jeudi 29 avril 2010

Matt Elliott - Theater Kikker @Utrecht

C'est en retard que l'on arrive sur place, un théâtre en plein centre ville, qui a l'air d'être une jolie salle. Porte fermée, pour pas rentrer et faire chier les musiciens qui jouent, il nous faudra attendre la pause pour pouvoir s'incruster tout en ayant cet avertissement en tête "Si tu sors t'es mort". Deuxième partie du spectacle après l'entracte, c'est Have a Sleep qui entame un set tout seul (bon, visiblement c'est un peu le crédo de la soirée les célibataires musicaux). Have a sleep porte bien son nom, serait une version chiante (ouais, les derniers albums de Six organs of admittance par exemple) de Ben Chasny qui triture sa guitare dans quantité de gammes en roues libres pour enfin trouver son rythme de croisière. Au début ça rame, dans des contrées americana aux confins du Dead man de neil young version écrasé par les indiens pour prendre carrément du coffre lorsqu'il joue de l'archet sur une sorte de banjo avec en fond une boucle de trois notes de guitares. Il s'essaye à pousser quelques parties vocales (encore trop timide surement) et son set termine mieux qu'il avait commencé. J'oubliais l'anecdote du jour! Cette fois ci vraiment pas de chance, dans une salle de théâtre minuscule, ou l'on devait maximum être une trentaine, voila que pile devant moi s'installe encore le même prototype que la dernière fois (pas le même hein) dans le style "je lave mes habits une fois par an, les jours de pluie en Andalousie". Du coup pas moyen de vraiment échapper à l'odeur tout au long du spectacle si on rajoute en plus la capacité de la salle à être foncièrement oppressante. Silencieuse (bon ça au moins ça permet d'éviter l'écueil de pas mal de gens embarrassants qui se trimbalent en live) mais surtout pas propice à la communication, ce qui devait pas être foncièrement accueillant pour les artistes descendant sur scène.
Puis vint Matt Elliott (malheureusement trop timide pour l'aborder en début de soirée de jour à jeun, il n'y aura pas d'interview, chose prévue à la base). Matt Elliott c'est une longue histoire. Illustre Third Eye foundation, quelque chose se passa dans sa vie, et il monta ce projet, plus personnel que jamais, signé de son nom, versant dans la folk à la tristesse infinie accoudée par machines et boucles obsédantes. Et c'est ça que l'on voit sur scène, le désespoir d'un homme, influencé autant par Leonard Cohen (bah rien qu'à voir les titres des albums, sur qu'il fait une fixette) que par les mélodies des carpathes, slaves. Puis cet homme, au milieu de cette scène se transforme en un orchestre à lui tout seul, accompagné de ses pédales et de sa guitares sèche (un peu de flute etc...). L'homme seul qui chante la solitude, qui se sample lui même, qui crée des morceaux à tiroirs, sur une musique qui s'évapore, profondément marine. Fragilité et à la fois maitrise du tout, pour un artiste qui s'excuse lorsque sa boucle plante et qu'il se retrouve comme un bègue dans le silence pesant de cette salle. Cet homme est touchant car sa musique est profondément humaine, soumise aux aléas de sa voix, de ses boucles, qu'il aime à triturer pour livrer des morceaux soniquement massifs. Puis Matt Elliott a légèrement communiqué, avec un profond respect pour ces quelques personnes venues l'écouter, se mettre à nu pour nous, chanter le désespoir, en nous proposant un morceau final et en nous jurant que la prochaine serait bien interprétée. Et c'est sur The Maid we Messed (final habituel) qu'il termine, dans une orgie drum n bass renforcée de mélodies de guitares qui se muent en déluge sonique massif pour ensuite atterrir en douceur dans une version Dub et étouffée. Lui, plié en deux par le poids de sa musique, de sa sincérité et de son humilité triture ses pédales jusqu'au silence, pour ensuite partir. Un moment humain, comme on en voit rarement chez les Hommes.

lundi 26 avril 2010

MASSIVE ATTACK- Heligoland LP


Je ne vais pas vraiment refaire la chronique de ce nouvel album parce que mon camarade a dit à peu près tout ce qu'il y'avait à dire. Je pourrais le paraphraser en rajoutant juste que ce groupe anglais, qui à commencé avec un premier album remarquable, qui s'inscrivait dans la "techno" alors émergente en Europe en imposant des influences plus larges comme le reggae et le hip hop, perdant un membre à la fin des années 90 et ayant réussi en guise de 3ème album à fusionner le rock et l'électronique comme personne revenant avec un 5ème album en 20 ans de carrière me rappel un autre groupe anglais, de l'Essex. Version "slow". Heligoland est un album qui apparait un peu terne, de par sa véritable perte de vitesse en fin de course, relevé tout juste par Atlas Air qui n'est pas aussi massif que sur scène, tout comme flat of the blade n'a pas du tout le même impact que lors des récents concerts. 7 ans pour un album à qui il manque cruellement un petit quelque chose qui en aurait fait un grand disque, les points forts de l'album étant déja majoritairement présent sur l'EP digital. Alors quid de ce vinyle qui coute un rein et qui s'est fait attendre pendant 2 mois par les défortunés acheteurs? L'album en CD y est inclus, et découpé sur 2 galettes de cire, accompagné d'un livret comportant une sélection importante de visuels de Mr Del Naja. La pochette qui manquait d'impact autour des 12cm de plastique prend ici de l'ampleur et l'orange nique-les-yeux est réhaussé par de jolies paillettes. L'objet est magnifique. Mais surtout, cette édition est l'occasion de mettre la main sur l'ep 4 titres accompagnant l'album: 2 remix et une relecture, le tout étant parfaitement bien à sa place. Electronique et dub, Massive Attack sait encore choisir les déclinaisons de ses productions. Mais surtout, la présence de l'incroyable United Snakes sur l'objet fait largement l'intérêt de la chose. United Snakes est probablement le morceau le plus surprenant que Massive Attack ait composé. Présent sur des versions téléchargeables de son single de 2006, cette longue missive (9 minutes) propose un groupe presque méconnaissable: Le tempo y est soutenu, les claviers sont épais et font écho à leur collègue de l'Essex, justement-avec qui Del Naja collabora pour la BO d'un porno, et pour un morceau plus "classique" dormant encore dans les disques dur des concernés. Puis le morceau se transforme dans sa progression et se pare des bijoux du collectif: les sonorités s'humanisent, le terrain ressemble à celui de Butterfly caught ou d'inertia creeps. On se dit que malgré les déclarations du groupe, cette pépite aurait mérité d'être sur l'album, représentant l'élément manquant de l'album. Du coup, cette édition onéreuse vaut l'investissement-c'en est presque triste.

dimanche 25 avril 2010

Programme - Agent réel

Programme était un projet fascinant. D'abord musicalement, les arrangements de Damien Bétous, cette capacité à sampler, à déconstruire, à s'affranchir du rock (les stooges...) et à s'accoupler avec la musique contemporaine, en lorgnant vers les musiques expérimentales. Mon cerveau dans ma bouche était un bijou, qui poussait encore plus loin certaines choses dites en sourdine sur #3 de diabologum, qui s'appliquait à donner des lettres d'or aux machines. Le carcan était devenu encore plus libre et à la fois minimaliste et chargé sur l'enfer tiède, contemplant même une esthétique free, des sonorités différentes et s'abbreuvant des musiques contemporaines avec brio. Puis Bogue, ce petit album, ep qui synthétisait l'esthétique du projet en poussant les limites du glauque, en gageant sur les expérimentations de génération finale (une boucle sonore qui servait une installation vidéo, drone minimaliste répétitif qui marquait noir sur blanc la fascination de bétous pour les compositeurs type Tony Conrad ou Terry Riley). Programme c'était aussi Michniak, le shaman contemporain, l'adolescent qui se voulait le porte drapeau d'une génération, scandant des vérités, irritant certains de part son nombrilisme, embrassant l'appui des autres pour le côté prophétique de ses paroles, réalistes et dures, tristes et dégueulasses, comme notre société. Puis Programme n'était plus, michniak vaquant à ses occupations en solo, satisfaisant ses désirs artistiques total avec des vidéos (un dvd "Appelle ça comme tu veux", et le projet poing perdu qui était un symbole d'art total). En 2010, Programme revient, dans sa formation initiale. Un concept à la clé (d'ailleurs récupéré d'une idée d'un projet solo de Michniak, agent réel). On le sent en filigrane, voire de façon carrément lourde au long de ce nouvel effort, l'agent réel est une sorte de troisième personne, presque en égo trip. Les armes ont changé, Michniak se veut porte parole cette fois ci, il le crie, il a pris confiance en lui, sa voix n'est d'ailleurs plus trop parlée, plutot carrément scandée (et perd indéniablement en impact). Ce qui est fort domnmage, c'est que cette fois ci on sent que Michniak se justifie, tout au long du disque. Là ou avant il ne cherchait qu'à satisfaire son mal être, dans une démarche cathartique, sans aucune prétention au final, si ce n'est un nombrilisme assumé, Michniak a pris conscience que ses travaux avaient touché, que beaucoup de gens pouvaient s'identifier à ses paroles, et ça se ressent ici. Programme tourne en rond, le mot est laché. "Fumer boire, fumer boire, dire bon les gars qu'est ce qu'on fait? on sfait chier? slever, sortir, srassoir, refumer reboire". Alors ouais, on a compris, mais cette fois ci c'est pataud, faussement poétique, faussement plein de rage. Et Michniak se cache derrière ce concept. A cette critique de facilité, de mièvrerie post générationnelle, de malaise sociétaire, on répondra que c'est l'agent réel, comme un journaliste chroniqueur du quotidien. C'est facile? C'est le monde qui le veut. Et on le voit venir, on sent que de toute façon les critiques proférées seront de toute façon contrées dans l'oeuf. Quelques assauts rappellent les grands moments de Programme comme "Ce n'est pas ça" où Michniak reprend un ton plus glauque, plus shamanique occidental. Nouveauté aussi, le porte parole appelle à la réaction, appelle à l'état d'urgence "parler d'un problème contient déjà le type de solution qui lui sera trouvé" et se veut complétement politique, là où il n'était que chroniqueur social et constatateur de faits du quotidien.
Derrière se cache toujours Damien bétous, qui livre toujours de trés belles pièces, beaucoup plus rock (et donc proche de diabologum) mais aussi bien plus frontale (live?) en pilonnant certaines rythmiques et en jouant BEAUCOUP plus qu'avant sur les répétitions. Ses fascinations musicales se font encore plus sentir, notamment sur cette pièce de 30 minutes, "Nous" où collages divers évoluent dans une tradition Pierre Henry, d'où emerge trois temps fondamentaux du morceaux: nappe bruitiste drone, mélodie de guitare puis riff pour un morceau à l'esthétique dadaiste. L'ennui principal est aussi que l'organisation du disque ne donne pas crédit à la plupart des morceaux, trop courts, qui laissent la place à ce Nous central lui plus arrangé et plus musicalement aliénant en presque baclant les brulots autour (qui auraient surement gagné à plus d'arrangements). Le problème de Programme en 2010, c'est que le message a evolué, et en est devenu caricatural, sans foncièrement changer dans la forme. Là où Nonstop livre des pirouettes verbales comme background à une chronique de l'aberration de la société sans aucune prétention, Programme se veut militant, engagé pour au final retomber comme un soufflé sur cet agent réel bien décevant. (Ici d'ailleurs)

vendredi 23 avril 2010

Lazer Crystal - MCMLXXX

Ces types là devraient plaire à mon collègue (même pas musicalement parlant hein, enfin peut être) car ils sont encore plus fétichistes que lui. L'anecdote veut que leur single (présent ici) avait été édité à 300 exemplaires faits mains avec des couvertures faites amoureusement en collage couturiers (en gros tous différents). Je le vois déjà saliver de loin, en train de se dire que ça la ferait à coté de son vynil de Scorn chroniqué dans ces pages. Première difficulté, la lecture des chiffres romains m'a toujours posé problème lorsque les nombres devenaient grands, du coup après révision à la maison, ce serait 1980. Nous voila bien avancés. Lazer Crystal proposent une version dancefloor à claviers d'un rock mongoloide héritiers encore une fois de Devo, mais cette fois ci à rapprocher de Trans Am. Et ce disque est bigrement efficace, si on enlève certains gimmicks vocaux agaçants (notamment ceux qui rappellent Ian Curtis qui n'ont pas grand chose à faire ici). Les rythmiques sont enlevées, réhaussées par quantités de claviers qui copulent dans une orgie dansante, presque une version du dernier tortoise taillée pour club de freaks. Les variations sont soutenues par des mélodies simples et des écarts rock sont distribués comme des torgnoles en école maternelle: parcimonieusement. Souvent la rythmique pilonne pendant que les claviers s'amusent dans le jardin, que maman guitare balance deux trois notes relevées et puis c'est le gang bang, sans crier gare les morceaux se terminent en véritable déluge de notes, au feeling punk, qui détruisent clairement le tube de manière jouissive. Ce disque fait penser au concert de Devo lorsque ces geeks improbables enlevent leurs vetements pour se transformer en joueurs de foot (???), sensation d'etre happé sans rien comprendre et d'assister à quelque chose de surréaliste. 1980 est déglingué, complétement à l'ouest, soniquement sans fautes, dans un savant dosage de référence parentale assumée et de déconstruction de celles ci avec grand plaisir. Lazer Crystal c'est du poil à gratter dans un concert de Tortoise, des amphéts dans un concert de Fuck Buttons. En plus il prend du coffre à chaque écoute. (Thrill Jockey)

Coil - Live Two

Retour à nos amours, fixations en tête. Dernièrement on citait trop le nom de Coil pour ne pas leur dédier un article (oui, même sur du autechre on entend du Coil maintenant). Le choix est difficile est abrupte. C'est ainsi que celui ci se porte vers ce troisième live d'une série de quatre, en mode compte à rebours. Les pochettes de ces quatre lives sont des photos/reproductions des vêtements portés parJohn Balance durant ces concerts (qui seront ensuite détournés en étui à DVD sur la nouvelle boîte que Christopheron vendait il y a peu sur son site). Ces concerts sont difficiles, rugueux, et sont les incarnations de performances qui ne devaient à la base pas avoir lieu, fruit des tensions dans le couple, mais aussi et surtout à cause des problèmes d'alcool de John Balance. Ce Live two est donc un concert de 2001 à Moscou (qui est d'aileurs si je ne me trompe pas visuellement disponible dans cette fameuse boîte, qui va surement devenir le nouvel objet coqueluche introuvable à moins de débourser un rein, un poumon, et surtout sa femme) où Balance entame les hostilités avec une ode à la folie, en dédicace de cette prestation, en introductif Something (Music to play in the dark 2). Le morceau à la base ambiant, mais surtout microscopique et tout en retenu, faisant guise de souffle se retrouve ici transformé en une charge électronique se voulant beaucoup plus frontale. Et c'est cette impression qui ressort de ce live. Là où les disques postérieurs à 2000 (pour caricaturer) avaient trouvé une voie différente pour la musique de Coil, lunaire, d'une rare beauté et surtout apaisante et nocturne, ce live est agressif, soniquement frontal, et agresse ses propres mélodies de charges bruitistes surproduites qui relèguent au second plan l'aspect romantique de leur musique. Amethyst deceiver en est l'exemple parfait, un morceau moultes fois interprété de manière différentes, chaque fois transformé (véritable fil conducteur de cette série de quatre live d'ailleurs), qui apparaitra dans une version studio sur Ape of Napples, n'est certes pas méconaissable, mais parsemé d'effets agressifs qui donnent un autre sens au morceau. La voix de Balance se fait elle aussi agressive, moins shamanique et plus possédée, rauque ou criée sur What kind of animal are you. Live two est hostile, loin des efforts studio, douloureux et électronique, industriel, presque plus proche des travaux de Throbbing Gristle finalement, se voulant un écho à la rage des machines. Grand retour aux synthés, époque Constant Shallowness leads to evil (les deux derniers morceaux du concert), en attaque musique métallique, comme une sorte de version noise de la musique dancefloor (dont les artisans de Coil ont toujours été friands). Christopherson joue avec sa Kaos Pad, et rend les attaque presque aléatoires. Le cadeau est cette version de blood from the air (Horse Rotorvator) ethérée, presque libératrice, scandée, prophétique (death is my friend, it promised me a quick end) sommet d'angoisse et de tension sur ce live cathartique, où les machines font parler la poudre (le schizophrénique et libéré dernier morceau d'un gros quart d'heure, où les instruments sont torturés sur cette nappe drone qui avance pour exploser en guerre digitale).

AUTECHRE-Oversteps


Comme pour mieux écraser les modes, ce nom énigmatique n'en est presque pas un cette fois. Presque. La tête haute, Booth et Brown ont envoyés leur compilations de bouts de musique qu'ils enveloppent tous les deux ans dans un colis à destination de Warp...qui transforme en album. Singulièrement identique, chaque fois différent, Autechre sort l'antithèse absolu de Untilted, mais aussi de Quaristice et pose une porte d'entrée vers autre chose, définitivement. Ceux-ci étaient des travaux stylistiques, écartant l'ordinateur de l'équation, et proposant peut-être une vision encore plus poussé de la déshumanisation du "son". Geek dans l'âme, les deux faux-frêres n'ont pas rebranché leur matériel mais ont dépoussiéré leurs portables. Et exercice de style ici encore, comme si l'évidence ne pouvait exister. Oversteps avec son nom qui semble déclarer la guerre est un album presque organique, comme une exploration lente d'un corps musical, chaque plage pouvant servir de visionnage d'un organe sous tous ses aspects. Clinique, assurément. Mais pas uniquement. La pochette donne un indice de taille: les Designers Republic ont humanisé, pour la première fois depuis une éternité, l'iconographie Autechre. Abstraction, un cercle décliné en autant de fois que nécessaire (les pochettes sont différentes selon le support, et chaque volet/représentation n'est jamais identique à la précédente, comme leurs disques, en somme. D'ailleurs, ici est présenté le visuel de l' impeccable édition vinylique, bien plus appétissante que le CD) avec toutes les imperfections liées à une telle représentation. La machine s'efface. Une résonnance à "Monolith & Dimension"? On se rappellera qu' Autechre a remixé Earth, voilà 5 ans déja. Car le duo, à l'instar de beaucoup de formations importante de la musique électronique possède de bien nombreuses obsessions commune avec ses pairs: De Meat Beat Manifesto à Public Enemy, de Kool Keith à 808 State en passant par Mantronix ou le Wu tang, Autechre est typiquement un groupe anglais qui naquit à la charnière 80's/90's. Mais leur spécificité est aussi d'avoir une autre obsession, récurrente, permanente, érintante peut-être même pour ces admiratifs: Coil. Et jamais, il me semble, la musique de Booth & Brown ne s'est approché d'aussi près de certaines pousses de l'arbre multiforme Coil. L'absence de rythme sur de nombreuses plages facilitant le rapprochement, tant la luxuriances des claviers parfois stellaires, progressifs, résonnants ramène à cet autre duo. Mais encore une fois, Autechre est tout aussi pluriel, mais dans son propre langage. Certaines références plus proche du Hip Hop et de l'électronique "dansante" viennent parfois enrichir le propos, le diversifier. Entre rythmiques simples et basses omniprésentes- il y'a d'ailleurs longtemps que le groupe n'a pas affirmé la présence de basses aussi imposantes- rien n'enferme Autechre dans une monotonie d'exécution. Le propos est relativement à l'accalmie, mais la qualité du rendu est inestimable.

jeudi 22 avril 2010

Gultskra Artikler - Galaktika

Tout ce que je pourrais vous souhaiter, c'est de pouvoir observer cette pochette attentivement. Elle est vertigineusement moche et à la fois fascinante. C'en est troublant. Entre mauvais mélange kitsh tuning chromé dans l'espace, rajouté à la typo aussi interessante que celle avec lesquels sont écrits ces mots, et pourtant on reste bloqué. Rien de mieux pour rebuter l'écoute d'un disque, surtout quand le type qui le sort a un nom à coucher dehors (ouais, la russie, beau pays...). La musique de M. Artikler est cosmique. Autant beaucoup de disques d'ambiant jouent sur les drones, et sur la longueur des morceaux pour dévoiler des paysages (quelques sorties touch à venir içi à l'appui), autant les ambitions sont complétement différentes sur un album d'une grosse demi heure, pour des morceaux ne dépassant jamais les cinq minutes. Les ambitions sont plus expérimentales, les essais de collage sonores plus efficaces que la moyenne. On se situerait presque dans les ambitions cosmiques d'un Coil à l'époque Moon's milk, dans son cycle saisonnier, sauf qu'ici le russe étire sa musique vers des contrées plus spatiales, lorgnant moins sur la beauté terrestre. Quelques mélodies décantées, des nappes d'ambiant, des choeurs religieux pour supporter le tout, et des sons glitchés parcimonieusement lachés ci et là. Les effets électroniques bien disposés, venant déconstruire certaines mélodies n'ont aucune ambition agressive, mais viennent plutot nous perdre dans un trou noir pour mieux nous ramasser dans une autre contrée. Là où Tim Hecker dresse un tableau cohérent de bout en bout sur son dernier album, tisse une toile de sonorités, Artikler s'interesse plus aux variations sonores et aux récupérations de certains éléments des musiques space ralenties et ethérées. A l'arrivée ce galaktika porte bien son nom et nous ballade dans un lieu désolé, mais pourtant pas hostile, naturel mais pourtant pas chaleureux. Hypnose à la 2001, odyssée de l'espace. (Other Electricities)

EYEHATEGOD- Paris, avec quelques imprudents


A force de parler de truc sautillants, enlevés, joie-bonheur-beats en fleur, on en oublierait presque qu'on s'en est tapé du metal, du qui tache et qui pue, du truc pour dépressif qui s'habille en noir, des trucs pour cheveux longs et Kro au petit déj', pour misanthropes en groupe, pour habitués de la rue Keller et ainsi de suite. On ne parlera pas de "jeunesse" pour parler de ces goûts histoire de pas faire dans le pathos mais plutôt d'une certaine lassitude face à l'improbable troupeau de suiveurs sans idées qui encombrent les bacs à disques chaque semaine, et qui monopolisent les salles de concert à coup de tarifs exorbitants pour délivrer du médiocre. Bref, Eyehategod est un nom qui résonne encore dans mon petit esprit (étriqué) et qui provoque encore quelque chose, du moins je crois, même si ce concert m'aurait probabelement bien plus excité il y'a 7 ou 8 ans...
Vu que c'est TrendKill qui organise et qu'on connaît les habitudes de Virgil (Converge à la Loco en 2004), on sait qu'il y'aura 15 fois trop de groupes à cette soirée et on met toutes les chances de notre coté pour rater les premières parties, sachant que Sourvein, autre grand nom du rock'n'roll qui suinte grassement ne viendra finalement pas-parait qu'un volcan paralyse l'Europe. Bon, on rate copieusement Hangman's Chair, sludge àla Alice In Chains meets Acid Bath meets Down composé d'anciens Es La Guerilla, ce qui est regrettable car ce fut probablement le meilleur truc d'ouverture. On espérait voir un truc sympa de la part de Totimoshi (ce nom me rappel "Moshi Moshi" de Tetsuo samplé dans un album de Praxis... bref) et à part un son de basse fascinant (la responsabilité incombe à une dame, je ne crois pas avoir entendu mon beauf crier "A POIL!", je suis déçu) force est de constater que l'air est bien plus agréable dehors.
Enfin la punition-fessée-cul-nu. EyeHateGod, la légende, les inventeurs de ce nom branlette qu'est "sludge", utilisé pour tout et n'importe quoi qui dégueule de lenteur, s'impose. Mike D. IX Williams, qui ressemble à votre tonton alcoolo, celui qu'on évite aux fêtes de famille s'installe tranquilement pendant que Bower et Patton check leur son. Larsen et torgnole, sans prévenir. Ca doit bien fait 10 ans que EHG n'a pas joué à Paris et ils ont l'air assez surpris de l'accueil qui leur ai fait. Tous leur plus grands tubes y passent, presque comme sur disque, ce qui donne ce coté faussement bancale, l'impression que ces mecs, totalement pêtés ne savent pas ce qu'il font, mais pourtant tous en même temps, ils s'y retrouvent. Le son est atrocement puissant, presque écoeurant pour tout ceux qui un jour, ont tenté de faire du bruit avec une guitare. Bower fait la vieille sorcière entre deux riffs, ce qui est un peu pathétique mais participe au spectacle: ici c'est le bayou (forcément, fallait la placer la référence) et le punk, le vrai. Faussement approximatif, EHG est extrêmement précis- ce qui est normal quand en 20 piges de carrières on ne sort que 4 album et 19 compilations, ça laisse le temps de maitriser le répertoire. Mais surtout, la légende s'impose d'elle-même. Dans la crasse et le bourdonnement, EyeHateGod ridiculise une bonne fois pour toutes les 438 762 groupes qui font le même genre de bruit, suivant bêtement la marche entamé par Southern Lord il y'a déja quelques années. Loin de l'esthétique metal bonne enfant qui se case dans les colonnes des Inrocks, les papas de la Nouvelle-Orléans récupèrent leur trophée de boue. Dans le panthéon des groupes du genre, avec quelques autres.

mardi 20 avril 2010

Lorn - Nothing Else VS Stern - Digital Bless

Imaginez que dans la famille lambda, les deux rejetons s'appellent Lorn et Stern. Deux frères du même age, deux frères qui fréquentent le même lycée, et qui se détestent royalement. Là ou Stern est le rejeton adoré/detesté (rayer la mention inutile) à l'aise dans ses baskets, beau gosse, bien sappé, toujours populaire dans la classe, au milieu des événements, organisateur de soirées, Lorn est le frère mal aimé, renfermé et mal dans sa peau, avec un gros problème de confiance en lui. A leur majorité, leurs parents leur ont pourtant acheté des machines, pour qu'ils puissent s'adonner à une de leur passion: la musique. Alors les deux frères se divisaient le temps de composition. L'un l'utilisait la journée, au bord de sa piscine, lorsqu'il invitait ses amis, pour les faire danser, les faire sourire. De temps en temps il les utilisait en soirée, car tous ses chers potes le conviaient aux soirées où il devenait l'élément essentiel, à passer ses quelques disques, réarranger quelques beats et surtout créer le buzz au sein de son crew. Lorn, à l'inverse était plus parcimonieux, n'avait pas d'amis à faire danser, n'avait pas de soirées où se dresser fièrement sur le promontoire. Il oeuvrait en artisan, seul chez lui, lorsque son tendre frère lui laissait les machines et qu'il avait enfin accès à ce saint graal. C'est dans ces moments là qu'il s'est familiarisé avec les techniques, qu'il a enfin pu obtenir un rendu musical de toutes ses écoutes attentives de ses artistes préférés. Lui écoutait de la musique sombre, qui lui allait si bien, musique dans laquelle il recherchait son exutoire, musiques parfois maussade, souvent largement expérimentale mais aussi musiques où le son était l'élément numéro un. Il s'essayait à l'exercice du sample, tapi autour de ses machines, essayant quantités de collages à priori fous. Accoler tous ses fascinations hip hop old school, cette science du beat, associer toutes ses musiques électroniques déviantes, noires, accoler le néoclassique, deconstruire ses rythmes et insister sur la force du son qui porte une mélodie, tel était son labeur. Stern, lui gagnait en succès d'estime, écumant les fêtes, et finit par s'acheter son propre matos, pour pouvoir le trimbaler où il voulait, et surtout pouvoir balancer encore plus la sauce, comme il aimait à se vanter. Sa fascination à lui était beaucoup plus terre à terre, les ondes radio, le succès et voir les gens s'éclater devant lui, bouger leur cul. D'ailleurs les choses étaient bien parties pour lui, avec quelques collaborations au côté d'artistes qui partagaient les mêmes ambitions, et son podium de DJ lui collait de plus en plus à la peau. Lorn lui n'était pas loin de concrétiser son objectif laborieux, pour lequel il oeuvrait depuis tout ce temps: sortir son premier disque, arriver à livrer un format cohérent, où les parties se suivent, les morceaux s'enchainent dans une cohérence sonique. Stern en faisait fi, et se moquait de son frère, en lui expliquant que mieux valait collectionner les singles, les maxis et les remix, que c'était à base de sorties rapides qu'il arriverait à avoir un nom dans ce monde de la musique électronique. C'est d'ailleurs cette année que Stern vient de sortir son premier long format, qui ressemble effectivement à une collection de singles, sonorités paquito (oui, ce jeu de bof sudiste à base de pastis où les participants s'assoient entre les jambes de celui de derrière pour former une chaine et chanter à la gloire de cet alcool jaune), musique pour piscine remplies de blondes, et tournée des boites à la clé. Il s'en félicite. Lorn lui a réalisé son rêve, et exorcise ses démons dans un disque sans concessions, sans détours, d'une grosse trentaine de minutes (son grand dadet de frère lui s'en tire avec un disque indigeste de quasiment une heure), avec sonorités mélancoliques qui se collent à des gros kicks et où grosses nappes déambulent pour salir sa mélodie. Un idéal presque Warpien, sans pour autant sombrer dans l'electro arty, d'une immediateté inimaginable pour ce petit autiste, sorte de joyau electronique noir taillé pour les dancefloors à zombies, où l'apreté du son n'aurait d'égal que sa limpidité. Grandiloquance des mélodies cotoient grosses phases qui tappent et l'intelligence des morceaux fait que les thèmes sont suffisamment solides pour être repris. Ses morceaux toujours lourds savent se faire doux, à l'image de ce cherry Moon plein de nostalgie, onirique qui rappelle la souffrance de sa jeunesse. Des deux frères vous savez lequel choisir.

Narrow Terence - Narco Corridos

Cette pochette ferait rêver nos amis fans de burritos et autres régals pampesques. Puis ce Mariachi au milieu, qui continue son activité normale au milieu d'un entrepôt désaffecté avec des cadavres qui l'entourent, il donne le ton du grand n'importe quoi, entre kitsh assumé et film de série B. On avait entendu ce nom rattaché avec Ez3kiel, une collaboration, du live, ou quelque chose de ce genre. Du coup en jetant l'oreille dessus, on est content de voir que ça ne ressemble pas du tout à ez3kiel (entendez moi, un seul suffit, ce qui ne retire aucunement la qualité intrinsèque de ce groupe). Narrow terrence n'est pas un one man band, encore moins mexicain, mais un groupe complet, français, composés de touche à tous les instruments, voguant entre eaux rock, blues, folk, saupoudré d'un violon. Narco Corridos est long, rempli, complet, bourdonnant d'idées et donne cette sensation de se faire plaisir à jouer tout en se balladant le long de ses diverses influences. Une sorte de carnaval de l'étrange (oui oui), à la fois nocturne, à la fois éraillé et cabaret, récitant des comptines ou éructant même celles ci (Tom Waits, tu n'es parfois pas si loin), délivrant des guitares marc ribotiennes par ci, des ambiances feutrées, des escapades francophoniquement arty (rock à violons, un peu sautillant), et même de franches parties métallisées bien enlevées. A l'arrivée, Narc Corridos est attrayant de bout en bout (malgré sa durée) et arrive à conserver une cohérence (malgré son coté foutraque). Même les parties folks acoustiques (hommage à l'alcool, déception amoureuse) s'intègrent parfaitement à l'ensemble et ne viennent pas enrayer la machine. Le tout est chanté en Anglais (ce qui évite le groupe de se faire taxer de chanson française, faute de mieux), et musicalement fourmillant d'idées, à l'image des Cesarians. (Ballroom)

lundi 19 avril 2010

Disappears - Lux

Derrière cette pochette à la mord moi le NEU! se cache un objet nettement plus attrayant que le récent Beak>. Même plagiat (ou hommage, appelez ça comme vous voulez), pour une approche complètement différente. Disappears est une approche archaïque du rock n roll, celle des anées 80, celle des années psychédéliques aussi. Une approche où les guitares se noient dans des distortions, dans des reverbs et dans les delays. Jusque là, rien qui ne puisse froisser vos esgourdes. Rajoutez à cela une approche rythmique qui tabasse, répétitive à souhait, motorique, pulsative qui ne bouge presque pas d'un iota le long des morceaux courts. On mélange le tout avec une approche nettement mélodique, où les avalanches noisy jouent discrétement leur rôle de catalyseur d'énergie. On flaire alors l'hommage aux disques corrosifs de new wave/post punk, teintés de références kraut bien dans l'air du temps. D'ailleurs ce Lux se rangerait à côté du Primary Colors des Horrors, dans cette façon de toujours froler la cassure sans jamais l'atteindre, ou de jouer sur les itérations rythmiques pour réhausser leur lourdeur. Tout ça sans l'accent de paysan de friche industrielle anglaise, avec une déclasse plus américaine libératrice, héritière des Stooges. (Kranky Records)

PRODIGY- Zénith en double


Liam Howlett, cerveau de Prodigy, obsession récurrente de ce site, postait sur son site qu'en 20 ans de carrière, Prodigy n'avait jamais fait de tournée Française. C'est désormais chose faite avec ces quelques dates à travers la France ayant fait escale pour deux soir à Paris. Après avoir été absent dans notre république pendant 11 ans, les voici pour la quatrième fois à Paris en 13 mois. Et que dire qui n'a déja été dit? Je me permettrai de rappeler que South Central est un des pires trucs qu'il m'ait été donné de voir sur scène. On parlait d'Autechre il y'a un mois, et un parle du groupe à la fourmi aujourd'hui, et force est de constater qu'entre deux pôles totalement opposés de la musique électronique, South Central démontre par A+B (expression magnifique) qu'il est plus que jamais difficile de faire de la bonne musique sur ordinateur. Leur "truc" (un mélange de mash-up et de compo il me semble) est juste effroyable, poussif, répétitif, un mix maladroit et épuisant.
Forcément derrière, Prodigy tache sévèrement, et fait plus que malmener la jeunesse qui se déplace pour ce genre de festivité. Car le public des anglais se scinde en deux catégories très distincts désormais: les trentenaires ayant sué sur Fat Of The Land plus que de raison dans les années 90 et les 15-20 ans ayant découvert "invaders must die" alors en quête d'un truc qui se rapprocherait de leur Justice. Le public trentenaire étant assez habile, passé les 4 premières mesures il ne reste plus grand chose de la jeunesse qui n'avait probablement pas prévu les excès physique de la charge sonore. Les cheveux qui tombent, les gencives qui reculent, l'impossibilité de parler sans imiter le LFO d'un Roland, fréquence à blinde. Keith Flint fait plaisir à son public, depuis quelques mois il arbore à nouveau sa double iroquoise, comme à la glorieuse époque de Firestarter ( et l'on se rappel que le temps passe vite, le maxi étant sorti en 96). Howlett balance enfin son Thunder, réclamé par son audience depuis des lustres, en échange d'un breathe dubstep qui finira finalement sur l'édition anniversaire de FOTL (cet été) et le deuxième soir il déterre Spitfire, plus entendu depuis une plombe sur scène. Sinon? Rien. Ou tout en fait, car -on l'a dit et répété- le groupe anglais demeure cet implacable machine de guerre- malgré un son médiocre, ce qui n'est plus une habitude au zénith pourtant- et est actuellement le truc le plus puissant qui se produit sur scène. Comme ils disaient dans Burn Out jadis: Guerre-Feu-Village!

Ps: Accessoirement, quel plaisir de voir ce groupe qui a si mauvaise presse dans l'hexagone remplir à deux reprises une des plus grandes salles de la capitale.

samedi 17 avril 2010

ANTIPOP CONSORTIUM & B.DOLAN - New Morning


Report à la bourre et en mode feignasse:

B.Dolan: c'est cool, c'est marrant, ça fait évidemment pensé à Sage Francis, mais avec un coté fun puisqu'au bout d'un moment, Dolan enlève ses fringues sur fond d' Eye of the tiger et dévoile un magnifique costume d' Evel Knievel, le héros motorisé des 70's et tente une cascade sur une volontaire. Cool.

Antipop Consortium revient après moins de 6 mois à Paris. Ils se font un poil plus plaisir au niveau de leurs impros électroniques, mais à part le son un peu merdique sur certain morceaux, rien de neuf. Beans est quasiment le seul à faire des impros au micro ce coup-ci, mais semble quand même en retrait par rapport aux autres, comme un froid persistant. A la fin, Mike Ladd, leur vieux pote qui avait ouvert pour Doom (il semble qu'il habite Paris) prend place pour un morceau. Cool.

jeudi 15 avril 2010

Interview Chez Kito Kat

Chez Kito kat a occupé quelques articles sur nos pages (et c'est pas fini). Vous avez éventuellement cerné en nous lisant une certaine ligne directrice, du moins un certain besoin de la structure de faire tout par eux même, et de participer activement à ce qu'ils aimaient. Musique, art en général, rencontres, événements, c'est un peu tout ça qui fait l'identité de cette jolie structure un tiers française, au catalogue déjà bien attrayant, plein de surprises. Des artistes qui tiennent une structure artistique, des influences avoués, qui sont plus des guides et des motivations pour continuer, aprés m'être rapproché de la structure et en l'occurrence de Samuel Ricciuti (dog bless you...), c'est un projet profondément humain qui apparait, avec ses joies, ses déceptions, et surtout son acharnement à se consacrer à une passion. En plus de faire de jolis objets, de se la donner pour réaliser les projets qui leur tiennent à coeur, ils répondent içi à quelques questions pour beyond the noize.

Tout d'abord bonjour à toi, et merci de nous accorder ce temps. Pourquoi Chez Kito Kat? Je pose cette question car je suis grandement allergique aux chats, font ils partie de votre vie?

En fait c'est assez simple, la raison du Chez.Kito.Kat. Au départ lorsque nous avons créé l'association (qui est devenue par la suite un label), c'était pour organiser des concerts. En général lorsque nous organisons les concerts, nous aimons héberger les musiciens afin de partager plus de temps et mieux connaitre les personnes qui forment ces groupes que l'on programme.

Un de nos 3 chats s'appelle Kito. Voilà, lorsque les groupes viennent jouer, ils viennent avant tout chez kito le kat.

Chez Kito Kat, qui êtes vous? Quelles sont vos objectifs et votre mission? Une éthique particulière?

Nous sommes en fait une structure à plusieurs facettes. Nous sommes trois à gérer les « affaires courantes » de la structure, Christophe, Salima et moi. Nous nous partageons les rôles en fonction de notre disponibilité et de notre temps libre.

Nous sommes avant tout un label indépendant. C'était le but inavoué au départ de la création de cette structure. Nous avons commencé par organiser des concerts à Metz. Et puis lorsqu'on a réussi à réunir assez de personne motivées, nous avons sorti la première compilation Kito Sounds qui regroupait certains groupes que l'on avait fait jouer ainsi que nos productions.

Nous avons aussi un certain nombre de personnes qui gravitent autour de nous et qui participent à nos projets. Nous avons des graphistes, des vidéastes, des plasticiens et des musiciens qui donnent généreusement de leur temps pour mener à bien les projets de Kito Kat. C'est aussi grâce au talent et la motivation de toutes ces personnes que Chez.Kito.Kat s'enrichit de belles expériences.

On voit à travers les compilations kito sounds la ligne directrice de la structure (sur le point de vue musical, et aussi visuel). Qu'en est il vraiment? Jusqu'où va la diversité?

Les deux Kito Sounds ont été créé visuellement par Maud Vageon, plasticienne et par Denis Braun, graphiste. Le but était de leur laisser carte blanche pour concevoir un objet reproductible à la main. Chez.Kito.Kat n'a pas de ligne directrice à proprement parler. Nous aimons les objets uniques, nous aimons l'originalité des confections artisanales. Les artistes présents sur ces compilations sont avant tout des personnes qui partagent ce goût pour l'indépendance. Ce sont des personnes passionnées. Au niveau des genres musicaux, c'est sure que nous affectionnons tout particulièrement la musique électronique ou encore expérimentale. Ce sont nos origines musicales. Mais nous avons une écoute éclectique qui se retrouve dans le choix de nos artistes. Aucune limite de genre.

Avez vous des limites géographiques pour le choix de vos artistes? Vous êtes installés sur trois endroits, pourquoi?

Nous n'avons aucune limite géographique dans le choix de nos artistes. Nous y allons en fonction des affinités et de la motivation de chacun.

Les trois endroits où nous sommes « installés » sont des endroits qui jalonnent notre parcours. Metz et la Lorraine car nous y sommes originaires. Le Luxembourg car nous sommes frontaliers et nous y passons autant de temps qu'à Metz. Et enfin le Québec car je ne cesse d'y faire des aller-retour depuis mon enfance, car nous avons vécu là bas avec Salima et c'est un endroit où la musique y est omniprésente et la création artistique y est propice.

Quels seraient les structures françaises que vous respectez? Et non françaises?

Il y a énormément de structures que l'on respecte. Beaucoup d'entre elles sont des modèles. La liste est longue. Je vais être assez bref. Si je ne devais en citer qu'une en France, C'est 213 Records. Un label messin qui a une ligne musicale complètement différente de la notre mais en qui je me retrouve dans la conception et la diffusion des productions. Des personnes modestes qui vivent uniquement pour leur musique et qui n'ont pas besoin de faire des concours ou tremplins pour prouver que leur musique est qualitative.

D'autres structures étrangères me viennent à l'esprit. Les amis luxembourgeois de Schnurstrax records. Les labels electro Morr, Mush records, Plug Research, City Centre office. Les grands Classique Warp, Ninja Tune ou Mutek. Et puis un certain nombre de structures québécoises qui ont cette vision indépendante et autonome de leur distribution et de leur production : Constellation, Thisquietarmy, Where are my Records...

Vos journées elles sont faites de quoi? Quel temps est consacré à Chez Kito Kat?

Salima est professeur d'histoire dans un collège. Christophe est lui formateur dans un centre de réinsertion pour jeune en difficulté. Tous les deux consacrent 99,9% de leur temps libre à Chez.Kito.Kat et à leur production musicale et artistique. Moi j'ai un peu plus de temps en ce moment. Après plusieurs années de recherches, j'ai arrêté mon doctorat en sociologie de la musique consacré justement aux microstructures dans la musique. Je fait des petits jobs alimentaires par ci par là. Sinon tout le reste du temps est consacré à Kito. La structure ne permet pas de dégager de quoi créer un salaire, et ce n'est pas le but non plus. Donc on travaille tous les trois à coté.

J'ai cru comprendre qu'au delà de la musique c'était un collectif artistique, avec l'organisation d'événements, peux tu m'en dire plus? Ce qui m'amène aux objets en soi, soignés, numérotés, il en sera toujours ainsi?

Cela nous arrive de réunir les artistes qui gravitent autour de nous sur des projets artistiques pluridisciplinaires et peut être un peu plus institutionnels. C'est ce qu'on a fait à la dernière nuit blanche messine où nous avons présenté une projection vidéo accompagnée d'un concert. Nous avons pu investir aussi pendant un mois le musée d'art Moderne du Grand Duc Jean du Luxembourg (MUDAM) où nous avons présenté des vidéos, des concerts , des mix. Christophe et moi avons eu à plusieurs reprises l'occasion de créer des bandes sonores pour installations plastiques ou pour chorégraphie de danse. On aime le mélange des genres, la richesse que peux amener la diversité et la confrontation des diverses représentations artistiques.

Pour les objets, c'est un peu cet état d 'esprit de mélange des genres qui revient. Toutes les pochettes sont cousues par Salima, elle fait aussi les photos des inserts. Les visu ont tous été créé par des graphistes différents. On essaie de garder cette logique. Peut être pas pour toute les productions. Par exemple, le prochain packaging du EP de Twin Pricks est lui fabriqué en usine. C'est une demande du groupe qui voulait un objet plus conventionnel qui correspond peut être plus au genre musical qu'il distille. Mais sur les prochaines sorties prévues (Dog Bless You & Meny Hellkin, E1000, Kito Sounds #3, Mr Bios, Dr Hood) nous allons revenir à cette logique artisanalle de l'objet unique.

Des projets de futur dont tu puisses parler ici? Avec quel artiste aimeriez vous bosser?

Beaucoup de choses sont en préparation en ce moment. Les sorties de disques énumérées plus haut. Nous travaillons aussi avec Christophe sur un split vidéo et création de bande sonore où nous créons la bande son d'une vidéo de façon distincte. La prochaine tournée de Komparce cet été au Canada, la tournée européenne de Twin Pricks aussi en été. Divers projets d'installation plastique que nous allons présenté. Les Kito Night à venir à l'Emile Vache, ce lieu qui nous tiens à cœur et qu'on se plaît à investir. Bref, l'emploi du temps est assez riche pour les prochains mois. Et sans compter, l'investissement de façon plus ponctuelle dans une des plus belles salle de concert, les Trinitaires.

Il n'y a pas d'artistes précis avec qui nous aimerions travailler, c'est plutôt des projets sur lesquels nous aimerions nous investir. Par exemple créer la bande son d'un film avec Komparce, organiser un festival pluridisciplinaire réunissant tous les artistes du label ou encore travailler un peu plus sur des installations contemporaines.

En tant que personne, quels sont les groupes ou artistes qui t'ont marqué ces derniers temps?

Il y a vraiment un concert qui m'a marqué ces derniers temps. Le concert de CLUES en Mars au Festival Under The Snow à Montréal. Le groupe revenait d'une tournée Européenne. On sentait qu'ils étaient heureux de jouer chez eux, à la Sala Rossa. En première partie il y avait un groupe local que l'on connaissait pas, Braids. Une claque énorme derrière les oreilles. Le genre de groupe que l'on aimerait compter parmi notre catalogue. Une soirée marquante. J'ai aussi pris une très grosse claque en novembre dernier à la Casa del Popolo sur le live d'Animal Hospital. Un one man band de Boston juste énorme. On a l'impression que le gars a 6 bras, 3 mains et 4 pieds.

Pour le reste, j'écoute énormément de musique. j'en achète et j'en télécharge beaucoup. Difficile de choisir tel ou tel artiste. Peut être l'album de Duchess Says qui sort du lot ou celui de Clues justement. Pis pour le coté non objectif, toutes les prod de Mr Bios, mon collègue au sein de Komparce, qui me fait planer à chaque écoute et bien sûr les morceaux tubesques que Geo et Flo de Twin Pricks nous ont concocté avec amour.

Et la dernière pour la route, celle qui sert à rien: Beyond the noize fait une fixette sur Prodigy, t'en penses quoi?

Ahah, c'est une question piège. Pour moi, lorsque tu cites Prodigy, c'est avant tout à la moitié du groupe mythique Mobb Deep. Mon passé de hip hoppeur surement.

Sinon j'aime beaucoup les Prodigy anglais (c'est à eux que tu pensais ?) Peut être pas ce qui tourne le plus dans mon IPOD, mais franchement c'est un groupe qui a amené quelque chose musicalement et visuellement sur la scène electro des années 1990. Personnellement j'écoutais à cette période beaucoup plus de drum n' bass anglaise, notamment toutes les prod. du label Good Looking Records. (A noter que vous imaginez bien que la question portait sur le Prodigy avec lequel on vous saoule au quotidien hein!)

Merci à toi, et à bientôt, sur ces pages ou en vrai, pourquoi pas, pour l'organisation d'un événement ensemble.

C'est moi qui dois te remercier. Un événement ensemble ? OUI JE VEUX !


http://www.chezkitokat.com (photo du trio: Luc Dufrene)

mardi 13 avril 2010

Ken Camden - Lethargy & Repercussion

Ce qui est fou avec l'apparition des loops et des sampleurs, c'est l'affranchissement que les artistes prennent ensuite par rapport au processus de composition dit habituel. Fleurissent donc de plus en plus d'artistes qui veulent tout faire tout seul, ou qui veulent occuper l'espace avec un seul instrument, préboucler des sonorités pour en rajouter par dessus. La démarche n'a rien d'original, mais se veut parfois hasardeuse (car certaines superpositions de boucles en temps réel sont parfois difficiles à gérer ou pas forcément judicieuses). A l'arrivée, le pas de l'indécision et donc de ce que l'on peut appeller un jam avec soi même (oui, dit comme ça, il y a quelque chose de masturbatoire) crée une sorte d'entité autre, presque cybernétique entre l'homme et la machine. Sur ce Ken Camden, c'est un peu cette sensation, qui n'est pas payante sur tout l'album (certaines pièces sont longues, notamment sur le début d'album), mais qui sur la fin du disque (notamment à partir de Raga) est un sans faute. Simplicité dans l'agencement du joué en temps réel avec sa guitare, les influences de ken camden sont toutes les musiques cosmiques, héritiers du psychédélisme dans les amours pour les musiques religieuses ethniques, et surtout dans les répétitions. En gros, sur un fond que Ken Camden boucle, il se permet des égarements de son instrument. Le disque commence faiblement, surtout par un manque de conviction des sonorités (aux limites du kitsh) et surtout un manque d'aspect visuel de la musique sur le début puis monte crescendo avec des ambiances qui happent de plus en plus, et des drones qui font mouche. La sensation qu'au fur et à mesure, il laisse la place à la machine et à ses égarements dans sa musique, ce qui la rend plus vivante et donc plus prenante. On finit sur un disque psychédélique solide, qui manque de buvard sur le début, pour faire honneur à sa pochette (Kranky).

Kong - Snake Magnet

C'est lorsque plus grand chose d'estampillé rock ne vient titiller notre curiosité que l'on se retrouve à se prendre les plus grosses mandales du genre. Comme si le fait de s'écarter du genre (lassitude, autres déviances) le rendait encore plus fascinant lorsque quelque chose de bon venait nous exciter. Kong est un groupe fayots. Fayots parcequ'ils s'inscrivent dans une mouvance noise/mathy quelque chose. Et ce sont les bons fayots, ce qui n'auraient pas besoin de faire de la lèche pour y arriver. Mais ils polissent quand même en rajoutant un bon gros passage de langue. Abrasif comme un disque de punk, idiot comme un disque de punk, intelligent comme un disque de noise rock intellectuel, mais aussi binaire comme celui ci. Comme si ce qui primait était l'énergie dégagée, notamment à travers de ce son massif, rude et escarpé, avec une batterie monumentale en guise de tiroirs à plans, avec une basse lourdingue (oui on l'a dit ya quelque chose de noise rock), mais moins lancinant que toute la scéne moderne, plus japonais dans la folie du tout. Les guitares font s'entrelacer des riffs qui copulent pour s'éteindre dans des aigues mortes et répondre à la rythmique de manière anti naturelle. Snake Magnet c'est un peu un chassé croisé, suffisament math pour pas avoir l'air con, suffisament core pour pas avoir l'air propre, suffisament polissé pour pas avoir l'air trop sale mais suffisamment diarhéeux pour en laisser un tout pti peu sur son calecon. On rajoute certains synthés pour les délires free du groupe à des moments, des vocaux fous sans aucune cohérence (et on comprend rien à ce qui est chanté, cool!), certains morceaux qui sont des tubes immédiats, on secoue, et on obtient un des trucs les plus interessants avec deux des etiquettes qui donnent pas envie de se pencher sur un disque. (Brew Records)

mardi 6 avril 2010

Pop up the volume... sic!

Il y'a de ça un petit moment déjà, mon collègue soulignait qu'il avait tendance à ne parler que de choses convenues tandis que je m'efforçais, selon lui, à faire découvrir des choses plutôt obscures. Avec le déluge de chroniques de groupes dont vous n'entendrez plus jamais parler dans 6 mois qu'il réalise, la tendance s'inverse. Me voilà donc, en parfaite contradiction avec mon camarade, à faire dans le consensuel (mou, de surcroit). Et plutôt que de vous tartiner de longues chroniques vides, voilà une vue d'ensemble de grosses (énormes même) sorties "pop" de ces derniers temps, présentées dans ce billet au titre des plus lamentables.

Entre la folk expérimentale et l'electro hype, ou le stoner-space-rock-doom, c'est avec plaisir qu'on découvre Sade venir nous gratifier de son unique approche en 2010. La démarche de la dame reste remarquable: elle ne se force pas, reste totalement attachée à ses musiciens depuis 30 ans (si bien que Sade Adu fait parti du groupe Sade, comme Manson dans un autre style), et ne sort des disques uniquement quand elle en a envie (tous les 10 maintenant), elle ne répond à aucune pression de la part de sa maison de disque. Bref, tout cela est tout à son honneur, et on pourrait dire basta tant ce disque n'est qu'un disque de plus. Mais voilà, Sade c'est avant tout une voix. Et pas n'importe laquelle. LA voix. Celle qui file un frisson, de par son incroyable présence, sa chaleur que peu d'autres approchent ne serait-ce qu'un quart de seconde dans leur vie. Sans se forcer. Cette voie se languit sur disque et demeure le truc le plus sexuel qui parviendra à nos oreilles pour encore un bon bout de temps. Derrière, la musique est honorable, toujours cette pop/soul habité, ni pute ni avant-gardiste, impeccable -malgré quelques passages particulièrement niais. On retiendra surtout l'écrasant single, Soldier of love, avec ses guitares lourdes toute en retenue, ses rythmiques martiales et sa production imparable qui n'est pas sans rappeler le son de Peter Gabriel sur UP. C'est d'ailleurs totalement logique puisqu'en consultant le livret, on apprend que le monsieur a laissé clefs de son studio au groupe. Le résultat est, comme souvent, envoûtant.

D'ailleurs, en léguant pour quelques jours son studio à la dame, le chanteur de feu Genesis s'est dit que ça serait vraiment pas mal d'en terminer avec son projet personnel. Peter Gabriel fait parti des grands monsieur de la pop musique, de ceux qui ont constamment cherché à pousser le genre dans ses retranchements en ne boudant jamais les avancées technologique, bien au contraire. Entre des disques plus fades, voir complètement anecdotiques, Gabriel a pondu quelques pépites d'une musique riche, aventureuse, comme son 4ème album solo, la bande original de la dernière tentation du Christ, ou encore son dernier en date, "Up", projet ambitieux qui allait chasser sur le terrain d'un massive attack en son temps, y mêlant squelette pop et sonorité ambient, voir quasi-industrielles. Après 8 ans de silence (si on excepte quelques encartades, comme la BO de Wall-E) le nouvel album de Gabriel nous présente un homme qui va totalement à contre-sens de tout ce qu'il a fait jusque-là. Fini les formats presque expérimentales, les sonorités froides et tranchantes, les riffs de claviers mémorables (shock the monkey). Ici Gabriel ne compose rien mais ré-arrange ses contemporains en faisant face, tout seul, à un orchestre symphonique l'accompagnant dans son exploration. Il n'ya donc rien de vraiment neuf dans cet album, si ce n'est la possibilité de jouir de l'impeccable production, une habitude chez notre homme, de morceaux que l'on connait déja. L'orchestre donne ce coté vertigineux à la musique qui fait défaut parfois aux originaux, en approfondissant considérablement le champs d'expression musicale. Ainsi, de Bon Iver à radiohead, de Bowie aux Talking Heads, en passant par Elbow, Arcade Fire, Spektor ou Neil Young, Peter Gabriel dévore l'ensemble de ses pairs avec ses singulières relectures (Listening Wind prend des allures presque médiévales). Pas mémorable, mais pas raté, Scratch My Back n'est pas la porte d'entrée la plus interessante pour pénétrer dans l'univers de Peter Gabriel.

Début de printemps marqué du retour de Gorillaz également, pourtant vendu comme mort il me semble il n'y a pas si longtemps par Albarn. Le problème de Gorillaz, à mon sens, c'est qu'après avoir assuré un très bon premier album, l'iconographie du groupe est bien plus pertinente et aboutie que la musique elle-même. Et c'est dommage car le potentiel est là en permanence, notamment grâce à un casting qui frôle le sans faute (Mos Def, re-De la Soul, Bobby Womack, Des membres des Clash, et j'en passe...) mais (c'était déja le cas sur demon days) on a affaire à une compilation de bonnes chansons, sans pour autant que la compil soit bonne elle-même. Il manque ce truc qui en ferait un bon album. Certains se demandent pourquoi Albarn ne s'est pas entouré d'un producteur de première classe comme ce fut le cas auparavant: l'écoute de Plastic Beach nous rappel qu'il est loin le temps ou les premières esquisses de Gorillaz en studio prenaient forme sous Deltron 3030. Bref, c'est surtout dans son concept et son imagerie que Gorillaz se montre le plus solide. Avec un clip en béton et une promo au taquet, on suit avec plus d'entrain ce qui se passe au sein de ce groupe imaginaire (Murdoc aurait tué tous les autres...) que ce qui se raconte réellement sur disque, avec tous les délires mentaux qui vont avec. De bons morceaux éparpillés sur un album soi disant "sombre" mais qui manque cruellement de caractère.

lundi 5 avril 2010

Komparce - Data Exchange (CKK002)

On continue ce cycle Chez Kito Kat avec cet ep de Komparce. On en avait déjà esquissé quelques mots sur l'article précédent vu que Komparce livrait LE morceau de la compilation Kito Sounds Vol 2 avec ce Back to Monkland épique. Derrière Komparce se cachent deux noms de la structure qui possèdent aussi leur projet personnel Mr Bios et Dog Bless you. On ressent clairement une envie digitale sur ce court ep (pléonasme?), bercée par des influences electronica et hip hop. On commence le voyage tout en douceur avec un morceau trés Coil (surtout pour les vocaux qui m'ont rappelé certains moments trés feutrés de john Balance) pour ensuite s'échapper vers moins d'onirisme, vocoder de prime sur hearing ulcer avec une classe trés estivale dans les morceaux. Avec douceur les beats abstracts portent des mélodies simples et élèvent certains légers glitchs pour des moments de gloire à rapprocher de l'écurie Warp ( dysprosium). Le ton se mue en quelque chose de bien plus sombre à partir d'un bypass vengeur, où une nappe enchanteresse se retrouve salie par quantités de beats glitchés en soubressauts analogiques. Et c'est surement dans ces moments là qu'excelle Komparce, dans ce surajout de rythmiques et cette robotisation de leur musique que l'on avait pourtant imaginé si humaine, comme si l'hydre à deux têtes qu'était le projet se transformait en une lutte constante pour étouffer le reste de vie qui habitait leur musique. La douce mélodie de Monkland (qui donnera le back to monkland de la compilation, vous l'aurez compris) se retrouve alors érigée au rang d'un morceau ambiant tout en désolation (putain que c'est court!) pour terminer l'ep sur le morceau de trop avec slides de guitares et ambiance disco IDM pas trés convainquante. (Chez Kito Kat)

dimanche 4 avril 2010

Kito Sounds 2 (CKK004)

On se souvient tous de cette époque où celui qui avait un graveur (oui c'était le riche de la bande) fournissait des compilation de ce qu'il avait découvert (téléchargé). C'était souvent des compils à thèmes où il indiquait la thématique au gros stylo noir sur le CDR, parfois avec une police se voulant artistique. C'était une manière sûre de faire des découvertes. Il y avait souvent de tout et de rien à se mettre sous la dent, et son commerce de "mixtapes" prenait son essor passés la cinquiéme édition (oui, la fameuse Number five, comme Lou Bega). Içi, cette compil numéro 2 de Chez Kito kat se prête au jeu, en voulant aller plus loin et surtout de manière beaucoup plus passionante. La première fois que tu la survoles, t'as la sensation d'avoir à faire à autre chose qu'un vulgaire disque compilé entre deux repas avec papa/maman ou deux lignes de la dissertation pour lundi. Cette sensation que dans les mêmes locaux de chez les Kito, ils ont réunis une quinzaine d'artistes gravitant autour de leur structures, ou même pas, ayant à voir avec leur choix artistiques. Cette sensation que cette compilation est un essai en soi de définition des objectifs du label. Ces artistes réunis auraient eu du matos à leur disposition, qui leur permettait de fournir un morceau à l'entité pour qu'il apparaisse ici bas. Alors on navigue entre plusieurs genres, comme si CHez Kito Kat s'était inspiré de ses labels phares (oui, je rèpète, Constellation, Warp, je suis sur que ça en fait partie) pour définir avec ces compilations leurs choix. Pour le connu, on a ici le Every tear is a pray de Thirteen Dead Trees, avec le chapelier fou au violon (Metz ressemble de plus en plus à une secte!), ou encore Cap Chat de Filiamotsa. Pour le reste, c'est une grosse amicale des travailleurs, pour une compilation qui navigue entre folk (Trippy Eden, Niandra Lades avec son yoyo poignant tous violons sortis qui rappelerait presque Neutral Milk hotel si on voulait être putassiers), electronica, no wave (das bunch et son morceau presque pere ubusque), hip hop (diaporama, et surtout ce morceau de Dog Bless you qui ressucite presque le boards of canada de Geoggadi) ou encore funk moderne (oui, l'épopée de Dr hood, aux forts accents de Cofee Shop amsterdamien). Cette grosse amicale des travailleurs révèle une grosse consistance au niveau du choix des morceaux, et de l'évolution de la compilation (le final de felicity mangan dark ambiant, un marasme en eaux troubles évoquant le Kammarheit meilleure époque). On passe en majorité par de grands morceaux de bravoure, notamment ce morceau de Komparce (back to Monkland, une reprise d'un théme, ou une suite de l'ep à venir dans ces pages) à tomber, qui t'arrache le coeur sur sa mélodie triste et sa rythmique d'une simplicité rassurante. Alors si en plus cette compil te coute moins cher qu'un paquet de clopes, il te reste plus qu' à laisser tomber ton dealer attitré et te la procurer. (Chez Kito Kat)

samedi 3 avril 2010

Filiamotsa - Tribute to KC (CKK005)

A qui se dirige t'il cet hommage? KC comme l'entité de Kevin Drew et Charles Spearin, dans KC accidental (le pré Broken Social Scene en quelque sorte, en beaucoup plus interessant). Je ne parierai rien sur ça, mais en tout cas l'objet sérigraphié est magnifique et en impose pas mal. Et y a quelque chose de canadien dans cette musique, de presque Constellation en quelque sorte. Duo de Nancy, qui fera l'objet de notre deuxième article du cycle Chez Kito Kat. Duo Batterie/Violon qui officie dans une musique aux confins de la musique expérimentale et instrumentale. Structure eclatées, mélodies limpides, la première remarque se fera sur la batterie, qui en plus de se payer un son luxueux et incisif tient à elle seule la baraque (c'est souvent le cas, mais à deux le besoin d'occuper l'espace se ressent encore plus). Içi la batterie vit, étouffe et aère à elle seule les morceaux, en proposant une toile de fond d'une grande richesse qui va permettre au violon de s'exprimer. Et là aussi, grande révélation sur les capacités de ce petit instrument. Certaines phrases sont de vrais riffs, certaines phrases donnent le tournis, d'autres sont des escapades noisy. Et au gré de morceaux courts et complétement digestes (vous les vouliez plus longs vous? ya déjà 15 plans dans ceux là), le duo tisse une toile d'ambiances variées et au final une musique etonnament vivante et vivace. Comme si à deux ils avaient crée une troisième entité, à base de tatonnements, d'impros surement, pour s'échapper du carcan qui leur était fourni. A l'arrivée on a cette sensation de se faire ballader dans une musique lorgnant vers le bruit, vers l'énergie, mais sachant convaincre par son aspect brut et rock et surtout par cette production terriblement juste. Dommage que sur leur site les modalités pour les faire tourner ont l'air si chiantes (mais je parie sur une blague!) (http://filiamot.free.fr/) .

vendredi 2 avril 2010

Thirteen dead trees - Are their roots still alive (CKK006)

Premier article pour cette rétrospective Chez Kito Kat (http://www.chezkitokat.com), avec le dernier objet du catalogue. Fourreau terreux pour un arbre qui prend racine dans plusieurs genres fondateurs du rock. L'impression de naviguer dans une folk biberonnée au rock des années 90, lourd et sale, qui suinte les influences (peut être) de la tête pensante de Thirteen Dead Trees. A fleur de peau, immaculé et berçant sa musique entre mélodies simples qui soutiennent une voix qui pose le paquet sur la table, pas toujours juste mais terriblement sincère, chantant des paroles en Anglais et se voulant même héritière des influences country ou Americana (Bad Luck in Arizona). On sent quelque chose d'apaisé dans cet effort, mais pourtant de terriblement mélancolique, au gré de guitares qui s'électrisent souvent, bluesy et noisy portant des mélodies aiguës et déchirantes (à la Oxbow dernière période). Et puis comment passer à côté de ces deux premiers morceaux, tubes en puissance qui n'en demandaient pas autant, terriblement justes et inspirés. Alors ci et là il y a des passages à vide notamment sur deeper, la deuxième partie qui est un peu plus acoustique et moins prenante, bien que solide et appuyée par violons et flûtes. Mais on lui pardonnerait tout à ce disque, avec ses gros tubes potentiels, ses paroles qu'on a presque envie de reprendre, son joli artwork des maisons, et ses influences bien digérées. Puis rien que pour tous les songwritters minables qui osent encore sortir des disques, et qui en plus les vendent par paquets, ça vaut le coup de se pencher sur cet objet. En plus t’as les paroles pour reprendre en chœur ce Every tear is a pray et You said it qui feront date dans ma sono.

jeudi 1 avril 2010

Poirier - Running High

Ghislain Poirier, DJ de Montréal livre cette année une compilation de 3 eps différents sur ce Running high, double album dans lequel le deuxième consiste en des réinterprétations du premier. En termes d’invités on apercevra des collaborations de longue date pour Poirier avec Face-T, mais aussi des plus inédites avec Warrior Queen (encore, après the Bug et Vex’d). En sachant que le mec a collaboré avec TTC, qu’il a remixé lady Sovereign ou Editors, l’ouverture de la galette était mitigée. Pourtant le premier morceaux est un gros kick dans ta face, du genre tube ragga/dancehall des caraïbes qui te fait remuer le cul et baisser ton froc, pour sortir ta chemise à fleur et danser avec le surfeur d’argent. Comme si Shaggy (vous vous souvenez de cette chronique de mon collègue sur cette compil Soul Jazz ou ce type était présent pour du bon en plus) était de retour sur une instru cartoon en carton complètement assumée et que le tempo restait suffisamment lent pour te faire faire des cercles mais assez rapide pour te happer avec. Le premier rapprochement de ce Running High, ça serait ce Guns don’t kill people, Lazer do de Major Lazer (duplo) la folie en moins, la prod en carton pate encore plus exacerbée. Tout au long du premier disque (le seul en ma possession), on navigue entre le très bon et immédiatement dans ta tête (ou dans ton corps), bardés de sonorités électroniques kick 8bit dans ta face ; le moins bon (des passages clairement chiants, qui se veulent sérieux) et le mitigé (les morceaux purement instrumentaux sont souvent très peu attrayants, le featuring permettant de donner plus de fougue aux chansons). Pourtant tu t’amuses clairement avec ce Running high, si tu laisses ton sérieux à la maison que t’as ramené ta grosse qui veut danser à la soirée. Un coup de rhum arrangé de derrière les fagots et tu vas peut être visualiser l’été illico, plus hip hop que le Major Lazer, plus franchouillard aussi (oui on sait bien que Montreal est une colonie française pour étudiants en mal de sensations), moins Jamaïque et plus Smirnoff Ice (Ninja Tune)