La dernière fois que les Deftones ont joué au Zenith, ils étaient encore accompagné de Chi Cheng, le bassiste, malheureusement décédé cette année. On se dit que ça doit leur faire bizarre de refaire de grosses salles en Europe sans lui désormais, alors que Vega assurant l'intérim depuis près de 5 ans n'est venu qu'à Paris pour venir dévaster le trianon. Retour donc au Zenith, le premier depuis 2006 si je ne m'abuse - le premier pour moi depuis 12 ans.
Les Deftones ont eu pas mal de difficulté à placer de bons groupes en premières parties de leurs dates. Si tout le monde se souvient des alors très jeunes Linkin Park, et des moins jeunes A Perfect Circle en ouverture de leurs anciennes tournées - du moins pour ceux qui les ont vu, le groupe a depuis laissé place à des formations plus modestes ou parfois totalement médiocre. L'hiver dernier, par exemple, les sous Glassjaw qui ont joué au Trianon étaient à la limite du supportable. La première partie ce soir se nomme Lonely The Brave, le nom craint un poil, et lorsque les types montent sur scène, l'absence total de charisme couplé à un son étonnamment sourd ne laisse présager rien de bon. Pourtant, ces anglais très appliqués s'en sortent bien. C'est propre, bien foutu tout en étant simple, ça joue légèrement gras sans avoir la moindre volonté métallique, et le mec qui tient le micro chante bien. Avec ses mélodies évidentes, ses constructions faciles et ce chant pas très éloigné d'un Sting rajeuni, on se positionne quelque part entre ce que Helmet a pu faire de plus accessibles, et un Pearl Jam souriant. Lonely The Brave est très sympathique, on se doute que sur disque ça doit être aussi un poil chiant parce que ça ne propose pas grand chose, mais sur scène, malgré l'aisance scénique à l'inverse de celle des têtes d'affiche, ça fonctionne.
Mais la grosse surprise, c'est la seconde partie. Rarement, je crois, j'aurais vu un groupe ouvrant pour une grosse tête d'affiche être aussi impressionnant. Je ne connaissait pas Three Trapped Tigers, et je regrette. Les types se font installé une batterie et une série de machines de chaque côté de la scène, une guitare et on se dit qu'on va avoir droit soit à un truc synth-cheap et risible, soit du dubstep/metal et que ça sera tout aussi ridicule. Si le tout premier morceau met du temps à se mettre en place, le bordel évoquant plus un shred au tout début qu'un vrai morceau, on capte vite que els types ont en fait une technique défiant toute concurrence, et que le niveau général n'est pas un truc de branleurs sans expérience. Le batteur hallucinant, frappe comme une pieuvre sur son kit et mène de manière remarquable l'ensemble du groupe, tout en roulement et cassures hystériques. Fin du premier morceau et le public explose : les types remportent rapidement l'adhésion de la salle. Sur fond de synthé Carpenter-ien pour les pauses, d'arpegggio furieux et de tapping gaëlique, le trio s'impose avec classe son spazz-kraut dans un Zenith qui se remplit lentement. Très impressionnant.
Deftones c'est désormais une affaire plié. Depuis Diamond Eyes/Cheng, le groupe est à nouveau soudé, capable du meilleur. Oublions les concerts en demi teintes d'il y a 10-15 ans (avec un Moreno fin bourré qui chantait des fois justes, des fois avec les paroles), zappons également les deux albums de 2003 et 2006 (aucun morceaux ne sera joué ce soir, sauf erreur de ma part), peu inspirés. Chi Cheng s'en est allé, Vega semble donc rester à cette place en CDI, et on se dit que si les circonstances sont tragiques, le groupe de Sacramento se permet d'assurer un suivi de grande classe avec le bassiste de Quicksand, qui mélange street cred pour son passé au sein d'un des groupes les plus importants du hardcore US, et charisme scénique efficace-le type, tout comme Chino, saute partout et habite la scène, à l'inverse de Carpenter qui ne doit pas faire plus de 15 pas par soirée. J'avais été un peu moins convaincu par leur concert de février, non pas à cause de la prestation même, mais à cause de la set list qui défendait logiquement leur dernier album que je trouve être une bonne continuité de Diamond Eyes mais avec un peu moins d'efficacité et d'impact. Ce soir c'est la correction. Avec un son pas excessif, les cinq entament le concert par deux morceaux de leur sixième album, puis deux de Around the Fur, et trois de White Pony. La soirée sera ainsi faite: des allers-retours entre les grands disques du groupe, notamment White Pony qui sera largement présenté-y compris via Boy's Republic, morceau disponible uniquement sur l'édition limité de l'album à sa sortie. Le groupe semble heureux d'être là : après avoir passé la journée de la veille à Paris pour prendre tout ce qu'ils croisaient en photo (catacombes, tour Eiffel) le quintet cloture sa tournée par un concert où Moreno se veut hyper communicatif et donne de sa personne pour assurer le show. Mais le spectacle ne tient pas qu'à ça. Les Deftones sont devenus des bêtes de scène, avec des morceaux hyper carrés, précis, même dans les morceaux les plus agressifs (Korea). Carpenter discret, Cunningham et Delgado en artisans essentiels du son Deftones, entre rythmiques solides et nappes synthétiques ajustées. Bien sur, après une pause électronique, les mecs de Sacto reviennent plié les derniers encore debout après un show assez long en balançant 3 morceaux d'Adrenaline. Moreno, tout content, se permet même une petite blague en reprenant les paroles de Nookie de Fred Durst sur Engine n°9. 7 Words puis s'en vont. Deftones est grand. Toujours.
ps: Merci à C. Pour la photo HD, mon fidèle acolyte.
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