samedi 30 janvier 2010

Boards Of Canada - Music has the right to Children

Music has the right to children n'est peut être pas le meilleur Boards Of Canada, car Geoggadi est sorti après. Mais music has the right to children est surement celui qui s'approche le plus d'un idéal musical que l'on croyait impensable. Allier la deshumanisation de la musique électronique la plus sauvage (ces gars là sont quand même signés sur Warp, label qui même s'il n'est plus aussi interessant qu'avant a quand même eu ses heures de gloires) à la chaleur et le psychedelisme de sonorités claviers. Le résultat est détonnant, on obtient le disque psychedélique le plus contemplateur jamais écouté allié à une rythmique hip hop qui garde son quota de construction. Boards Of Canada, c'est tout d'abord un hommage à la nature. Un groupe fan des éléments, et de la contemplation de leur beauté. C'est pour ça que le groupe joue avec les détails, joue avec les éléments de leur musique avec une intelligence peut être jamais égalée, sans jamais trop en faire, en laissant toujours vivre les sons, tout comme le silence et les cassures. Peu de groupes ont autant pu laisser vivre leur musique pour en arriver à l'objectif final d'un rendu aussi maitrisé. La nature à la fois chaleureuse accueillante, pleine de beauté, temple d'une enfance reculée, lieu de folies et de fantasmes liées aux contes peut aussi devenir quelque chose d'horrifique, avec certains claviers d'une lourdeur proche d'un Goblin, ou des loops éreintantes (smokes quantity). Boards of Canada livre ici son album le plus fantastique au niveau des sons, des mélodies et surtout assume complétement son amour pour le hip hop à travers des rythmiques toujours plus séches.
L'idéal musical incarné sur ce disque est une sorte d'idéal seventies, ou gaieté et folie des mélodies formaient un panel d´émotions toujours plus diverses, rendant une musique vivante et proche des sentiments, couplé à une chaleur rythmique robotisée complétement moderne.
C'est aussi pour ça que le groupe se permet toute licence artistique en lachant des morceaux d'une minute avant une épopée tribale, ou se permet de laiser de côté un moment l´électronique pour se concentrer sur l'esthétique de ses claviers.
Le duo a en plus toujours brillé par sa discrétion, sans jamais en faire de trop, se consacrant d'abord à sa musique, avec une liberté artistique toujours au rendez vous, et la réussite toujours là (un peu moins sur The Campfire headphase peut être). Il aura inspiré énormément de vocations, sera une passerelle pour beaucoup de monde vers des musiques plus ambiantes, une passerelle vers les musiques électroniques pour d'autres, mais restera à un carrefour où personne n'arrivera à se placer aussi centralement, et surtout à ne pas ennuyer dans la longueur.

vendredi 29 janvier 2010

Happy Mondays - Pills'n'thrills and bellyaches

Les Happys Mondays, une sorte de batârd complétement à part dans la scéne de la fin des années 80, début des années 90. Signés sur Factory Records, sorte de groupe intemporel livrant une musique ne s'intégrant réellement dans aucune époque. Ramenés à la scéne post punk/new wave surement plus dus au contexte et au label, à leur statut de nouveaux protégés de Tony Wilson, mais le cul assis entre une scéne électronique emergeante, et une scéne dite acid house en découlant. On pense assez fort à certains efforts de Psychic TV de cette période, à A Certain Ratio, mais on ne pense clairement à rien. Car les Happy Mondays sont avant tout une bande de drogués, une bande de dégénérés de ce que l'on appele le Madchester, scéne folle de Manchester, Hacienda en tête, apparition du DJ comme nouvelle égérie, MDMA, samples. Et les Happy mondays sont un peu ce groupe en dehors des modes, apparus pourtant dans un contexte propice à l'explosion d'une certaine mode. Mais les gars ont préféré le suicide, par le je m'en foutisme. Les Happy Mondays c'est aussi Bez, un gars inscrit dans le Line Up, dans les photos promos, un type du groupe en somme. Mais Bez ne sert proprement à pas grand chose (un entertaineur, un dancer, un gars defoncé qui traine dans les parages). Et ce disque est leur meilleur, leur plus digeste, leur plus tubesque, et celui qui synthétise à lui seul un esprit artistique, une fusion de genres complétement indigeste aux premières écoutes, avec des rythmiques aux confins du funk, du hip hop, des guitares typiquement rock qui seront le son typique des années 90 d'ailleurs, mais qui s'ancrent dans une mentalité punk encore vivace. Puis les Mondays ce sont des chants d'un irritant qui les rend bien sentis, des choeurs féminins enrobant la voix d'un Shaun Ryder qui n'en est pas vraiment une, usant et re usant de son côté halluciné.
Pour cerner ce feeling, leurs aspirations, il faut d'abord admettre le fait qu'il n'en ont aucunes. Un joli bordel organisé débordant de joie, débordant de gaieté et d'amour. Car les Mondays se sont eux même tués, et en usant trop la verve du "nous sommes des surdoués et toute façon quoi qu'il advienne on va vous gaver en tubes, faire danser les chaumières". Cet effort est pourtant visionnaire, bardé d'idées, irritant de maitrise, et surtout gonflé de tubes. Absolument rien n'y est à jeter. Ils arrivent à faire passer la pilule du kitsh et du ridicule dans un tout aveuglant de couleurs et ravagé par la décadence propre à ce genre d'efforts. Quelque chose d'acide se dégage des Mondays, de toute cette liesse et de toute cette dance attitude. Ca pue la descente à plein nez en quelque sorte, la fin de civilisation. Ces types là sont arrivés trop tard mais à la fois trop tôt, dans une démarche à la fois proche du contexte, mais complétement ringarde quand même. Et c'est bien pour cela que ce disque est devenu un tableau d'époque encore d'actualité, qui rappele parfois la démarche d'un Prodigy époque Music for The Jilted generation. Les Happy Mondays c'est la teuf où tout le monde est trop bourré pour comprendre qu´il écoute de la merde, où tout le monde est trop defoncé pour capter que la musique est désagréable, que le chanteur chante faux et mal; mais surtout tout le monde s'en branle parceque l'important c'est qu'ils dansent tous comme des décérébrés et s'amusent comme des demeurés sans penser à demain, car il n'y aura pas de lendemain, les Happy Mondays sont les 24 hours party people, jamais cela ne s'arrete.
Quant à la version en ma possession, elle est en hommage de Tony Wilson et est agrémentée d'un DVD avec les vidéos promos de pas mal de tubes des mondays, où les visuels sont complétement en accord avec la musique et tout ce qui a été dit: c'est moche, c'est irritant, c'est inutile mais ça en devient indispensable. Rave on.

jeudi 28 janvier 2010

Darkthrone - Preparing for War (Special Edition)

Ça parait plus marrant de parler de cet objet vu que Darkthrone est de retour chez Peaceville depuis l'ep Too Old, Too Cold. Cet objet se veut le résumé des early years de Darkthrone et de son premier passage chez Peaceville, donc jusqu´à Transilvanian Hunger. Pour couper court aux racontars, je ne fais pas partie de ceux qui clament haut et fort que Darkthrone n'existe plus aprés Panzerfaust, et que Transilvanian Hunger est la dernière livraison (et meilleure) à ce jour. Mêmes auditeurs du groupe pour qui A Blaze in the northern Sky est la panacée. Simplement mon orientation darkthronienne est simple. Tout est bon, et plus ça va meilleur c'est (en quelque sorte un adage pas forcément vrai, mais quand même toujours verifié à l'écoute des nouveaux efforts, toujours plus convainquants, et toujours plus cultivés et bardés d'humour). Parceque Darkthrone catalogués Trve Black Metal, fondateur de cette bande Norvégienne de fauteurs de troubles ne s'est jamais réellement acoquiné à ces poseurs qui ont fait passer l'histoire avant la musique. Encore plus marrant de parler de cet objet juste avant la sortie d'un nouvel album de Burzum. Darkthrone, comme raconté dans le livret qui retrace une interview plutot documenté et documentaire des sieurs, est à la base un groupe de death metal associé à entombed ou Grave et leur signature sur Peaceville était sensé les amener justement dans cette sphère Death Metal. Pourtant, c'est définitivement là qu'ils ont décidé d'aller plus loin (tout en conservant leurs origines d'ailleurs, je pense à certaines sorties à l'aura noire pas forcément réputés chez les fans qui me régalent toujours , Goatlord et son côté sournois en tête. On tient avec cette édition limitée l'objet à la fois inutile et ultime. Un best of qui n'en est pas vraiment un, contenant d'abord un disque qui retrace la première partie de l'épopée Peaceville. Ce disque contient evidemment son lot d'inutilités, je pense aux morceaux de a blaze, under a funeral moon, transilvanian hunger qui font doublon avec les disques et qui sont lachement sortis de leur contexte. Pourtant ce disque contient des perles qui seront poursuivis sur le deuxième disque, pour tous les gens qui comme moi n'ont pas envie de courir le net pour dénicher une obscure cassette ou une version de certains records early Darkthrone. Et pourtant ces morceaux., Snowfall en tête présentent un côté bien noir du groupe, pesant et aux constructions débridées avec une verve mélodique toujours représentée.
Puis l'humour de la chose avec en tête ce troisième disque, un DVD de lives et d'interview, qui nous précise bien que la qualité des enregistrements sont bien normaux et que notre DVD n'est pas abîmé. Car concrètement, il existe peu de prestations lives de Darkthrone, et celles là sont sorties des archives VIP du groupe. Preuve en est, heureusement que les titres des chansons sont indiqués dans le menu, ça permet de savoir ce qu'éventuellement il y avait dans telle tracklist. Pour les interviews, toujours autant de fun avec les gaziers.
Joli objet que nous refourgue là Peaceville permettant à la fois de réediter de l'inutile et de joindre l'utile à la connerie de la fan attitude qui pourrait faire acheter un objet best of. Ca permet surtout d'avoir en support audio les démos d'un groupe plus que bienvenues et de trés bonne fabrique. Puis ça permet aussi encore une fois de se rendre compte que Darkthrone c'est quand même le métal, à lui tout seul.

mercredi 27 janvier 2010

Alain Bashung - Dimanches à l'Élysée

Alain Bashung c'est le futur produit de consommation pré Noël chez tous les bons Français. C'est normal vous me direz. Hallyday encore en vie, il n'existe pas encore de bonne gueule à qui fleurir la tombe. Bashung, contrairement à tout ce que peuvent dire ses détracteurs, est un artiste qui a su s'abreuver de la science des autres, qui a su s'entourer et laisser une partie du cerveau, une partie du processus d'écriture à d'autres. D'autres parmi lesquels Gainsbourg, Fauque...et même Roussel. Alors oui, Bleu Pétrole a été chroniqué ici bas. Oui, on sait trés bien à quel point ce disque n'a pas été la plus grande réussite du Monsieur. Et ce testament live s'en abreuve énormément. Single passé sous silence, introduction sur la pièce centrale du disque d'une dizaine de minutes, Bashung a decidé de teinter sa dernière tournée d'une aura folk, d'une aura des grands. On l'aura trop taxé d'hermétisme, d'intellectualisme, notamment sur des disques qui sont allé trés loins: Chatterton, Fantaisie Militaire et l'Imprudence. Trés loin dans le brouillard, dans l'esoterisme, dans la noirceur et surtout dans une maitrise d'un phrasé qui donnait vie à des mots a priori insensés. C'était le pari de toute une vie. Une vie marqué par la musique, musique qu'il a fini par réussir à tuer (car sa discographie est loin d'être exempte de tout reproche, marquée par quantité de tubes raccoleurs et de disques fades). Mais sur la fin, Bashung a vaincu ses propres démons, a réussi à s'allier de musiciens modernes, contemporains, aventureux pour se perdre lui même et déconstruire ses propres idées, pour épauler sa diction, pour faire déborder sa propre verve créatrice. Alors on lui en voudra pas d'avoir cherché à renouer avec ses premiers amours dans un dernier élan créatif, et d'incarner ce bien être dans une dernière tournée clairement axée autour de la facilité. D'ailleurs ca n'est pas pour rien que ce début d'hymne (facile) est repris avant LE tube du Bashung, Osez Joséphine. Nous pensons bien à ce blowin in the wind teinté de joie et de poésie. Alors ce double disque est de loin le tableau glaçant d'une dernière tournée qui contrairement à tout ce qui pourra etre écrit se veut gaieté et liesse. Car Bashung avant de s'éteindre renouait avec son amour pour les guitares, pour les mots directs, pour le côté sobre et dépouillé de sa musique, pour l'harmonica, et pour l'électricité. Les réorchestrations sont même parfois troublantes avec un Mes prisons et un Samuel hall endiablés, âpres et electrifiés. Pour une dernière tournée, pour un dernier hommage live, ce double disque n'est en aucun cas représentatif de sa discographie, mais surement bien représentatif de sa conduite live: généreuse, jusquà plus soif et surtout pleine de contradictions. On pense à ce seul et unique extrait de l'imprudence, exécuté en fin du premier disque, plein de douceur, pleine d'une force tranquille (mes bras) et d'une joie non contenue. Bashung reinterpréte ses propres morceaux, reprend des morceaux qui lui ont tenu à coeur, tout ca dans un fouillis pas forcément cohérent où la seule unité réside dans ce qu'il fait de sa propre musique, qui n'est au fond ni la sienne, ni pas vraiment la sienne. Il se l'approprie autant qu'il l'offre. Et c'est surement ça qu'il faudra garder comme image de lui. Parceque même si Bashung est cet aventureux artistique, même s'il est bien l'auteur des trois chefs d'oeuvres cités, c'est aussi un musicien qui aime faire plaisir avant de se faire plaisir. Là est le tour de force de ce produit posthume: remettre les pendules à l'heure dans un hommage poignant. Parceque si Bashung est ce type sombre qui pose au milieu du labyrinthique l'imprudence, si Bashung est ce type nevrosé qui s'amusa dans les contrées rugueuses et ambiancées (limites progressives) de Chatterton, il est aussi ce type rigolo qui aura composé des tubes générationels et se sera fait connaitre de la ménagère. Car si ce type aura mis en musique des textes d'une richesse abyssale, il aura aussi joué dans la cours des lourdeaux.
Et ces dimanches à l'Elysée sont un peu son dernier pied de nez. Non, Bashung n'est pas ce type triste au bord de la mort, vaguement dépressif sur sa dernière tournée. Et ça rend l'essai encore plus touchant.

mardi 26 janvier 2010

Binaire - Idole

C'est toujours la même histoire. Binaire c'est le groupe qui reveille tout ce qu'il y a de plus simplet et de plus primitif en toi. Binaire c'est la lobotomisation du corps, la danse des jambes mais sans les bras, la danse des bras mais sans la tête, le headbang en teuf la tête installée contre l'ampli. C'est toujours la même histoire, surtout quand ils déboulent avec une pochette aussi moche, digne du blog de notre cher gulo (je suis sur que c'est une dédicace au sieur d'ailleurs). Tout dans le second degré, avec des titres aussi nuls que pas drôles, aussi provocs que consensuels. En clair, on a l'impression d'avoir à faire à un disque d'Ultra Vomit (sic!).
Simplement, ça serait enlever du crédit à cette formation virevoltant entre noise rock (oui c'est une dédicace à mon collègue) mais sans le noise, ou sans le rock, ou alors robotisé ou technoisé par une certaine frappe de boîte à rythme. Jesus Lizard kétaminé, schizoide, aux confins du punk, de fugazi premiére époque, avec un attirail modernisé en tous bons fans de Prodigy qu'ils seraient. Il y a un peu de ça, une furieuse envie de bouger, une furieuse envie de tout déplacer, mais sous un apparat foutrement mélodique. Même le désespoir latent se revet de ses plus forts apparats new wave. Ces gars là m¡ont toujours fait écho à Devo, surement parcequ'ils avaient 30 ans à l'époque, mais la comparaison est définitivement judicieuse. Citez moi un groupe ayant allié énergie rock, héritage post punk, imagerie kitsh, humour et sonorités machinisés ou humanoides? Citez moi un groupe qui avait comme idéal de te lobotomiser?
C'est quand même toujours la même histoire, sauf que là, elle va encore plus loin qu'avant.

mercredi 20 janvier 2010

RAS G & THE AFRIKAN SPACE PROGRAM-Destination there EP


Ras G et tout son barda fait partie de la galaxie Flying Lotus et donc fan de feu Jay Dee, imitateur de Madlib, obsédé par Sun Ra et Coltrane. Musicalement ça ressemble beaucoup à Flying Lotus avec ses beats énormes qui semble s'écraser dans le sillon, ses bruits cosmiques qui rythment le rythme et ses samples extra-stellaires renforçant la confusion: on est où bordel? Ras G est en fait un mec tout seul, mais son obsession pour Ra semble être passé par là, et malgré toute la sympathie que j'ai pour la musique du monsieur, l'identification à une idole, passé 15 ans, c'est douteux, si bien qu'il n'y a pas de groupe se cachant derrière "afrikan space program". D'ailleurs, Ras G n'arrivera pas, à l'inverse de Flying Lotus, à nous faire croire qu'ils sont nombreux. Si "L.A." aurait pu faire croire que parfois, il y'avait 15 illuminés levant les bras au ciel dans le studio, Destnation There échoue dans cette tentative. Les premiers missiles spaciaux de la face A sont dans la droite lignée de ce qu'aurait pondu l'allumé pianiste s'il avait eu le temps de se mettre sérieusement au sampler: des bruitages qui se téléscopent dans tous les sens. La face B, légèrement plus longues mais tout de même concise s'ouvre sur un "time will heal" bien approximatif dans sa production, les basses bavent littéralement sur le reste des éléments constituant le morceau, tandis que plus précis, Lisa Bonet aurait presque des allures de Nurse With Wound avec son cri féminin impromptu venant cisailler les samples vocaux éthérés. Spacewayz ressemble à s'y méprendre à du Madlib en articulant son beat plus classique sur les notes oscillantes d'un vibraphone (ou metalophone... ou ce que vous voulez dans le genre) samplé qu'on devine ne pas être de première jeunesse. Un beat maker de plus donc dans la grande cour que forme les "foutraques affectés par 2006" et qui s'en sort bien tant sa musique semble sincèrement habité mais manquant encore légèrement de pertinence de par une admiration trop apparente derrière un travail correctement produit. En espérant que le LP ne soit pas une décéption.

CLIPSE-Til the casket drops


Le morceau avec Kanye West a fait un teaser qualité supérieur pour laisser croire ce qui ne fut point: le 3ème album de Clipse serait bon, peut-être autant que l'album certifié ghetto d'il y'a déja longtemps. Les rythmiques sèches et le flow impeccable sur les imposantes basses prévenaient que tout allait être dans la continuité logique. Et "patatra" comme dirait le vieux, l'album ne suit pas. Pharell fait du Pharell avec tout ce que ça inclut, c'est à dire qu'il n'y a plus la surprise ni la fraicheur, et mieux, les automatismes de "productions" prennent le dessus, à tel point que la facilité s'invite à table pour déguster le cadavre encore chaud d'un groupe qui aurait pu être les "nouveaux mobb deep". Les quelques massives basses esquissées par le dé-tatoué au ongles d'or ne feront pas passer la pillule de la médiocrité. Le meilleur morceau c'est finalement ce teaser avec Kanye (j'aurais jamais cru écrire un truc pareil un jour), et on sauvera tout juste l'ensemble pour ces quelques passages sympa mais jamais saisissant-comme cet étrange sample sur freedom qui me rappel un autre sur le second DJ SHADOW. L'avant train de la 205 (la Camaro pour les gangsta de la Paris coast) ne bougera pas cette fois. Blindé de tics en somme, le nouveau clipse est l'exact opposé de son grand frêre: une pochette cool renfermant une musique fade.

mercredi 6 janvier 2010

Throbbing Gristle - Mission of Dead souls (live)

Que peut signifier ce live pour un groupe ayant déjà révolutionné la musique par son apport deshumanisé? Que peut signifier un enregistrement d'un témoignage live d'un groupe ne signifiant clairement plus rien en tant qu'entité. D'un côté un Genesis P Orridge flambant d'égocentrisme et d'égoisme, vivifié par la haine qu'il voue à son ex mie Cosey Fanney Tutti qui vit le réel idylle au côté d'un Chris Carter fleuron de la paix des moeurs, de l'autre un Chritopherson toujours plus attiré par de nouvelles sonorités. Mission of dead souls, comme son titre l'indique est le dernier attentat proféré par les inventeurs du genre industriel. Mission of dead souls, comme l'indique d'ailleurs son artwork, termine la mission, echouée d'ailleurs, raison pour laquelle le groupe cessera d'exister (en plus de ses tensions internes). Il se cache derrière cet opus live l'essence même du groupe, qui maintenant peut se targuer de posséder une bonne quantité d'archives lives. Essence, même pas parceque j'ai visité la majorité des concerts du groupe (j'étais déjà trop vieux à l'époque), mais surtout du au témoignage que nous livre John Savage dans le livret, décrivant la musique ce soir là comme un vortex et nous livrant peut être le plus grand trip report de tous les temps (oui certains habitués de forums concernés peuvent y aller). Et en effet, derrière Mission of dead souls se cache un brulot même de la (non) musique bruitiste, sans aucune concession, sans aucune nuances, bardé de sonorités nauséabondes amplifiées et recouvert d'une masse de cris/vociférations tous plus haineux les uns que les autres. La démonstration en devient documentaire. Du début à la fin de la prestation, Throbbing Gristle joue live d'une manière plus que deshumanisée, avec ses boucles obsédantes (persuasion USA), pointant à l'usine avec autant d'amour qu'un juif pointait à Aushwitz. Pourtant l'ensemble en est que plus maitrisé et le remastering d'une tape initiale en est plutot convainquant (pour les détracteurs vous pourrez toujours nous balancer à la gueule que plus l'enregistrement est dégueu plus les connards dans notre genre s'en délectent). Il faudra tout de même noter la justesse des agencements sonores, justesse des rythmiques, de certaines boucles qui renflent les agressions stridentes d'une sorte de masse vrombissante. Le plus fascinant de Mission of dead souls, c'est que Throbbing Gristle s'est toujours présenté à l'époque comme l'anti musique, avec soi disant aucune maitrise des canons qui en font une. Or, avec le recul du temps, écouter ce cd en 2010 (oui, pour ceux qui ont raté un train) en devient que plus fascinant au vu de l'aspect prophétique du grain, du traitement barbare des instruments à une fin aliénante pour le cerveau. Throbbing gristle va même peut être plus loin que ses suiveurs. Je pense à Whitehouse en tête qui a toujours lutté pour livrer des productions toutes plus frontales les unes que les autres, thématiquement comme soniquement. Pourtant Mission of dead soul c'est d'abord le témoignage de MUSICIENS (oui, si les concernés avaient entendus cette phrase á l'époque, ils se seraient probablement suicidés), mais aussi et surtout le témoignage d'un son qui se fera de plus en plus actuel. Autant certaines de leurs bravoures peuvent paraitre datées (je pense à 20 Jazz funk greats), autant sur ce testament, l'énergie, la vibration les rend encore plus fascinant.

mardi 5 janvier 2010

MIKA VAINIO-Vandal EP


Vainio, dans la même série "unun" que Kouhei (ununium), Lichtenbergei (ununbium) et Takamasa (ununtrium) présente le ununquadium. La moitié de (feu?) Pansonic est bien plus guerrier que le précédent, rien que les titres des morceaux démontrent cette volonté de tout détruire: Vandals, Teutons, Goths & Barbarians. Et chaque mesure de Vainio illustre au mieux ces titres, avec cette guerre sonore qui se déroule dans vos enceintes. Les beats sont tous distordus, les sons et nappes qui arrivent a surnager au dessus de cette bouillie sont également tous passé à la distortion sauvage. On est loin des plages calmes et ambient des travaux parfois plus écclaircis de Vainio, mais on est en permanence dans un univers similaire au Live de Pansonic. D'ailleurs, l'absence de l'autre moitié du groupe ne se ressent en aucun cas ici-si tant est qu'on la cherche. Vainio propose ici 4 titres nerveux et courts, et on reconnait ici la patte du sculpteur sonore sans aucunes difficultés. Seule Barbarians semble se détacher, avec son rythme qui semble échapper d'une free party, de ce que l'on connait du Finlandais.

AOKI TAKAMASA- rn-rythm variations


Troisième étape dans la série "unun" de Raster Noton avec ce 12" d'Aoki Takamasa. Les plages du Japonais ne sont pas trop éloignées du travail de Kouhei sorti plus tôt, mais la musique semble moins nerveuse, elle prend plus sont temps. La face A offre deux morceaux lourds et appuyés par une rythmique digitale des plus efficace. Le premier est légèrement plus véloce que le second, avec ses voix féminines qui se cale dans la structure même accidentée du beat principal. La suite oppose les sons agressifs d'une BaR sans pause avec les échos granulaires d'un synthé phantomatique. Les basses sont extrêmement profondes, le vinyl est parfaitement pressé. A un volume décent, c'est tout votre logement qui va vibrer sous les coups rentre-dedans du Nippon. Le premier morceau de la face B est dans la continuité, avec ses voix samplées et trafiquées qui interpelle le magma électronique. Le dernier morceau présente une face presque dansante, le rythme est plus enlevé mais pas moins lourd. Avec plus de 20 bonnes minutes au compteur, l'EP de Takamasa présente le défaut d'être finalement un peu court. On se rabattra volontier sur les albums du monsieur.

NURSE WITH WOUND-Paranoia in hi-fi


"NWW pour les nuls", 0,99[£] chez tous les bons disquaires. Compilation des moments les plus funs de Mr Stapleton qui fait joujou avec son ordi.

vendredi 1 janvier 2010

Tool - Aenima

Tool est surement l'énigme musicale des années 90. Aboutissement d'un groupe rock à son apogée, Aenima est surement leur meilleur album, qui synthétise l'énigme qu'est ce groupe. Groupe qui crée à lui seule la critique, plus pour sa musique que son activité extra musicale (et c'est rare dans la dynastie rock), qui s'illustre par sa discrétion autant que par son humour. A la fois intellectualisé et bardé d'humour et de second degré, le groupe ne s'illustre pas par une discographie prolifique. Le précédent disque était clairement marqué par le poids des années 90, grunge s'il en est, ayant à lui tout seul tué un genre encore dans l'oeuf, fer de lance d'un rock alternatif lourd, collégues de certains Rage against the machine, Faith No more ou d'autres groupes ayant écrit une partie du rock lourd moderne ou la fusion libérée est devenue l'instigatrice du fameux genre néo métal qui ravagera les Etats unis, puis le reste du monde.
Pourtant le groupe reste à milles lieues de ces considérations là. Adam Jones, diplomé de cinéma rencontre l'écrivain Ronald P Vincent, branleur philosophe notoire qui se porte en fer de lance de la lachrimologie. Synthése religieuse en clair, cette philosophie traumatisa le jeune guitariste en le faisant s'interroger sur certaines questions spirituelles. La lachrimologie est en quelque sorte l'histoire de la vie (oui, comme dans le roi lion), qui ne jure que par les douleurs physiques et morales pour comprendre le sens de la vie et pouvoir avancer. Adam Jones fonde alors avec Maynard Keenan, et Dany carey (rencontré par l'intermédiaire de Tom Morello) l'outil pour comprendre cette philosophie: Tool. Sauf que la Lachrymologie n'existe pas, et ce fameux auteur non plus!Aenima voit le remplacement de la paul d'amour pour Justin Chancellor à la basse. Mais aenima voit aussi une coupure nette dans la discographie du groupe. Les musiciens s'isolent dans un chateau des Pyrénées pour composer ce lavement de l'âme (Anima et Enema, âme et lavement en latin).

Aenima bénéficie surement d'un des sons les plus justes possiblement entendus. Au gré de morceaux toujours accessibles, toujours dans une optique de rock lourd, le groupe distille une quantité d'influences invraissemblables pour orner son offrande. Le plus fascinant c'est que ce genre de disques, au dela de l'adulation qu'il a crée chez les fans, est surtout un sans faute de goût que l'on cerne au gré de ses errements musicaux. A chaque période musicale fréquentée, une pépite de plus permet de cerner certains des apparats du disque. Alors il n'est pas forcément interessant de s'attarder sur les attributs progressifs, qui sont les arguments les plus utilisés par les détracteurs, nous rabachant qu' Aenima est un disque de progressif pour les nuls, et que techniquement il n'a rien de fascinant, les accord de Jones étant même presque néo métal. Forcément c'est là le tour de force d'un des groupes les plus intelligents existants. Sans jamais ennuyer, sans jamais sombrer dans la manipulation ou la démonstration, le groupe délivre des morceaux labyrinthiques où l'on ne se perd jamais. Le groupe joue avec un but clair, sait où il va et sait où il nous emmène. Rien que ce postulat prouve à lui seul la qualité du produit délivré. Combien de groupes au final se perdent dans leurs propres errances intellectuelles ou musicales. Aenima est maitrisé de bout en bout, ne laisse jamais s'égarer la consistance du sujet. Les thématiques mystiques abordées, les paroles souvent trés justes et intelligentes, les engagements distillés au cours de la durée de l'album n'en font jamais de trop et restent accolés à un humour trés juste, pas forcément fin, trés personnel, mais surtout trés freak. Car c'est sans compter sur la personnalité perchée d'un Maynard James keenan qui mérite clairement les compliments lus partout sur sa voix. Cet homme s'amuse, mais sait garder son sérieux, et n'en rajoute jamais.

Aenima c'est un peu tout ça, un disque qui permet de synthétiser quantités de musiques expérimentales, quantité de thématiques spirituelles pour servir un côté accessible. Aenima c'est la justesse totale d'un son, de rythmiques au service de morceaux labyrinthiques qui ne perdent jamais l'essentiel. Là où beaucoup de groupes s'essayent à en faire autant, Aenima arrive à rester lourd, tout en étant plannant, arrive à composer fin, tout en jouant simple, nous fait le tour de force de livrer consistant et jamais fatiguant. Aenima est le premier disque où Tool sublimera son genre, avant de livrer deux suites tout aussi intéressantes, mais jamais aussi captivantes de A à Z. Lateralus est peut être encore moins proche de ses racines rock, peut être encore plus musicalement ouvert, mais péchera par son son moins affuté que sur Aenima là où 10000 days rattrapera ce coté là en y perdant une cohérence essentielle au style.

Finalement, quand on voit le sérieux du groupe à avoir réussi à rester intègre et intact, en ayant une démarche purement artistique, en délivrant au compte goutte ses informations, pour ne se centrer que sur l'essence même de leur art, on trouve cela encore plus fascinant.