Journée un peu pourrie, et pour plusieurs raisons. Déjà, pour des raisons personnelles et familiales (vous en saurez plus en lisant mes mémoires...), j'ai dû renoncer à la première séance de la journée, le film espagnol Ghost Graduation (que je n'avais pas spécialement envie de voir de toute façon). Ensuite... parce que tous les films de la journée sont des films... que je n'avais pas spécialement envie de voir de toute façon !
Arrivé au Forum, personne ne me parle de Ghost Graduation. Personne n'est allé le voir visiblement... J'entame la journée avec The Resurection of a Bastard, film en compétition du réalisateur et dessinateur hollandais Guidio Van Driel. Premier film qui s'inscrit, selon Frédéric Temps, le patron du Festival, dans la veine du très bon Bullhead, vainqueur ici deux ans plus tôt. D'accord, les deux films ont le même monteur... Mais ça s'arrête là. TRoaB (c'est plus court) raconte l'histoire d'une espèce de parrain de la drogue, un gros connard de première dont le sadisme n'a d'égal que sa violence mais qui, après s'être fait attaquer dans une boite de nuit, va entrer en rédemption et faire preuve de compassion à l'égard des gens qui l'entourent et de ceux à qui il a brisé la vie. En parallèle Van Driel développe l'histoire d'un jeune travailleur africain qui fait des rêves louches où une main lui sort de la bouche. Mais ça, on ne sait pas trop pourquoi. Enfin, si un peu, les destins des deux hommes sont liés. Enfin liés... A la toute fin du film, ils se croisent au pied d'un arbre... Enfin au pied... Y en a un qui tombe quoi...
Vous comprendrez que je n'ai pas bien saisi l'intérêt du film, notamment ces histoires croisées qui n'ont quasiment aucun impact l'une sur l'autre. Le film, s'il aborde le racisme, ne donne aucune ampleur à l'histoire du travailleur africain, la confinant au statut d'artifice scénaristique. Quant à cette histoire de rédemption, elle est d'un ennui mortel. Rarement un personnage ne m'aura semblé aussi insipide. Jamais attachant, jamais percutant, le film est d'une telle distanciation qu'on prend le large rapidement, sans pouvoir revenir dans son univers fermé, microscopique, certainement sincère, mais dénué d'intérêt.
Guillaume a aimé le film, je ne sais pas pourquoi. Tous ses arguments me passent au travers. Jérémy, de GentleGeek est plus mitigé. J'enchaîne avec The Major, film russe de Yury Bykov. Pour son premier film, Bykov n'a pas choisi la facilité en livrant un polar noir et violent au sein de la police russe. Dans un climat international tendu comme un slip, le choix de The Major pour la compétition passerait presque pour un choix politique. Remis dans son contexte russe, The Major est un film indépendant, conçu sans financement des institutions nationales de la cinématographie. Et au regard du film, on ne s'étonne pas que le gouvernement Poutine n'ai pas filé un rond à un petit brulot qui s'attaque aux vices du système et à la corruption dans la police. Au milieu de la toundra, un flic pressé de se rendre au chevet de sa femme qui accouche, renverse un gosse. Il cherche tout d'abord à éviter que l'affaire ne monte en mayonnaise mais ses collègues chargent la mère du gamin et renvoient la faute sur elle. Rongé par la culpabilité, le flic va alors tenter de renverser l'implacable mécanique.
The Major, est d'une belle facture et l'on doit souligner le courage de ceux qui ont monté le projet. Derrière ses images prenantes, on capte une véritable révolte face au fonctionnement de l'Etat, face aux indicibles abus de pouvoir que subit la population, notamment les plus précaires. Bykov s'élève contre les brimades et humiliations quotidiennes, contre la collusion des pouvoirs sans verser dans le sentimentalisme. Son film est d'un pessimisme rare, qui jette un froid sibérien (si je puis dire) sur l'idée de reprise en main d'une société, malade d'avoir délaissé le pouvoir entre des mains qui s'enrichissent et tuent à ses dépends. Un acharnement terrible mais un film qui ne restera pas dans les mémoires, notamment parce qu'on a toujours un peu de mal à comprendre ce que ce genre de film fait à l'Etrange Festival...
C'est l'heure du break. Une petite collation et puis on débat avec Jérémy et Arnaud de ce qu'on vient de voir. Jérémy va voir Death Metal Angola, un documentaire sur l'organisation du premier festival de métal monté dans cette ancienne colonie portugaise. J'attends mon cheum avec qui on doit aller voir Omnivores, film espagnol d'Oscar Rojo. Séance de 22h, salle à moitié pleine. L'horaire n'aide pas. Le film non plus à vrai dire. Omnivores se veut une lente descente aux enfers, basée sur une légende urbaine : celle de dîners privés où l'on servirait des plats à base de viande humaine. Un critique gastronomique mène l'enquête et tombe dans le plat... Manger de la chaire humaine, c'est trop cool !
La question qui me taraude est celle-ci : qu'est-ce que Omnivores peut bien foutre là ? Qu'il soit à l'Etrange, c'est un mystère, mais en plus en compétition... C'est un peu comme si le téléfilm érotique de M6 (pour ceux qui ont connu cette époque pas si lointaine où la 6 passait des films érotiques... Je suis con de penser qu'il y a des gamins de 10 ans qui nous lisent ou bien ?) concourait pour les Césars et rencontrait, par mégarde, le cinéma d'épouvante/horreur/trash de Jesus Franco. Vous me direz, il y a une certaine tradition espagnole là-dessous. Oui mais bon, Jesus Franco avait de l'imagination et une incroyable capacité à pouvoir jouer, non pas des peurs, mais surtout des fantasmes et à rendre le malsain très cinématographique.
Et puis, on ne peut pas dire que le cinéma espagnol nous ait habitué à pareille déconvenue ces dernières années. Les Balaguero, Amenabar ou autre Cerda avaient mis la barre assez haute, faisant preuve d'une grande inventivité dans le renouvellement de l'horreur et de l'épouvante tout au long des années 2000. En voyant Omnivores, on en vient à regretter la sélection espagnole de l'an dernier : le plutôt drôle Game of Werewolves et même, Insensibles, étaient bien plus appréciables... Rojo, lui, n'a pas d'ambition érotique, sinon il aurait fait du porno, et ses ambitions horrifiques se bornent à singer Balaguero tout en s'imaginant être Clive Barker. Son film est dénué de magie, de tension, d'effroi, d'imagination et de bons acteurs... Autant dire qu'il ne lui manque pas grand chose pour ne pas être un film. Vivement mercredi.
Et puis, on ne peut pas dire que le cinéma espagnol nous ait habitué à pareille déconvenue ces dernières années. Les Balaguero, Amenabar ou autre Cerda avaient mis la barre assez haute, faisant preuve d'une grande inventivité dans le renouvellement de l'horreur et de l'épouvante tout au long des années 2000. En voyant Omnivores, on en vient à regretter la sélection espagnole de l'an dernier : le plutôt drôle Game of Werewolves et même, Insensibles, étaient bien plus appréciables... Rojo, lui, n'a pas d'ambition érotique, sinon il aurait fait du porno, et ses ambitions horrifiques se bornent à singer Balaguero tout en s'imaginant être Clive Barker. Son film est dénué de magie, de tension, d'effroi, d'imagination et de bons acteurs... Autant dire qu'il ne lui manque pas grand chose pour ne pas être un film. Vivement mercredi.
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