vendredi 31 décembre 2010
SHACKLETON- Fabric 55
Tu te passes ce disque et arrivé à la moitié tu t'imagines le soir où Shackleton est venu mixer à la Fabric, la boite de nuit la plus fascinante du globe. En fait tu ne l'imagines pas, tu y étais, ou tu y es maintenant. Il fait sombre et l'ambiance est glauque. Les mecs autour de toi ont la même réaction depuis une demi heure: ils se demandent tous si c'est déjà commencé ou déjà fini. Le geste est un peu hésitant, tu te rappelles que tu regardes Walking Dead en streaming et que ton attitude générale depuis tout à l'heure ressemble un peu à ça. Tu as déjà oublié si tu as bougé normalement depuis 30 minutes et tu es incapable de t'en souvenir, ton cerveau semble rester à l'écart, là ou tu ne peux plus le rencontrer. Flash: un truc tape en syncope, sans s'arrêter. Mais tu es quelqu'un d'assez gentil et tu ne demandes pas grand chose: pour secouer ton cul, il te faut juste un kick régulier, imposant. Là, tu le devines, tu l'imagines, mais de fait, tous ces sons de percussions en peau de chèvre te troublent. Encore quelques instants et tes voisins vont se peindre le visage de façon sommaire et vulgaire, ce qui te fera immanquablement songer au clip de ce vieux Gil Scott avec des gamins inquiétants. Très rapidement, toujours en quête d'un repère pour te bouger, tu as peur. Un truc visqueux te tombe sur la trogne, rend tes mouvements plus lourds. La basse, tu te rend compte que tu en as déjà un bon paquet sur les épaules et qu'il est déjà trop tard. Tu espères trouver un regard amicale mais tu ne trouves que le désert des regards vitreux, qui comme toi, se posent les mêmes questions. Tu n'es plus clair. Tu n'as pourtant payer la rançon que pour un verre, ou deux, tu as un doute, mais pas assez en tout cas pour justifier ton état. En regardant la sono qui commence à enfoncer ta boîte crânienne, les peaux de chèvres te sautent aux yeux, des mains sans bras les frappants dans les airs. Tu respires fort et tu te dis que rien ne va plus, ce morceau est trop long. Tu te lèves et tu vas changer de morceau: tu reprends tes esprits et tu as l'impression d'être dans une scène de Lynch car tu es seul, et tu réalises que tu as déjà franchi 17 plages sur le disque. Tu as écouté le mix de Shackleton, Fabric 55 et tu n'as strictement rien compris.
mercredi 29 décembre 2010
Killing Joke - Absolut Dissent
Pourtant ce double LP surgonflé se révèle aussi addictif qu'il s'était annoncé grandiloquent. Une collection de tubes, rien d'autre. Des refrains qui s'enchainent, des mélodies que l'on redemande, du dancefloor pour clichés Halloween travesti, des claviers aussi larges et pompeux que cette pochette et autant de morceaux en mode déclaration de guerre vaine. On réhausse le ton sur quelques morceaux de bravoure agencés intelligemment pour ne pas perdre le fil: the great cull, the raven king, Ghosts of ladbroke grove, Honour the fire, et on gonfle le côté ridicule sur un tube new wave plus que bienvenu (European Super state). A l'arrivée, un disque qui revient largement sur la platine et qui imbibe le cerveau de refrains fédérateurs. Au fond, quoi de plus Killing Joke qu'un édifice caricatural et monumental? Une grande galette de Post georges Frêche punk. En espérant que le prochain disque soit entiérement dub.
Deathspell Omega - Paracletus
vendredi 24 décembre 2010
ERYKAH BADU-New Amerykah Part 2 (Return of the Ankh)
Parce que je ne prends pas le "site qui porte le nom d'un ep de Clutch" -j'évite d'augmenter leur référencement naturel sur goo)))gle- très au sérieux, parce que je ne trouve pas que la musique de Caribou soit excitante, parce que ça fait 2 ans maintenant que m'est apparue une fulgurance embarrassante, parce que je n'aime pas le rock retenu et tendu qui se joue les genoux serrés dans un jean trop juste et les pieds qui tapent au sol, parce que je ne porte pas de moustache ni de mèche, parce que je pense qu' Autechre a réalisé l'album (un doublé en fait) le plus ambitieux de l'année sans aucune concurrence digne de ce nom, parce que même si sur disque je peux concevoir le rejet, le groupe à la fourmi reste la formation actuellement en vie qui tarte le plus sur scène, sans aucune concurrence raisonnable (pourtant cette année je n'ai vu que des légendes dans leurs domaines: d'Ulver à MF Doom, en passant par Autechre, Eyehategod et Public Enemy...), parce que je sais qu'un disque qui plait aujourd'hui peut être une merde dans 5 ans, parce que toute l'année il y a un écart sur la droite de cette page appelé "highly recommended", parce que je suis assez persuadé que ce genre d'article touche-kiki ne sert finalement pas à grand chose, parce que je suis assez maniaque pour tout ranger mais les classements me font chier, parce que des milliers d'autres gens ont conçus des tops qui vont parler à plein de monde, parce que combien de groupe aujourd'hui cultes n'étaient jamais présent dans les classements de fin d'année, parce que j'ai passé bien trop de temps à me procurer des disques sortis dans des temps reculés, parce que les disques qui passent le plus dans/sur ma platine ne sont pas convenablement écoutables, parce que j'achète des disques et que je n'engrosse pas mon disque dur, parce qu'il y'aurait trop de disques qui n'ont pas encore eu le droit à quelques lignes, et pour d'autres raisons, cette année, je ne vous ferais pas l'affront de vous proposer un top 10, 50, ou 100 disques qui déboitent- comme l'an dernier.
lundi 20 décembre 2010
EARTH-Bureaucratic desire for extra capsular extraction
Magnifique initiative de Southern Lord, probablement en quête de quelques centimes, qui sort pour la première fois l'ensemble des premières sessions d'enregistrement de Dylan Carlson- surtout que la sortie du disque colle parfaitement avec ma volonté de mettre la main sur une version honorable de "German Dental Work", superbement repris pas Khanate. Au tout début du groupe, Carlson finance lui-même l'enregistrement de son jeune groupe, Earth, et s'offre pour 300$ quelques jours au studio Smegma. Le line up est alors constitué de Dave Harwell et Joe Preston, tous deux à la basse, accompagnant Carlson (le seul membre encore présent dans le groupe) et sa boite à rythme. Si on retient l'éternel "2", les sessions Smegma n'en sont pas moins importantes et mémorables, contenant, si ce n'est du rythme en plus, l'ensemble des éléments qui modèleront la musique du groupe dans sa première incarnation tout comme la scène doom/drone aujourd'hui grouillante de formations. 7 morceaux étalé sur 2 disques vinyles (ou un cd) retrace l'histoire. La musique de Carlson est essentiellement basé sur la lenteur et la répétition, s'articulant autour de concepts fumeux (le diabète puis la chirurgie oculaire pour la pochette, quelques références littéraires obscures toujours bon genre quand on cause metal pour les textes et les titres). Le temps nous permet de voir que la musique d' Earth, peu évidente de prime abord, a tout de même pris une quinzaine d'année pour prendre racine au sein d'une scène, et de germer pour faire des petits. Seul Joe Preston, pourtant parti rapidement, semble malgré tout avoir capté l'importance de cette musique. Si la flemme auditive ferait rapidement un lien avec Godflesh, alors en train de s'exciter outre atlantique, "Bureaucratic" n'a pourtant rien à voir. Carlson n'a pas du tout un jeu similaire à celui de Broadrick, son jeu est un blues fermenté, sourd et assourdissant, presque crêmeux tant il est asphyxiant. La guitare n'est pas abandonnée à ses larsens, elle est en permanence conviée à grogner. Si l'album qui réuni donc enfin l'ensemble des morceaux -jusqu'à présent disséminés entre un premier album amputé chez Sub Pop et un live réédité- ne semble alors pas disposer de charmes, Carlson a su convaincre pourtant des gens d'y adhérer: Kelly Canary, chanteuse des très obscurs Dickless (un 7" au compteur) vient hurler sur deux morceaux, alors qu'un certain Kurt Cobain, ami très proche du guitariste , vient marmonner quelques incompréhensibles paroles sur ces mêmes morceaux. Si les morceaux vocaux sont plutôt expéditifs sur le disque, "Bureaucratic" est largement composé de morceaux longs voir interminables. La répétition de Carlson et sa troupe atteignant un paroxysme usant sur "Ouroboros is broken". A la suite, résonne le très teigneux et fascinant German Dental Work, brutal agression du riff entêtant et gluant. Suivront un album devenu culte, et une poignée d'autres disques jusqu'à une première pause, achevée par un disque hommage au casting effrayant: Broadrick, Sunn O))) (logique), Autechre, O'Rourke, Mogwai, relançant la carrière de Carlson orientant sa musique vers une folk/americana venimeuse.
Skyline de Colin et Greg Strause
dimanche 19 décembre 2010
Cyclobe - Wounded galaxies Tap at the window
The Threshold Houseboys Choir - Form Grows Rampant
Evidemment, les analogies avec Coil pourront être nombreuses, avec une façon bien retenue d'aborder la mélodie et cette façon de créer des boucles d'une rare mélancolie et de retravailler les morceaux. On pense même d'entrée a la mélodie d'amethyst deceivers, maintes fois reprises et retravaillée pour finir par en perdre son essence primaire. Pourtant Sleazy pousse encore plus loin son travail d'orfèvre de la fin de carrière de coil. Tout d'abord, il travaille de manière entièrement numérique et livre une musique deshumanisée de A à Z, même dans les boucles vocales. Gros dilemme suite à la mort de Balance, Sleazy a decidé de faire l'impasse sur une nouvelle voix et de créer des sortes de boucles vocales qui sont triturées pour les allier de la manière qu'il le souhaite à ses sons. Les morceaux de Form grows rampant sont de lentes processions de boucles qui peut à peu libèrent leur potentiel mélodique en évoluant. La répétition, la transe est une sorte de gourou mécanique qui pousse les créations numériques dans le retranchement du mystique. Threshold houseboys choir est une entité mutante à volonté ethnique, mais pourtant foncièrement robotique. Christopherson tente une dernière fois de s'affranchir de son propre leg en transformant sa propre musique. Un concept en soi même, un projet artistique renouvellé, encore une fois Sleazy semblait avoir beaucoup de choses à nous dire, et d'une si belle façon. Seraient ce les esprits diaboliques qui l'auraient tué ?
samedi 18 décembre 2010
Soisong - xAJ3z
vendredi 17 décembre 2010
Les Marquises - Lost Lost Lost
Les Marquises a le chic de ces formations séduisantes par leur aventure et leur propos indéniablement élégant et classieux. Piège certain de pop expérimentale sucrée et facile d’accès, Lost Lost Lost n’est qu’un concentré de légèreté, douceur et facéties servies par un savoir-faire de bibouilleur très contemporain. Apanage autrefois des fortunés et inaccessibles grands protégés des affres du music buiseness, toucher à tout est aujourd’hui populaire, à la portée de tous, à la portée des différences, des visées singulières et des sensibilités de chacun. La légèreté qui se dégage dès les premières secondes d’Only Ghosts inspire une confiance naïve, suivant le déroulé d’une mince batterie aboutissant à un bouillonnement de sonorités et d’instruments, à peine relevé par un discret chant nasillard volontairement élément sonore plus que lead maladroit. L’antre de Lost Lost Lost se fait plus tamisée, post-jazz concrètement bruitiste, electronica désabusée arguant sa perte en répétitions truffées de grésillements, carnaval dark-folk à la voix affranchie, balançant rythme et hauteur. Les Marquises créent, à défaut d’une grammaire, un univers concentré riche en influences, en beautés resucées et offrent un cocon éphémère, aux pièces peut-être trop détachées les unes des autres, ou au contraire trop semblables en timbres et structures, mais laissent entrevoir un potentiel qui place la formation, moderne jusqu’à dans son line-up international, une ambition honorable augurant probablement le meilleur et un art bien au-dessus de la mélasse habituelle, en mal d’une personnalité plus affirmée peut-être, le regard encore trop sur les côtés et derrière surement, mais pétillant d’envie et d’idées. Gardons Les Marquises en tête, et attendons mieux, ça viendra. (Lost Recordings)
mercredi 15 décembre 2010
DEFTONES au Trianon
Ca va faire 10 ans que j'ai vu Deftones, la seule et unique fois jusque là - d'ailleurs, la première fois où j'ai réalisé le laps de temps écoulé, j'en parlais justement avec notre Monsieur Cinéma en chef. Non pas que le concert fut mauvais, loin de là, mais la suite de la discographie du groupe m'a moins passionné, et a donc moins attiré ma curiosité vers leurs concerts. Si l'éponyme m'avait beaucoup plu, j'ai toujours trouvé que le suivant, "Saturday night...", était l'album un peu fade qui s'oublie vite, traduisant aussi la fatigue d'un groupe qui se désintégrait progressivement. Mon collègue de plume a déjà expliqué le trajet récent du groupe, je ne vous ferait pas l'affront de vous rediriger vers One Love For Chi etc... Diamond Eye est un album qui a fière allure, peut-être celui qui peut faire face à l'indépassable White Pony tant la cohésion, l'énergie, la puissance du groupe est éclatante. Même Chino, le sujet favori des moqueries depuis 10 ans du à son poids étrangement variable semble aujourd'hui retrouver la forme olympienne de la fin des années 90. Il peut à nouveau hurler sans avoir l'air d'une autruche qui met bas.
Sergio Vega, bassiste de feu quicksand amène une fraicheur qu'on espère provisoire, toute punk dans le groupe, pendant que le noyau de Deftones s'affirme aujourd'hui entre 3 identités qui conduisent le groupe: Moreno, la voix, le frontman et sa mise en scène cathartique en carton mais redoutable; Cunningham, l'impérial batteur qui dresse le solide et superbe squelette rythmique en tenant de sa frappe faussement épuré, rayonnante de créativité et de complexité (Digital bath, Passenger) et Delgado, l'un des atouts négligés du groupe, à mon avis un des plus important influenceurs moderne avec Noah Landis dans l'exercice du sound designer pour groupe de grosses guitares, dans l'ombre, discret, et pourtant essentiel qui n'hésite pas à s'absenter quand le climat ne le convie pas. Carpenter apparait presque, du moins à mes yeux, comme l'énigme du groupe, celui qui s'apparente le plus à un enracinement continu dans le "metal", qui continue de jouer de la guitare comme si il avait 16 ans, sur un attirail de matériel vomitif. Pour aller vite, celui qui fait tache, aussi bien d'un point de vue instrumentale que sur les photos promos. Pourtant son rôle dans Deftones demeure primordial, quoique complètement relégué quand Moreno s'empare d'une guitare pour Minerva. Passant donc par un improbable passenger, magnifiquement exécuté (on se pose tous la question au moment opportun: le détestable vigneron serait-il présent? Bien sur que non) le quintet s'aventure dans son répertoire le plus frais, puis finalement, propose 2 morceaux de l'époque (révolue?) où le groupe accoucha d'album qui avait des allures d' adieu: l'éponyme avec l'insupportable Minerva (paradoxalement, le son est superbe sur ce passage, la seconde guitare donne une ampleur jouissive à l'ensemble) donc et Saturday Night Wrist. Alors que je me dis que tout ça commence à trainer en longueur, le gang de Sacto revient vers White Pony en proposant Change et l'immonde Back To School, considéré par le groupe comme une erreur, pourtant toujours défendu sur scène - comme quoi cette carrière ne s'est pas intégralement faite sans compromis. Ce qui s'apparente à un rappel est bien évidemment orienté autour de 3 morceaux du premier album, le même que le groupe lui-même, tout comme BTS donc, aime moins au sein d'une discographie qui commence sérieusement à s'étoffer. Chino incite les téméraires à faire un circle pit, on se rappelle de l'amour de Moreno pour les Bad Brains puis le groupe se retire, laissant les superbes lights s'éteindre.
Malgré un dernier quart d'heure, très fun mais qui montre que le groupe a conscience de ses obligations tacites envers son public, on ressort du superbe théâtre en se disant que même 10 ans plus tard le groupe au poney blanc s'affirme encore comme une formation unique et à l'identité forte, proposant toujours cette musique passionnante que l'on chérie encore, mais pas comme un amour de jeunesse, plus comme une rencontre perpétuelle avec laquelle on n'en finit jamais. A l'heure où j'écris ces lignes, le groupe vient de prendre place suite aux affreux Coheed & Cambria, et je ne peux m'empêcher de penser que les gens enfermés dans le Trianon ce soir encore sont en train de passer une excellente soirée.
Marc McGuire - Living with yourself
On peut comparer ce travail de McGuire en terme de concision avec le pré-cité Emeralds. Les morceaux vont à l'essentiel et cette collection d'arrangements de guitares (principalement) semble exorciser les démons d'un McGuire hanté par la superposition de couches et la transformation des sons. Ce minimalisme apparent est plus qu'un effet de style. Plus d'instruments auraient rendu fou l'auteur de ce disque qui semble accorder une importance démesurée au détail. Les couches se succèdent et se retirent pour mieux s'accorder dans une explosion d'effets. McGuire semble lié à une esthétique post rock et semble vouloir s'extirper de cette affiliation drone trop basiquement attribuée aux sons qui s'étirent. Un hommage aux relations, qui suinte la mélancolie d'un homme seul en proie au perfectionnisme, passage obligé chez tout artiste qui combat avec son instrument. Je vous vois venir, et le terme de masturbation aurait pu surgir si McGuire ne laissait pas suinter un mélodisme exacerbé qui rend l'essai lyrique. Au milieu de toutes ces sorties et leur aspect foutraque, on voit que cette scène dite néo psychédélique se débat avec elle même, en essayant d'expérimenter et de repousser leurs propres limites du son. Et pour un effort touchant, c'est louable. (Editions Mego)
lundi 13 décembre 2010
Igorrr - Nostril
jeudi 9 décembre 2010
Tea Time en compagnie de Chris Morris et de Sam Taylor-Wood
lundi 6 décembre 2010
The Trotsky de Jacob Tierney
vendredi 3 décembre 2010
La chronique de Stockton: Boule à facettes dans ton salon.
J'ai tenu parole: je n'assurerais pas un billet hebdomadaire chaque fin de semaine. On s'en fout. Après avoir rempli mes oreilles de cette infamie qu'on appelle "rock", je me passe de la techno mauvais goût et de l'électrokitch pour causer ce week end. En plus on me signale, par un mail aussi injurieux que déplacé "ça serait bien si tu pouvais causer de trucs qu'on a un peu zappé, des grosses sorties dans le genre". Ok. Et là, je vaissur la page, je vois qu'un des tauliers parle du dernier Bug. Soit. C'était au programme, donc j'en parle sommairement: vous savez que tous ici se trémoussent dans leur duplexe parisien et espagnole au son du ragga dance hall bionique de the Bug uniquement par loyauté pour Kevin Martin, car bien entendu, tout le monde trouverait ça juste infâme sans son nom aux crédit de ses rondelles. Ils ont saignés God, Ice, Techno Animal, et comme une dette impayée, écoutent et trouvent le moyen d'aimer religieusement chaque nouvel EP, nouvelle attaque du porte monnaie pour collectionneur. Et Martin se fait plaisir: 4 faces pour un truc qui aurait tenu sur un 10", on repassera sur l'honnêteté. Mais il y a ce truc étonnant, preuve de l'ultra activité du duo: un remix d'Autechre, qui ne semble plus s'arrêter à dégommer de la bande depuis sa remise en oeuvre sur le maxi de Surgeon voilà quelques années. Et ils sont forts les petits enfoirés, à hacher sauvagement ce morceau, comme leur truc complètement granuleux pour le Tried by 12 du East Flatbush Project jadis.
jeudi 2 décembre 2010
The Bug - Infected
mercredi 1 décembre 2010
Philip Jeck - An Ark for the listener
La première phase est An Ark for the listener, qui est une une reflexion sur un verset d'un poème de 1875 :
''With a memory that outrides
The all o water, an ark
For the listener ; for the lingerer with a love glides
Lower than death and the dark ;
A vein for the visiting of the past-prayer, pent in prison,
The-last-breath penitent spirits – the uttermost mark
Our passion-plunged giant risen,
The Christ and the father compassionate, fetched in the storm of
His strides.''
Gerard Manley Hopkins
Une ambiance purement aquatique donc, voire même apocalyptique, qui retrace une noyade en cascade. Un artwork expressément choisi pour, avec une installation présente au tate modern, mais surtout cet arrière de pochette terrifiant, photo d'une chute d'eau à Brighton qui retrace le poids des éléments déchainés.
Une grosse introduction qui permet de contextualiser ce travail de titan de Jeck sur ces différentes installations live qui lui ont permis de compiler cet ark for the listener. Un an de lives pour en arriver à extraire les sons présents sur ce disque. Un travail de romain, dans l'agencement et la justesse des sons.
La deuxième phase sont ces deux morceaux finaux, rajoutés à la fin du disque sous le nom de Coda, qui sont en fait un remix d'une suite de sons extraits d'un live et un morceau préparé pour un magazine.
L'unité, vous me direz ? Elle est bien entendu dans la musique et dans son processus créatif. Jeck crée tout à base de vieux lecteurs de musique, qu'il rachète dans des dépôts (objets bons pour la poubelle en gros) et qu'il bidouille pour en tirer toutes sortes de sons. Jeck crée des sons à base de machines et une fois que les réglages lui conviennent il superpose diverses couches, où salit une propre base sonore. Un travail de longue haleine donc, pour tirer une quelconque cohérence.
Pour cet arc de travail, les ''instruments'' utilisés sont selon Jeck : ''fidelity record-players, Casio SK1 keyboards, Sony minidisc recorders, Behringer mixers, Ibanez bass guitar, Boss delay pedal and zoom bass effects pedal''. L'univers de Jeck est sur cet ark for the listener translucide, et l'ambiant décharnée que l'on croit squelettique se transforme rapidement en trou noir musical, d'une limpidité extrème. La lourdeur du son est accentué par la chaleur des basses (notamment sur ce Thirtieth guerrier) et les mélodies organiques semblent jouées de sous une étendue d'eau. On vit la noyade des corps, à travers cette chute sonique céleste et la succession des différentes phrases musicale est d'une rare cohérence. Seul défaut de ce corps vivant : certains morceaux sont un peu courts et les bribes d'idées auraient surement gagné dans la recherche de drones plus constants. Sinon, du pain béni pour le corps, et une piqûre de rappel pour ceux qui croyaient que seule la dark ambiant permettait d'atteindre ces sphères. Avec aussi peu de moyens, on croit entendre Inade. (Touch).