mercredi 27 juin 2012
THE ROOTS- Zenith
L'équivalent contemporain de feu Lol et le groupe, sans DJ Abdel, a quitté quelques semaines Jimmy Fallon pour une tournée, histoire de défendre un peu le petit dernier Undun. On avait quitté les Roots plutôt déçus du dernier passage en ville, concert hommage avec les Last Poets il y a presque 2 ans, composé de longs jams nébuleux un poil chiant. Même si Undun nous a moins convaincu que How I got Over, on prend quand même la peine de payer son billet pour aller voir sur scène, dans leur propre configuration l'orchestre TV le plus classe du moment. Concert réconfortant donc, qui suit un show plutôt drôle et sympathique d'un ancien Saïan Supa Crew qui a permis de constater que lorsque le Zenith dégaine les caissons de basses ce n'est pas qu'à moitié qu'ils dégomment quelques cages thoraciques. Impressionnant. Derrière les Roots joueront moins lourd mais avec une maîtrise du show très américaine, qui rappelle un peu les prestations type NIN que l'on avait également évoqué. Sauf qu'avec une dose de déconnade, de chorégraphie stupide et de groove surpuissant dans tous les sens, le constat final est sans comparaison. Malgré quelques longueurs, quelques solos qui auraient mérité d'être amputé, le Show du Fallon Orchestra associe joyeusement bordel organisé et spectacle rigoureux. De plus, on sait Questlove et son posse loyal, on apprécie donc logiquement l'ouverture du concert sur une reprise de "Paul Revere" sur l'instru de "She's Crafty"- ça ne sera d'ailleurs pas la seule dans ce foutoir totale, puisqu'on aura aussi droit à un "Love to Love You baby", un "Sweet Child O'Mine", "Jungle Boogie", et "Apache", entre autres.
mercredi 6 juin 2012
UNSANE & BIG BIZ- Glazart
Autant je crois être arrivé à saturation avec les Melvins, autant je ne suis pas sur un jour qu'il soit possible que je me lasse d'Unsane sur scène. Et pratiquement un an tout pile après leur dernier passage, j'y retourne avec grande joie pour prendre à peu de chose près le même type de correction. Mais avant ça la surprise: Big Business. Je n'ai jamais été hyper convaincu par le duo à géométrie variable (gné ?), mais ce soir, étonnament, je vais les trouver particulièrement efficace, voir même excellents. Accompagnés d'un guitariste que je n'identifie pas, le duo basse/batterie est arrivé à un niveau absolument fascinant sur scène. Jared Warren est un bassiste qui joue avec une souplesse et une dextérité remarquable. Alors qu'il pourrait se contenter d'envoyer du riff épais sans se poser de questions, on observe que le type est quand même suffisamment abîmé du timbre pour se faire chier, malgré le volume excessif de son instrument et l'urgence du jeu implicite pour exécuter au mieux cette noise dansante, à incorporer tout un tas de subtilités dans ses lignes, type vibrato, glissements et autres. Mais surtout, c'est Coady Willis qui attire l'attention. Libéré des Melvins, son jeu dans Big Business est moins remarquable dans sa composition mais reste totalement improbable dans son exécution. Si les parties de batterie ne sont pas aussi folles que celles enfantées dans l'hémisphère de Crover, le marathon auquel se prête Willis est à la limite de l'écoeurement. A la fin de son set, on admire que le type ne se soit pas encore liquéfié grâce au mélange chaleur/gestuelle excessive, mais on reste admiratifs quand le type enchaîne avec le concert d'Unsane, remplaçant Mr Signorelli. Si Coady est un batteur très porté sur le roulement hystérique, il est tout même moins à l'aise avec le jeu plein de feeling du tatoueur New Yorkais (ou hôtelier Mexicain, au choix) bien qu'il soit très probablement meilleur batteur d'un point de vue purement technique. Particulièrement concentré et appliqué, il ne délivre pas le grain, le climat tribal des plans originaux. Ceci dit, il excelle dans son rôle de dépanneur, et fait probablement office du meilleur batteur capable de remplacer Signorelli. Autour, les deux autres gars, Spencer et Curran, jouent un set puissant et teigneux, mené donc sans sourciller par la machine increvable qu'est Willis. Basse qui ramone, voix qui s'égosille, guitare aux cordes déchirantes, 3 seaux de bave et 4 de sueur. Simplement, Unsane a été grand. Une fois de plus.
Ps: Un bonus 5.1 Thx sur l'extension vidéo que voici.
Ps: Un bonus 5.1 Thx sur l'extension vidéo que voici.
lundi 4 juin 2012
SHIT & SHINE, les Instants Chavirés.
Le Grand Larance Prix, Les Instants Chavirés... ça aurait pu être le nom d'un nouvel album. Mais non. Juste un lieu logique pour accueillir une formation hors norme. On se demande un moment si le Wire ne porte pas la poisse: après le faible attrait qu'a suscité la venue de Sensational qui avait fait l'objet d'une couverture du mythique magazine, c'est Shit and Shine, disque du mois de février dans la revue, qui peine à remplir la salle de Montreuil. Merde, tous les joyeux lurons qui ont dépensé presque 30€ pour les Melvins 4 jours plus tôt n'ont pas trouvé 10€ pour voir $&$ ? Il faut dire aussi que le public est beaucoup moins composé de t-shirts noirs qu'à la Grande Halle. Ceux qui nous suivent savent qu'on parle régulièrement du groupe fou de Craig Clouse, mais encore aucun report. Première fois donc qu'on peut voir le groupe sur scène et même si on a eu un peu peur d'assister à un set foutage de gueule, $&$ a été égal à lui-même, ou du moins logique quant on connait ses disques. Une heure de transe rythmique et de bruits générés uniquement via des machines (ils sont 3 préposés au poste), des effets et des batteries. Clouse se masque façon JokerS au début du second batou de Nolan, et s'essai à la batterie- de ce que j'avais vu jusque là de Shit and shine sur scène, il était plus souvent au clavier ou à la guitare- tout en triturant deux samplers desquels s'échappent les boucles servant de base aux déambulations sonores du quintet. En face de lui, un évadé de Todd frappe une batterie minimal mais relié aux effets assourdissant du lapin (cf. photo), également échappé de Todd. Le lapin, dont on ignore le nom, joue au King Tubby diabolique, et lorsqu'il ne tourne pas les potars de ses outils dans tous les sens, ne crie pas dans un micro, prend le temps de faire une sorte de danse, entre course sur place et twist en asile psychiatrique (pour vous faire une idée, regardez donc le petit bonus ici). Pas de guitares donc, et seulement 2 batteurs, mais plus d'un morceau (6, je crois), ce qui n'exclut pas le groupe de dessiner longuement, progressivement, cette ballade psychédélique hystérique où la distortion se mélange à l'absurdité la plus totale. On admire définitivement ce groupe.
VILLETTE SONIQUE 2012: GODFLESH, DOOM, MELVINS, SLEEP, SHABAZZ PALACES, MUDHONEY...
Ah putain ! Tu t'en fous probablement, toi lecteur, mais le billet initialement prévu pour ce blog vient tout simplement de disparaitre dans les abysses du web. J'aurais pu laisser tomber, mais vu que je me suis quand même fait chier à tenter de prendre des photos minables desdits concerts, je refais ça avec beaucoup moins de mots, et beaucoup plus de bave aux lèvres.
On a déjà dit tout le bien qu'on pense de la Villette Sonique, le seul festival qui nous fait nous sentir moins minable à chaque annonce d'une nouvelle édition de l'ATP en Angleterre. 2012 est un grand cru, peut-être le plus excitant depuis 2008 qui n'affichait que des légendes (TG, Devo, Shellac...). Par contre on s'amusera de voir les gens se dirent de plus en plus ouvert à tous les genres musicaux, mais encore frileux lorsqu'il est temps de débourser des euros pour aller à des concerts d'autres choses. En gros, les metalleux n'étaient pas trop nombreux à la première soirée, et inversement (à la différence que MF DOOM et Shabazz reviennent souvent quand on parle hip hop avec les fanatiques de la 6 cordes distordues, alors que Godflesh ou Melvins ne représentent probablement toujours aucun intérêt pour le public hip hop). Bref, premier soir, premier concert, et première taloche: Shabazz fait honneur à son excellent premier album publié par Sub Pop. Hip hop électronique inventif, qui joue un peu plus sur l'aspect rythmique et (pourquoi pas) tribal qu' Antipop Consortium à qui nous les avions comparé (facilement).
Doom derrière offre le show minimal par excellence : pas de DJ, juste un mec qui fait 4 fois son volume en guise d'accompagnement, et une vidéo montée en 10 minutes backstage avec la caméra intégré du macbook de Daniel Dumile pour habiller le tout. Mais Doom a le sens du show et crée l'hystérie totale dans la salle, qui fait alors bien plus songer à un concert de punk qu'autre chose: pogo ado et émeute pour s'approcher au plus près du légendaire Metal Face qui occupe avec aisance l'énorme salle de la grande halle. Massivement basé sur Madvillain (déjà 8 ans !!), Doom passe aussi par un peu de King Geedorah, Doomsday ou Mm Food, avant de sortir de manière surprenante un bout de Danger Doom (qu'il avait totalement évité lors de son premier passage dans la capitale). Très grand show. Derrière, Fly Lo déchaîne totalement les derniers guerriers encore debout, en organisant un set autour de ses propres morceaux et d'autres choses finement sélectionnées (Erykah Badu, Beastie Boys, Radiohead, Mr Oizo...). Première soirée, et le niveau est déjà très élevé.
Même lieu du crime le lendemain pour la seconde soirée. Iceage est composé de mineurs Danois, mais envoi un punk plutôt bien branlé. A vrai dire, si je m'enquillais encore tout ce qui sort en punk/hardcore je n'aurais probablement trouvé aucun intérêt à ces jeunes gens, mais dans ce cadre, je trouve que ça marche pas mal du tout. Le batteur a ce petit truc fascinant des increvables, alors que le chanteur au charisme digne d'un poulpe apporte quelque chose de Black Flag dans sa voix-bien que la programmation les vend plutôt comme des rejetons de Joy Division.
Suit Psychic Paramount, ou "Tool pour les nuls". Sauf que ça n'a strictement rien à voir, puisque PP joue plutôt une sorte de post rock progressif qui n'aurait pas pris le temps de composer les parties calmes et qui se serait concentré sur les parties de bruits. Couches sus couches sur couches. Mais étonnament, il y a un petit quelque chose qui me rappelle le groupe de Maynard. Beau travail de la basse, encore une fois, ça fonctionne bien.
Je l'avais déjà senti la dernière fois, mais là c'est sur: j'ai trop vu les Melvins. Déjà le coup d'avant je m'étais un peu emmerdé. Là c'est mieux, notamment parce que les mecs ont un répertoire colossal et qu'ils peuvent sortir une surprise à tout moment. Ce coup là c'est l'excellente reprise des Wipers Youth Of America, 10 minutes d'un punk metal parfait qui fait office de synthèse impeccable pour les Melvins-dispo, entre autre, sur un 12" dont on avait causé. Une coupure de courant ensuite les oblige à meubler (avec des versions a cappella de "happy birthday" et de l'hymne américain) avant de finir dans les règles de l'art. En somme, bon concert... mais assez anecdotique.
Sleep est surtout connu pour être le groupe légendaire à avoir en premier poussé l'expérience doom à son paroxysme en enregistrant un album composé d'un seul et unique morceau, dopesmoker/jerusalem. Si poussé d'ailleurs que le label refusa de publier cette chose, par manque de couilles, faisant du trio une sorte de martyr sacrifié par le label peureux qui entraina sa chute. Depuis les mecs ont formé d'autres groupes (Om pour la section rythmique -Cisneros et Hakius, High On Fire pour le guitariste Matt Pike). Il y a quelques années, le trio se reformait pour quelques concerts. Depuis, Hakius a disparu (en quittant Om et Sleep), remplacé ici par le frappeur de Neurosis. Pour ceux qui se demandaient où était passé le batteur, la réponse nous saute aux yeux: Cisneros a du le bouffer- et personne ne lui fera remarquer ce soir, le mec est de mauvaise humeur puisque ces deux premières phrases sont pour prévenir qu'en cas d'excès de stage diving ils arrêteront le concert, pour ensuite s'embrouiller avec un tocard au premier rang. Sleep entame son set sur son mythique Dopesmoker, logiquement, amputé de plusieurs minutes (ramené à une grosse demi heure) avant d'aller piocher dans d'autres morceaux -Dragonaut, Holy mountain... Le public est totalement conquis par la prestation du trio, et je suis notamment surpris du nombre incroyable de damoiselles présentes et fascinées par la musique du trio. Au milieu de ce déluge de riffs on (je) se fait un peu chier par ce concert qui tire en longueur.
Le parc et ses concerts gratuits était devenu une petite habitude. Grace à une circulation parfaite vers Paris, impossible d'arriver en temps et en heure pour voir B L A C K I E (oui, oui, ça c'écrit comme ça) et DJ Rashad & DJ Spinn (représentants du footwork, vraiment dommage), on se contente donc de voir Mudhoney (Mudhoney, gratuit à Paris en 2012...fou). Je ne connais que sommairement Mudhoney, en fait, je ne possède qu'une paire de disques, notamment la compilation qui contient leur excellentissime reprise The Money Will Roll Right In, de Fang, avec une ligne de basse parfaitement crade. Bon, inutile de préciser qu'ils ne la joueront pas. Du coup, Mudhoney est beaucoup plus sage que ce que j'apprécie normalement chez eux (ça ne veut strictement rien dire). Sympathique concert, le cul posé dans l'herbe.
On passe rapidement voir I:Cube dont c'est visiblement le premier live, bien que je croise le nom de ce type depuis plus de 10 piges dans les canards électroniques. Il va falloir que je mette la main sur son dernier LP qui ne reçoit que de bons papiers, ce qu'il balance sur la petite scène de la Villette me plaît beaucoup, même si l'ambiance club parisien sous le cagnard me plait moins, surtout quand il y a environ 40 personnes empilées au mètre carré.
On repasse rapidement vers la grande scène pour voir ce que rend Elektro Guzzi le groupe que le programme du festival vend comme une formation rock jouant de la techno qui a "tout démoli sur leur passage au Sonar". Bon bah là ils devaient être crevé les mecs...
Direction le cabaret Sauvage pour la dernière soirée en ce qui nous concerne. Oui, Broadrick ne vend pas encore assez de tickets, et c'est donc dans ce petit...cirque qu'est déplacée la soirée, initialement prévue également à la Grande Halle. L'ambiance est tout de suite différente, moins surprenante et singulière que dans la grande salle, s'inscrivant plus dans une logique de festival où on pourrait -presque- rentrer et ressortir comme si de rien n'était, sauf qu'il faut bien payer les quelques euros quémander par l'orga.
Liturgy passe de 4 à 2 membres et joue un black metal coupé aux chants bavarois sur une bouillie de boite à rythme et ponctué par des cri de goules. Ca donne pas envie ? En tout cas ça fait chier un bon paquet de gens.
Je ne pensais pas que Soft Moon ferait autant parler d'eux. Les avis post-concerts sont très partagées. D'un côté pas mal y verront une très bonne prestation, parfois même la meilleure du festival, tandis que d'autres soulignent l'impression d'un groupe qui ne cesse d'interrompre ses compositions, ou encore celle de n'entendre que des introductions. Le plus surprenant c'est surtout d'entendre une groupe joué du Cure comme on joue du post-rock: avec une idée et une boucle qui gonfle (au sens premier). Pas mauvais, pas inoubliable.
Bon, ceux qui nous lisent régulièrement l'ont probablement compris, Godflesh fait partie des groupes qu'on désignera raisonnablement ici comme important, qu'on a écouté et saigné jusqu'à faire des copeaux sur les vinyles, créer des sillons sur les CDs, fatigué tout notre entourage. Et oui, c'est bien pour Green et Broadrick qu'on est venu voir ce soir. Après la reformation au hellfest qui m'aurait fait débourser le billet uniquement pour eux, patience fut finalement payante. Et si tu connais un peu Broadrick, tu sais qu'il va y avoir une couille technique, c'est un peu sa marque de fabrique. Tout ça cumulé, on se dit que le concert a autant de chances d'être superbe que minable, mais je ne pouvais pas prendre le risque de rater ça... on sait jamais, je fais partie des gens qui n'ont pas vu Godflesh dans les années 90 alors je profite de les voir enfin- et accessoirement de me laver du souvenir d'un concert douteux à la loco de Jesu où Dälek s'était imposé avec classe comme le groupe de la soirée.
30 minutes pour trouver une alim et brancher son multi effet. Rien de moins. Presque 30 piges de carrières et on en est encore là. Pendant ce long laps de temps, les BaR sont testées pour le soundcheck et première surprise: le son n'est pas massif, il est bien au delà de cette notion. J'ai littéralement le short qui vibre aux coups de boutoir du kick digitale. Une fois le tout arranger, Green, porté disparu pendant 10 piges regarde Broadrick et c'est Like Rats qui ouvre (logiquement) le set. Pas de doutes possible à la fin de la première mesure : Godflesh décalque la trogne à tout le monde, décapite les 5 premiers rangs, provoque 6 descentes d'organes et 3 vomissements. Le set est d'une brutalité magnifique. Green confirme ce qu'on a souvent pensé en écoutant attentivement la disco du duo: il n'est pas juste le bassiste, il est celui qui conduit la musique de Godflesh, quand Broadrick dessine des riffs abstraits, laisse ses 6 cordes vivre et mourir. C'est la basse qui donne à Godflesh ce son imposant, colossale et à la finesse totalement exclue. On comprend mieux pourquoi Flesh a sabordé le projet après que Green se soit barré il y a 10 ans. Le duo fonctionne parfaitement, et ils occupent l'espace avec la puissance de leur son et une présence scénique insoupçonnable: on m'a souvent dit que Broadrick n'était pas bon sur scène, me parlant d'un Techno Animal anecdotique ou d'un Godflesh ratant régulièrement ses shows. Ce soir justice est faite: le concert est magistrale. Un regret tout de même : avec une setlist massivement orientée sur la première partie de la disco (Streetcleaner, Avalanche Master song-de l'éponyme de 88, Mothra-Pure, Crush My Soul -Selfless...) "US & THEM" est totalement écarté, me confortant dans l'idée que cet album est aujourd'hui quelque peu sous-estimé, alors qu'il est totalement logique que "Songs..." et "Hymns" soient mis de côté. On espère que le groupe reviendra défendre ses morceaux lorsque celui-ci aura sorti son nouvel album, confirmé par Broadrick il y a quelques semaines. Godflesh est bien en vie et se porte bien. Très bien. Seconde et ultime tarte de cette édition 2012, une heure et quelques minutes d'un concert simplement parfait et impressionnant, concluant (pour moi) un festival impeccable. Le niveau est très haut pour l'an prochain.
On a déjà dit tout le bien qu'on pense de la Villette Sonique, le seul festival qui nous fait nous sentir moins minable à chaque annonce d'une nouvelle édition de l'ATP en Angleterre. 2012 est un grand cru, peut-être le plus excitant depuis 2008 qui n'affichait que des légendes (TG, Devo, Shellac...). Par contre on s'amusera de voir les gens se dirent de plus en plus ouvert à tous les genres musicaux, mais encore frileux lorsqu'il est temps de débourser des euros pour aller à des concerts d'autres choses. En gros, les metalleux n'étaient pas trop nombreux à la première soirée, et inversement (à la différence que MF DOOM et Shabazz reviennent souvent quand on parle hip hop avec les fanatiques de la 6 cordes distordues, alors que Godflesh ou Melvins ne représentent probablement toujours aucun intérêt pour le public hip hop). Bref, premier soir, premier concert, et première taloche: Shabazz fait honneur à son excellent premier album publié par Sub Pop. Hip hop électronique inventif, qui joue un peu plus sur l'aspect rythmique et (pourquoi pas) tribal qu' Antipop Consortium à qui nous les avions comparé (facilement).
Doom derrière offre le show minimal par excellence : pas de DJ, juste un mec qui fait 4 fois son volume en guise d'accompagnement, et une vidéo montée en 10 minutes backstage avec la caméra intégré du macbook de Daniel Dumile pour habiller le tout. Mais Doom a le sens du show et crée l'hystérie totale dans la salle, qui fait alors bien plus songer à un concert de punk qu'autre chose: pogo ado et émeute pour s'approcher au plus près du légendaire Metal Face qui occupe avec aisance l'énorme salle de la grande halle. Massivement basé sur Madvillain (déjà 8 ans !!), Doom passe aussi par un peu de King Geedorah, Doomsday ou Mm Food, avant de sortir de manière surprenante un bout de Danger Doom (qu'il avait totalement évité lors de son premier passage dans la capitale). Très grand show. Derrière, Fly Lo déchaîne totalement les derniers guerriers encore debout, en organisant un set autour de ses propres morceaux et d'autres choses finement sélectionnées (Erykah Badu, Beastie Boys, Radiohead, Mr Oizo...). Première soirée, et le niveau est déjà très élevé.
Même lieu du crime le lendemain pour la seconde soirée. Iceage est composé de mineurs Danois, mais envoi un punk plutôt bien branlé. A vrai dire, si je m'enquillais encore tout ce qui sort en punk/hardcore je n'aurais probablement trouvé aucun intérêt à ces jeunes gens, mais dans ce cadre, je trouve que ça marche pas mal du tout. Le batteur a ce petit truc fascinant des increvables, alors que le chanteur au charisme digne d'un poulpe apporte quelque chose de Black Flag dans sa voix-bien que la programmation les vend plutôt comme des rejetons de Joy Division.
Suit Psychic Paramount, ou "Tool pour les nuls". Sauf que ça n'a strictement rien à voir, puisque PP joue plutôt une sorte de post rock progressif qui n'aurait pas pris le temps de composer les parties calmes et qui se serait concentré sur les parties de bruits. Couches sus couches sur couches. Mais étonnament, il y a un petit quelque chose qui me rappelle le groupe de Maynard. Beau travail de la basse, encore une fois, ça fonctionne bien.
Je l'avais déjà senti la dernière fois, mais là c'est sur: j'ai trop vu les Melvins. Déjà le coup d'avant je m'étais un peu emmerdé. Là c'est mieux, notamment parce que les mecs ont un répertoire colossal et qu'ils peuvent sortir une surprise à tout moment. Ce coup là c'est l'excellente reprise des Wipers Youth Of America, 10 minutes d'un punk metal parfait qui fait office de synthèse impeccable pour les Melvins-dispo, entre autre, sur un 12" dont on avait causé. Une coupure de courant ensuite les oblige à meubler (avec des versions a cappella de "happy birthday" et de l'hymne américain) avant de finir dans les règles de l'art. En somme, bon concert... mais assez anecdotique.
Sleep est surtout connu pour être le groupe légendaire à avoir en premier poussé l'expérience doom à son paroxysme en enregistrant un album composé d'un seul et unique morceau, dopesmoker/jerusalem. Si poussé d'ailleurs que le label refusa de publier cette chose, par manque de couilles, faisant du trio une sorte de martyr sacrifié par le label peureux qui entraina sa chute. Depuis les mecs ont formé d'autres groupes (Om pour la section rythmique -Cisneros et Hakius, High On Fire pour le guitariste Matt Pike). Il y a quelques années, le trio se reformait pour quelques concerts. Depuis, Hakius a disparu (en quittant Om et Sleep), remplacé ici par le frappeur de Neurosis. Pour ceux qui se demandaient où était passé le batteur, la réponse nous saute aux yeux: Cisneros a du le bouffer- et personne ne lui fera remarquer ce soir, le mec est de mauvaise humeur puisque ces deux premières phrases sont pour prévenir qu'en cas d'excès de stage diving ils arrêteront le concert, pour ensuite s'embrouiller avec un tocard au premier rang. Sleep entame son set sur son mythique Dopesmoker, logiquement, amputé de plusieurs minutes (ramené à une grosse demi heure) avant d'aller piocher dans d'autres morceaux -Dragonaut, Holy mountain... Le public est totalement conquis par la prestation du trio, et je suis notamment surpris du nombre incroyable de damoiselles présentes et fascinées par la musique du trio. Au milieu de ce déluge de riffs on (je) se fait un peu chier par ce concert qui tire en longueur.
Le parc et ses concerts gratuits était devenu une petite habitude. Grace à une circulation parfaite vers Paris, impossible d'arriver en temps et en heure pour voir B L A C K I E (oui, oui, ça c'écrit comme ça) et DJ Rashad & DJ Spinn (représentants du footwork, vraiment dommage), on se contente donc de voir Mudhoney (Mudhoney, gratuit à Paris en 2012...fou). Je ne connais que sommairement Mudhoney, en fait, je ne possède qu'une paire de disques, notamment la compilation qui contient leur excellentissime reprise The Money Will Roll Right In, de Fang, avec une ligne de basse parfaitement crade. Bon, inutile de préciser qu'ils ne la joueront pas. Du coup, Mudhoney est beaucoup plus sage que ce que j'apprécie normalement chez eux (ça ne veut strictement rien dire). Sympathique concert, le cul posé dans l'herbe.
On passe rapidement voir I:Cube dont c'est visiblement le premier live, bien que je croise le nom de ce type depuis plus de 10 piges dans les canards électroniques. Il va falloir que je mette la main sur son dernier LP qui ne reçoit que de bons papiers, ce qu'il balance sur la petite scène de la Villette me plaît beaucoup, même si l'ambiance club parisien sous le cagnard me plait moins, surtout quand il y a environ 40 personnes empilées au mètre carré.
On repasse rapidement vers la grande scène pour voir ce que rend Elektro Guzzi le groupe que le programme du festival vend comme une formation rock jouant de la techno qui a "tout démoli sur leur passage au Sonar". Bon bah là ils devaient être crevé les mecs...
Direction le cabaret Sauvage pour la dernière soirée en ce qui nous concerne. Oui, Broadrick ne vend pas encore assez de tickets, et c'est donc dans ce petit...cirque qu'est déplacée la soirée, initialement prévue également à la Grande Halle. L'ambiance est tout de suite différente, moins surprenante et singulière que dans la grande salle, s'inscrivant plus dans une logique de festival où on pourrait -presque- rentrer et ressortir comme si de rien n'était, sauf qu'il faut bien payer les quelques euros quémander par l'orga.
Liturgy passe de 4 à 2 membres et joue un black metal coupé aux chants bavarois sur une bouillie de boite à rythme et ponctué par des cri de goules. Ca donne pas envie ? En tout cas ça fait chier un bon paquet de gens.
Je ne pensais pas que Soft Moon ferait autant parler d'eux. Les avis post-concerts sont très partagées. D'un côté pas mal y verront une très bonne prestation, parfois même la meilleure du festival, tandis que d'autres soulignent l'impression d'un groupe qui ne cesse d'interrompre ses compositions, ou encore celle de n'entendre que des introductions. Le plus surprenant c'est surtout d'entendre une groupe joué du Cure comme on joue du post-rock: avec une idée et une boucle qui gonfle (au sens premier). Pas mauvais, pas inoubliable.
Bon, ceux qui nous lisent régulièrement l'ont probablement compris, Godflesh fait partie des groupes qu'on désignera raisonnablement ici comme important, qu'on a écouté et saigné jusqu'à faire des copeaux sur les vinyles, créer des sillons sur les CDs, fatigué tout notre entourage. Et oui, c'est bien pour Green et Broadrick qu'on est venu voir ce soir. Après la reformation au hellfest qui m'aurait fait débourser le billet uniquement pour eux, patience fut finalement payante. Et si tu connais un peu Broadrick, tu sais qu'il va y avoir une couille technique, c'est un peu sa marque de fabrique. Tout ça cumulé, on se dit que le concert a autant de chances d'être superbe que minable, mais je ne pouvais pas prendre le risque de rater ça... on sait jamais, je fais partie des gens qui n'ont pas vu Godflesh dans les années 90 alors je profite de les voir enfin- et accessoirement de me laver du souvenir d'un concert douteux à la loco de Jesu où Dälek s'était imposé avec classe comme le groupe de la soirée.
30 minutes pour trouver une alim et brancher son multi effet. Rien de moins. Presque 30 piges de carrières et on en est encore là. Pendant ce long laps de temps, les BaR sont testées pour le soundcheck et première surprise: le son n'est pas massif, il est bien au delà de cette notion. J'ai littéralement le short qui vibre aux coups de boutoir du kick digitale. Une fois le tout arranger, Green, porté disparu pendant 10 piges regarde Broadrick et c'est Like Rats qui ouvre (logiquement) le set. Pas de doutes possible à la fin de la première mesure : Godflesh décalque la trogne à tout le monde, décapite les 5 premiers rangs, provoque 6 descentes d'organes et 3 vomissements. Le set est d'une brutalité magnifique. Green confirme ce qu'on a souvent pensé en écoutant attentivement la disco du duo: il n'est pas juste le bassiste, il est celui qui conduit la musique de Godflesh, quand Broadrick dessine des riffs abstraits, laisse ses 6 cordes vivre et mourir. C'est la basse qui donne à Godflesh ce son imposant, colossale et à la finesse totalement exclue. On comprend mieux pourquoi Flesh a sabordé le projet après que Green se soit barré il y a 10 ans. Le duo fonctionne parfaitement, et ils occupent l'espace avec la puissance de leur son et une présence scénique insoupçonnable: on m'a souvent dit que Broadrick n'était pas bon sur scène, me parlant d'un Techno Animal anecdotique ou d'un Godflesh ratant régulièrement ses shows. Ce soir justice est faite: le concert est magistrale. Un regret tout de même : avec une setlist massivement orientée sur la première partie de la disco (Streetcleaner, Avalanche Master song-de l'éponyme de 88, Mothra-Pure, Crush My Soul -Selfless...) "US & THEM" est totalement écarté, me confortant dans l'idée que cet album est aujourd'hui quelque peu sous-estimé, alors qu'il est totalement logique que "Songs..." et "Hymns" soient mis de côté. On espère que le groupe reviendra défendre ses morceaux lorsque celui-ci aura sorti son nouvel album, confirmé par Broadrick il y a quelques semaines. Godflesh est bien en vie et se porte bien. Très bien. Seconde et ultime tarte de cette édition 2012, une heure et quelques minutes d'un concert simplement parfait et impressionnant, concluant (pour moi) un festival impeccable. Le niveau est très haut pour l'an prochain.
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