dimanche 30 mai 2010
Doom - Born Like This
Altar of flies - Permanent Cavity
Un nom de projet fantastique, un artwork plus que juste, Mattias Gustafsson, on pourrait s'arréter la, vous vendre le truc en vous disant que Permanent Cavity est hautement recommandable, voire plus si affinités. C'est sans compter sur la brutale mandale qui fait office d'écoute, une musique cauchemardesque, pas loin du You Will never survive this nightmare de Megaptera, se rapprochant des ambiances power electronics version suédoises, avec une predilection pour les alternances dark ambiant et les assauts analogiques en boucle. Les boucles sont triturées, grésillantes et ne lachent rien de leur agressivité jusqu'à extinction des machines. Une musique ronflante, sinueuse, inhumaine, pleine de cliquetis saupoudrés qui trouve son rythme de croisière au milieu des morceaux en transformant les parcimonieux sons en violentes nappes criées, produites au hachoir. ALtar of flies se rapprocherait presque des travaux industriels originels, avec une predilection pour les ambiances apocalyptiques de Boyd rice, parsemées d'explosions rituelles. Surprenant, ce vandale. Favori. (ideal Recordings)
jeudi 27 mai 2010
Malnoïa - Surface of Arts
Et les premières écoutes de ce disque révèlent un peu ce même défaut issu d'une qualité: le perfectionnisme à outrance. Du coup le premier voyage en devient trop guidé et on a l'impression de se faire macher l'écoute par leurs concepteurs. Tout y est bien à sa place, rien de froissé, dans une musique se voulant contemporaine dans sa vision d'une pop électronique douce fleurtant avec certains accents néoclassiques. Au début c'est limite vomitif, dans les pires aspects de ce que pourrait livrer Saycet sur son dernier effort, comme si les les auteurs nous livraient un moelleux au chocolat en faisant d'abord cuire les oeufs en omelette.
Et pourtant avec les écoutes, ce disque libère de son hermetisme emotionnel, se fait plus intimiste et plus vivant, et là ou on voyait un professionalisme cul serré au début, on finit par se retrouver avec un tout autre disque bien plus vivant, plus passionné même, aux confluents de quantités d'influences, mais qui de par le format reste une pop aventureuse, en héritiers de radiohead (à comprendre, un groupe de pop/rock grand public capable de digérer des musiques dites expérimentales et de les faire avaler à tout le monde, dans un format pelote de régurgitation). Quelque chose de foncièrement français, de presque cabaret, qui au final dévoile une fresque, un manège qui tourne au gré des pianos, des voix feutrées, des effets ambiancés. La musique de Malnoïa est peut être trop ambitieuse, parfois même prétentieuse, mais se transforme au final en un cocon de sons propices à se lover. Dommage que l'hiver soit fini. (la maison records)
MELVINS- Sludge glamorous
Un nouvel énième album arrive, et on peut déja prévoir que les mécontents vont se faire légion, probablement ceux qui pestaient déja lors de la sortie du précédent,protestant que les Melvins se foutent de leur gueule alors que de toute évidence ils ont attraper l'intégrale il y'a moins de 4 ans (aucun mal à cela), et en faisant comme si on les obligeait à écouter leurs disques. On verra quand on l'aura, mais en attendant, le groupe commercialise gentiment un vinyle limité. Bel objet, qui semble confectionné en collage, et qui renferme 3 morceaux. Attrape-cons, aucun inédit, avec un remix, une version rallongé (dies irae) et une reprise. Au vu du prix, on pourrait trouver cela superflue si en plus de l'objet (12 pouces gris marbré), la reprise (disponible aussi sur Electroretard, qui vaut un rein) ne proposait tout simplement pas la quintessence du style Melvins: basse qui ramone, grâce à ce vieux vicelard de Rutmanis, le riff parfait et entêtant, et Crover l'increvable qui bourre la buche avec feeling et puissance. Cher aujourd'hui, il le sera d'avantage dans 10 ans, quand on redécouvrira le groupe.
samedi 22 mai 2010
As the stars Fall - Tempus Fugit
"Traversant la vie sans but
Les yeux tournés vers les étoiles
à la recherche d'une réponse qui n'existe pas,
Impassible témoins de notre propre existence
Des rêves de routes désertées, d'arbres sans vie
de rivières emprisonnées dans la glace,
Mémoires d'un amour depuis longtemps disparu
Le temps lentement s'écoule
Détruisant irremédiablement tout ce que l'on connait."
En gros le tout s'annoncait délectable, des types qui ont collaboré avec Booba and co, qui font du post rock et qui griffonent des poèmes bons à terminer sur le skyblog de couette couette. Pourtant il faut avouer que c'est plutot carrément pas mal foutu. Alors ça tombe facilement dans l'écueil des musiques instrumentales un peu trop tire larmes, débordant de pathos (et en laissant trainer un peu partout, quitte à devenir envahissant), mais certains plans sont pas trop racoleurs, notamment au niveau rythmique. Les morceaux sont sufisamment courts pour pas sombrer dans l'ennui profond à la Explosions in the Sky (ce à quoi les arpèges me font inévitablement penser). Là où As the stars fall réussit, ce n'est ni dans la poésie (sic), ni dans les pianos entrelacés plagiant clairement les pires BO de Glass (The hours), ni dans les arpèges de guitare résolument chiants, mais dans une vision assez filmesque de sa musique, assez panoramique. Alors il y a de quoi rigoler, beaucoup de choses en trop, d'effets de cordes foutrement hilarants, mais certaines percus, certains touches electronica assez enfantines restent pas mal senties. Au dela de leur musique, on voit sur leur blog que la photo leur réussit bien mieux. Ils savent comment se recycler. Un bon conseil, évitez le recueil de poésies! (both sides)
Hint Versus Ez3iel - Collision tour 2009
Que dire de ce long live sinon qu'il est juste. Communicatif de par des morceaux fleuves qui s'articulent autour des guitares, portées par claviers, xylo, une basse dub, rehaussé par des cuivres (notamment des trompettes souvent magnifiques, je pense à ce 100% White puzzle rappelant les sonorités de Carnivale, ou à cette envolée sur The wedding). Une rencontre, une collision qui explore la piste amicale en laissant tour à tour la balle dans le camp d'un groupe. La tracklist est équilibrée (et pour ez3kiel le dernier album beaucoup plus vengeur Battlefields prend tout son sens lors de cette collaboration avec Hint, les accents noise et industriels bien plus mis en avant) et s'articule autour d'une reprise de Chinatown des Bastard, plus un hommage q'un réel pied de nez. Les morceaux de Hint gagnent en parcimonie, en effets variés, en douceur tandis qu'ez3kiel laisse libre cours au chaos que peut sous tendre sa musique, comme galvanisé par la présence sur scène de ces deux artisans de la scène française. La puissance rock de Hint se marie à merveille avec la fragilité habituelle de la musique d'ez3kiel et certains grands moments de bravoure sont palpables (flexible d'une puissance exacerbée, ou encore volfoni's revenge qui prend enfin tout son sens). Du coup on en vient à espérer qu'hint sorte de son silence discographique. (Jarring Effect)
Cathedral - The Guessing Game
jeudi 20 mai 2010
PROPELLERHEADS-Decksandrumsandrockandroll
Devenu l'icône sonore des scènes de "bullet-time" en même temps que ZE morceau sur la BO du calamiteux Matrix, Propellerheads est aussi un de ces groupes qui n'aura sorti qu'un album avant de disparaitre. Formé au milieu des années 90, les Propellerheads était un groupe typique des années 90, proposant une musique au croisement de plusieurs autres, et qui affublé de quelques gimmicks qu'on rattacha rapidement au "big beat" n'en était pourtant pas moins originale et définitivement hors de toute catégorisation possible. Du big beat ils n'en avaient rien, si ce n'est la mixture effective-de toute façon cette étiquette n'a jamais eu de sens, puisque les apotres du genre ont depuis longtemps prouvé son invalidité, laissant les tour de passe-passe "on rigole à la plage" au miteux fat Boy Slim et son dancefloor dans le sable,(et "...at the boutique")- du hip hop, de l'électronique émergeante par tous les pores de la peau de la musique de l'époque, et du rock, cet éternel chien galeux qui revient toujours d'une manière ou d'une autre. Duo mystérieux, les Props ont créée l'engouement suite à leur création en balançant quelques lives mémorables lors de différents festivals ou autres venues. Will White, DJ et batteur s'associe à Alex Gifford, clavériste, bassiste et DJ également, de 10 ans son ainé, et soit-disant ancien membre des Stranglers. De concerts explosifs, le duo passe le cap de l'enregistrement avec brio via quelques EP puis l'album, la réussite qui permet aussi de voir le taux d'alcool dans le sang quand vient la difficile étape d'écrire sans faute le titre-remplaçant le "sex" en "decks", comme pour montrer qu'il n'y a rien entre ces deux là.
SNOT-Get Some
Pratiquement tous ceux qui n'étaient pas allergiques au nouveau son californien (Sacramento, Bakersfield toussa) des années 90 se souviennent ému du seul album de Snot (à ce jour). Ranger rapidement dans le même placard que leurs potes de scène, Snot n'avait pourtant strictement rien à voir avec eux. Si comme beaucoup d'autres, l'aspect sympathique de leur musique et franchement inoffensive était partagé, c'est bien là le seul point commun que le groupe au nom le plus crétin de l'époque (même Bloodhound gang n'avait pas osé) pouvait se trouver avec eux. Associé un peu brusquement au néo metal, Snot n'en a pourtant aucun attribut. Pas de fanatiques de la 7 cordes et du multi effet, ni de la basse désaccordée, et encore moins de samples, de scratch ou de la moindre trace de hip hop. Plus ou moins descendant des lamentables Ugly Kid Joe (en fait le seul lien est Larkin, premier batteur de Snot) le quintet de Santa Barbara revendique le funk blanc des Beastie Boys, le punk croisé des Bad Brains, et l'influence omniprésente de Suicidal Tendencies. Le mixage de tout cela donne un groupe unique à l'époque. Deux guitaristes plutôt orientés sur la puissance du champs en stéréo, jouant sur l'ampli plutôt que sur la pédale font le gros du travail mélodique, tout en axant le détail de la 6 cordes sur l'utilisation massive de la wahwah, crédibilité funk s'il en est. John "Tumor" Fahnestock n'a rien à voir avec l'ensemble des bassistes avec qui il partage la scène: fanatique de punk, le son qu'il délivre est ample, puissant, et n'est pas sans rappeler les lignes du hardcore américain ou suédois. Musicalement, Snot aurait probablement été totalement anodin sans la présence de Jamie Miller à la batterie. Extrêmement précis, de par un accordage rigoureux de ses toms et une sélection intelligente du kit, Miller étonne. Roulements improbables, groove permanent, capable de couvrir aussi aisément de purs passages de funk psychés que des accélérations punks sans faille, Miller s'impose comme un des architectes principaux de Snot. Mais surtout, ce qui a imposé le groupe fut son chanteur. Lynn Strait alternant récit de société et conneries royales déploie une voix puissante, qui joue dans la même cour qu'un Chris Spencer (pourtant, rien à voir): à mi chemin entre le hurlement et le crie, Strait est toujours dans la capacité de moduler sa voix vers quelque chose de mélodique (essaye de chanter en gueulant toi, voir). Après 3 démos, Snot sort en 97 ce seul album avec ce line up. De façon assez surprenante, le groupe est capable de brasser différents aspects de sa musique sans jamais se dénaturer. Egaré dans le funk instrumental malade, grouillant de couïnements de guitares dilués dans le rythme, les 5 offrent une série de pauses entre ces salves qui savent prendre la forme d'un métal plombé, comme sur l'excellent et très réussi "I jus lie" ou celle d'un punk à moulinets maitrisé, "pointing finger & sing along". Mais définitivement, bien qu'attirant des groupes comme Coal Chamber, Soulfly ou System of a Down, Snot reste seul et éloigné dans ce microcosme. L'ironie crasse et amer de l'histoire, c'est le son d'un terrible accident de voiture qui conclue "Joy Ride", et qui 1 an plus tard, alors que le groupe termine son deuxième album, se métamorphose en tragédie en otant la vie de Strait et de son chien, mascotte et modèle de la pochette de Get Some, entrainant logiquement la fin du groupe, un tribute salement médiocre, un concert (snot alive!) puis une reformation 10 ans après le décès de Strait -avant que le groupe ait eu le temps de traverser les océans, car "vive la fuckin' France, man!". Cette dernière prend d'ailleurs des allures de mauvaises blagues quand, après avoir présenté un nouveau chanteur, les voilà déja avec un nouveau nom (Tons) et les départs du remplaçant, comme celui de Sony Mayo, qui en fait probablement à ce jour le musicien qui a quitté le plus de groupes aux Etats Unis avec Joe Preston: Mayo avait déja quitté Snot en 98, mais aussi Hed PE, Amen, Sevendust, Vanilla Ice ...Entre temps, Doling assura les guitares dans Soulfly, Miller passa aux guitares et aux claviers dans un groupe plus new wave (avec Aimee Echo de Human Waste Project,et Mike Smith, remplaçant de Mayo puis de Borland dans le biscuit mou), the Start; Tumor jouant également dans Amen mais aussi Mothra et Noise Within. A l'écoute des bandes du second album qui ont filtrées à travers les projets posthumes, force est de constater que Snot avait de grandes chances, sans la perte de Strait, de devenir un imposant groupe de punk teigneux. Reste cet album, un peu unique, à qui il manquera toujours une suite, et aussi, surtout, une voix.
lundi 17 mai 2010
BEAK>-Beak>
Quand Barrow a du temps libre, entre deux tournées (le truc qui veut rien dire sachant qu'entre les deux dernière tournées il s'est passé 10 ans), il monte un label ou fait un groupe avec des potes. Les deux sont subtilement combinés ici pour ce premier album de Beak>, projet ou le pousse-disque de Portishead passe à la batterie accompagné d'un clavériste et d'un guitariste. Barrow, comme Utley, s'est passioné pour le doom et le krautorck, au point de dénaturer complètement Portishead. Le problème c'est que ce qui s'apparentait à de l'audace commence de plus en plus à ressembler à un acharnement stylistique opportuniste et vulgaire. Le titre pour Amnesty international sorti récemment du groupe de Bristol a tendance à révéler un groupe qui commence à en faire un peu trop dans le "regardez moi comme je suis crédible". En attendant, Beak> s'illustre comme l'essai un peu graveleux, un peu pute. Néanmoins, on ne pourra taxer Barrow de vouloir se faire du fric car clairement, Beak> ne gonflera pas considérablement son compte en banque. Beak> se contentera juste d'être un peu maladroit, un peu simple, et peu convainquant. Allant du rock minimaliste très germanique dans l'intention à des envolées plus bruyantes ou parfois même se rapprochant des terrains de chasse d'un Mogwai, le trio brasse un ensemble de sous-genre assez vaste tout en restant très spécialisé. Et si "3" était très réussi, Beak>, ne pouvant échapper à la comparaison, peine à convaincre.
dimanche 16 mai 2010
Twin pricks - Young at Heart (CKK008)
Et on est servi du début à la fin, avec cette naïveté pop adolescente, ces paroles qui frôlent la mièvrerie bon enfant, ces mélodies et ces rythmes sucrés et ces arrangements douceureux. On erre dans un héritage pop 90's, une pop humble, qui chante une période de nous et ravive quantités de choses enfouies (Lily des Smashing Pumpkins). Les voix se passent peu à peu le flambeau, toujours proches de la cassure (on se prend à entonner le refrain de IRT j'imagine pour I Refuse To Follow), pour reprendre certaines paroles à deux, emportées par un riffing d'une rare justesse. Production claire, parfois proche d'un home studio d'Ellioth Smith (Twin Freaks) qui se terminera dans un dernier morceau fleuve plus que touchant, madeleine pop comme l'on aimerait consommer plus souvent. Merci.
Question résiduelle: lequel des deux n'a pas pu s'enfiler le pilote de Twin Peaks? (Chez Kito Kat) http://www.myspace.com/wearetwinpricks
Jamie Lidell - Compass
mardi 11 mai 2010
Emeralds - Does it Look like I'm Here?
RAF & O- A giant in the snow
Oh! En foutant trop de sucre, tout devient vite écoeurant. Tout juste: Raf & O gagnerait à se débarrasser de cette chanteuse qui en fait des caisses, chante des conneries ("Si notre amour se mangeait, il n'y aurait plus de famine", en gros, et au hasard), se prend pour une grande créatrice lyrique. Quelques structures et sonorités intéressantes se retrouvent massacrées par l'enrobage indigeste. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir une Fever Ray, une MIA, une PJ Harvey, une Matrina Topley Bird (pour en nommer quelques unes) dans ses amies. Par contre, Raf & O démontre que tout le monde connait une fille rencontrée dans une chorale municipale. Même la pochette mal photoshopée (v. Se dit de ce qui est réalisé sous photoshop tm.) ne peut rattraper le coup.
ELEH-Location Momentum
Autrefois chez Important Records, Eleh passe pour la première fois sur Touch au format album avec cette nouvelle exploration sonique. Ne faisant pas tache au milieu des autres artistes du label, la musique est minimale, abstraite, et basée sur l'exploration du son, en particulier, si j'ai bien compris, celle de machines analogiques. L'album commence comme un désastreux foutage de gueule, le premier morceau étant un simple drone synthétique sans la moindre variation jusqu'à la toute fin, où le ton diminue. On se dit que celui-ci pousse le concept un peu trop loin. Pourtant, passée cette entrée en matière quelque peu insultante ou au moins érintante, les longues dérives sonores prennent de l'ampleur, et ne succombent sous le poids d'une experimentation vaine. En étant franchement plus électronique, on se surprend (du moins pour ma part) à y entendre une résonance au Salt Marie Celeste de NWW, lointaine et minimale. Pas la meilleur sortie Touch, une exploration plutôt agréable néanmoins.
jeudi 6 mai 2010
Frank Bretschneider – EXP
Rudi Zygadlo – Great Western Laymen
Rudi Zygadlo aurait pu sortir un bon disque. On sent ce côté pop qui sauve le disque d'ailleurs, cette envie de balancer du tube, cette envie de chanter, de créer des canons pop. Quoi qu'on en dise, il y a une énorme influence Depeche Mode dans ce disque, dans une pop arrangée, une pop (homo)érotique pleine de manière, ces vocaux pleins de gel et ces synthés qui se transforment en claviers bardés de couleurs. Une pop électronisée maniérée pleine d'arrangements, qui fourmille de détails, avec cette teinte kitsh. Mais par dessus se profile une grosse dose de kick basse typiquement dite dubstep qui sort de nulle part et qui vient ravager les tubes pour les transformer en orgies hype party. Du coup le reste en devient agaçant derrière, et les sonorités raffinées qui auraient pu devenir de jolis canons synth pop bien ficelés (et nous faire oublier un dernier Depeche mode bien fade d'ailleurs) deviennent ennuyeuses et ce disque embarrassant. A l'arrivée Rudi Zygadlo et son disque sont drôles au mieux, complètement lourds au pire, surtout que c'est long. (Planet Mu)
mardi 4 mai 2010
Interview Florian Schall (Dead for a minute, Hyacinth, Meny Hellkin, Twin Pricks)
Salut, nos chemins se sont pas mal croisés sur le net, ça doit être ton coté nerd non ?
C’est vrai que j’aime bien squatter l’ordi. C’est un truc que je fais depuis que j’ai eu le malheur d’avoir un Amstrad CPC 6128 entre les mains. Je suis pas particulièrement fan de nouvelles technologies, je ne me tiens pas au courant de tout ce qui sort avant tout le monde. C’est juste mon outil de travail depuis que je bosse, donc fatalement… J’ai un Iphone maintenant, je fais souvent des surprises à mes amis sur Facebook quand je suis aux chiottes…
Avant de parler présent je voulais revenir sur pas mal de tes projets. Marrant car par exemple Dead for a minute est un des trucs que j’ai le plus usé quand j’écoutais que des musiques dites hardcore. Je trouvais que le groupe avait un grain particulier, et était particulièrement jusqu’au-boutiste. Je voudrais que tu reviennes dessus.
DFAM, c’est une des expériences musicales dont je suis le plus fier. On a démarré ça au lycée, juste une bande de potes ayant envie de jouer la musique qu’on bouffait par paquet de 100 disques à l’époque. Hardcore et métal pour commencer. Fin décembre 1998, on répète pour la première fois dans ma chambre, Geo passe devant ma fenêtre et intègre le groupe dix minutes plus tard. On fait nos premiers concerts à Metz et je crois que tout le monde s’en branle, alors on essaie d’aller voir ailleurs et là on se rend compte que ça a l’air de plaire. On aime bien jouer partout, on aime bien se faire mal, tout casser et faire le plus de bordel possible. On tâtonne un peu sur nos premiers disques, on expérimente sans trop savoir où on va, en évoluant au niveau de notre style à peu près tous les six mois. On fait notre toute première tournée en Allemagne avec Desiderata et c’est juste du bonheur (on joue dans un hôtel devant une personne et on passe la nuit à jouer aux quilles en se bourrant la gueule). On enregistre un split en rentrant, puis on s’attaque à l’écriture de Diégèse, notre dix pouces pour Shogun. On voit rouge, on veut que ce soit le truc le plus violent jamais enregistré. Je sais pas si on y est arrivé, en tout cas c’est le disque du groupe qui me plaît le plus. On repart en tournée avec Hot Scone, cette fois-ci. Les concerts sont sauvages et funs, on rencontre plein de gens (qui sont encore des potes aujourd’hui). On enregistre un nouveau split avec Submerge puis on décide de partir en Espagne avec eux. C’est la grosse tuerie, on s’amuse vraiment comme des fous, on prend goût au fait de partir en tournée. C’est aussi à ce moment-là qu’on décide de mettre fin à cette aventure. Geo a envie de passer à autre chose, on n’est pas tous d’accord avec lui mais on prend le parti de respecter sa décision. Pour moi, à partir du moment où tu remplaces une personne dans un groupe, celui-ci n’est plus le même. On pouvait pas continuer sous ce nom-là, même si ça commençait à « bien marcher » (on nous proposait des dates de plus en plus grosses, de plus en plus fréquemment, les disques circulaient un peu partout). On fait un dernier concert à Metz devant quasiment 400 personnes, peut-être l’expérience live la plus puissante de toute ma vie. On enregistre un dernier disque qui ne voit jamais le jour. Début avril 2003, fin de l’histoire. On se reforme pour les dix ans de Spiruline (asso DIY nancéienne) en 2007 et c’est fun, on joue n’importe comment, bon gros délire. Fin définitive de l’histoire. J’aurais énormément de choses à raconter sur ce groupe. Rien d’exceptionnel en même temps, juste des choses que d’autres groupes ont vécu, vivent et vivront encore. J’ai cependant l’impression qu’on était là au bon moment, qu’on a aidé à démarrer un truc qui vit encore aujourd’hui, c’est plutôt cool. Je dis ça en toute fausse modestie, hein. J’ai quand même le droit d’être fier d’au moins un truc que j’ai fait dans ma vie.
Puis Hyacinth, qui a eu un succès d’estime tout de même ou c’est juste parce que je traine trop sur le net ? C’est derrière toi tout ça ? Pourquoi ?
Je ne sais pas trop ce que tu appelles un succès d’estime (Ndlr: j'appelais par succès d'estime un succès de nerds mais qui au final ne s'est pas soldé dans la réalité par l'impression que ça donnait sur le net). Ce que je sais, en revanche, c’est qu’avec Hyacinth on a sorti un
Finalement Meny Hellkin, chroniqué dans ces pages. Peut-être que je me trompe mais j’ai la sensation que c’était super éphémère. Quelque chose de prévu avec MH prochainement ?
Meny Hellkin a démarré dans la foulée de Hyacinth. Ca me tenait très à cœur de jouer avec Julien et Christelle (anciennement Shall Not Kill et heureux fondateurs du label 213 Records) et de rejouer avec Geo (on s’était plus trop vu depuis la fin de DFAM). Le but du groupe c’était vraiment de ne se fixer aucune limite ainsi qu’aucune indication sur la musique que l’on devait faire. Jouer ce qui vient, expérimenter, essayer des choses, même si on se plante ou qu’on le fait mal. Pour ça que je m’étais mis au synthé (avec tout le succès qu’on ne connaît heureusement pas). On répétait à 4 au début, puis Alex (Gu Guai Xing Qiu) est venu nous prêter mains fortes à la batterie. Il nous a quitté un peu avant le premier concert, du coup c’est Fab (Hyacinth, Strong As Ten) qui a assuré les premières prestations live. Puis Alex est revenu, on a commencé à tourner (un peu) et enregistrer (beaucoup). Une démo, un LP et trois splits
On en vient donc à Twin Pricks, dont le disque (parle nous en d’ailleurs du format, c’est un 7’’ ?) sort d’ici peu chez Kito Kat. Une histoire humaine d’abord avec les Kito Kat ? Pourquoi tu as pris cette décision de faire un objet plus industriel que les autres sorties du label, cousues mains ? Quelles sont tes prétentions avec Twin Pricks ? On a cette sensation que tu t’assumes plus, tu chantes, tu épures ta musique, pourquoi arriver à ça maintenant ?
Twin Pricks est né il y a de ça quelques années, lorsqu’on Geo et moi nous sommes retrouvés autour d’un verre. On a toujours été des fans de pop, de soul, d’émo et de folk, de musiques tranquilles et accessibles (tout en adorant d’autres musiques, tout en en jouant des plus extrêmes). Geo me disait en délirant (à moitié) qu’il adorerait produire mon disque si jamais je me décidais à jouer seul. C’est une idée qui a fait son chemin dans nos têtes pendant quelques temps, je pense. Juste pas le bon moment à l’époque (encore). 2009. je bosse depuis 6 mois à l’Emile et je m’arrache les cheveux. Je parviens à faire en sorte que Geo intègre l’équipe et s’occupe du son pour les concerts. Du coup, on se retrouve à travailler ensemble et surtout constater qu’on a difficilement la possibilité de faire de la musique à côté. En revanche, on remarque qu’on a du temps à tuer les après-midi en attendant que les groupes arrivent pour les concerts du soir. On se met donc naturellement à discuter de l’éventualité de refaire quelque chose ensemble. On se fixe la deadline du 17 décembre 2009, date de notre première prestation scénique à l’Emile Vache. Ca se passe bien, on rigole comme des cons, les 30 minutes de set ressemblent plus à un sketch comique qu’à un concert mais c’est cool. On veut surtout éviter de se prendre la tête avec ce groupe. Dans la foulée on décide d’enregistrer 5 titres. On invite Sam (Chez Kito Kat) au studio. Il nous propose de nous le sortir. On est contents. On part sur l’idée d’un
Avec Sam, on se connaît depuis le lycée. On vient tous les 3 de
On a souhaité sortir un disque pressé avec une pochette faite de façon industrielle car c’était la seule façon de rendre justice à l’artwork qui avait été prévu à cet effet. On ne pouvait pas sérigraphier la pochette, beaucoup trop complexe. C’est vraiment la seule et unique raison. On travaille actuellement sur un projet de maxi pour la rentrée, celui-ci sera pour la peine complètement différent et adapté à une sortie plus artisanale (il a été pensé dans cette optique).
Je ne pense pas avoir de prétentions particulières avec Twin Pricks. Du moins autres que celles de jouer une musique qui me plaît, faire plein de concerts et rencontrer plein de gens, échanger avec elles et Geo, écrire des morceaux dont je peux être fier… j’ai jamais eu d’autres prétentions dans mes autres groupes non plus, j’ai jamais cherché à vouloir plus que ce que j’avais ou pouvais avoir, d’ailleurs. J’ai toujours aimé chanter (je fais ça depuis que j’ai dix ans), j’adore hurler aussi mais depuis Meny Hellkin j’assume vraiment ma voix claire, j’aime jouer avec elle, chercher des mélodies qui sont agréables à chanter… Je tiens à préciser que c’est bien Geo qui compose la musique dans Twin Pricks. Mon rôle est de lui apporter des idées de structure et d’arrangements (quand j’en ai), écrire les textes et les mélodies vocales. Sinon, tout le mérite lui revient. J’ai un projet solo dans lequel j’écris mes propres chansons. Ca s’appelle Trippy Eden. Un petit truc sans prétention, encore une fois. Si tu regardes la plupart des hardcoreux qui ont commencé à notre âge, aujourd’hui ils font tous des trucs plus épurés, plus calmes, plus minimalistes (ce n’est pas une généralité, je constate juste qu’il y en a beaucoup). C’est ce qu’on appelle la maturité. C’est une belle connerie, mieux vaut ne pas y penser et faire ce que tu aimes. Puis, comme je t’ai dit plus haut, à 35 ans je remonte un groupe pur violent histoire de se remettre dans le bain.
Florian Schall c’est aussi Buddy Satan, des fois je me demande si tu n’es pas un peu complètement schizophrène. L’impression de te voir un peu partout (blog de chroniques, distribution, programmation de concerts a l’Emile vache, promotion, quantités de projets). Explique moi un peu comment tu gères tout ça de front ? Tu es comme un chat, tu as plusieurs vies ?
Buddy Satan c’est une partie de moi. C’est mon avatar, la personne qui me représente sur Internet, sur les forums et sur mon blog. C’est un personnage que j’ai créé quand j’habitais encore chez mes parents, dans ma chambre. Buddy pour le côté copain et Satan pour le côté connard. A travers ses doigts, je peux me permettre de raconter des conneries plus grosses que moi, donner des avis pas forcément mesurés, faire chier le monde juste parce que ça me fait rigoler. Je sais pas si c’est de la schizophrénie. La semaine dernière, un mec réagissait encore à l’édito de mon blog en me disant qu’il était déçu, qu’il ne pensait pas que j’étais aussi blasé et cynique. Bien entendu, je peux l’être. Mais les gens qui me connaissent savent aussi que je suis naïf, joyeux et profondément optimiste. L’image que tu renvoies n’est pas forcément celle qui te définit véritablement. C’est vraiment juste une partie de toi. J’essaie d’être le moins manichéen possible, mais je ne peux empêcher les gens qui me lisent de me prendre pour la dernière des enflures ou le type le plus prétentieux du monde, étant donné que c’est l’image que je tiens à renvoyer par certains de mes écrits et réactions. Maintenant, étant donné que je fais aussi pas mal de promotion pour mon taf, la limite entre mon personnage et ce que je suis devient de plus en plus trouble (vu que je fais vachement moins le connard sur les forums par rapport à il y a quelques années).
On me voit partout parce que je squatte beaucoup l’ordi pour bosser et que je passe un temps certain sur la promotion de mes projets. Je publie des chroniques de disques tous les mois, faut que j’en fasse la promo. J’organise des concerts 4 fois par semaine, faut que j’en fasse la promo. Je joue dans un groupe, j’ai envie d’inviter les gens à les découvrir, faut donc que j’en fasse la promo. J’ai quantité de projets en cours, ça me bouffe un paquet de temps assez fou mais ça va, je crois que je m’en sors encore bien. En revanche, il est clair que ça me laisse beaucoup moins de temps pour m’occuper de ma vie privée, et ça me fait gravement chier. Je suis en train d’essayer de remédier à ça, passer plus de temps avec ma moitié et moins me laisser submerger par mon travail-passion. J’ai de la chance d’avoir rencontré une fille compréhensive et qui aime la musique autant que moi. Mais c’est clair que c’est pas évident tous les jours.
Concernant l’allusion au chat, je suis intimement persuadé d’avoir été félin dans une autre vie. Y’a des signes qui ne trompent pas (j’ai une tête de matou, je ronronne, j’aime bien passer mes journées à dormir).
Tu subsistes comment dans la vie pour pouvoir gérer tous ces projets ?
Je bosse donc en tant que programmateur à l’Emile Vache depuis décembre 2008. J’ai aussi un autre boulot en intérim (un jour par semaine) histoire de boucler mes fins de mois. Je suis archiviste sur le site d’Arcelor Mittal Gandrange, je prépare la fermeture définitive du site. C’est un boulot cool.
Je te lis depuis pas mal de temps sur Prententious Asshole, et j’en déduis une ligne directrice assez fun, avec pour caricaturer des gouts de black metalleux intello fan de pop sucré. Parle nous de tes gouts, mis à part Sade (tu as vu que chez nous aussi ça fait un tabac), The Gossip, Shining et The Austrasian Goat.
Mes goûts sont multiples. J’ai été sensibilisé très jeune à la musique dans sa diversité. Ca a commencé avec de la pop, du punk et de la new wave quand j’avais 4/5 ans, puis du métal vers l’âge de 10 ans. Un doigt de pied dans l’engrenage et c’est toute la jambe qui suit… J’ai découvert le hip hop à 12 ans, puis le néo métal et le hardcore à 15 ans. J’ai eu une petite période d’intégrisme musical à cette époque-là (tout ce qui ne sonnait pas comme Korn ou Sick Of It All, c’était de la grosse merde), puis je me suis rouvert à d’autres styles de musique vers mes 18 ans. Aujourd’hui, je ne me mets plus d’œillères en ce qui concerne la musique. Pour moi, c’est un langage. Afin de le comprendre, il faut pouvoir en saisir toutes les nuances. Bien entendu, il y a des styles que j’affectionne plus que d’autres, mais j’ai pas envie d’en bannir certains de ma construction culturelle sous prétexte qu’ils ne sont pas « musicalement corrects ». Pour moi, l’écoute du second Lindsay Lohan est tout aussi jouissive que celle du Nachthymnen d’Abigor ou des démos de No Escape. J’aime éprouver ce que je ressens avec chacun de ses disques. Et je pense pouvoir dire merci au punk-rock de m’avoir sensibilisé à cette culture de la diversité. C’est un sur-genre qui regroupe tellement de sous-genres différents… Le punk-rock m’a clairement amené à apprécier des styles tels que la teenpop ou le black métal, deux musiques stylistiquement à l’opposé l’une de l’autre mais très intéressantes à étudier d’un point de vue sociologique. Puis merde, je suis un gros métalleux mais j’ai un cœur, quand Michelle Branch me chante que je suis « partout où elle regarde », je fonds comme des poireaux dans une poêle (il est presque midi, j’ai la dalle). Puis je sais pas pour toi mais je peux pas écouter qu’un seul style de musique. C’est impossible. Même si je vais bloquer pendant une semaine sur un genre en particulier, je sais que la semaine suivante je suis parti pour un autre cycle. Et ça s’en va, ça revient. Comme dit l’autre con, c’est fait de tous petits riens (il a raison, n’empêche).
Au tour de Twin Pricks. vous êtes deux, comment tu envisages la tournée (parce que visiblement c’est ça qui va compter) ? J’avais entendu que tu voulais que ça fasse presque tournée de clochard généreux (j’extrapole), tu nous expliques ? D’ailleurs si t’as un appel à faire pour du booking, c’est le moment de prendre la parole.
On envisage la tournée comme des vacances. On bouge tous les deux, avec nos guitares, nos amplis et notre batterie. On souhaite jouer dans des lieux cools pour des gens cools. Pour ça qu’on a surtout sollicité des amis pour nous organiser des dates. Ca ne m’intéresse pas de démarcher des clubs, des bars ou des SMACS. Ca arrivera peut-être, qui sait. On ne veut pas aller dans cette voie-là, en tout cas. On ne demande pas d’argent pour jouer parce qu’on sait qu’on en aura, que ce sera probablement le minimum et que ça le fera, quoiqu’il arrive. Etant des deux côtés de la barrière (musicien et organisateur), ça me fait toujours délirer de voir les cachets que demandent certains groupes pour jouer. Même si on a 15 ans de musique derrière nous, on a surtout envie de privilégier les rapports humains et affectifs avant l’argent. C’est ce qu’on a toujours fait, c’est ce qu’on fera toujours. Je sais pas si c’est une attitude de clochard généreux. Je me souviens qu’à l’époque de DFAM, les autres groupes messins avec qui on jouait souvent se plaignaient de ne pas trouver assez de dates, de ne pas réussir à jouer aussi fréquemment que nous, et qu’ils se demandaient comme ça se faisait. Sûr que si tu demandes 1000 euros à une asso pour jouer, tu ne risques pas d’aller bien loin. Sinon, je ne vais pas faire d’appel booking pour la tournée de juillet (c’est pas encore bouclé mais c’est en bonne voie), en revanche si effectivement quelqu’un a envie de nous faire jouer, qu’il/elle nous contacte. On n’est vraiment pas chiant, on aime jouer, rigoler et discuter.
J’aurais bien aimé te faire cette interview sur Metz, face à face, parce que je suis sur qu’au fond et derrière Prententious Asshole se cache un type foncièrement tendre, vu les paroles de Twin Pricks, qui sentent la mise à nue, vu l’aventure humaine qu’il se passe autour de ce bouillon Metz/Kito Kat et autres. Je me trompe ?
Bah c’est ce que j’expliquais plus haut à propos du personnage de Buddy Satan. J’ai une part de connard qui sommeille en moi, comme chez n’importe qui. Je l’inhibe comme je peux, au travers de mes écrits. Ma copine trouve que je suis plutôt facile à vivre (je fais le ménage, la cuisine, je la soutiens dans ce qu’elle entreprend). Faudrait aussi demander aux gens qui m’entourent, ce qu’ils en pensent. Tu veux que je m’auto-analyse ?
Twin Pricks va durer ou pas du tout ? Tu sens que cette fois ci c’est la bonne ? Ou tu préfères les projets éphémères, qui sortent d’une idée précise, d’un moment, d’une magie ?
Je me suis jamais fixé de limites dans le temps. Les groupes dans lesquels j’ai joué ont tous arrêté parce que c’était le moment. J’aurais aimé que ça dure plus longtemps, mais il est des choses sur lesquels on n’a parfois aucune emprise. Concernant Twin Pricks, j’espère que ça durera le plus longtemps possible, en effet. On ne se met aucune forme de pression avec Geo. Par exemple, juste après l’enregistrement du
Tu es un peu le mouton noir dans ton groupe de pote hein ? Avec tes gouts d’ancien coreux barbu et sale, ton affection pour la musique de goule, on se moque un peu de toi ? Aucune envie de ressusciter tes anciens (actuels) amours le temps d’un projet ?
Bah, je bosse dans un café-concert, je vis de ce « travail », donc rien que pour ça je passe pour un sale vendu auprès de la plupart de mes copains punks (que je peux désormais compter sur les doigts d’un moignon). Alors se faire bâcher parce que je préfère écouter Vanessa Carlton plutôt que le énième groupe de crust de salon, j’ai l’habitude. Mais je crois que c’est comme ça un peu partout. Les préjugés à la con. Certains groupes de chanson m’ont déjà pris de haut parce que j’avais les cheveux sales et un t-shirt Archgoat, pensant que je n’étais rien d’autre qu’un métalleux débile. Le punk DIY me crache à la gueule parce que je gagne 750 euros par mois pour faire jouer des groupes et faire vivre un semblant d’alternative culturelle dans ma ville (comme chacun sait, mieux vaut bosser dans le public, c’est plus honorable que de vivre pauvrement de sa passion). Les professionnels de la musique me prennent pour un amateur et les amateurs pour un professionnel (je parle des plus mauvais côtés de ces deux statuts). On se moque de moi, mais honnêtement je n’en ai rien à foutre. Certes, ça me rend un peu triste quand les critiques ou les moqueries viennent de personnes que j’estime proches de moi, mais même ça j’ai appris à vivre avec (cette syntaxe est purement mosellane, ndlr). J’ai une folle envie de continuer à faire ce que je fais parce que j’aime ça et j’estime être plutôt bon là-dedans. Le reste, je m’en branle. J’ai des projets à moyens termes que je veux faire aboutir, ça fera toujours grincer des chicots mais c’est comme ça, dès que tu fais quelque chose tu te confrontes à la critique. C’est la même chose en musique. J’ai hâte de connaître l’avis des gens par rapport à Twin Pricks, les bons comme les mauvais, les louanges comme les saloperies. J’ai envie d’aller de l’avant. Regarder en arrière, c’est cool, la nostalgie ça rassure mais ça ne fait pas avancer. Je ne ressusciterai pas mes anciens groupes (sauf si c’est pour une excellente raison, comme avec DFAM pour Spiruline). J’en monterai d’autres. Dans 5 ans…
Qu’est ce qu’il va se passer pour toi lorsque la tournée sera terminée, le disque distribué ? Déjà quelques idées futures ?
Pour Twin Pricks, les projets sont multiples après la tournée. On va enregistrer quelques vidéos pour illustrer le
En ce qui concerne ma vie personnelle, beh je compte partir à Tokyo en août avec ma moitié. C’est un rêve de gosse que je peux enfin réaliser. Je vais en prendre plein la gueule, j’ai hâte. Au niveau du travail, au moment où je te réponds, je suis dans le flou le plus total. Je ne sais pas si l’Emile Vache va tenir longtemps à ce rythme, si je serai encore partie prenante du lieu à la rentrée ou non. J’aimerais beaucoup que ce soit le cas mais je pense que mon départ est inéluctable. J’ai envie de retrouver une vie un peu plus normale. J’espère néanmoins que je continuerai à évoluer dans ce milieu. Je compte aussi tuer mon blog pour ouvrir un site un peu plus conséquent à partir de septembre.
La question qui sert à rien, mais tu penses quoi de Prodigy (le Prodigy de Liam Howlett, pas le MC De Mobb Deep, vu que Samuel de Chez Kito Kat hésitait) vu qu’ici on fait une fixette ?
J’aimais beaucoup Music For The Jilted Generation, je l’ai vraiment sucé lors de mes séjours successifs en Angleterre à l’époque où celui-ci est sorti. Puis les clips de Voodoo People et No Good m’ont marqué. J’aimais bien Experience aussi, plus roots et juvénile. J’écoutais pas mal Carl Cox et Josh Wink aussi, j’étais pas un dingue de techno mais j’aimais ces sonorités répétitives et entêtantes, ces invitations à la transe (j’aimais pas danser, j’aimais bien rester assis et écouter). 1994, bon vieux temps (pour la noise et le crossover en France aussi). Avec The Fat Of The Land, j’ai décroché. C’est un super disque mais il manque un truc. J’ai beaucoup besoin du facteur affectif pour apprécier un groupe à un moment donné. Ouep, tout est une question de moment et d’affection.
En te remerciant je te laisse le mot de la fin. Et je te dis à bientôt de toute façon, j’espère pour vous faire tourner dans ce beau pays plat où je loge.
C’est moi qui te remercie. J’espère n’avoir pas dit trop de bêtises. Si vous voulez des infos sur Twin Pricks, l’Emile Vache, Records Reviewers Are Pretentious Asshole, la scène musicale messine en général ou mes anciens projets, n’hésitez pas : the_dead_kid@hotmail.com
J’ai pas vraiment de mot de la fin, je pense plus ou moins avoir tout dit dans cette interview. Au risque de paraître redondant, je vous encourage à écouter Confessions Of A Broken Heart de Lindsay Lohan, c’est un disque qui changera votre perception de la teenpop. Je devrais finir avec une citation mais je suis trop inculte pour en sortir une potable.