jeudi 29 avril 2010

Matt Elliott - Theater Kikker @Utrecht

C'est en retard que l'on arrive sur place, un théâtre en plein centre ville, qui a l'air d'être une jolie salle. Porte fermée, pour pas rentrer et faire chier les musiciens qui jouent, il nous faudra attendre la pause pour pouvoir s'incruster tout en ayant cet avertissement en tête "Si tu sors t'es mort". Deuxième partie du spectacle après l'entracte, c'est Have a Sleep qui entame un set tout seul (bon, visiblement c'est un peu le crédo de la soirée les célibataires musicaux). Have a sleep porte bien son nom, serait une version chiante (ouais, les derniers albums de Six organs of admittance par exemple) de Ben Chasny qui triture sa guitare dans quantité de gammes en roues libres pour enfin trouver son rythme de croisière. Au début ça rame, dans des contrées americana aux confins du Dead man de neil young version écrasé par les indiens pour prendre carrément du coffre lorsqu'il joue de l'archet sur une sorte de banjo avec en fond une boucle de trois notes de guitares. Il s'essaye à pousser quelques parties vocales (encore trop timide surement) et son set termine mieux qu'il avait commencé. J'oubliais l'anecdote du jour! Cette fois ci vraiment pas de chance, dans une salle de théâtre minuscule, ou l'on devait maximum être une trentaine, voila que pile devant moi s'installe encore le même prototype que la dernière fois (pas le même hein) dans le style "je lave mes habits une fois par an, les jours de pluie en Andalousie". Du coup pas moyen de vraiment échapper à l'odeur tout au long du spectacle si on rajoute en plus la capacité de la salle à être foncièrement oppressante. Silencieuse (bon ça au moins ça permet d'éviter l'écueil de pas mal de gens embarrassants qui se trimbalent en live) mais surtout pas propice à la communication, ce qui devait pas être foncièrement accueillant pour les artistes descendant sur scène.
Puis vint Matt Elliott (malheureusement trop timide pour l'aborder en début de soirée de jour à jeun, il n'y aura pas d'interview, chose prévue à la base). Matt Elliott c'est une longue histoire. Illustre Third Eye foundation, quelque chose se passa dans sa vie, et il monta ce projet, plus personnel que jamais, signé de son nom, versant dans la folk à la tristesse infinie accoudée par machines et boucles obsédantes. Et c'est ça que l'on voit sur scène, le désespoir d'un homme, influencé autant par Leonard Cohen (bah rien qu'à voir les titres des albums, sur qu'il fait une fixette) que par les mélodies des carpathes, slaves. Puis cet homme, au milieu de cette scène se transforme en un orchestre à lui tout seul, accompagné de ses pédales et de sa guitares sèche (un peu de flute etc...). L'homme seul qui chante la solitude, qui se sample lui même, qui crée des morceaux à tiroirs, sur une musique qui s'évapore, profondément marine. Fragilité et à la fois maitrise du tout, pour un artiste qui s'excuse lorsque sa boucle plante et qu'il se retrouve comme un bègue dans le silence pesant de cette salle. Cet homme est touchant car sa musique est profondément humaine, soumise aux aléas de sa voix, de ses boucles, qu'il aime à triturer pour livrer des morceaux soniquement massifs. Puis Matt Elliott a légèrement communiqué, avec un profond respect pour ces quelques personnes venues l'écouter, se mettre à nu pour nous, chanter le désespoir, en nous proposant un morceau final et en nous jurant que la prochaine serait bien interprétée. Et c'est sur The Maid we Messed (final habituel) qu'il termine, dans une orgie drum n bass renforcée de mélodies de guitares qui se muent en déluge sonique massif pour ensuite atterrir en douceur dans une version Dub et étouffée. Lui, plié en deux par le poids de sa musique, de sa sincérité et de son humilité triture ses pédales jusqu'au silence, pour ensuite partir. Un moment humain, comme on en voit rarement chez les Hommes.

2 commentaires:

thelighty a dit…

Tu as de la chance de l'avoir vu dans une salle respectueuse et silencieuse (peut-être trop?). Les hurlements de certains ont gâchés la fin de son concert au point FMR l'année dernière.

Laurent a dit…

tu aurais du aller lui parler