mercredi 22 mai 2013

Mama d'Andres Muschietti

C'est peu dire que l'univers du producteur Guillermo del Toro tourne en rond. De l'ennuyeux Orphelinat aux Yeux de Julia, en passant par l'inoriginal Don't Be Afraid of The Dark et donc, Mama, le réalisateur Mexicain s'arc-boute à indéfiniment produire des films qui se ressemblent, qui ont pour fond les mêmes rengaines, pour forme la même plasticité, pour prétexte les mêmes démons. Je ne saurai trop dire que je me suis patiemment ennuyé devant Mama. Le film est en réalité le prolongement, ou plutôt l'extension, d'un court-métrage de ce même Andres Muschietti. On sait ce que donne généralement ce genre d'entreprise au cinéma. Ceux qui ont vu le Cashback de Sean Ellis ne savent que trop bien qu'il s'agit d'un exercice difficile qui revient souvent à diluer un propos, à noyer l'originalité de départ dans les codes narratifs qu'imposent le format du long métrage. C'est du même coup un exercice scénaristique plus que compliqué et souvent un échec. 

Mama subit de plein fouet les affres de cet allongement. Mais outre son manque de consistance, ce qui commence à être véritablement emmerdant, c'est que cette putain d'histoire de fantôme vengeur à la mord moi le noeud, on l'a déjà vu mille fois. Dans les films de Del Toro bien sûr, dans l'Echine du Diable par exemple. Mais dans un milliard d'autres films qui, s'ils n'ont pas tout à fait la même trame, ont exactement la même résonance, la même aura, le même manque d'audace. Si bien que l'on est là, encore une fois, face à une énième répétition des schémas horrifiques les plus éculés, face à la même proposition métaphorique un peu nul (la vengeance d'une folle n'est en réalité qu'une très lourde tristesse due à la privation de son enfant), face à la même symbolique bêtasse (Jessica Chastain, bien qu'elle soit une rockeuse (de pacotille) qui ne se sent pas prête à élever des enfants va en fait découvrir que si, elle peut, et même qu'on tire beaucoup de joie à ça. Comprenez que toutes les femmes, même si elles vous disent le contraire, sont faites pour avoir des gosses, après tout, c'est leur rôle biologique à ces radasses). 

Bref on pourrait s'amuser à faire la liste de tous ces films d'épouvante contemporains qui prennent pour principe de base quelques éléments comme "une famille change de maison", "dans cette maison il y a un esprit vengeur" et "cet esprit en a après les enfants". On aura donc Sinister, Insidious, Possédée, tous les Paranormal Activity, etc., etc, etc. Bref, on m'objectera que je mets dans le même paquet les films de possession et les films de fantôme. Mais qu'il s'agisse d'un spectre ou d'un Dibbouk, les ressors narratifs de ces films sont les mêmes et, s'ils ne relèvent pas forcément des mêmes peurs, ils sont bâtis sur les mêmes structures, usées jusqu'à la corde et souvent ultra-moralisatrice. Mama n'échappe pas à cette règle, et ce n'est pas son esbroufe visuelle, particulièrement vaine et aléatoire (à quoi bon nous en envoyé plein la gueule dans une séquence finale d'une atterrante longueur quand on n'est pas capable de créer une ambiance de nuit en intérieur en laissant de grandes arrivées de lumière par les fenêtres ?), qui le fera changer de catégorie, celle des redites.