des maîtres adeptes du dog training le tout dans des jeux de lumière aléatoires et sur une musique carbonique et démentielle de Camille O'Grady qui perf' en live au milieu de cette orgie hors norme. L'enfer on vous dit. Avec du cuir, du bondage, du sling, de la moustache et des dizaines de paires de coucougnettes bien pleines. L'apothéose pour un film turbulent et subversif, un porno vraiment pas comme les autres.
Politique, cela va sans dire. Réaliser un film porno homo dans les années 70, c'est déjà un fait d'arme. Mais NYCI ne se contente pas simplement du geste. Il y porte la réflexion qui va avec à travers le biais scénaristique des lettres de Paul dans lesquelles il raconte les différences entre les deux villes et pourquoi il préfère continuer à vivre son homosexualité de l'autre côté de l'Atlantique.
Drôle, c'est indéniable. Quel porno se permet aujourd'hui d'insérer de déconcertants plans sur un chat pendant une partie de jambes en l'air, fait des panneaux sur des graffitis "Fuck" pendant une fellation dans un hangar ou habille ses protagonistes de vison ridicule? Quel porno utilise des chansons de Village People comme BO? Aucun, car le porno d'aujourd'hui n'a plus aucun second degré. NYCI ne se prend pas au sérieux, il a d'autres atouts. Il invite d'une part à réfléchir sur le combat homosexuel pour sa reconnaissance tout en se moquant des convenances orgasmiques.
Documentaire car le film se transforme souvent en une véritable plongée dans le NY gay de l'époque. Ses rues, ses cabarets, ses cruising incongrus (les quais du port industriel), ses backrooms... Il est aussi un témoignage sur des pratiques sexuelles qui sont devenues aujourd'hui mythiques, héritage affirmé des fantasmes de Kenneth Anger, de Jean Genet et de son Querelle (les pissotières par exemple).
Cinématographique enfin car NYCI n'est pas un vilain cliché froid à la lumière blanche clinique et sans âme. Il est brûlant, maladroit, déviant, imaginatif. Il multiplie les panneaux, propose un montage astucieux qui alterne intelligemment des scènes de off drôle (la séquence chez le tatoueur) et des scènes de sexe entre poilus-moustachus qui restent insondables pour les poilophobes modernes.
Pourquoi j'écris un billet là dessus, alors que c'est le mois spécial Halloween? NYCI ne s'achève pas par hasard sur un Inferno torride, presque satanique. Il s'achève dans une backroom quasiment démoniaque où l'on circule en caméra portée entre des bouffeurs de cul et des maîtres adeptes du dog training le tout dans des jeux de lumière aléatoires et sur une musique carbonique et démentielle de Camille O'Grady qui perf' en live au milieu de cette orgie hors norme. L'enfer on vous dit. Avec du cuir, du bondage, du sling, de la moustache et des dizaines de paires de coucougnettes bien pleines. L'apothéose pour un film turbulent et subversif, un porno vraiment pas comme les autres.
BLACK HOLE- Charles Burns

Après avoir oeuvré dans RAW, la revue de Spiegelman pendant plusieurs années (il en était devenu un des fers de lance, et la revue est aussi culte que légendaire, avec entre autre, ce numéro qui offrait un vynil 7" souple à l'intérieur), et terminé quelques BD ( El Borbah...) ou autre pochette de disque (on cite l'inévitable pochette pour Iggy, mais nous n'oublierons pas les Residents ou Mc 900 ft jesus) tout en assurant toutes les illustrations du magazine littéraire The Believer, Charles Burns s'est attelé pendant 10 ans à la réalisation de son chef d'oeuvre jusque là: Black Hole.
Le pavé final raconte l'histoire de plusieurs ados issus de la banlieue de Seattle parmis lesquels certains sont touchés pas une maladie qu'ils appellent "la crève" (étonnament issu de "the bug" en VO). Intelligement mené sur 12 numéros, l'histoire raconte donc cet adolescence typiquement anormale, banalament à part. C'est à dire ancrée dans un tissu social précis et qui ne change pas ( Burns admet lui-même que son travail aurait pu être déplacé dans les 90's), car les schémas restent les mêmes. Maladie dont on ne parle pas, préoccupations bien loin du non dit (toujours les mêmes, l'alcool, l'herbe...) et parents quasi absents. La prouesse de Burns se situe dans le dessin de celui-ci. Contrastes secs, pas de gris, uniquement du blanc, et du noir. beaucoup de noir. D'énormes applats, et beaucoup de détails, sombres. Chaque case pourrait faire l'objet d'une analyse si ce n'est d'un temps pour l'admirer. Les détails fourmillent, le dessin est précis, contrastant alors avec la simplicité des traits humains: l'ensemble des ados ont tous un visage très similaire, seul une barbe, un nez ou un grain de beauté -pour les "sains"- permet de distinguer les différents personnages. Pour autant le trait de Burns ne s'affiche pas là dans la facilité puisque la constance des cases laissent admiratifs.
L'histoire que conte Burns est presque banal et fait côtoyer la pire horreur, celle d'une adolescence menacée et ravagée à une toile de fond immuable. Et si quelques développements peuvent laisser dubitatifs, on se prend surtout à trouver cette histoire -foncièrement dérangeante- très confortable dans son climat, dans son ambiance familière (le lycée, les longues journées à tuer le temps, la musique et les cercles de connaissances...) et intemporelle. Une oeuvre graphique parfaite par un dessinateur au talent majeur, une bande dessinée d'une grande force, remarquable.
lundi 17 octobre 2011
Creepy presents BERNIE WRIGHTSON

NOOTHGRUSH- Failing early, failing often

Du sludge donc, qui s'est illustré avec les plus grands (comme quoi, la consanguinité reste relative): les fous furieux de Sloth, ou les princes de la lourdeur Japonaise Corrupted-par exemple. Loin de l'époque où les formations de tatoués se retrouvaient signées à tour de bras chez relapse et envoyées en studio grand luxe sans avoir rien à y foutre si ce n'est de lire tout Lovecraft en attendant son tour, Noothgrush a ce petit goût si appréciable des formations première giclée, era 90's, entre amateurisme totale dans la production, maîtrise totale de la lourdeur en amont -comprendre: la guitare ramone dans le bas, et rage dégueulante de chaque coté des enceintes. On songe rapidement aux excellents Toadliquor en plus propre, à Grief, ou même à Eyehategod pour sa rage quasi punk glaviotante, bien que le minimalisme de la formation (un trio) se ressente bien et marque une vraie différence. Pour tous les fanatiques adorateurs de sludge old school, cette compilation à nouveau disponible est un indispensable, et permet de (re)plonger dans cette scène passionnante d'une époque malheureusement révolue où la crasse débordait des enregistrements de ces groupes inventifs et franchement dégueulasses.
mardi 11 octobre 2011
RETOX-Ugly Animals

vendredi 7 octobre 2011
DRILLER KILLER d'Abel Ferrara

Driller Killer est un film qui pourrait être vu comme la réponse lugubre de Taxi Driver, de 3 ans son "ainé", puisque tournant autour d'une thématique très proche: Reno est un artiste vivant à New York (l'ambiance de cette ville est capitale, tout comme Ferrara le prouvera notamment dans Bad Lieutenant, qui aurait pu tout aussi bien trouver sa place dans ces pages pour ce mois) et qui, agacé (probablement de manière plus direct que Travis) par son environnement finit par sombrer dans la démence. La différence est le traitement, bien plus sauvage et direct que le film de Scorsese, le film à ce petit goût de ciné indépendant et cette crasse poisseuse et collante- le film a également été largement comparé à "Massacre à la tronçonneuse". Autre point et pas des moindres: le son. Il est conseillé au début du film d'écouter ce film le plus fort possible. Comme certains films obscurs 70's dont notre Mr Ciné raffole, Driller Killer est un film bruyant, qui hurle, et qui fatigue aussi par son comportement audio. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que parallèlement, un des principaux éléments faisant sombrer le personnage de Reno est l'inlassable répétition du groupe de punk partageant son immeuble et qui un moment donné ne cesse de jouer un morceau basé sur l'entêtante ligne de basse de Peter Gunn. Et si De Niro sombre définitivement dans les toutes dernières minutes de Taxi Driver, Ferrara se saisit de sa perceuse électrique dès la moitié du film et massacre bien plus qu'un ou deux clochards.
Driller Killer est un film direct et crade, proto slasher qui se débat dans un climat très singulier, tournée avec des moyens dérisoirs et des acteurs totalement inconnus (avant et après), mais s'avère un métrage discret mais à l'influence considérable et tenace (cf. les allusions au film en musique, puisque le groupe Driller Killer revendique l'influence du film dans le choix de leur nom) qui assura à la bobine une interdiction de diffusion totale pendant 20 ans en Angleterre.
mercredi 5 octobre 2011
KICKBACK- Les 150 passions meurtrières

Après deux albums de Hardcore assez classique mais bien exécuté, Kickback, avant de se lancer dans la préparation d'un long, enregistre 6 titres d'un hardcore qui s'appuie sur le groove en re-nouvellant son écrin avec un producteur tout neuf derrière la console. Le groupe se sépare de sa prod étouffé et métallique, et s'éloigne de l'étiquette qu'on lui colle au boule et qui ne lui convient pas, celle du NYHC. Simon Doucet, batteur des Bushmen et de quelques autres formations intègre Kickback et fait largement partie de l'équation faisant l'intérêt de ce disque. Avec donc Ed Rose, producteur de Coalesce la formation la plus teigneuse de l'hexagone couche 6 titres basé sur l'admiration du chanteur pour le marquis. Soulevant quelques débats et moqueries, Kickback propose malgré tout avec Les 150 passions meurtrières un mini album cohérent et sérieusement composé. La hargne du groupe reste unique et ses membres s'acharnent à composer des morceaux d'un hardcore virulent mais qui s'aère, dans des compositions qui évitent les évidences. Les morceaux se construisent loin des facilités, prennent de la consistance dans leur développement. Seul exception, le troisième morceau, beaucoup plus linéaire mais totalement nouveau pour le groupe: une guitare dresse un riff mélodique et entêtant, tandis que la voix, calme, parle et récite un passage du livre (les 120 journées) dudit marquis menant le tout vers un renforcement de la tension via la batterie. Ed Rose capture la batterie et la finesse de jeu de Doucet avec une maîtrise remarquable; ce dernier cale des rythmes complexes et des breaks impeccables au milieu des riffs à moulinet. Sur le calme morceau éponyme, le charley sonne comme des lamelles métalliques fendant les couches de 6 cordes. Le groove de la formation parisienne est magnifié par la production, définitivement plus rock qu'auparavant. On regrettera juste les paroles parfois trop directes, pas dans le sens frontales et agressives, mais dans le sens d'un premier jet, d'une ébauche. Domination, violence, agressions sont les thèmes évoqués, que ce soit à travers les samples, le texte lu et les paroles, comme une prolongation aux thématiques Sadiques, une vision contemporaine. Un disque crasseux et pesant, appellant une suite, mais qui verra le jour bien plus tard, après moult avortements.
vendredi 30 septembre 2011
ENABLERS- Blown Realms And Stalled Explosions

Le rapport ? Aucun, mais quand tout ce cirque s'active, on se dit que foncièrement, un groupe comme Enablers devrait aujourd'hui, avec un LP de la qualité de ce dernier album, être sacré champion du rock, celui qui en impose un peu, celui qui fait crade, celui qu'on aimera toujours pour ses trouvailles, ses sonorités, ses audaces et son cran. Attention, je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a qu'Enablers aujourd'hui. Si tu es un lecteur régulier, tu le sais, ce n'est pas le propos. C'est juste le temps. Quand on voit tout le génie du trio de base augmenté de Scharin (June of 44, autre groupe fascinant, ou encore HIM, projet non moins passionnant) à composer et produire une telle musique, on se pose des questions. La rythmique est extrêmement soignée, Scharin blinde la musique mais de sa touche et de sa frappe parfaite et créative, tandis que Goldring (Swans) gribouille des riffs absolument prodigieux sur sa 6 cordes - à genoux devant l'obsessionnel "Career", ni plus ni moins. Simonelli est un des attraits principaux et premiers du groupe, poête habité et passionné parlant de sa voix chaude et imposante sur les couches des trois autres. Par paresse, on songe à Slint, qui déjà marquait durablement mais discrètement le rock en ...91 (!!) avec son indépassable Spiderland. Les classe des patrons, simplement, gravé dans 10 morceaux parfaits et enfermés dans un packaging vinyle magnifique.
mercredi 28 septembre 2011
AFRICAN HITECH- 93 Million miles

mardi 27 septembre 2011
We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay

Une fois les éléments posés et le montage stabilisé, tout devient limpide. Tilda Swinton campe une mère en proie à la difficile éducation de son fils. Depuis ses premières heures hors de son ventre, celui-ci lui en fait voir de toutes les couleurs, ne cessant de défier son autorité et de la pousser à bout. Le gamin, fort intelligent développe une toute autre relation avec son père auprès duquel il passe pour le jovial et agréable bambin puis pour le beau et grand ado.
L'ado, c'est Ezra Miller, un jeune acteur au fort potentiel qui, lorsqu'il en aura finit avec l'ère du bouton disgracieux et se sera un peu épaissi, fera tomber les filles comme des mouches opiomanes. On l'avait déjà vu dans le rôle d'un jeune ado accro à sa caméra et aux sites pornos dans le film Afterschool d'Antonio Campos. Il crevait alors l'écran grâce à un jeu sobre et nuancé dans un rôle tout en intériorité. Ici, son regard est d'une sexualité et d'une perversité bouillonnante. Il excelle dans un registre qui a souvent couvert de louange de jeunes acteurs qui n'ont pas toujours eu la chance de percer après. L'effet Cannes devrait toutefois permettre à Miller d'enchaîner rapidement et, espérons le, dans un registre toujours aussi ambitieux.
We Need To Talk About Kevin pose beaucoup de questions (parfois douteuse, comme la première que j'ai pu énoncer plus haut) et présente minutieusement l'évolution d'une famille dont les membres ignorent les maux des autres. Le père, John C. Reilly, nie l'évidence, berné par son fils qui joue avec machiavélisme de sa crédulité. Il en vient à accuser la mère, à rejeter la faute sur elle, sur sa patience, sur sa santé mentale. Swinton elle, oscille entre le doute qui l'habite dans la période prénatale, l'irrépressible envie de bien faire et de construire une relation stable avec son fils et la culpabilité. Le gamin lui, est une purge à lui tout seul. Méchant, manipulateur, vicieux, il est le parfait stéréotype du vilain petit psychopathe. Il fait en cela penser au Joshua de George Ratliff, en pire...
Ramsay, elle, a le sens de la mise en scène. Elle manie parfois avec brio un humour cruel qui met mal à l'aise. Elle habille son film d'un symbolisme bien vu, posant un jalon récurent qui annonce l'inéluctable drame à venir. Swinton ouvre le film dans une bataille de tomates, baignant dans un rouge sang. Ce rouge, on le retrouve dans le supermarché, sur les murs de sa maison etc. Le règlement de compte entre les deux personnages ne trouvera sa réponse qu'après le passage à l'acte. Viennent alors d'autres questions: comment vivre avec cette responsabilité de mère, comment faire le deuil, comment pardonner et surtout, pourquoi? Ramsay conclue d'ailleurs plutôt bien sur cette interrogation. Un film glaçant, dérangeant et implacable: un Cannes gagnant.
GROUP HOME- Livin' proof

jeudi 22 septembre 2011
My Winnipeg à la Maison Rouge
![]() |
Installation Vidéo de Guy Maddin (2011) |
Voilà une exposition dont j'aurais dû vous parler depuis bien longtemps. Sachant qu'elle prend fin ce dimanche pour partir au tour du monde, il ne vous est certainement pas permis de faire autre chose que d'y aller si vous avez un peu de temps ce week-end. Alors direction la Maison Rouge, pas très loin de Bastille pour découvrir le premier volet d'une exposition des plus stimulantes!
Le concept est simple: il existe de grandes villes dont personne ne parle parce qu'elles n'intéressent personne. Pourtant, des gens y vivent tous les jours et y développent des formes d'art tout aussi passionnantes qu'à Berlin, Tokyo ou New York. C'est le cas de Winnipeg, ville perdue au milieu de l'Etat du Manitoba au Canada, à 8 heures de route de la première grande ville d'influence comparable, Minneapolis de l'autre côté de la frontière.
L'occasion est belle de découvrir un peu cette ville industrielle et souvent enneigée dont le porte drapeau est le cinéaste Guy Maddin. Pierre angulaire de cette exposition, le réalisateur y présente son dernier film, My Winnipeg, faux documentaire semi-fantasmagorique et autobiographique sur sa ville, ainsi qu'une installation de 11 vidéos diffusée simultanément. C'est une nouvelle preuve de l'implication de Maddin dans les circuits artistiques alternatifs: il avait en effet déjà présenté l'un de ses précédents films, Cowards Bend The Knee, dans une galerie d'art à Toronto sous une forme originale. Le film, découpé en chapitre, était diffusé à travers de petits hublots vers lesquels il fallait se pencher, un peu à l'image des peep show. Une volonté de forcer les gens à se mettre dans une position inconfortable pour regarder des choses personnelles, Cowards Bend The Knee étant son "autobiographie".
Il est intéressant d'ailleurs quand on connaît le travail de Maddin, de découvrir les artistes qui l'ont influencés et ceux qu'il a lui même influencé. On pense notamment au travail de Marcel Dzama, emprunt d'une même volonté de cartographier la mythologie d'une ville oubliée. Car Winnipeg est une ville étrange aux confluents de plusieurs fleuves et de plusieurs cultures (indienne, anglaise, française et islandaise). On identifie alors sur la carte de Dzama des endroits, des mythes évoqués dans le cinéma de Maddin. La ville s'est construite des légendes autour du somnambulisme, de la télépathie, des fantômes. Un rapport étroit semble s'être tissé entre une dimension imperceptible, iconoclaste et une nature figée et inquiétante.
Winnipeg Map de Marcel Dzama (2007) |
On découvre une ville innovante. La première salle est une prise de contact tout à fait intelligente, elle nous permet de mieux cerner certaines légendes urbaines, certains faits marquants de l'histoire de la ville. Puis l'on s'enfonce dans l'imaginaire de ses habitants, on pénètre dans cette omniprésence de la mort, de l'étrange, de l'incongru, de la famille et de ses turpitude. On s'enthousiasme devant les travaux si personnels et déroutants de Sarah Anne Johnson par exemple qui traite de la maladie mentale de sa mère avec une grande intelligence.
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Untitled de Sarah Anne Johnson (2008) |
Voilà, ce ne sont que quelques lignes assez rapidement écrites mais elles transcrivent un peu ce que l'on ressent dans cette exposition. Un enthousiasme décontenancé devant la multiplicité des supports et des oeuvres, choses que l'on n'aurait pourtant pas soupçonné une seule seconde lorsqu'on entend le nom de Winnipeg. A signaler pour les pornocrates une salle un peu chaude au sous sol, juste après l'installation de Maddin, où l'étrangeté et le malaise atteignent leur paroxysme.
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