lundi 29 novembre 2010

Journal d'un festivalier masochiste (seconde séquelle) par Moi


Je suis à la ramasse. Tout d'abord, je n'ai pas pris le temps de finir de déblatérer sur le merveilleux festival Chéries Chéris ou du moins sur sa programmation plus que bancale. Parce que oui, je n'y suis pas allé qu'un week-end mais bien dix jours durant pour y voir une vingtaine de films allant du salutaire documentaire sur la situation des homos en Ouganda au suppliciant film concept de Claude Pérès, Infidèles que je n'ai pas réussi à supporter jusqu'à la fin (première fois de ma vie que je quitte une salle avant la fin d'un film, même pour Un Lac de Grandrieux j'étais resté jusqu'au bout et je peux vous dire qu'il en fallait du courage...) en passant par l'exotisme kitch, cheap et philippin des films de Parungao et d'Altajeros qui continueront longtemps à envier le talent de Brillante Mendoza...

Comble du comble du comble du comble, le grand prix du jury a été remis à l'une des plus affligeantes réalisations que j'ai eu l'occasion de voir durant ces 10 jours de festival, le bien nommé Uncle David dont j'ai parlé dans le billet précédent... La coupe était pleine bien avant la fin du festival mais tout de même! Cela valut au jury d'être chahuté lors de la cérémonie de clôture. C'était la moindre des choses...

Finalement le salut sera venu de deux films européens et des programmes de courts métrages. En effet, Brotherhood, drame danois très sombre sur une liaison interdite entre deux néonazis (allusion aux pratiques des SA qui servirent de prétexte à l'exécution d'Ernst Röhm) méritait de très loin une récompense. Tout comme House Of Boys de Jean Claude Schlim (avec le grand Udo Kier), courageux (mais très imparfait) film sur l'apparition du sida et sa réception dans une maison de passe d'Amsterdam.

Ensuite parce qu'il y a une montagne de films dont j'aimerais parler longuement... Tient, il y a peu, je perdais mon temps à attendre quelque chose quelque part. Par je ne sais quel hasard, je me suis retrouvé dans un rayon dvd d'une grande chaîne de distribution de biens culturels dans laquelle un de mes comparses au crâne rasé a travaillé (je ne peux pas en dire plus, il tient à rester anonyme). J'étais à la recherche d'Amer, un film hommage au Giallo dont je parlerais un autre jour et, que vois-je, une petite pépite que j'ai eu la chance de voir à l'Etrange Festival.

Ils ont osé sortir Pontypool directement en dvd... Les distributeurs sont parfois des gens insensés et criminels qui préfèrent diffuser le remake du Dîner de cons dans moins de 10 salles, avec l'assurance d'un échec certain, alors que se trouvent, sous leurs yeux de professionnels, des choses vraiment intéressantes qui, à défaut d'être des révolutions ultra transgressives ou des chefs d'oeuvre intemporels, sont des films qui dégagent une personnalité forte.

Ce film de Bruce McDonald est un mélange assez savant du Zombie de Romero, du Fog de Carpenter et du Bug de Friedkin. Dans l'Ontario, alors que sévit une tempête de neige, enfermés dans le studio d'une radio locale, quelques animateurs apprennent peu à peu de terrifiantes nouvelles venant de l'extérieur. Le puzzle se construit par le croisement des informations et des témoignages. La pression monte, elle monte même terriblement. McDonald double tout ça d'une paranoïa latente qui s'immisce dans ce qui fait l'essence même de la communication entre les êtres humains du XXIe siècle, le langage. Le film s'ouvre sur un fait divers qui est un somptueux jeu de mot. C'est savoureux. Tout est dans le hors champs, la suggestion, le dehors... Jusqu'à ce que les zombies viennent frapper à la porte du studio. Vraiment si vous traînez comme moi dans le rayon horreur-fantastique, jetez un oeil à la jacket du dvd... Le film, en VO bien sûr, est un très bon moment.

Enfin, c'est véritablement l'actualité brûlante qui m'a fait sortir de mon mutisme circonstancié. Non pas que je me mortifiasse (hum le subjonctif imparfait qui claque) douloureusement comme l'a fait notre nostalgique Big Ad sur son blog (et bing j'te fais de la pub) à propos de la mort de Leslie Nielsen. C'est juste que mercredi c'est le jour des sorties, et qu'est-ce qui sort mercredi? Un film qui a fait un gros buzz sur le net et qui a clôturé l'Etrange Festival (vous allez trouver que je radote mais j'espère au moins que tout ça vous donne envie d'y aller à ce putain de festoch!), j'ai nommé Monsters.

Monsters fait le buzz car on le compare à District 9 de Neill Blomkamp (bizarrement la première fois que j'ai écrit son nom c'est son prénom que j'ai mal orthographié... allez comprendre), parce qu'il n'a coûté que 15.000 dollars (et quand on voit le résultat on se demande comment c'est possible) et parce qu'il est l'oeuvre d'un illustre inconnu tout droit sorti de l'école de ciné, un certain Gareth Edwards.

Démentons une première chose: le film a en réalité coûté 200.000 $ ce qui n'enlève vraiment rien à la beauté plastique de l'ensemble, notamment celle des effets spéciaux. Monsters est l'histoire d'un gars et d'une fille forcé de faire un bout de route ensemble. Le problème c'est qu'ils doivent traverser une zone "infectée" qui s'étale sur une partie du Mexique et des Etats-Unis où vivent de vilaines bestioles extraterrestres.

Edwards pour son premier film livre une parabole politique sincère mais un brin naïve. Même s'il ne devait pas se tourner là au départ, le choix de la frontière américano-mexicaine n'est pas le fruit du hasard. L'analogie faite avec la politique migratoire mise en place conjointement par les deux pays, est évidente et matérialisé par ce mur gigantesque censé empêcher les aliens d'entrer sur le territoire américain. La peur de l'autre, de l'inconnu, de l'envahissement. Celle de la guerre aussi, toujours aussi présente dans les pays anglo-saxons (rappelons qu'Edwards est anglais et pas américain).

Certainement trop affairé à chercher un réalisme qui amène pourtant le film sur les chemins d'un onirisme étrange, humide et brumeux, il en oublie peut-être d'insuffler quelque chose de palpable dans ses personnages, trop en retrait. Le film est souvent contemplatif, pour le plus grand plaisir des yeux. Mais on aurait aimé un souffle, quelque chose qui vous prenne vraiment par les tripes pour adhérer complètement aux intentions du réalisateur. Pour finir je n'oublie pas que j'écris sur un blog initialement dédié à la musique. Sachez donc que la musique est l'oeuvre de Jon Hopkins, comparse d'un certain Brian Eno... Les mélomanes que vous êtes apprécierons peut-être.

2 commentaires:

Damien a dit…

il me semble que tu as oublié un mot à ta critique de Monsters : "ennuyeux"
Certes c'est beau, c'est pleins de métaphores et tout et tout, mais avant tout c'est chiant.
Je pense que ce qu'il manque au film ce sont des vrais personnages et des vrais acteurs. J'ai trouvé les deux protagonistes assez médiocres, mais, pour leur défense, il est difficile de jouer des personnages aussi creux. Bref, un film qui a peu d'interet à mon sens.
En revaanche, je vais me jeter sur Pontypool qui a l'air bien plus fun.

Sinon petit retour tardif sur ta bonne chronique de The Human Centipede, qui ma presque donné envie de revoir le film une deuxième fois, avec un regard plus avisé. Pour ma part j'ai trouvé qu'il manquait au film de bonnes scènes vraiment dégoutantes. Mais film a voir tout de même, au moins pour la folie du personnage principal.

Carnival Of Souls a dit…

Monsters ennuyeux... Ma réponse sera digne de Mylène Farmer (et j'en suis désolé) : oui mais non...

J'explicite. Oui car en effet, alors qu'il a pourtant décidé de centrer l'intérêt du film sur ces personnages, leur donnant beaucoup de place tant dans les plans que dans l'histoire, Edwards ne se donne pas vraiment la peine de les caractériser réellement. Leur personnalité est flottante et leur évolution est trop évidente. D'où des dialogues creux, pas véritablement d'enjeux scénaristiques autour d'eux... Ce qui est terrible!

Non car du coup, notre oeil et notre cerveau cherchent d'autres choses signifiantes et s'écartent des personnages pour mieux comprendre le contexte, le milieu dans lequel ils évoluent. Et là Monsters est vraiment intéressant. Que ce soit dans la peinture des rapports de force dans une société mexicaine déstructurée, cette sensation d'être perdu dans un pays du tiers monde, l'après Katrina... Tout un tas de références qui donnent bien plus de corps au film que ses deux personnages centraux, assez inintéressants je l'avoue.