jeudi 6 mai 2010
Frank Bretschneider – EXP
Lorsqu'on insère un disque de chez Raster Noton dans son lecteur, on sait en général à quoi s'attendre. Sur EXP le travail semble être microscopique dans la plus pure tradition Ikeda, ou Alva Noto. Le projet s'étale sur un double disque, d'un côté la musique, de l'autre un visuel voulant rendre grâce au mouvement de la musique de Bretschneider. Musicalement, EXP s'apparente à un pur essai de collage sonores des plus épurés aux plus frontaux, comme si la musique en soi n'était qu'un résultat abstrait des machines. 35 pièces pour autant de morceaux, purement électronique et protéiformes. Plus rien d'humain ne semble composer les données brutes que sont les différents assauts de Bretschneider et chaque tonalité, fréquence, intensité, crépitement (appelez ça comme vous voudrez) exige à elle seule le changement de morceaux. Raster Noton semble livrer des objets de plus en plus extrêmes quant aux choix des sons et à l'agencement de ceux là. Là ou Byetone par exemple livre une version dancefloor d'une musique robotique, où le rythme prédomine avant tout, Bretschneider s'aventure plus dans des contrées de tiroirs caisse, où les divers glitchs et déformations soniques s'apparentent plus à un caprice technologique. Le constat c'est que le traitement que leur réserve l'homme derrière est clairement d'une justesse époustouflante, notamment dans les modulations de volumes ou encore dans l'organisation des mouvements qui évoluent vers quelque chose de beaucoup moins minimal au fur et à mesure. Plus que plusieurs découpages, c'est au final une entité vivante (pas forcément humaine certes) qui se déplace dans différentes fréquences, dans différents univers visuels et créent un mouvement. Là où Autechre par exemple apporte une chaleur à ses sons sur Oversteps, ce qui les rend directement plus humains, EXP est au contraire un ultime essai de déphasage cérébral tout en finesse (jamais les sonorités ne tombent dans le bruit brut), peignant contrées ambiant et ajoutant des coups de pinceaux sur une toile digitale où le peintre aurait buggué, et son programme empêcherait la cohérence apparente de son œuvre. La musique de EXP est géométrique, anguleuse dans sa façon frontale de jouer sur les volumes de et mettre en relief certains sons qui n'ont plus rien d'instrumentaux. Encore une œuvre totale, avec sa vidéo qui permet de visualiser la musique de Bretschneider comme un mouvement géométrique, une avancée des formes et un travail sur les fréquences purement arythmiques. (Raster Noton)
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